La méthode éthologique est partout, elle peut intervenir dans chaque facette de l’éducation de votre cheval, alors pourquoi ne pas commencer avec le commencement : le débourrage ?
Lors de ce 13e rendez-vous, Andy Booth a décidé de confier sa jument de trois ans à Jean-Marie Clair, expert en débourrage au Haras de la Cense. Ce dernier nous a d’ailleurs avoué débourrer environ 110 équidés par an, toujours grâce à la méthode éthologique. Il a profité de cet événement pour nous en dire plus sur la manière d’intervenir sur un jeune cheval.
La jument qui nous était présentée avait été préparée : elle était capable d’accepter le licol, de se mettre sur un cercle de longe et d’obéir lorsqu’on lui demandait de changer d’allure.
Dans un premier temps, Mr Clair a désensibilisé la pouliche au stick. Il suffit pour cela de le passer sur tout le corps de l’animal sans qu’il ne bronche. Si l’équidé bouge, il faut repasser le stick sur ce même endroit jusqu’à ce qu’il n’y prête plus attention. Il ne faut surtout négliger aucune partie du corps de votre compagnon, en particulier la tête, votre cheval ne doit pas paniquer à la vue de certains ustensiles.
Puis Jean-Marie a continué en désensibilisant la jument à une bâche et en dernier lieu au tapis, qu’il espérait pouvoir lui faire totalement accepter à la fin de la séance.
Le spectacle s’est poursuivi par une désensibilisation à la sangle à l’aide d’une longe. Je m’explique : Mr Clair a attaché une corde autour du corps de la jument, au niveau du passage de sangle, grâce à un anneau, de manière à pouvoir resserrer et desserrer cette longe selon l’envie. L’éthologue a, ensuite, mis sa monture au galop sur un cercle et a commencé à faire pression sur la longe, ce qui a déplu à la jument qui s’est mise à ruer à tout va. Le principe de cette méthode est de maintenir la pression jusqu’à ce que la jument se détende, puis relâcher, de manière à ce qu’elle comprenne qu’il est plus confortable d’accepter calmement la sangle. L’exercice a été repris plusieurs fois, jusqu’à ce que la jument ne réagisse plus du tout.
Ensuite, Jean-Marie a tenté de seller totalement sa monture, ce qui n’a posé aucun problème, aucune gêne de la part de la jument. Petit conseil de l’éthologue : dans un premier lieu, il ne faut pas trop serrer la sangle pour que le cheval accepte facilement la selle. Mais il faut tout de même sangler un minimum, de manière à ce que cette dernière ne tourne pas pendant les exercices, ce qui pourrait faire paniquer le cheval et le braquer lors des prochains essais avec une selle.
Puisque tout allait bien, Mr Clair a décidé d’aller plus loin. Il a décidé de tenter la méthode du poning : monter un cheval totalement calme à côté de celui que l’on tente de débourrer afin de parvenir à plusieurs résultats pour l’équidé qui est en cours de débourrage :
– Il doit totalement accepter la présence d’un autre cheval pendant qu’il est au travail.
– Recommencer toutes les étapes de désensibilisation aux ustensiles, mais à une autre hauteur, celle du cheval. Et malgré ce que l’on croit, c’est tout aussi difficile puisque l’équidé voit cela comme un tout nouvel exercice totalement inconnu.
Encore une fois, ce fut un succès total. L’éthologue a donc, une fois de plus, décidé d’aller plus loin : tenter la phase du montoir.
Tout d’abord, le professionnel a mis son pied dans l’étrier pour se soulever du sol de seulement quelques centimètres, afin que la jument s’habitue à ne pas perdre l’équilibre pendant la phase de monte. Cet exercice fut répété plusieurs fois à droite comme à gauche, avant de monter totalement sur le dos de la monture. Pas de surprise si je vous dis que la jument n’a, une nouvelle fois, pas bronché ?
En revanche, Mr Clair a jugé, au vu des énormes progrès et de l’attention parfaite de la jument, qu’il était mieux de la laisser pour le moment et de la conforter dans ses nouveaux acquis. Il est donc resté quelques minutes sur l’animal, à l’arrêt, avant de descendre tranquillement et de nous saluer.
Avant de vous quitter, je vous donne quelques petites « astuces » mises en avant par l’éthologue :
– Surtout, toujours penser à travailler les deux côtés du cheval de la même manière, autant à pied qu’au moment de monter (oui, ça veut bien dire qu’il faut apprendre à son cheval que l’on peut monter également par la droite). C’est d’ailleurs pour cela que la plupart du temps, les chevaux montrent plus de difficulté à l’apprentissage des bases de dressage à droite qu’à gauche.
– Ne négligez jamais votre cheval pendant vos séances, sinon il risque de se déconcentrer totalement et vous ne pourrez plus rien faire avec lui pour la séance en cours, il faudra attendre la prochaine pour qu’il reprenne ses esprits et se remette au travail.
– Le débourrage peut être un moment privilégié où l’on peut habituer son cheval à des soins qu’il va recevoir plus tard, comme ceux que le dentiste peut lui prodiguer ou bien le ferrage… Il suffit, pour le premier, de pouvoir toucher à la bouche de son cheval sans que ce dernier essaie de nous mordre et, pour le deuxième, de prendre une pince coupante et la frotter/la taper doucement contre l’intérieur du sabot de son cheval afin qu’il ne bouge pas lorsque les clous seront implantés.
Voilà, c’est ici que se termine cet article. Avez-vous déjà tenté cette méthode ? Si oui, vous a-t-elle aidé par rapport aux méthodes « classiques » ? Si non, aimeriez-vous l’essayer sur votre compagnon ?
L’article est vraiment intéressant, ça devait être impressionnant à voir, de tels progrès aussi rapidement! J’avais déjà beaucoup aimé l’article sur la désensibilisation (un peu traitée ici au début de l’article), celui là se centre au niveau de débourrage et est très intéressant!
Nova cet article est vraiment bien, j’envisage de faire exactement ce genre de chose dés que j’ai mon futur équidé, je trouve l’éthologie vraiment bien pour avoir une bonne relation entre l’équidé et le cavalier 🙂