Le cheval, comme tout animal, possède cinq sens : la vue, l’odorat, l’ouïe, le toucher et le goût. Les trois premiers sens ont déjà été présentés sur le Mag‘. Dans cet article, je vais m’intéresser dans un premier temps au sens du toucher, puis à celui du goût.
Le sens du toucher chez le cheval
Le toucher chez le cheval : la peau
Chez l’Homme, le toucher passe essentiellement par les mains et les doigts. On pourrait donc s’attendre à ce que le sens du toucher chez le cheval ne soit développé qu’au niveau de ses extrémités, donc les pieds. Que nenni ! Chez les animaux et plus particulièrement chez le cheval, ce sens est très important et concerne toute la surface du corps.
En effet, n’avez-vous jamais remarqué que la peau du cheval peut frémir ? Comme si elle était pleine de petits soubresauts ? Et comble de l’horreur si une mouche vient se poser sur sa croupe ou sous son ventre ! Avez-vous noté à quel point votre compagnon était gêné ? Son sens du toucher et ses muscles peauciers sont extrêmement développés. De ce fait, il est capable d’en mobiliser certains pour la faire frémir et ainsi espérer faire fuir la mouche.
En balade, vous pouvez vous procurer une branche avec un toupet de feuilles à son extrémité : dès qu’un insecte dérange votre compagnon, vous pouvez le soulager en passant la branche sur son corps. Le fauteur de trouble s’envole et vous pouvez masser votre monture avec les feuilles à l’extrémité (attention, certains chevaux sont très chatouilleux !). En fin de balade, lorsque vous n’en avez plus besoin, elle représente une petite pause casse-croûte si vous proposez les feuilles à la dégustation !
D’ailleurs, le toucher peut être source de plaisir ! Caresses, grattouilles, papouilles… les chevaux adorent cela ! Le pansage est un moment très agréable pour les équidés, à condition de respecter certaines recommandations, comme ne pas passer l’étrille sur les os ou les jambes. N’avez-vous jamais eu affaire à un équidé qui fermait ses yeux pendant que vous le brossiez ?
Dans leur pré, les chevaux trouvent d’autres moyens pour exercer le sens du toucher. En effet, il est toujours agréable pour votre compagnon d’avoir un arbre ou un autre support pour se gratter, sans excès tout de même : il existe des maladies qu’un cheval peut attraper, l’entraînant ainsi à s’arracher la peau à force de démangeaisons. Lorsque ces séances de grattouilles ne sont pas pratiquées en démesure, vous pourrez noter que votre cheval manifeste une réelle satisfaction au fait de se frotter contre quelque chose. C’est la même chose lorsqu’il se roule (un cheval blanc à l’entrée du pré ressort souvent noir-marron) !
Entre eux, les chevaux aiment se gratter mutuellement le bas de l’encolure (en position tête-bêche) : c’est le grooming.
Le toucher chez le cheval : les pieds
Bien qu’ils soient très sensibles au niveau de la peau, il ne faut pas négliger les pieds quand on parle du toucher chez les chevaux. En effet, les pieds des équidés sont très irrigués en vaisseaux sanguins et en nerfs. On peut presque dire qu’ils « voient » avec leurs pieds. Toute information perçue au niveau du pied (aspérité du terrain par exemple) remonte immédiatement au cerveau et le cheval peut ainsi adapter son allure.
Si vous partez en balade de nuit, faites confiance à votre monture : sa vue est aussi bonne de jour que de nuit, son ouïe et son odorat le renseignent sur les dangers environnants et ses pieds jaugent le terrain et lui permettent de conserver son équilibre.
Soyez vigilants à la boiterie. En effet, elle peut parfois être soignée en pratiquant une névrotomie, c’est-à-dire la section d’un nerf ; ainsi, il ne transmet pas au cerveau l’information concernant la douleur, donc le cheval ne sentira plus rien. En théorie, votre cheval ne boitera plus, parce qu’aucune douleur ne sera plus ressentie. En pratique, le pied de votre cheval sera moins sûr et il risque de se blesser : les nerfs ne communiqueront plus les informations du terrain au cerveau et donc le cheval se déplacera « à tâtons », donc moins assurément.
Les vibrisses, des poils-mains pour « toucher »
Les vibrisses sont des poils plus ou moins longs qui ornent le bout du nez du cheval. Attention à ne surtout pas les couper sous un prétexte esthétique : elles lui servent de véritables « mains ».
