Les maladies cardiovasculaires (partie 2) : les arythmies

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Dans un précédent article, je vous présentais ce que sont les maladies cardiovasculaires tout en mettant l’accent sur les maladies liées à l’athérosclérose. Dans l’article d’aujourd’hui, il sera question des troubles du rythme cardiaque ! Si ça vous intéresse, poursuivez votre lecture !

Le fonctionnement électrique du cœur

Pour bien comprendre les problèmes de conduction électrique du cœur, il faut avant tout savoir comment celui-ci fonctionne. Le cœur est défini par deux fonctions, à savoir la fonction électrique et la fonction mécanique. Si le cœur est assez fort pour bien perfuser tout le corps, mais que le circuit est déficient, cette action ne sera pas aussi efficace qu’avec un cœur sain.

Anatomie du coeur : les cavités

Anatomie du cœur : les cavités, source : https://www.ottawaheart.ca/

Anatomie du cœur : le circuit électrique

Anatomie du cœur : le circuit électrique, source : https://www.ottawaheart.ca/

Maintenant que vous pouvez visualiser l’anatomie de votre cœur, je vais vous présenter le circuit normal d’un courant électrique et les effets que celui-ci a sur la fonction mécanique du cœur. Le nœud sino-auriculaire (ou nœud sinusal) (SA) envoie un influx électrique qui traverse les oreillettes droite et gauche pour se rendre jusqu’au nœud auriculo-ventriculaire (AV) entraînant par la même occasion la contraction des oreillettes. Cette contraction entraîne le transfert du sang des oreillettes aux ventricules. Une fois au nœud AV, l’influx électrique se propage dans les ventricules via les branches droite et gauche du cœur entraînant par le fait même la contraction des ventricules ce qui aura comme effet d’envoyer le sang dans le corps. Un trouble du rythme cardiaque est appelé arythmie.

Les causes des arythmies

Comme pour les maladies liées à l’athérosclérose, les arythmies peuvent, elles aussi, être causées par des problèmes de santé préexistants. Les maladies coronariennes peuvent évidemment en être une source, mais les cardiomyopathies et l’hypertension peuvent également être en cause.

Dans d’autres cas, la personne souffre d’une arythmie, mais n’a aucun problème de santé. Les arythmies peuvent donc être causées par des troubles génétiques, le diabète ou encore par des habitudes de vie néfastes telles que le tabagisme, le stress, l’abus de caféine ou de drogues et l’usage de certains médicaments.

Les symptômes liés aux arythmies

Bien qu’il soit tout à fait possible de souffrir d’une arythmie et de ne pas avoir de symptômes, généralement, certains seront présents malgré tout. Les symptômes courants sont les suivants :

  • Palpitations cardiaques ;
  • Étourdissements et vertiges ;
  • Syncope ;
  • Essoufflement ;
  • Fatigue ;
  • Diaphorèse (sueur) ;
  • Douleur au niveau de la poitrine.

Vous conviendrez qu’il est très facile de se méprendre sur la source de ces maux et de penser que c’est causé par autre chose. Dans certains cas, la personne apprend qu’elle souffre d’une arythmie cardiaque lorsqu’elle se présente pour un autre problème.

Diagnostic et traitement des arythmies

Diagnostic

La base d’un diagnostic d’arythmie est l’électrocardiogramme (ECG). Étant donné qu’il donne une photo de l’activité électrique du cœur, c’est ce qui est principalement utilisé lors du diagnostic. Bien que l’ECG soit essentiel, ce n’est pas le seul moyen utilisé pour diagnostiquer une arythmie cardiaque. Chez certaines personnes, l’arythmie peut se présenter à un moment clé de la journée et ne pas se répéter lors de l’ECG. Pour remédier à ce problème, la personne pourra porter un Holter, un petit appareil qui permet ‘enregistrer l’activité électrique du cœur pendant un temps donné, bien souvent 24 à 48 h. De cette façon, si l’arythmie se présente seulement une fois dans la journée, il sera tout de même possible de déterminer ce qui cause les malaises du patient.

Il est également possible que le cardiologue décide d’aller en exploration électrophysique, ce qui lui permettra d’obtenir un visuel des causes de l’arythmie, mais depuis l’intérieur du cœur. En plus de ces trois méthodes diagnostics, il y également l’épreuve d’effort qui s’ajoute dans le cas où une arythmie se déclare toujours lors d’un effort. Les médecins chercheront donc à la recréer dans un environnement propice au diagnostic.

Traitement

Il y a plusieurs traitements possibles en fonction de l’arythmie qui se présente. Certaines arythmies sont moins néfastes que d’autres, ce qui permettra d’utiliser un traitement un peu moins invasif. Le traitement le plus simple reste la médication. Tout dépendant de la source de l’arythmie cardiaque, une classe de médicaments sera valorisée en fonction des effets recherchés :

  • Ralentir le rythme cardiaque ;
  • Favoriser un rythme normal ;
  • Prévention de la formation de caillot sanguin.

