Les championnats du monde d’athlétisme se sont déroulés à Moscou entre le 10 et le 18 août 2013. Diffusés sur France Télévisions, vous avez pu suivre l’intégralité de la compétition. Maintenant que celle-ci est terminée, que diriez-vous d’en faire un petit bilan ?
Historique des championnats du monde d’athlétisme
Les championnats du monde d’athlétisme ont été créés en 1983 par l’Association Internationale des Fédérations d’Athlétisme (IAAF). Ils se déroulaient initialement tous les quatre ans mais, depuis 1991, ils sont organisés tous les deux ans, pendant l’été.
Au fil des années, de nouvelles épreuves ont été ajoutées au programme de ces championnats, en particulier pour les femmes. Ainsi, la compétition comprenait 41 épreuves, dont 17 féminines, en 1983. Aujourd’hui, la parité est pratiquement respectée avec 24 épreuves masculines et 23 féminines (seuls les hommes disputent le 50 km marche, l’ensemble des autres épreuves possède un équivalent pour les deux sexes).
À l’issue de ces championnats, les États-Unis ont remporté le plus de médailles toutes éditions confondues (300 au total, dont 138 en or), devant la Russie (245 au total pour la Russie et l’URSS, dont 75 en or) et l’Allemagne (152 médailles au total pour l’Allemagne et la RDA, dont 53 en or).
Concernant les athlètes, l’Américain Carl Lewis est l’homme ayant gagné le plus de titres : 8 fois champion du monde (3 titres en 100 m, 3 en relais 4 x 100 m et 2 en saut en longueur), 1 fois vice-champion (saut en longueur) et 1 fois troisième (200 m) entre 1983 et 1993. Usain Bolt possédait déjà 5 titres de champion du monde et 2 de vice-champion (obtenus en 2007, 2009 et 2011) avant d’entamer les championnats : avec ses 3 nouvelles médailles (100 m, 200 m et relais 4 x 100 m), il égale donc Carl Lewis.
Chez les femmes, Merlene Ottey, qui a couru pour la Jamaïque et pour la Slovénie, a remporté 14 médailles entre 1983 et 1997 : 3 fois l’or (2 en 200 m et 1 en relais 4 x 100 m), 4 fois l’argent (2 en 100 m, 1 en 200 m et 1 en relais 4 x 100 m) et 7 fois le bronze (2 en 100 m, 3 en 200 m, 2 en relais 4 x 100 m). En nombre de médailles d’or, elle est cependant battue par l’Américaine Allyson Felix qui a remporté depuis 2005 8 titres (3 en 200 m, 2 en relais 4 x 100 m, 3 en relais 4 x 400 m), ainsi que 1 en argent (400 m) et 1 en bronze (200 m).
Le sprinter américain Michael Johnson (4 titres en 400 m et 2 en 200 m, en plus de ses 2 titres par équipe en relais 4 x 400 m, entre 1991 et 1999) et le russe Sergeï Bubka (perchiste ayant participé aux championnats du monde d’athlétisme entre 1983 et 1997) sont les deux athlètes les plus sacrés individuellement, avec 6 titres chacun.
Les championnats du monde d’athlétisme en 2013
C’est la 1re fois que cette compétition internationale se déroule en Russie. Cette édition a remporté un fort succès puisque 1973 athlètes ont fait le déplacement jusqu’à la capitale russe, dont près de 44 % de femmes (867). Il s’agit du plus grand nombre de participants jamais inscrits à ces championnats.
De plus, les athlètes viennent de nombreux pays, donc les championnats du monde d’athlétisme sont plus que jamais un lieu de rencontre et d’échange grâce à la participation de 206 pays alors qu’il n’y a jamais eu plus de 200 délégations dans les éditions précédentes.
Les États-Unis possèdent la sélection la plus importante avec 155 athlètes. Ils sont suivis de la Russie avec 118 sportifs qualifiés et l’Allemagne qui en compte 71. Sur les 206 nations participantes, 87 n’ont inscrit qu’un seul athlète.
Le championnat attire, comme à chaque édition, de nombreux spectateurs. Pour accueillir tous les intéressés, la Russie a décidé d’utiliser le stade Loujniki. Ce stade peut accueillir 78 360 personnes assises, soit légèrement moins que le stade de France, utilisé lors des championnats du monde d’athlétisme en 2003, qui a une capacité de 81 100 places. Il peut cependant en accueillir beaucoup plus que le stade olympique d’Helsinki utilisé en 1983 et en 2005 qui ne permet qu’à 40 000 spectateurs de prendre place.
