Brillantes, et pourtant si minuscules vues de la Terre, les étoiles sont des centaines de milliards à scintiller dans notre galaxie, la Voie Lactée. Pourtant, en dépit de leur beauté, mine de rien, les étoiles sont aussi de bons repères. Des regroupements de celles-ci, que l’on nomme constellation, servent en effet de piste pour identifier les étoiles qui constituent chaque constellation. Ces dernières ont toutes une forme spécifique, la plupart représentant un animal. Les noms de ces mêmes constellations sont, quant à eux, tirés de la mythologie grecque, des objets familiers ou des animaux rencontrés par les navigateurs. À ce jour, 88 constellations sont reconnues ; elles sont répertoriées ici.
En outre, ces regroupements d’étoiles sont aussi constitués d’autres regroupements d’étoiles, plus petits. On les appelle « astérisme ». Les astérismes représentent aussi diverses figures, les plus connus étant le Grand Chariot et le Petit Chariot, respectivement dans la Grande et Petite Ourse.
La Grande Ourse, ou l’Ursa Major en latin, est la troisième plus grande constellation ainsi que la plus connue. Bien que les histoires entourant sa représentation diffèrent, la plupart des versions s’accordent pour dire que la Grande Ourse représente Callisto, une nymphe de la mythologie grecque ayant eu une relation avec Zeus. Cette relation n’aurait évidemment pas plu à Héra, l’épouse de ce dernier ; c’est d’ailleurs à ce moment-là que les récits divergent. Alors que dans un, Héra transforme la nymphe en ourse après la naissance du fils de celle-ci, Arcas, dans l’autre, elle le fait avant et c’est dans le ciel que Callisto accouche.
C’est dans la Grande Ourse que l’astérisme du Grand Chariot est situé. Dans la photo du titre, d’ailleurs, vous pouvez distinguer la forme d’une casserole dans la partie gauche du haut de la constellation : c’est le Grand Chariot, qu’on peut aussi appeler Casserole ou Cuillère. Les sept étoiles lumineuses qui constituent cet astérisme sont aussi celles qui ressortent le plus de la constellation de la Grande Ourse : Dubhe, Merak, Phecda, Megrez, Alioth, Mizar et Alkaid.
Si la Grande Ourse avait en partie la forme d’une casserole, c’est aussi le cas de la Petite Ourse. L’astérisme du Petit Chariot est aussi constitué de sept étoiles principales, dont l’étoile Polaire, ou Polaris ; cette étoile est la plus près du pôle nord du ciel qui soit visible à l’œil nu. C’est d’ailleurs en 2012 qu’elle en sera le plus près. Quant aux six autres étoiles, elles se nomment Kochab, Pherkad, Alifa Al Farkadain, Anwar Al Farkadain, Yildun et UMi. L’une des grandes différences entre ces étoiles et celles de la Grande Ourse est que celles de la Petite Ourse sont beaucoup moins brillantes et donc plus difficilement visibles. C’est donc plus souvent en se repérant grâce à la Grande Ourse qu’on parviendra à situer la Petite Ourse.
Aussi, Callisto étant la Grande Ourse, qui pourrait bien représenter la Petite Ourse autre que son propre fils ? En effet, c’est bien Arcas qui serait aux côtés de sa mère dans le ciel. Il semblerait toutefois que cette constellation ait autrefois fait partie d’une autre constellation, celle-ci étant disparue depuis longtemps : l’Aile du Dragon.
Autre fait intéressant, le mot « arctique » prendrait sa source du mot grec « arktos », qui signifie « ourse ».
Huitième plus grande constellation, le Dragon est situé tout près de la Petite Ourse. De multiples histoires existent pour expliquer ce que ce fameux dragon représente : d’une divinité mésopotamienne à un martyr chrétien, en passant par la plus simple des explications, soit un dragon/serpent. Dans la mythologie grecque, il représente le dragon qui a attaqué Athéna pendant la guerre entre les Titans et les dieux de l’Olympe. Deux autres possibilités existent aussi ; dans ces deux cas, le dragon est tué soit par Cadmos, soit par Héraclès.