Si ceux-ci sont inefficaces ou en double thérapie, les médecins pourront opter pour l’installation d’un stimulateur cardiaque. Celui-ci, comme son nom l’indique, stimulera le cœur à se contracter. Il en existe différents types et ceux-ci peuvent être programmés selon ce dont on a besoin. Il existe donc :

  • Les stimulateurs cardiaques : ils traitent généralement la bradycardie, ils permettent de faire fonctionner le cœur correctement dans le cas où il y a absence de contraction des oreillettes, absence de contraction des ventricules ou les deux. Le stimulateur enverra une petite décharge à l’endroit nécessaire ce qui provoquera une contraction. Ce processus est totalement indolore.
  • Les défibrillateurs automatiques implantables : utilisés dans le cas d’arythmies cardiaques mortelles, le défibrillateur enverra une grosse décharge au cœur lui permettant de revenir à un rythme normal. Contrairement au stimulateur cardiaque, la décharge provoquée par le défibrillateur pourra faire perdre conscience au porteur. L’installation de ce type de défibrillateur est faite en dernier recours chez des patients présentant des arythmies pouvant porter atteinte à leur vie.

La cardioversion électrique peut également être employée pour ramener le cœur à un rythme normal. Cette méthode part du principe qu’une décharge fait un « reset » sur le cœur. Le patient sera donc mis sous sédation pour qu’il n’ait pas conscience de la décharge et les médecins donneront une décharge voulue dans le but de ramener le cœur à un rythme sinusal (rythme normal). Dans certains cas, plusieurs déchargent peuvent être nécessaires.

Les arythmies auriculaires

Ce type d’arythmies touche les oreillettes et se déroule dans la portion haute du cœur. Les oreillettes peuvent être déficientes sans forcément que ça ait un impact sur l’efficacité des ventricules. Elles sont donc rarement létales, même s’il est important de régler le problème. On y retrouve :

  • La fibrillation auriculaire : provoquée par des stimulations anormales du nœud sinusal. Les influx sont tellement rapides que les oreillettes n’ont pas le temps de se contracter, cela provoque une vibration de celles-ci. Certains influx pourront se rendre aux ventricules, mais la contraction de ceux-ci sera irrégulière. Le sang reste donc plus longtemps dans les oreillettes avant d’être transféré éventuellement dans les ventricules par la poussée du sang arrivant du reste du corps. Le risque présent dans ce type d’arythmie est la formation d’un caillot sanguin dans les oreillettes. Caillot qui pourrait éventuellement être propulsé plus loin et bloquer la circulation sanguine, augmentant le risque de faire un accident vasculaire cérébral (AVC). Cette arythmie est généralement traitée par la médication et une ablation par radiofréquence.

Aruthmie auriculaire : fibrillation auriculaire

Fibrillation auriculaire, source : https://www.cardiosecur.com/
  • Le flutter auriculaire : semblable à la fibrillation auriculaire, mais un peu plus rare. Les oreillettes reçoivent beaucoup d’influx électriques, mais cette fois-ci, au lieu d’être causés par des influx linéaires, ceux-ci proviennent d’une boucle et sont donc beaucoup plus réguliers. Les ventricules pourront donc se contracter une fois toutes les quelques « contractions » des oreillettes, cela peut être de deux à six contractions. Il n’est pas rare qu’un patient souffre de flutter et de fibrillation en même temps. Cette arythmie est généralement traitée par la médication et une ablation par radiofréquence.

Arythmie auriculaire : flutter auriculaire

Flutter auriculaire, source : https://www.rythmo.fr/
  • La tachycardie supraventriculaire : causée par un autre nœud envoyant des influx au-dessus du nœud sino-auriculaire ou par la présence de fibres excédentaires dans le cœur ramenant les influx électriques au point de départ ce qui a pour effet direct d’augmenter la fréquence cardiaque. Généralement traitée par la médication et une ablation par radiofréquence.

Les arythmies du nœud auriculo-ventriculaire

Le nœud auriculo-ventriculaire est la cause des arythmies de ce type. En effet, celui-ci bloque les influx au lieu de les partager entraînant des contractions d’oreillettes qui n’entraînent pas la contraction des ventricules. Le nœud peut bloquer un influx de temps en temps comme il peut les bloquer en entier. Il y a différents types :

  • Bloc auriculo-ventriculaire (AV) du premier degré : la conduction électrique est retardée, mais entraîne tout de même une contraction des ventricules. Il n’y a pas de conséquence à ce type de bloc AV et un traitement n’est pas nécessaire.
  • Bloc AV du deuxième degré : la conduction est parfois bloquée. Les oreillettes se contractent normalement, mais moins de 50 % de ces contractions n’entraîneront pas de contractions des ventricules. Cela entraîne donc une bradycardie, mais pas forcément d’effets néfastes sur la personne, ce qui reste quand même à surveiller.
  • Bloc AV du troisième degré ou de haut grade : la conduction électrique venant des oreillettes est complètement bloquée. Les contractions des ventricules sont bloquées à plus de 50 %. Dans certains cas plus extrêmes, le cœur se contracte uniquement grâce à ses systèmes de secours appelés rythme d’échappement jonctionnel. Ce qui entraîne une désynchronisation entre les contractions des oreillettes et celles des ventricules. La fréquence cardiaque du patient tournera autour de 25 à 45 battements par minute. L’installation d’un stimulateur cardiaque est essentielle.

