Depuis quelques années, les réseaux sociaux sont devenus un moyen de communication incontournable. La ville de Jun, en Espagne, l’a bien compris : depuis 2011, elle est administrée via le réseau social Twitter. C’est donc une ville à l’administration insolite que je vous invite à découvrir dans la suite de cet article.
Jun, une petite ville andalouse hyperconnectée
Jun est une ville située près de Grenade en Andalousie. Avec seulement 3500 habitants, Jun aurait pu passer totalement inaperçue. C’était sans compter sur son maire, José Antonio Rodríguez Salas, qui a toujours misé sur Internet comme outil privilégié de communication.
Cela commence dès 1999 lorsque Jun devient la première ville à déclarer l’accès à Internet comme « droit universel des citoyens ». En 2011, José Antonio Rodríguez Salas, conseiller municipal depuis 1991 et maire depuis 2005, a ensuite une idée révolutionnaire : administrer la ville via Twitter. Ce réseau social permet de poster des « tweets », des messages très courts (140 caractères maximum) qui peuvent être lus par l’ensemble des utilisateurs. Il est possible de s’adresser directement à quelqu’un ou d’utiliser des « hashtags », des mots-clés placés derrière un dièse permettant de regrouper tous les tweets portant sur un même sujet lors d’une recherche. L’idée du maire est donc de permettre un échange instantané d’informations entre les habitants et les services administratifs de la ville. En 2011, le maire appelle donc tous ses concitoyens à se créer un compte sur Twitter et à l’heure actuelle, plus de la moitié des habitants l’ont fait. Avec ses 450 000 abonnés, le maire a également l’un des comptes Twitter les plus influents d’Espagne.
Le succès de cette initiative est tellement important qu’il a attiré l’attention de la direction de Twitter elle-même. En effet, la commune fait partie des endroits du monde avec la plus forte activité sur le réseau ! En 2015, l’ex-PDG de Twitter, Dick Costolo, est venu inaugurer l’obélisque surmonté du célèbre oiseau bleu du réseau social qui trône désormais au centre de la ville.
Comment la ville de Jun est-elle administrée via Twitter ?
Tous les acteurs locaux possèdent un compte : le maire, la police, les éboueurs… Ils sont tous hyperconnectés et répondent rapidement aux sollicitations des habitants. Si quelqu’un est témoin d’un accident ou d’un vol, il peut le signaler sur Twitter à la police qui se rendra immédiatement sur les lieux. Si un habitant envoie un tweet à propos de déchets sur la voie publique, l’éboueur intervient rapidement. Même la cantinière de l’école municipale est sur Twitter : elle poste chaque jour le menu ! Les médecins acceptent aussi la prise de rendez-vous via la messagerie de l’application.
Duro día de trabajo en Aben humeya, subiendo y bajando cuestas pic.twitter.com/KXoLtCPH1Q
— Barredora Jun (@BarredoraJun) 5 octobre 2017
Pour permettre à tout le monde d’utiliser ce moyen de communication innovant, la mairie a mis en place des formations à l’orthographe et à l’utilisation de Twitter. Ainsi, même les personnes âgées, parfois peu à l’aise avec les outils informatiques, peuvent apprendre le fonctionnement du réseau social.
Les avantages de l’administration via Twitter
Ce système présente de nombreux avantages et facilite le quotidien des agents administratifs et des administrés.
D’une part, le caractère instantané de l’information permet une meilleure réactivité des services administratifs. En effet, envoyer un tweet est plus rapide que de passer un coup de fil ! La police peut voir rapidement quel message est prioritaire et se rendre sur les lieux. Les tweets pouvant être accompagnés de vidéos ou de photos, cela permet également d’avoir une information plus fiable et complète. Cela fonctionne de la même façon pour le service technique de la ville qui reçoit des signalements de lampadaires cassés, de déchets sur les trottoirs, d’objets encombrants… Les services administratifs peuvent également communiquer en retour sur leurs actions et montrer leur efficacité.
Hoy dispositivo de seguridad ? con agentes de @Jun y Alfacar en #FiestasJun2017 pic.twitter.com/8QfQstq9wt
— Policia de Jun (@PoliciaJUN) 30 août 2017
D’autre part, il permet d’instaurer une démocratie locale directe. En effet, les habitants peuvent communiquer avec le maire de Jun qui leur répond dans l’heure. Le conseil municipal de la ville est également retransmis en direct et chacun peut y réagir ou poser des questions. Ceci permet d’instaurer non seulement un climat de confiance et une transparence de l’administration de la ville, mais aussi de redonner le pouvoir aux citoyens qui se sentent davantage écoutés et acteurs de leur cité.
Certains habitants qui paraissaient sceptiques au début du projet sont désormais conquis par cette méthode et n’hésitent pas à tweeter ! Le seul inconvénient pour la municipalité semble être lié à l’hyperconnectivité en elle-même : il faut savoir se déconnecter pour ne pas être sollicité en dehors des heures de travail.
Un modèle transposable à d’autres villes ?
Cette expérience d’administration via Twitter donne des résultats très encourageants et intéresse grandement les chercheurs du célèbre MIT (Massachussets Institute of Technology) qui ont étudié le fonctionnement de la ville de Jun. Selon eux, rendre l’information plus accessible et décentraliser le pouvoir, comme cela peut être fait dans la commune andalouse, permet de rendre les administrations plus transparentes et de lutter contre la corruption. Ce système pourrait être utilisé dans des grandes villes comme San Francisco ou Paris, mais à condition qu’elles soient découpées en petits districts afin de permettre ce type de communication « à taille humaine ».
Connaissiez-vous Jun ? Pensiez-vous qu’il soit possible d’administrer une ville via Twitter ? Êtes-vous, vous-même, un utilisateur de ce réseau social ? Partagez-nous votre avis en laissant un commentaire !
Cela me laisse… perplexe ! Ca peut soir un côté bénéfique, tu en parles. Mais d’un autre côté ça oblige tout le monde à être hyperconnecté, à avoir un téléphone hyper branché, à être sur un réseau social (niveau sécurité je sais pas si Twitter c’est bien ?) et ça formate les gens à avoir tout tout de suite, je suis assez frileuse à cette idée. Je n’utilise pas ce réseau sinon, j’ai déjà Facebook. Je ne vois pas l’utilité d’en avoir 10 ou même 2, c’est déjà suffisamment chronophage comme ça ^^
Même pensée que Siran, j’ai un peu de mal a concevoir une ville hyperconnecté. Les gens sont obliger de passer par tout ce qui est électronique,… cela va surement, a avec le temps, finir par une ville insociable, accro à internet et au reste. Je râle déjà que ma fille de 3ans arrive a déverrouiller mon telephone pour prendre des photos, … alors si il faut tout cela dans cette ville, cela veut dire que les jeunes sont plonger dans ce monde dès le départ et je pense qu’ils vont râler beaucoup de chose.