En effet, dès qu’un cheval est face à un objet inconnu, il se sert de ses vibrisses pour l’étudier.
Des vibrisses coupées peuvent largement handicaper votre compagnon : lorsqu’il doit s’abreuver par exemple, il n’est pas rare d’observer que les équidés qui ont vu leurs vibrisses sectionnées se heurtent à l’abreuvoir. Il ne peut plus « tâtonner » pour le trouver.
En résumé, le toucher est très développé chez le cheval. Ainsi, lorsque vous êtes sur son dos, il suffit d’effleurer ses flancs pour le faire avancer : rien ne sert de taper comme une brute, dans tous les cas il le ressentira. Après, s’il refuse d’avancer, ce n’est pas une question de sensibilité, mais peut-être de volonté…
Le sens du goût chez le cheval
Le goût est très lié à deux autres sens : l’odorat et le toucher. En effet, pour trouver sa nourriture, le cheval doit la sentir, mais aussi la localiser grâce à ses vibrisses.
Les papilles gustatives lui permettent de distinguer les saveurs sucrées, salées, amères et acides. Il faut savoir que, dans la nature, ces palettes de saveur sont toutes disponibles. Si votre compagnon passe une grande partie de son temps dans un box, essayez de varier sa nourriture : proposez-lui différents foins ou des rations aromatisées, etc. afin de vous rapprocher de la variété qui peut exister dans la nature.
Les chevaux apprécient tous le sucré. C’est plus mitigé pour l’acide et très rare pour l’amer. Les équidés ne consomment des aliments que pour leur goût et pas pour leurs qualités nutritionnelles. Par exemple, les chevaux sont friands de pissenlits, qui n’ont aucune qualité nutritive particulière ! Exception faite du sel : le goût n’est pas spécialement apprécié, mais les chevaux en consomment pour leurs besoins.
Une étude menée à l’Université de Southhampton (Royaume-Uni) a listé les saveurs préférées de nos compagnons à quatre pattes. Voici les résultats dans l’ordre de préférence :
- le fenugrec (très présente en France, cette plante est utilisée pour le curry ou la préparation des cornichons) ;
- la banane ;
- la cerise (c’est l’idéal si vous avez un cerisier dans votre pré) ;
- le romarin ;
- le cumin ;
- la carotte ;
- la menthe ;
- l’origan.
Les chevaux domestiqués sont très gourmands et raffolent d’aliments sucrés. En effet, présentez à un poulain ou à un cheval peu habitué à l’homme le fameux petit carré blanc et il le boudera dans un premier temps. Mais faites-lui découvrir et là, il en redemandera.
Préférez tout de même les pommes et les carottes aux morceaux de sucre, qui peuvent lui causer des caries.
À l’état sauvage, le cheval apprend très tôt à différencier les plantes comestibles des plantes toxiques. Veillez à être très vigilants à votre compagnon domestiqué : il n’aura peut-être pas l’instinct de se méfier des plantes toxiques. Je vous conseille de faire un tour dans le pré afin de repérer et éventuellement d’arracher les plantes non adaptées. Faites très attention aux conifères, en particulier les ifs. Il vous faut savoir que 100 g suffisent pour tuer un cheval et que les baies rouges sont extrêmement toxiques. Les boutons d’or (renoncules) sont également toxiques pour les chevaux, mais en grande quantité. Ne paniquez donc pas si votre compagnon en mâche avec une bouchée d’herbe. Les colchiques, très présentes à l’automne, sont également toxiques en grande quantité.
Lorsque vous vous promenez dans un pré après que des chevaux sont passés, vous remarquez souvent que seuls les boutons d’or, les colchiques ou certaines autres plantes demeurent : les chevaux savent quand même ce qui est bon ou pas pour eux.
Sachez que cette sélection passe aussi bien par l’odorat que par la mémoire. En effet, un cheval peut faire le lien entre l’ingestion d’un aliment et l’apparition de désagréments moins de 30 minutes plus tard (nourriture toxique ou non d’ailleurs). Le cheval ne pouvant pas vomir, il faut être très vigilant à son alimentation.
Ainsi s’achève cet article et la série sur les cinq sens des chevaux. Saviez-vous que son sens du toucher était aussi important ? Aviez-vous conscience de la présence et de l’utilité des vibrisses ? Saviez-vous que le cheval était capable de reconnaître des plantes toxiques ? Dites-nous tout dans un commentaire !
