Le printemps est arrivé et la boue occupe encore les carrières et les prés. Pendant cette période froide et humide, il faut apporter une attention particulière au cheval et surtout à ses membres afin de surveiller l’apparition de gales de boue. Ces lésions situées dans le creux des paturons, particulièrement fréquentes lorsque le temps est humide, peuvent toucher les chevaux au pré ou au box. Il est important de reconnaître rapidement les symptômes qui sont associés à cette irritation afin de la traiter dès qu’elle se déclare, avant qu’elle ne devienne trop douloureuse pour le cheval.
La gale de boue du cheval, qu’est-ce que c’est ?
Au même titre que la colique, la gale de boue n’est pas une maladie. Dans le premier cas, il s’agit d’un symptôme de douleurs abdominales et dans le second, il s’agit de la présence de lésions cutanées situées au niveau des paturons.
C’est donc un symptôme. La gale de boue, aussi appelée dermatite des paturons, est une irritation due à la boue ou au sable. Elle apparaît sur les membres, en particulier ceux avec une balzane (la peau blanche est plus vulnérable) et n’est pas contagieuse. Souvent, elle peut être confondue avec d’autres maladies qui provoquent ce même symptôme :
– l’infection par un champignon. Dans ce cas, l’irritation peut être localisée non seulement sur les membres, mais aussi sur d’autres zones comme le bout du nez.
– l’infection par une bactérie, en particulier quand le terrain est boueux puisqu’il s’agit d’un milieu favorable pour son développement.
– la gale, qui est une maladie causée par un parasite. Elle est très contagieuse mais n’existe pratiquement plus en France. Elle peut toucher non seulement les paturons, mais aussi les crins et le corps.
La gale de boue rencontrée en automne-hiver n’est pas grave, en particulier si elle est détectée et traitée tôt. Lorsqu’elle est prise tard, la gale de boue est souvent plus longue et difficile à soigner.
Au départ, elle se présente sous forme de légères irritations au niveau du creux des paturons ou des talons. La gale de boue forme des sortes de croûtes qui peuvent être senties en passant la main dessus. La peau y est en effet plus fine et donc plus sensible. Ensuite, ces plaies peuvent être surinfectées par des bactéries ou des champignons qui vont empêcher la cicatrisation. Finalement, dans le pire des cas, d’autres bactéries plus invasives peuvent se loger dans la blessure et provoquer une lymphangite (infection des vaisseaux lymphatiques) ou une septicémie (infection généralisée qui peut être fatale).
Quels sont les symptômes de la gale de boue du cheval ?
Si la gale de boue n’est pas traitée, elle a tendance à évoluer et à provoquer des symptômes de plus en plus graves.
Initialement, il s’agit simplement d’une légère irritation au niveau des paturons ou des talons. Ceci provoque un léger gonflement de la partie inférieure du membre touché et une gêne dans le déplacement, pouvant aller jusqu’à la boiterie. Suivant la douleur, le cheval peut se montrer plus ou moins sensible au niveau de la plaie, voire ne plus se laisser toucher. Dans certains cas, l’équidé peut présenter une petite perte d’appétit et une température un peu élevée (37,5 à 38,2 °C).
Si elle n’est pas traitée, la gale de boue peut évoluer : les poils au niveau de la lésion tombent et la plaie se retrouve alors à l’air libre. De douloureuses croûtes apparaissent dans le pli du paturon.
Ensuite, des crevasses peuvent se former. Ces plaies horizontales dans le pli du paturon sont extrêmement difficiles à guérir et sont particulièrement sensibles aux surinfections par des bactéries ou des champignons.
Finalement, la gale de boue pas ou mal soignée peut s’étendre et toucher non seulement le pli du paturon mais aussi sa face antérieure, faisant gonfler toute la partie inférieure du membre.
Quelles sont les causes de la gale de boue du cheval ?
La gale de boue peut avoir plusieurs causes, essentiellement liées aux conditions de vie du cheval.
Son lieu de vie a une importance capitale : si le pré est trop boueux et humide ou que le terrain est sablonneux, les risques de gale de boue sont importants. Les litières mal entretenues contiennent beaucoup d’urine qui peut provoquer une irritation chimique.
La seconde cause peut concerner les soins apportés aux chevaux. Ainsi, une mauvaise hygiène des sabots, des membres mal entretenus (pas séchés après la douche par exemple) ou des bandes de repos humides laissées trop longtemps peuvent causer des gales de boue.
L’alimentation des chevaux peut aussi les rendre plus sensibles aux gales de boue. Certaines plantes dites photosensibilisantes rendent la peau plus sensible aux irritations. C’est le cas du trèfle, des légumineuses et du sarrasin par exemple.
