Avez-vous déjà entendu parler de Wang Du et de sa fameuse exposition « Réalité Jetable » ? Cet artiste, très engagé, critique ouvertement la manipulation exercée par les médias et ce qu’il appelle la « société de consommation de l’information ». Vous voulez en apprendre plus sur cet artiste et les œuvres qu’il a réalisées ? Lisez vite la suite de cet article !
Wang Du, l’artiste
Wang Du est né le 25 décembre 1956 à Wuhan, en Chine. Il a d’abord suivi une formation aux Beaux-Arts en Chine, puis est devenu professeur d’architecture dans les années 80. En 1989, il participe activement aux manifestations de Tian’anmen (vagues de contestations contre la corruption politique et demandant des réformes politiques), ce qui lui a valu 9 mois de prison. Il en sort en 1990 et décide de se réfugier en France, patrie de sa femme, et plus précisément à Paris. Il fait alors connaissance de ce qu’il appellera plus tard la « société de consommation de l’information » et est très marqué par le tourbillon médiatique. L’information est omniprésente et la population en consomme énormément (volontairement ou non). Mais Wang Du sait aussi que les médias peuvent nous manipuler, en informant sur ce qu’ils souhaitent et en omettant volontairement certains sujets. C’est là que Wang Du, déjà connu pour son côté rebelle, puise son inspiration. Il décide de mobiliser ses connaissances en Beaux-Arts et en architecture pour dénoncer le pouvoir des médias à travers des réalisations plastiques.
Wang Du, ses œuvres
Je vous présente ici mes 3 œuvres préférées qu’a réalisées Wang Du :
Numéro 3 : No Comment – 2001
Vous ne savez que faire de vos anciens téléviseurs ? Donnez-les à Wang Du, il saura les transformer en œuvre d’art !
En effet, en 2001, le plasticien chinois choque et propose une immense poubelle en acier inox (350 x 300 x 230 cm) à l’entrée du Palais de Tokyo ! Parmi des déchets de papiers et des téléviseurs en panne, se trouvaient des téléviseurs câblés sur Euronews. L’œuvre parle d’elle-même : à la poubelle, les médias ! L’artiste pousse même l’évidence jusqu’à appeler sa sculpture « No Comment ».
Regardons la réalité en face : l’information, une fois consommée, termine à la poubelle. Et d’ailleurs, n’est-ce pas inhabituel, une poubelle aussi grande ? Ne faut-il pas une énorme poubelle pour contenir la masse d’informations qui nous submerge ? L’information apparaît ici comme quelque chose de futile, d’éphémère, que l’on jette après utilisation.
Numéro 2 : Tunnel d’espace temps – 2004
Encore une fois, Wang Du a proposé son œuvre au Palais de Tokyo en 2004. Intitulée Tunnel d’espace temps, cette œuvre se présente sous la forme d’un grand tube dans lequel le spectateur peut s’engouffrer (260 x 3000 cm). Entouré par l’information, sous forme d’amas de journaux, magasines et pas moins de 60 téléviseurs diffusant un flux d’informations, le spectateur est contraint d’absorber l’information autour de lui, pour être littéralement recraché du tube par un toboggan à la fin du voyage.
Cette fois-ci, Wang Du ne critique pas l’aspect éphémère de l’information mais plutôt sa surconsommation. Nous sommes entourés d’informations et poussés, contre notre volonté et sans nous en rendre compte, à la consommer, quitte à en abuser.
Numéro 1 : World’s Market – 2001
Offerte au musée d’art contemporain (MAC) de Lyon en 2009, cette œuvre est celle que je préfère parmi la collection de l’artiste. En acier et inox poli, elle est impressionnante (500 x 720 x 520 cm) et se tient en extérieur, devant l’entrée du MAC. Elle représente une gigantesque feuille de journal (à la rubrique économie) froissée.
Là encore, Wang Du critique l’information que l’on jette une fois consommée (la feuille froissée et laissée par terre, dehors), mais parallèlement, le fait d’avoir choisi des matériaux résistants peut laisser penser qu’il y a une certaine pérennité dans l’information. Même si elle a été jetée, elle continue d’exister. Cela explique pourquoi nous sommes dans une société de surinformation : si aucune information consommée et jetée ne disparaît, au final, nous sommes envahis.
Les matériaux sont brillants au soleil, ils réfléchissent la lumière. La taille de la sculpture est aussi à noter. D’ailleurs, si vous vous promenez devant le MAC, vous ne pouvez pas échapper à cette œuvre. N’est-ce pas ce que dénonçait Wang Du dans son Tunnel d’espace temps ? Peu importe où nous sommes, où nous allons : l’information sera toujours là pour nous envahir.
Ainsi s’achève cet article sur le plasticien chinois Wang Du, et la présentation de quelques-unes de ses nombreuses réalisations. Avez-vous déjà entendu parlé de Wang Du ? Peut-être avez-vous déjà pu voir ses œuvres ? Dites-nous tout dans un commentaire !
J’avoue n’avoir jamais entendu parler de ce monsieur avant ton article, mais je pense que je vais le surveiller à l’avenir, il a l’air de faire des trucs… très engagés on va dire, ça me plait ! =)
Merci pour cet article découverte ! ^^
Pareil que Muciole, ce sont des messages forts qu’il fait passer, l’oeuvre papier froissée doit être vraiment fatigante pour les yeux… y a que comme ça que les gens se rendent vraiment compte d’à quel point c’est important !