Monchvaliens, Monchvaliennes, ce mois de décembre aura été celui de la neige, que vous soyez québécois, suisses, belges, ou français. Et qui dit neige dit sports de glisse. Cela dit, il y a bien trop de sports qui se pratiquent dans la neige pour tous les évoquer en un seul et même article. Aujourd’hui donc, je vous présente le combiné nordique, alliance entre beauté du geste et dépassement de soi.
Le Combiné Nordique, késaco ?
Ce sport est en réalité l’alliance de deux sports nordiques : le ski de fond et le saut à ski. Il est uniquement masculin, sport olympique depuis les Jeux de 1924 à Chamonix. Il existe trois épreuves différentes en combiné nordique, mais avant de les détailler, une explication des deux épreuves le constituant s’impose.
Le saut à ski
Le principe de l’épreuve est assez simple. Les skieurs/sauteurs, équipés de skis longs et larges (dont la taille est réglementée par rapport à la taille du sauteur), s’élancent du haut d’un tremplin afin d’atterrir le plus loin possible. Pour une descente optimale et sécurisée du tremplin, des rails sont marqués dans la neige. Mais la distance à elle seule ne suffit pas : les sauteurs sont aussi évalués selon la qualité artistique de leur saut par des juges. Ainsi, pour accumuler le plus de points possible, il faut que le saut soit long, que la position en vol soit la plus proche possible de la perfection et que l’atterrissage en « télémark » soit réussi. L’atterrissage en télémark, c’est cette position :
On voit que le skieur est équilibré, avec un talon décollé du sol et le genou fléchi. Télémark est à l’origine le nom d’une région norvégienne, dans le sud du pays, qui a donné son nom à un style de ski de descente où le skieur n’a pas de fixation au talon et utilise donc le décollement de son pied pour tourner. Explication en vidéo ici.
Pour mieux visualiser, la vidéo d’un saut complet.
On voit bien les trois phases du saut :
– la phase d’élan, qui selon le poids, la taille et la position du skieur permet d’atteindre une vitesse d’environ 90km/h ;
– la phase d’appel, qui doit être très précise afin de donner un envol optimal ;
– la phase de vol, pendant laquelle le skieur se place en V au-dessus de ses skis (la position est facilitée par la non-fixation du talon au ski, ce qui permet d’obtenir un angle assez fermé entre le skieur et ses skis).
La notation par les juges s’effectue d’abord par rapport à la longueur, puis par rapport au style.
Pour attribuer les points de longueur au saut, les juges ont comme référence le point K du tremplin. Lorsque le sauteur atterrit en deçà du tremplin, il est pénalisé. En revanche, chaque mètre au delà du point K est valorisé par 1,8 points (la précision de la notation se fait à 50 cm près, qui rapportent 0,9 points).
Pour le style, les juges notent le vol (un vol réussi doit être effectué sans mouvements parasites et la position en V doit être respectée), la réception (qui doit se faire en douceur, avec un télémark réussi) et la fin du saut (s’il y a chute, le sauteur est pénalisé de 5 points).
Le jugement des sauteurs se fait sur deux sauts.
Le ski de fond
Le ski de fond est très différent du ski alpin, ou ski de descente. D’abord, le matériel est différent.
On voit que les skis n’ont pas du tout la même forme. Les skis de fond sont très légers, très fins (sans s’élargir en pointe) et relevés au bout. Ils ne touchent pas le sol en tous les points : sans appui de la part du skieur, l’avant et l’arrière sont en contact avec la neige, mais pas la partie qui se trouve sous la semelle. La chaussure aussi est différente : elle est légère et souple, contrairement à la chaussure de ski alpin qui protège tout le bas de jambe. Elle ne se fixe au ski que par l’avant, ce qui permet une grande mobilité du pied et de la souplesse qu’interdisent les fixations arrière des skis alpins.
Pour mieux glisser, les skieurs utilisent du fart : une cire collante adaptée à la température extérieure sous la partie d’accroche, c’est-à-dire sous le pied, et une cire glissante à l’avant et à l’arrière de la semelle. L’opération doit être répétée à chaque utilisation, adaptée à la température du jour, et le ski doit être nettoyé à chaque retour.
Pour avancer en ski de fond, deux pas principaux existent :
1) La technique classique (aussi appelée pas alternatif) : lorsque la piste de ski comporte des rails, le skieur avance un pied puis l’autre (d’où le nom alternatif), en s’aidant de ses bâtons. La technique se divise en trois pas :
– le pas alternatif : c’est le pas le plus utilisé. L’appui se fait avec un pied puis l’autre, et la main opposée agit à chaque pas. Cette technique permet d’utiliser toute la puissance du corps, répartissant l’effort entre les jambes, le tronc et les bras. Vidéo
– la poussée simultanée : on utilise uniquement la poussée des bras (et la musculation du tronc) pour se propulser, en gardant les pieds parallèles. La technique est très efficace notamment en pente douce, mais se révèle vite épuisante. Vidéo
– le pas de un : le skieur effectue une poussée avec les deux bras tout en avançant un pied, puis répète le mouvement avec l’autre pied après une phase de glisse la plus longue possible sans perte de vitesse. J’ai beau chercher, je ne trouve pas de vidéo…
2) Le skating, ou pas de patineur : il se pratique sans fart d’accroche sous la semelle pour privilégier la vitesse dans les parcours sans rails tracés. Il s’apparente au pas d’un patineur sur glace, les skis ne sont plus parallèles mais en V pour éviter un recul dans les montées (recul empêché par le fart d’accroche en classique, les skis étant parallèles). On compte trois pas principaux en skating :
– le pas à deux temps : c’est le premier pas appris, le plus simple. Il s’agit, dans le temps d’une poussée de bâtons, d’avancer un pied puis l’autre en se laissant le plus possible glisser. Vidéo
– le pas à un temps : Il est un peu plus rapide que le pas à deux temps puisqu’une poussée de bras à chaque appui de jambe permet de mieux conserver la vitesse. Vidéo
– le pas combiné : ce pas ressemble à s’y méprendre au pas à un temps. Il s’agit simplement d’utiliser la poussée des bras légèrement avant la poussée de la jambe pour créer de la vitesse dans les faux-plats descendants. Vidéo
Maintenant que les choses sont claires, on peut aborder les trois épreuves du combiné nordique. Il existe en effet trois combinaisons différentes des deux épreuves (le saut et le ski) :
– l’individuelle Gundersen tremplin normal
– l’individuelle Gundersen grand tremplin
– l’épreuve par équipe
Les deux premières épreuves sont les mêmes, alliant un saut d’essai, un saut noté et 10 km de course en technique libre. Ce qui les différencie est la taille du tremplin utilisé : le tremplin normal correspond à un envol d’environ 90 mètres tandis que le grand correspond à un envol d’environ 120 mètres.
L’épreuve par équipe se déroule avec quatre concurrents par équipe qui effectuent chacun un saut sur un grand tremplin, puis une course en relais de 4×5 kilomètres.
Le saut se déroule toujours avant la course. Ce sont les écarts de points entre les sauteurs qui, convertis selon la méthode dite de Gundersen, permettent de déterminer les intervalles de départ entre les concurrents pour la course. La course de 10 kilomètres se déroule toujours sur un circuit de 2,5 kilomètres parcouru quatre fois.