La constellation du Dragon compte douze étoiles, dont Thouban, Rastabanla, Etamin, Altais, Edasich et Giansar. Quatre seulement sont brillantes. Dans le Dragon est aussi situé l’astérisme du Losange, dans la tête de la créature. Cette dernière avait aussi auparavant des ailes, soit la Petite Ourse. En effet, les deux constellations étaient réunies et formaient ensemble un majestueux dragon.
Du latin Cassiopeia, cette constellation en forme de W représente une reine de la mythologie grecque du même nom. La reine Cassiopée, femme de Céphée et mère d’Andromède, qui ont aussi tous deux une constellation à leur effigie, aurait été enchaînée à son trône pour cause d’orgueil démesuré. Il semblerait pourtant que Cassiopée ait échappé à son sort, car si l’on peut distinguer la forme du trône, il en est tout autre pour la reine elle-même qui semble absente…
Les cinq étoiles de cette constellation délimitent la Voie Lactée : Tsih, Shedar, Caph, Ruchbah, Segin et Achird.
Outre que par ses fonctions astrologiques, le Zodiaque est aussi le nom qu’on donne à la partie du ciel qui entoure l’écliptique, c’est-à-dire la trajectoire du soleil. Son nom, « Zodiaque », vient du grec « Zodiakos » qui signifie « cercle de petits animaux ». Ce nom est dû au fait que toutes les constellations du Zodiaque représentent une créature vivante. Vraiment ? En fait, il y a une exception : la Balance. Autrefois, la Balance était une des pinces du Scorpion, ce qui explique pourquoi elle n’est pas prise en considération dans le nom de la zone dans laquelle elle est située.
Aussi, il est intéressant de savoir que le Zodiaque est constitué de treize constellations, et non pas de douze comme le laisse croire l’astrologie. La treizième s’appelle Ophiuchus ou Serpentaire ; les douze autres sont celles que l’on connaît : le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau et les Poissons.
Le Bélier, traversé par le soleil du 19 avril au 13 mai, désigne la constellation située entre les Poissons et le Taureau. Ses étoiles ne sont pas très brillantes ; Hamal, Sheratan et Mesarthim étant les plus remarquables.
Quant au Taureau, il est situé entre le Bélier et les Gémeaux. Traversé par le soleil du 14 mai au 19 juin, il représente dans la mythologie grecque la forme de Zeus qui lui permet de commettre le rapt d’Europe ou le taureau blanc qu’envoie Poséidon à Minos.
C’est grâce à deux étoiles de la constellation d’Orion qu’on peut situer les Gémeaux : Rigel et Bételgeuse. Les Gémeaux sont constitués de cinq étoiles : Pollux, Alhena, Castor A, Tejat et Castor B. C’est du 20 juin au 20 juillet que le soleil traverse les Gémeaux.
La constellation du Cancer, formée de six étoiles peu lumineuses – dont Al Tarf, Assellus Australis, Acubens, Assellus Borealis -, est peu éloignée de celle des Gémeaux. Ayant la forme d’un crabe, le soleil traverse cette constellation du 20 juillet au 10 août.
Faisant référence au lion qui appartenait à Némée et qui a été tué par Héraclès, dans la mythologie grecque, la constellation du Lion est traversée par le soleil du 10 août au 16 septembre. Elle est située entre la constellation du Cancer et la Vierge ; ses étoiles principales sont Régulus, Denebola, Zosma, Algeiba et Ras Elased Australis.
La Vierge est l’une des constellations les plus anciennes et la deuxième plus grosse. Elle se situe entre le Lion et la Balance et le soleil la traverse du 16 septembre au 30 octobre. L’origine de son nom lui vient sans doute du fait que le soleil s’y trouvait lors de l’équinoxe de l’automne ; le moment où Spica, l’une des étoiles de la Vierge, devenait visible à l’aube au-dessus de l’horizon à l’Est (lever héliaque) correspond à peu près à celui des moissons alors que celui de Vendemiatrix, une autre étoile, correspond à celui des vendanges (récolte du raisin). Dans la mythologie grecque, la constellation de la Vierge a été associée à plusieurs déesses dont Perséphone, Artémis, Athéna, etc.
