Depuis le mois d’octobre, Twitter s’enflamme autour d’un hashtag qui suscite la polémique. Le hashtag #balancetonporc permet à toute personne de témoigner, sans obligatoirement révéler l’identité de l’agresseur, de ce qu’elle a subi en tant que victime de viol, d’agression sexuelle ou, plus largement, de harcèlement de rue. Alors pourquoi ce phénomène a pris tellement d’ampleur en si peu de temps ? Pour le savoir, je vous invite à poursuivre votre lecture.
Le point de départ
Tout commence au début du mois d’octobre, quand deux actrices dénoncent publiquement les agissements du producteur de cinéma Harvey Weinstein. Ce qui semble être des accusations isolées cachent en réalité un véritable raz-de-marée. D’autres actrices se mettent également à pointer le producteur du doigt pour des faits plus anciens. Des collègues ou membres de la famille d’Harvey Weinstein seraient au courant de l’affaire, mais garderaient le silence. Des rumeurs refont surface et, actuellement, l’affaire n’est pas encore complètement élucidée.
Plusieurs hashtags sont apparus sur la toile pour dénoncer ce genre d’agissements, que ce soit en parlant de personnes connues ou méconnues. Cela a commencé aux États-Unis avec #Metoo ou #Bebrave, mais partout ailleurs d’autres tweets ont émergé. En France, c’est #balancetonporc qui s’est démarqué.
Le choix des mots
Suite à cette affaire, une journaliste du nom de Sandra Muller décide, innocemment au début, de proposer à toute personne de pouvoir dénoncer tout abus de façon anonyme, en citant ou pas le nom de l’agresseur.
Elle lance sur Twitter un hashtag plutôt vulgaire, mais voulu. « Balance ton porc » est direct, frappant : tout le monde pourra le retenir facilement. En plus, cela montre bien que ces agissements dénoncés ne sont pas anodins, qu’ils sont immondes, autant que l’expression du mot-dièse. Outre-Atlantique, c’est #Bebrave qui est utilisé, un peu trop édulcoré pour sensibiliser aux yeux de la journaliste.
Je vient du sortir du starbuck,un homme m’a agresser et m’a dit «tu veut baiser.»#balancetonporc
— ????? (@Clara_ngn) 1 novembre 2017
Ce n’est pas tellement un appel à faire le procès des agresseurs qu’a voulu lancer Sandra Muller. Ce qu’elle souhaite, c’est donner la chance aux femmes et aux hommes qui ont été abusés de faire un pas en osant en parler. Beaucoup de viols ou d’agressions sexuelles sont passés sous silence, à cause de la honte, de la culpabilité ou des remarques subies par l’entourage. Quelles sont les victimes qui n’ont jamais entendu « Je ne te crois pas ! » ou « C’est de ta faute ! » ? Si ces personnes qui ont subi un abus peuvent enfin parler, cela pourrait probablement leur servir de tremplin pour avancer, voire porter plainte.
#balancetonporc #viol trop saoule, je vomis, m’allonge sur mon lit. Je me réveille à moitié nue, lui en train de me violer. Tout simplement.
— Avril S. (@Oragedelune) 5 novembre 2017
Sandra Muller a décidé d’ouvrir les hostilités en dénonçant la première le harcèlement sexuel qu’elle a subi. Immédiatement, des tweets de France et d’ailleurs se sont enchaînés, tous contenant le fameux hashtag #balancetonporc. La journaliste ne s’imaginait pas du tout que cela prendrait autant d’ampleur.
#Metoo apparaît plus ou moins au même moment sur la toile, principalement sur Twitter, mais également sur Facebook. Ici, pas de dénonciation ni de témoignage, les personnes ayant été victime de harcèlement sexuel ou d’agression postent juste ce hashtag, une façon de montrer à d’autres victimes qu’elles ne sont pas seules. Et le nombre de posts contenant ces deux petits mots (« moi aussi », en français) est affolant.
«#balancetonporc c’est violent comme terme»
«Twitter ça sert à rien»
«faut aller porter plainte à la police»
Gnagnagna.. https://t.co/SZ0nZRLRyf— Marie ? (@MarieStochat) 6 novembre 2017
Les détracteurs
Comme chaque médaille a son revers, ce genre de phénomène sur les réseaux sociaux va trouver son lot de trolls. Ces petits malins qui aiment susciter la polémique en intervenant de manière impromptue dans les discussions sur la toile s’en donnent aussi à cœur joie pour enlaidir le phénomène.
#balancetonporc
bonne initiative pouvant sauver l’âme d’1 Fem meurtrie.
Pensons aussi à
BalancetonallumeuseetsaintenitoucheEh oui !
— Moulines Philippe (@philippesiel) 27 octobre 2017
Certains hommes disent se sentir traqués, que ce hashtag généralise la gent masculine comme un troupeau de bêtes immondes. D’autres rappellent que les femmes ne sont pas les seules victimes, mais que des jeunes garçons ou des pères de familles peuvent également connaître ce type de harcèlement (comme dans ce témoignage).
J’avais 7 ans, en pension, c’était le directeur de l’école. Aujourd’hui il est mort. Personne donc à « balancer » aujourd’hui #BalanceTonPorc
— Trongteu (@trongteu) 28 octobre 2017
On retrouve aussi des personnes qui ne semblent pas saisir l’intérêt de ces témoignages et qui, à coup de sarcasme, descendent les tweets des victimes sans vergogne, répondent par des insultes ou ergotent sur des détails sans importance.
Finalement, on ne sait pas exactement ce qui adviendra de cette explosion de hashtags sur les réseaux sociaux mais, en attendant, des victimes ont osé parler et ont été soutenues. On peut donc espérer que cela aura permis à des langues de se délier et à des plaintes de tomber, mais aussi à la loi de revoir les lois sur le harcèlement en vigueur. Et vous, avez-vous suivi ou pris part à ce phénomène ? Dites-nous tout dans un commentaire.
Enley Tyler
Sources texte
Balance ton porc, la page Twitter
Source image à la une : C. Kubat