Ce stade, déjà utilisé lors des Jeux olympiques de 1980, a été spécialement rénové pour ces championnats. Il sera réutilisé en 2018 pour la coupe du monde de football qui se déroulera aussi en Russie.
Les sportifs, bien qu’intéressés par la performance et le dépassement de soi, sont aussi motivés à participer à ces championnats du monde d’athlétisme pour la prime qu’ils reçoivent. En effet, le champion du monde de chaque discipline reçoit 60 000 $, soit environ 45 000 € (pour un relais, les vainqueurs reçoivent 80 000 $ à se partager), le vice-champion 30 000 $ et le 3e reçoit 20 000 $ et ainsi de suite jusqu’au dernier qualifié de la finale, le 8e, qui gagne 4 000 $. Afin de pousser les sportifs à se dépasser, une prime de 100 000 $ leur est aussi accordée s’ils battent un record du monde.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’ambiance de cette compétition, vous pouvez lire l’article Championnats du monde d’athlétisme : un climat tendu. Il revient sur le duel USA-Russie qui se jouait sur le terrain mais aussi en dehors, sur le débat sur l’homophobie et sur l’importance de cette compétition pour la Russie.
Les absents aux championnats du monde d’athlétisme 2013
Malheureusement, comme lors de toutes les grandes compétitions, certains athlètes n’ont pas pu défendre leurs chances. C’est par exemple le cas de Kim Collins (Saint-Christophe-et-Niévès), médaillé de bronze sur 100 m à Daegu en 2011, à cause d’un désaccord avec la fédération.
Kenenisa Bekele (Éthiopie), 5 fois champion du monde sur 3 000, 5 000 et 10 000 m, n’a pas obtenu des résultats suffisants pour participer à cette compétition.
Les blessures ont contraint plusieurs athlètes à abandonner la course. Yohan Blake (Jamaïque) n’a ainsi pas pu défendre son titre sur 100 m, tout comme Yuliya Zaripova (Russe), championne de 3000 m steeple (discipline de demi fond au cours de laquelle les athlètes doivent franchir des obstacles tels que des haies ou une rivière) en 2011.
L’édition 2013 des championnats du monde d’athlétisme est aussi marquée par un nombre conséquent d’athlètes contrôlés positifs au dopage. C’est par exemple le cas de Tyson Gay (USA) ou d’Asafa Powell (Jamaïque). Côté français, Alice Decaux (France) a été suspendue pour dopage quelques jours seulement avant le début de la compétition.
Les moments mémorables des championnats du monde d’athlétisme 2013
Il serait trop long de détailler l’intégralité des résultats de ces championnats du monde étant donné le grand nombre d’épreuves et d’athlètes engagés. Je vais donc simplement revenir sur les moments mémorables de cette compétition, pour le reste je vous invite à regarder ici.
Parmi les résultats les plus attendus, il y avait bien sûr la performance d’Usain Bolt. Après avoir été disqualifié pour faux départ au 100 m en 2011, le Jamaïcain a fait un sans-faute cette année, en remportant le 100 m, le 200 m et le relais 4 x 100 m. La relève est cependant assurée lorsque nous voyons la remontée fantastique de son compatriote Warren Weir lors du 200 m.
Un invité-surprise sur lequel il va falloir compter en marathon est Stephen Kiprotich. Sacré champion olympique l’année dernière, il termine aussi premier des championnats du monde à Moscou alors que personne ne l’attendait. L’Ougandais a en effet fait une fin de course incroyable, contraignant ses poursuivants kényans et éthiopiens à le laisser finir seul en tête.
Finalement, c’est du saut en hauteur qu’est venue la plus grosse surprise. Bohdan Bondarenko, jeune ukrainien d’à peine 24 ans, a littéralement survolé la compétition. Faisant l’impasse sur de nombreux sauts afin de limiter ses chances de faire tomber une barre (le classement des athlètes est fait par rapport à la hauteur maximale franchie puis, à hauteur égale, au nombre de sauts ratés), il met la pression à ses concurrents en passant avec une facilité déconcertante les barres les plus hautes. Il saute finalement 2 m 41, un niveau qui n’a pas été atteint en compétition depuis longtemps et tente même le record du monde à 2 m 46, sans malheureusement y parvenir.