La dernière cause de gale de boue est une prédisposition génétique du cheval. Des races aux fanons fournis ont plus de risques d’en être atteintes puisque les fanons retiennent l’humidité, des débris et des poussières qui peuvent irriter. De même, les chevaux dont la peau sous les balzanes est blanche, donc plus fragile, sont plus susceptibles de développer des gales de boue. Finalement, si les talons sont bas, ils sont plus proches du sol et donc plus facilement irritables.
Comment traiter la gale de boue du cheval ?
Avant de vouloir traiter la gale de boue, il est essentiel d’en identifier l’origine afin de l’éliminer. Il faut donc vérifier qu’il n’y a pas de plantes photosensibilisantes dans le pâturage et déplacer le cheval si le sol est humide et boueux. Un lieu sec, propre et non abrasif est idéal pour ne pas aggraver la plaie et lui permettre de cicatriser. La gale de boue pouvant être douloureuse, il faut limiter les déplacements du cheval.
Pour le traitement à proprement parler, il faut laver les plaies à l’eau tiède, sans frotter. Cette étape permet de retirer les poussières, la boue ou le sable qui empêcheraient la cicatrisation de la blessure. Ensuite, il faut la désinfecter et nettoyer avec du savon antiseptique pour éliminer les potentielles infections. Il est essentiel de toujours bien sécher la zone irritée après les soins, en tamponnant délicatement avec un linge propre et sec. Un corps gras (vaseline par exemple) peut être appliqué sur la plaie afin de la protéger, bien hydrater la peau et donc accélérer la cicatrisation.
Il est possible d’enlever les croûtes lorsqu’elles se détachent d’elles-mêmes. Cependant, si vous n’êtes pas sûrs de vous, il vaut mieux les laisser afin de ne pas risquer de former de nouvelles plaies ou de retirer des cellules commençant à réparer la blessure. Les croûtes permettent de protéger la zone irritée, c’est pourquoi il faut les préserver.
Des bandes peuvent aussi être placées sur les membres blessés pour les protéger des UV et des agents irritants. Enfin, couper les poils autour de la plaie évite l’accumulation d’eau ou de poussière et facilite la cicatrisation.
Dans le cas où les moyens déployés pour soulager le cheval n’ont pas d’effet, il est nécessaire de contacter le vétérinaire. Cela peut être dû à une surinfection qui empêche la cicatrisation et qu’il faut traiter avec des antibiotiques. Il peut aussi prescrire des anti-inflammatoires si le membre est trop enflé et douloureux.
Comment réduire les risques de gale de boue du cheval ?
Il est possible de mettre en place des gestes simples pour réduire les risques de gale de boue. Un premier réflexe doit être adopté et concerne le soin des membres. Il faut surveiller régulièrement l’état général du cheval, en particulier celui de ses membres, et réagir au moindre signe indiquant un début d’irritation.
Vous pouvez aussi agir sur le lieu de vie du cheval :
– veiller à ce qu’il dispose d’une litière propre et sèche pour éviter la prolifération de bactéries,
– faire en sorte que le pré soit le moins boueux possible, en stabilisant le sol ou en déplaçant les mangeoires afin que les chevaux ne piétinent pas toujours au même endroit,
– éviter le travail dans un lieu trop humide ou irritant.
Il est ensuite possible de jouer sur la pénétration de l’eau :
– en ne coupant pas les poils au niveau des paturons afin qu’ils jouent leur rôle de gouttière pour évacuer l’eau,
– en appliquant régulièrement un corps gras sur le pli du paturon afin que la boue ne s’y dépose pas et n’y colle pas,
– en séchant toujours les membres après la douche et en les laissant à l’air libre après. L’idéal est de doucher quotidiennement les chevaux lorsqu’ils rentrent du paddock afin de retirer régulièrement la boue qui ne s’accumulera donc pas, en veillant à bien sécher. Si vous avez le temps, le mieux est d’éviter de doucher votre cheval (afin de ne pas risquer de problème si les membres sont mal séchés) et de laisser la boue et le sable sécher : ils seront alors plus faciles à retirer avec une brosse.
Finalement, en cette saison, il est important de renforcer le système immunitaire du cheval, afin d’éviter l’infection par les bactéries et en cas de gale de boue, de réduire le risque de surinfection. Certaines plantes comme le thym, l’ail ou les orties ont cet effet et peuvent être données telles quelles ou sous forme de compléments alimentaires.
La gale de boue doit donc être détectée rapidement afin d’être plus facile à traiter et éviter au cheval de souffrir. Saviez-vous comment la reconnaître et comment la traiter ? Avez-vous déjà été confrontés à un cheval en souffrant ? Comment avez-vous réagi ?
Ursuline
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