Une personne peut très bien vivre avec un bloc AV du premier degré sans avoir de conséquence pour sa vie. Par contre, étant donné que le nœud auriculo-ventriculaire est essentiel dans la conduction cardiaque, il est important de traiter les patients atteint de bloc AV du deuxième ou du troisième degré. Le traitement clé est l’implantation d’un stimulateur cardiaque qui viendra faire le travail du nœud auriculo-ventriculaire.

Les arythmies ventriculaires

Contrairement aux arythmies auriculaires, la personne atteinte d’une arythmie ventriculaire a très peu de chances de s’en sortir si cela survient dans un endroit sans secours ou sans matériel de secours. Les ventricules étant ce qui propulse le sang dans le reste du corps, s’ils cessent soudainement de bien fonctionner, le corps (et le cerveau) de l’individu arrêteront d’être perfusés. Sans un défibrillateur ou un bon massage cardiaque, cela entraînera le décès de la personne. Dans cette section, on y retrouve :

  • La tachycardie ventriculaire : les ventricules battent à une vitesse tellement élevée qu’il est impossible de perfuser le reste du corps. Une défibrillation est nécessaire pour permettre au cœur de battre à un rythme normal. Chez certaines personnes, il est possible que de la tachycardie ventriculaire se manifeste de façon spontanée et se règle seule. Par contre, sur une longue période, cette arythmie n’est pas compatible avec la vie.

Arythmie ventriculaire : tachycardie ventriculaire

Tachycardie ventriculaire, source : http://www.cardiologiedesenfants.be/
  • La fibrillation ventriculaire : les ventricules battent de façon anarchique empêchant donc une bonne perfusion du corps. Une défibrillation est nécessaire pour permettre au cœur de battre à un rythme normal. Cette arythmie n’est pas compatible avec la vie.

Arythmie ventriculaire : fibrillation ventriculaire

Fibrillation ventriculaire, source : https://fracademic.com/

L’absence d’activité électrique

L’asystolie est l’absence d’activité électrique dans le cœur. Généralement, elle se manifeste à la suite d’une arythmie mortelle (tachycardie ventriculaire ou fibrillation ventriculaire) lorsqu’elle celle-ci dure pendant plusieurs minutes sans traitement. Lors des manœuvres de réanimation, c’est par la médication que les médecins tenteront de faire repartir le cœur en injectant des grosses doses d’adrénaline (ou épinéphrine) directement dans les veines. Contrairement à ce que les films hollywoodiens présentent, une défibrillation ne ramènera pas une personne à la vie si celle-ci est en asystolie.

J’espère que ce deuxième article sur les maladies cardiovasculaires aura été aussi intéressant que le premier et qu’il vous aura permis d’en apprendre un peu plus sur la beauté du système cardiaque. Est-ce qu’il y a des informations qui vous ont surpris ? Et qu’aimeriez-vous apprendre dans un prochain article ?

Katouee

Sources textes : 

Ottawa Hearts 1
Coeur et AVC
ICM-MHI
Merck Manuels
Connaissances personnelles

Sources images : 

Cardio Secur
Ottawa Hearts
Rythmo
Cardiologie des enfants
Fracademic

2 réflexions sur “Les maladies cardiovasculaires (partie 2) : les arythmies”

  1. Bonjour, je tenais à vous féliciter pour cet article très instructif sur les arythmies cardiaques. J’ai apprécié la manière dont vous avez expliqué les différentes formes d’arythmies et leurs causes. De plus, vos conseils pour prévenir ces troubles cardiaques sont très utiles. J’aimerais savoir si vous avez des recommandations spécifiques pour les personnes souffrant d’arythmies et comment elles peuvent améliorer leur qualité de vie. Merci encore pour ce partage d’informations précieuses.

     
  2. Bonsoir, je tenais à vous féliciter pour votre article sur les arythmies cardiaques. Votre explication claire et concise permet de mieux comprendre cette pathologie. Je suis curieux de connaître votre avis sur l’impact de l’alimentation sur les arythmies cardiaques. Seriez-vous en mesure de partager votre point de vue sur ce sujet ? Merci d’avance pour votre réponse.

     

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