Deux records ont cependant été battus lors de l’édition 2013 des championnats du monde d’athlétisme. L’équipe jamaïcaine féminine du relais 4 x 100 m a inscrit un nouveau record en parcourant les 400 m en 41 sec 29 le 18 août 2013 (ancien record : 41 sec 47). La russe Tatyana Lysenko a conservé son titre de championne du monde en lancer de marteau avec un lancé record à 78 m 80 le 16 août (ancien record : 79 m 42).
Ces championnats du monde d’athlétisme ont aussi été marqués par les blessures de sérieux concurrents. La saison sportive de Christophe Lemaître s’est tragiquement terminée à la fin de sa finale du 100 m à cause d’une blessure musculaire à la jambe droite. La redoutable Allyson Felix n’a pas pu courir pour obtenir un 9e titre mondial et devenir ainsi l’athlète la plus médaillée à cause une blessure similaire à celle du Français…
Pour finir cette partie, je vous propose une histoire touchante comme le sport en raconte souvent. Julius Yego a frôlé l’exploit en étant, l’espace de quelques instants, 3e des championnats. Son jet à 85 m 40 lui permet d’améliorer son record personnel, mais aussi de battre celui du Kenya. Il a été écarté du podium par le russe Dmitriy Tarabin lors de son dernier jet à 86 m 23.
Après avoir appris la discipline grâce à des livres et des vidéos sur internet, qu’il regardait alors que ses amis s’amusaient à draguer, Yego marque une nouvelle fois l’histoire de cette discipline peu reconnue au Kenya, plus habitué aux courses.
Les résultats français aux championnats du monde d’athlétisme 2013
Avec 55 athlètes, dont 21 femmes, engagés dans la compétition, la France faisait partie des plus grosses délégations envoyées en Russie. Elle a obtenu finalement quatre médailles : une en or en saut en longueur masculin, deux en argent (lancer du disque féminin et saut à la perche masculin) et une en bronze en 3000 m steeple masculin.
Les relayeuses du 4 x 100 m ont fait vibrer les spectateurs jusqu’au dernier moment. Elles ont en effet terminé leur course en deuxième position, remportant ainsi une troisième médaille d’argent. Malheureusement, elles ont finalement été disqualifiées pour avoir couru « hors zone », c’est-à-dire en dehors de leur couloir.
Grâce à ces médailles remportées jusqu’au dernier jour (la finale du saut en longueur masculin s’est déroulée dimanche 18 août dans l’après-midi), la France se hisse à la 10e place du tableau des médailles.
Voici ci-dessous un tableau récapitulant le résultat de chacun des athlètes français ayant participé à ces championnats du monde d’athlétisme :
¤ Pour les hommes :
¤ Pour les femmes :
Ces championnats ont été marqués par l’arrivée d’une nouvelle génération d’athlètes français encore en perfectionnement qui promet de belles chances de médaille pour la France dans quelques années. C’est par exemple le cas de Pierre-Ambroise Bosse, de Valentin Lavillenie, de Marion Lotout ou encore de Floria Guei.
Pour voir le détail des résultats français, je vous conseille ce site.
Les championnats du monde d’athlétisme 2013 ont donc permis de vivre de beaux moments de sport et de dépassement de soi. Il faut maintenant patienter jusqu’en 2015 pour découvrir la 15e édition de cette compétition mythique, qui se déroulera cette fois à Pékin.
Vous intéressez-vous à l’athlétisme ? Avez-vous regardé ces championnats du monde ? Une épreuve ou un athlète ont-ils particulièrement retenu votre attention ? N’hésitez pas à dire ce que vous avez pensé de cette rencontre sportive !
Ursuline
Sources texte :
– Wikipédia : Championnats du monde d’athlétisme – Championnats du monde d’athlétisme 2013 – Délégations aux championnats du monde d’athlétisme 2013
– Lemonde.fr : Les mondiaux d’athlétisme en chiffres
– IAAF.org
Sources images :
– Image 1
– Image 2
– Image 3
– Image 4
– Image 5
– Images 6 et 7 : tableaux personnels