Bien souvent, la population française entend parler des Centres d’hébergement et de réinsertion sociale ou « CHRS » lorsque l’hiver et le grand froid approchent. Ces établissements sont, à tort, uniquement associés aux personnes sans domiciles fixes (SDF).
Je vous propose donc cet article pour en savoir un peu plus sur ce type d’établissements que l’on retrouve partout en France.
Les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale, qu’est-ce que c’est ?
Un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale est un établissement de statut social qui relève du Code de l’action sociale et des familles s’adressant à des personnes en grandes difficultés qui sont admises à l’aide sociale.
Créés par la loi 74-955 du 19 novembre 1974 en tant que « Centres d’hébergement et de réadaptation sociale », ils deviennent « Centres d’hébergement et de réinsertion sociale » en 1991.
Ces centres ont pour missions d’accueillir, d’orienter, d’héberger, d’accompagner et de favoriser l’insertion sociale des personnes en difficulté :
- Accueil et orientation des personnes, par divers moyens, notamment d’intervention mobile, d’accueil de jour, de téléphonie et de veille sociale.
- Hébergement ou logement réalisé sous forme collective ou individuelle, dans les locaux du centre ou à l’extérieur. L’hébergement ou le logement est assorti d’un soutien destiné à aider les personnes hébergées à retrouver leur autonomie.
- Accompagnements, suivis ou soutiens adaptés, notamment en faveur des personnes en logements indépendants du centre.
- Adaptation à la vie active et insertion, par la mise en œuvre d’activités professionnelles ou à caractère professionnel.
Il s’agit donc d’une solution d’hébergement temporaire apportée aux personnes isolées, aux familles rencontrant de graves difficultés : de logement (insalubrité, surpopulation…), de réinsertion sociale (sans domicile…), économiques (sans emploi…), familiales (violences conjugales, rupture familiale et/ou de santé (psychiatrique, toxicomanie, alcoolisme…).
Au sein d’un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale, les personnes ou les familles admises disposent d’un accompagnement social destiné à les aider à retrouver leur autonomie personnelle et leur autonomie sociale.
C’est une solution d’hébergement collectif, comportant des parties privatives (chambres privées) pour les personnes ou les familles, et des parties communes (cuisine, salon, salle de bain).
Les CHRS sont des structures dont le statut peut dépendre des autorités publiques ou encore des personnes morales de droit privé.
Les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale, la loi et les financements
Ces établissements s’inscrivent dans le cadre des luttes contre les exclusions, conformément à l’application de la loi du 29 juillet 1998 d’orientation relative à la lutte contre les exclusions et aux actions départementales en faveur de l’aide à l’exclusion sociale.
Le fonctionnement des Centres d’hébergement et de réinsertion sociale repose sur une convention conclue entre l’État et la structure, établie par le préfet du département dans lequel l’établissement est implantée. Ce document stipule les modalités de fonctionnement de la structure, le public accueilli, ainsi que son projet social. Le financement des CHRS repose sur une dotation globale apportée par l’État.
La prise en charge au sein de ce type de structure demande une participation financière mensuelle de la part des personnes ou des familles accueillies, correspondant à leurs frais d’hébergement et d’entretien. Cette participation à valeur pédagogique permet d’aider les résidents à apprendre ou à réapprendre la gestion du budget personnel ou familial.
Par exemple : Monsieur X est actuellement sans emploi, mais perçoit les Assedic, sa participation lui permettra de se sentir acteur et non-passif de sa réinsertion.
Selon un barème fixé par le préfet, cette participation est calculée en fonction des ressources de la personne ou de la famille et des charges qui leur incombent. Les ressources prises en compte pour le calcul de la participation financière, comprennent l’ensemble des revenus perçus par la personne ou par la famille, les allocations et prestations légales, les pensions alimentaires ainsi que la rémunération dans le cadre d’activités en faveur de l’adaptation à la vie active ou dans le cadre d’une formation.
Après déduction de la participation mensuelle, il est réservé une somme minimale à la personne ou à la famille :
- de 30 % pour les personnes isolées, les couples, les personnes isolées avec enfant ;
- de 50 % pour les familles composées d’au moins trois personnes.
Le montant de la participation mensuelle est déterminé avec la personne ou la famille, en tenant compte de ses ressources et de ses difficultés. Il n’est pas demandé de participation aux personnes qui ne disposent d’aucune ressource.
Les CHRS peuvent proposer des actions d’adaptation à la vie active par l’apprentissage ou le réapprentissage des règles nécessaires à une activité professionnelle pour les personnes qui sont dans l’incapacité d’exercer une activité professionnelle en raison de difficultés diverses : sociales, professionnelles ou médicales. Ces personnes perçoivent alors une rémunération horaire comprise entre 30 et 80 % du SMIC.
