Twilight : Pourquoi les jeunes adorent ?

Affiche du film Twilight
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Gif Twilight

Qu’est-ce qui fait que les jeunes adorent Twilight ? Est-ce son côté romantique ? Son côté « Roméo et Juliette » des temps modernes ? Le fantastique ? Vous allez le découvrir grâce à cet article.

Voici un interview de Jean Marigny fait par TF1. Source.

Jean Marigny, auteur du livre La fascination des vampires, fondateur du Groupe d’études et de recherches sur le fantastique, à l’université Stendhal-Grenoble 3 : On assiste, depuis quelques années, à la publication de romans sentimentaux, destinés à la jeunesse, mettant en scène des vampires, pas nécessairement méchants et pas très différents des lecteurs auxquels ils se destinent. C’est le cas de la série vampirique Twilight de la romancière Stephenie Meyer, dont le second volet de l’adaptation cinématographique sort bientôt sur les écrans. 

Couverture de livre

TF1 News : Pourquoi cet attrait pour Twilight, en particulier?

J.M. : Twilight, comme c’est souvent le cas de la littérature vampirique pour ados, c’est l’amour courtois et chaste, non charnel, le héros Edward Cullen ne mordant jamais sa compagne Bella Swan. Ces romans sentimentaux sont le fruit de la morale puritaine des années Bush. Stephenie Meyer, de religion mormone, s’est d’ailleurs vantée de ne pas avoir eu de relations sexuelles avant son mariage. Avec cette littérature destinée aux jeunes, c’est l’Amérique profonde qui resurgit, le retour aux valeurs traditionnelles et conservatrices, en réaction aux années 80 où les histoires de vampires étaient beaucoup plus torrides et érotiques.
Jusque dans les années 70, les histoires de vampires étaient destinées aux amateurs de fantastique. Depuis, elles s’ouvrent à un public plus jeune et plus large, un marché juteux pour les éditeurs. Les ados qui lisent ces ouvrages y retrouvent leurs aspirations et leurs problèmes, loin de ceux des adultes qui, pour eux, représentent des idées vieillottes.

TF1 News : Le mythe du vampire n’est pourtant pas jeune. Quand est-il né?

J.M. : En Europe occidentale, au Xe siècle, on commence à parler de morts qui sortent de leur tombe pour attaquer leur famille, sous la dénomination de « sangsues« . C’est à partir de là que nait ce mythe qui verra son aboutissement au XVIIIe siècle, celui des lumières, époque rationaliste où les gens sont intrigués par ces légendes découvertes dans les Balkans. Même dans les périodes les plus rationalistes, il y a toujours une part d’irrationalité qui explique la fascination pour les vampires.

TF1 News : La dimension érotique du vampire joue-t-elle un rôle dans cette fascination?

J.M. : Oui. Le baiser du vampire est souvent comparé au viol. En psychanalyse, sa dent est assimilée au pénis et la bouche de la femme vampire, à la peur de castration du vagin denté. Le vampirisme peut également faire penser à une relation sadomasochiste, ambigüe, la victime semblant parfois consentante, voire y prendre du plaisir. Le vampire renvoie à la dualité de l’homme et de l’animal, au rut à l’état brut, à l’instinct sexuel. Freud appelle l’extase de l’acte sexuel, la « petite mort » . L’instinct sexuel et l’instinct de mort sont intimement liés. Le vampire, situé au carrefour de ces deux instincts, incarne ce qui nous touche le plus intimement : la peur de la mort, le désir sexuel et d’immortalité.

TF1 News : Est-ce pour cette raison que les jeunes, entre autres, sont attirés par le mythe du vampire?

J.M. : Les vampires contemporains fascinent les jeunes qui ressentent le besoin de s’identifier à une image, en apparence rassurante, mais qui porte en elle le frisson de l’assouvissement de leurs fantasmes. Ces vampires, tels ceux de Twilight, sont beaux, forts et séduisants, contrairement à ceux du XIXe siècle, tellement terrifiants qu’il était impossible de s’identifier à eux.

TF1 News : Est-ce à dire que les vampires d’antan ne sont plus les mêmes que leurs alter-egos contemporains?

J.M. : Ils ont évolué, en s’humanisant. Avant 1976, date de sortie du roman Entretien avec un vampire de l’écrivain américaine Anne Rice, le vampire est un alter-égo détesté. C’est le cas du Dracula du romancier Bram Stoker, en 1897. Il ne s’exprime jamais lui-même. On parle toujours de lui à la troisième personne. C’est le Dracula terrifiant dans la lignée des traditions légendaires Balkaniques qui ne pense qu’à une chose : vider ses victimes de son sang.