La constellation de la Balance faisait autrefois partie du Scorpion et elle est traversée par le soleil du 31 octobre au 22 novembre. Dans la mythologie grecque, elle représente la balance dans laquelle Zeus mit le sort des Grecs et des Troyens pendant la guerre de Troie. La Balance est composée d’étoiles peu brillantes, dont Zubeneschamali, Zuben Elgenubi et Sigma Librae.
Traversé par le soleil du 23 au 29 novembre, le Scorpion est encadré par la constellation de la Balance et Ophiuchus. Le Scorpion représenterait celui envoyé par Artémis, chargé de tuer Orion. De fait, lorsqu’Orion se couche, en été, le Scorpion lui se lève. Dans une autre version, pourtant, ce scorpion aurait été envoyé par Apollon, qui était jaloux de l’attention qu’Orion portait à Artémis ; dans une autre encore, c’est Héra qui l’envoie à Héraclès. Dans tous les cas, le scorpion n’est pas un cadeau…
La constellation du Sagittaire, ou de l’Archer, de par sa signification, se situe entre Ophiuchus et le Capricorne. Elle est traversée par le soleil du 18 décembre au 18 janvier et elle est aussi appelée l’« Arcifère », ce qui signifie « le porteur d’arc ». Ce porteur d’arc viserait en fait le Scorpion et représenterait soit le centaure Pholos, soit Crotos, soit Chiron (bien que ce dernier soit aussi associé à la constellation du Centaure).
La Chèvre, ou plus communément le Capricorne, est entourée de la constellation du Sagittaire et de celle du Verseau. Habituellement imagée comme une chèvre pourvue d’une queue de poisson, elle représenterait l’animal qui a nourri Zeus dans son enfance. Traversé par le soleil du 19 janvier au 15 février, le Capricorne est l’une, sinon la plus vieille des constellations, en dépit de sa faible brillance.
Le Verseau, aussi appelé « Porteur d’eau », se situe entre le Capricorne et les Poissons, dans une zone du ciel aussi appelée la Mer, vu le nombre de constellations aquatiques y étant positionnées (les Poissons, la Baleine, Éridan, etc.). De fait, le signe qui représente cette constellation représente lui-même l’eau. Dans la mythologie, le Verseau serait relié à un garçon dont tomba amoureux Zeus, Ganymède. Cette constellation est traversée par le soleil du 16 février au 11 mars.
Finalement, située entre le Verseau et le Bélier, il ne reste plus que la constellation des Poissons. Traversée par le soleil du 12 mars au 18 avril et de grande dimension, elle est pourtant peu lumineuse. Les deux poissons de la constellation seraient respectivement Éros et Aphrodite qui auraient attaché leurs queues ensemble pour éviter la séparation dans leur fuite de Typhon.
C’est tout pour cette quinzaine, chers MonChvaliens ! Il ne vous reste plus qu’à entreprendre le décompte jusqu’à la prochaine Gazette…
Ouah, complet comme article! J’ai toujours été incapable de repérer une quelconque constellation dans le ciel, de temps en temps je trouvais la « casserole » de la grande ourse mais c’est tout Et je n’ai jamais compris comment on pouvait voir des animaux dedans xD
Mais l’article est vraiment intéressant, pour connaître l’origine des noms et tout! Vraiment intéressant!
(Et le petit point de nostalgie avec « C’est tout pour cette quinzaine, chers MonChvaliens ! Il ne vous reste plus qu’à entreprendre le décompte jusqu’à la prochaine Gazette… » à la fin *_* )
Vive les archives pour ces souvenirs ! :p
& merci ! 🙂
Très intéressant l’article ! Je ne savais pas du tout que la petite ours et la grande étaient aussi appelées petit et grands charriots. Tout comme ursuline je les ai toujours assimilé à des casseroles.
J’ai beaucoup aimé le fait de revenir à l’origine grec des signes. Franchement super intéressant l’article !
Merci pour le partage !