Les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale, l’admission
Une admission se fait par l’intermédiaire du Samu social (joignable au 115) que les personnes en difficulté contactent soit :
- elles-mêmes,
- par l’intermédiaire d’un(e) assistant(e) social(e).
Il y a alors création d’un dossier au sein du service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO) de chaque département qui, en fonction des personnes ou des familles et de leurs difficultés, va les orienter dans le Centre d’hébergement et de réinsertion sociale qui correspondra le mieux à leurs besoins. Ainsi, pour une femme avec enfant victime de violences conjugales, une orientation en CHRS spécialisé auprès des femmes battues sera effectuée. À contrario, pour un homme célibataire sans enfant mais souffrant de toxicomanie, une orientation vers un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale spécialisé dans les addictions et dépendances sera décidée.
Le contrat avec l’occupant est un contrat d’hébergement qui se fait en articulation avec le contrat de séjour de la loi du 2 janvier 2002.
Les services sociaux participent également à l’orientation et à l’intégration en Centre d’hébergement et de réinsertion sociale des personnes le plus souvent victimes de problèmes conjugaux.
Néanmoins, il y a également des personnes se présentant directement au CHRS pour une admission.
Il y a également des places d’urgence qui sont allouées toute l’année dans les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale. Par contre, il faut savoir que ce nombre de places est limité dans chaque établissement. Dans la majorité des cas, les personnes bénéficiant de ces places sont celles qui sont à la rue depuis longtemps, en grande précarité. Le plus souvent, il s’agit d’hommes isolés.
Les demandeurs d’asile, ne pouvant pas aller dans les Centres d’accueil de demandeurs d’asile qui sont saturés, peuvent également être hébergés dans les sections d’urgence des CHRS. La majorité du temps, il s’agit d’un public en famille.
Enfin, nous pouvons trouver dans les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale, des personnes sortant d’institutions particulières, comme la prison ou l’hôpital psychiatrique. Il s’agit ainsi d’une prise de relais entre institutions, où les travailleurs sociaux des CHRS rencontrent et travaillent auprès de ces personnes qui n’ont, pour la majorité, jamais eu de logement personnel. L’objectif est de leur permettre de retrouver une existence stable et de les accompagner tout au long de leurs démarches. Le travailleur social fait office de soutien.
Les personnes hébergées en CHRS le sont pour des durées se comptant en semaines ou en mois. Dans la majorité des cas, il s’agit d’une durée de six mois reconductible une fois, voire deux après étude du dossier, mais ceci est très exceptionnellement.
En 2010, la France comptait 14 522 places en centres d’hébergement d’urgence dont 3 453 places lors de la période hivernal. Les hébergements d’insertion comptaient quant à eux 39 540 places.
Les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale, les professionnels
Afin d’accompagner au mieux le public en grande difficulté sociale accueilli au sein de ces établissements, il est indispensable que des professionnels adaptés soient présents. Ainsi, on y trouve :
- le personnel de direction (directeur, directeur adjoint),
- le personnel des services généraux (agent de buanderie, cuisinier, surveillant de nuit, maître de maison…),
- le personnel d’encadrement sanitaire et social (chef de service, d’atelier, cadre infirmier…),
- le personnel éducatif, pédagogique et social (éducateur scolaire, instituteur/enseignant spécialisé ou non, éducateur technique spécialisé ou non, éducateur spécialisé, éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse, moniteur éducateur, éducateur de jeunes enfants, aide médico-psychologique, assistant de service social, conseiller en économie sociale et familiale, animateur social, médiateur social…),
- le personnel médical (psychiatre, pédiatre, médecin généraliste…),
- le personnel paramédical et psychologue (psychologue, infirmier psychiatrique ou non, puéricultrice, aide soignant, auxiliaire de puériculture…),
- les candidats élèves sélectionnés aux emplois éducatifs, plus couramment reconnus comme stagiaires, soit en attente de formation, soit en cours de formation (éducateur spécialisé, moniteur éducateur, aide médico-psychologique…).
J’espère que cet article vous a plu et vous a permis d’en savoir un peu plus sur ces centres d’hébergement dont on n’entend parler bien souvent dans les médias que l’hiver, ce qui est dommage, car ils fonctionnent toute l’année sans interruption.
Et vous, connaissiez-vous les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale ? Que pensez-vous de ceux-ci ?
Nug
Sources texte :
– ladocumentationfrancaise.fr : Bilan de la mise en œuvre des services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO)
– legifrance.gouv.fr : loi n°2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale et loi n°98-657 du 29 juillet 1998 d’orientation relative à la lutte contre les exclusions
– ANIL-statuts d’hébergement 2009
– drees.sante.gouv.fr : Les établissements d’hébergement pour adultes et familles en difficulté sociale
Sources images :
– Image 1
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