TF1 News : Qu’est-ce qui a changé avec Entretien avec un vampire?

J.M. : Dans ce livre, Louis, le héros d’Anne Rice, répond aux questions d’un journaliste sur son état de vampire et livre ses sentiments. Naît alors un personnage avec une part d’humanité qui, ainsi, ne peut être foncièrement mauvais. De même, l’adaptation du Dracula de Bram Stoker au cinéma par Francis Ford Coppola, en 1992, montre un homme capable d’aimer qui, en expirant, atteint la rédemption par l’amour.

TF1 News : Les vampires de Twilight sont-ils le fruit de cette évolution?

J.M. : Le vampire est devenu moins antipathique, cette réhabilitation trouvant sa quintessence dans Twilight dont le héros, Edward Cullen ne boit pas de sang. Les écrivains modernes humanisent le vampire en le débarrassant de l’aura maléfique qui l’entourait. Il n’est plus perçu comme un criminel, mais comme une version idéalisée et romantique de l’homme, digne d’être aimée.

Affiche du film Twilight

 TF1 News : Quel avenir prédisez-vous aux vampires au cinéma et en littérature?

J.M. : Le vampire ne disparaîtra jamais, parce qu’il incarne des problèmes existentiels. Si le vampire connaît des périodes ascendantes et descendantes, il a le vent en poupe en période de crise. Le film du réalisateur Tod Browning, où Bela Lugosi incarne Dracula, a connu le succès en 1931, juste après la crise. La romancière Anne Rice faisait partie de la génération des années soixante-dix désenchantée de la société du bonheur, vantée après la seconde guerre mondiale. Dans notre époque qui craint la crise et les épidémies, le vampire se nourrit de nos angoisses et se porte bien. S’adaptant à l’évolution des mœurs, il transcende les modes. Nul doute, donc, que son mythe perdurera.

Afin d’approfondir cet article, Doukkala et moi avons décidé de créer un topic pour savoir ce que vous pensiez de Twilight, si vous aimiez ou pas et pourquoi.

Nous avons constaté que vos avis étaient très mitigés, il y avait des pour et des contre. Mais presque aucun neutre. La plupart du temps vous avez aimé le côté « gnangnan » de Twilight et vous avez été sensibles à l’histoire d’amour entre Edward et Bella. Mais c’est aussi ce qui vous fait ne pas aimer ce film. Pour certains d’entre vous, il vous paraît justement trop « gnangnan » et ressemble trop à un fantasme d’adolescent. Il vous paraît aussi trop simple à lire.
Souvent, vous n’aimez pas non plus son côté commercial, comme le détaille Calypso. dans son post.

« Pour finir, je dirais que ce que je déteste chez Twilight, c’est la commercialisation… En effet, on a connu d’autres phénomènes identiques, tel que Tokio Hotel pour le plus connu. J’en parle ici, & même si c’est pas le sujet je me permet de le placer, car dans les deux cas on traite du même fond, et puis le post sur ce groupe a été supprimé. […]
La commercialisation ça m’énerve. Et vous voulez savoir pourquoi ? Premièrement, je trouve qu’on fait de l’argent sur quelque chose qui n’est pas fondé. Tous les objets qu’on peut trouver à l’effigie d’ « Edward » (par exemple) existent par milliers. Et ne valent rien dans l’absolu ! » 

Enfin, Il y a aussi ceux qui ont décidé de prendre ce film au second degré et qui aiment Twilight tout en trouvant ce film médiocre. C’est le cas de radis

« Maintenant, Twilight – et c’est là que c’est fortiche – est réalisée comme un drame psychologique. Cependant, l’histoire reste toute nunuche et improbable. Ceci crée un décalage immense et provoquera – chez les plus vieux ou chez ceux qui savent le remarquer – le rire. Bien entendu, Twilight n’est pas un film à visée comique, mais ce décalage, lorsqu’il est pris au second degré devient vraiment drôle. Pour l’exemple, c’est la même chose pour Thirst, le dernier Park Chan Wook. (Au passage, c’est aussi un film de vampire qui vient de sortir.) J’exagère un peu en comparant ces deux films, car Park Chan Wook est un véritable maitre de la réalisation, un maestro du cinéma, mais le concept de drame sur scénar’ tiré par les cheveux avec décalage est le même. »

Merci à Radis et à Doukkala pour leur aide à la réalisation de cet article.

Minane

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