C’est donc à ça que sert la barbichette du cheval ! Je ne connaissais pas du tout pour les vibrisses !
Et pour le goût, on peut donc leur donner de la banane ou seulement des choses aromatiser à la banane ?
Tu peux tout à fait donner une banane à ton cheval ! Si tu as des choses aromatisées à la banane, ne te prives pas non plus pour essayer ! Après, chaque cheval a ses goûts, mais généralement, ils aiment la banane (on peut toujours trouver un animal qui fait son difficile pas contre ^^)
Ben dis donc… je n’avais jamais fait gaffe à tous ces détails concernant les mimiques du cheval, c’est vrai qu’ils remuent assez facilement au moindre contact dérangeant et qu’ils adooooorent les gratouilles. Par contre je ne pensais vraiment pas que les sabots avaient un toucher développé… à cause des fers ! car les chevaux auxquels on les retire ont souvent assez mal les premiers temps, comme s’ils avaient perdu quelque chose (en solidité et en sensation). Les vibrisses c’est comme les moustaches, trop mignon x). Pour le goût par contre c’est inquiétant de se dire qu’il peut manger des toxiques et qu’on ne pourra rien faire… o.O je pensais que tous les animaux se nourrissaient avant tout pour leurs besoins… On en apprend des choses (:
Le cheval à d’incroyables sens bien plus importants que ceux de l’homme ce qui peut leur permettre de percevoir des choses que nous ne percevons pas
Bon à savoir 😉
Je voudrais un peu corriger ce qui me semble imprécis, omis, insuffisamment détaillé. Le reste me semble parfait.
L’If est effectivement très toxique, mais il est plutôt avancé un poids de 500g pour tuer un cheval, soit environ 1g / kg.
Il est généralement admis que la pulpe de son fruit n’est pas toxique, seuls les pépins le sont. N’allons pas pour autant en faire des gelées épépinées à la plume d’oie.
L’écorce de l’acacia ou pseudo-acacia qui est en réalité le robinier a la réputation d’être 3 fois plus toxique : dose létale 150g pour un cheval. Cependant je n’ai pas encore réussi à savoir si l’on parle de l’écorce fraîche ou sèche ; celle-ci, pourrait ne plus être toxique à mon avis, mais ne prenez pas de risque.
Un cheval domestiqué a une petite faculté d’auto-éducation alimentaire qui est bien décrite, mais l’éducation devrait se faire par la mère qui dans la nature allaite bien plus longtemps et conserve ses poulains bien plus longtemps encore prêt d’elle. Les ponettes qui vivent plus fréquemment à l’extérieur et d’une manière plus libre et plus naturelle, sont à ce sujet de ce fait de meilleures mères. Elles surveillent constamment leur laiton qui commence à brouter et donne un coup de dent s’il faute. ainsi se transmet le savoir, pas toujours juste d’ailleurs entre mère et filles. Un hongre à qui l’on confie un poulain peut continuer à remplir ce rôle, et avoir une autre culture.
THUYA : Cette plante, souvent entretenue en haie n’est pas trop recherchée par les chevaux, mais est assez toxique. Les accidents viennent surtout des tailles laissées à terre.
N’oubliez pas de lutter contre les séneçons qui tuent vos chevaux à petit feu, ou même brutalement en particulier par les foins en contenant. Il se dit bien à tort que les chevaux ne le consomment pas en vert à cause de son amertume. D’abord ils en consomment volontiers les sommités fleuries, et même les plantes entières et les rosettes que vous ne voyez pas facilement. Cela sans doute pour se vermifuger. Les maréchaux anglais du XVII° utilisait cette plante dans ce but suite à leurs observations, fondées ou non.
Vous parliez du goût, bien trop brièvement. Mes observations multiples me font dire que le cheval est très peu sensible à l’amertume, il est bien plus sensible à l’inconnu. Il n’est même pas sensible à l’amèrisant de synthèse le plus puissant existant, aux doses d’emploi usuelles, du moins: le Benzoate de Denatonium ou Bitrex (R) qui ne les empêche aucunement de manger couvertures, bandes, longes ou portes de boxes. Le jus de betterave sucrière ou fourragère qui ne tachent guère me semble bien plus efficace.