Piaf de B’Neville, un champion à la retraite

Remise des prix du CCI**** de Pau en 2015 avec Piaf de B'Neville
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Peu de chevaux français ont l’honneur de figurer parmi les médaillés olympiques. L’un d’eux est Piaf de B’Neville, le champion de concours complet monté par Astier Nicolas. Revenons sur la carrière de ce selle français dont la retraite a été annoncée en avril 2018. 

La jeunesse de Piaf de B’Neville 

Piaf de B’Neville est né le 14 avril 2003 au sein du haras de B’Neville situé à Benoîtville (Normandie). Ce cheval a des origines qui ne le prédestinaient pas à faire une carrière internationale. 

Sa mère est Homélie III, achetée par l’éleveur Jean-Baptiste Thiebot pour son ami cavalier Gaëtan Decherf dans le but de sortir en compétition. Cependant, la jument s’est montrée très caractérielle et son cavalier n’a jamais pu progresser avec elle. Afin de profiter quand même des bonnes origines de la selle français, son propriétaire a décidé de la faire pouliner

Pour cela, il a choisi son étalon fétiche, qu’il avait fait naître dans son haras : Cap de B’Neville. Ce selle français a fait une très belle carrière en saut d’obstacles avec son cavalier Jérome Gachignardet, puisqu’il a accumulé plus de 200 000 € de gains au cours de sa carrière. 

De cette union est né Piaf de B’Neville. Cet équidé bai a été castré, car il a commencé en étant un simple cheval de club au poney club de la Seillonne (près de Toulouse). C’est là-bas qu’il a fait la rencontre d’un certain Astier Nicolas qui a eu un coup de cœur pour lui et qui a cru en ses capacités et son potentiel. 

Piaf de B’Neville a été acheté en 2009 par un syndicat de copropriétaires baptisé « Ben et Partner » à l’initiative de Michel de Châteauvieux, le mécène d’Astier Nicolas. Il cherchait un cheval pour que son protégé puisse concourir en haut niveau et s’est laissé convaincre lorsqu’Astier Nicolas lui a dit que c’était « Ben », le surnom qu’il a donné à Piaf de B’Neville, qu’il lui fallait. Michel de Châteauvieux s’est donc associé avec d’autres personnes pour financer le futur champion.

Astier Nicolas était déjà sous le charme de Piaf de B’Neville lorsqu’ils n’avaient pas encore commencé la compétition de haut niveau. Le caractère du hongre y était pour beaucoup, avant même que ses performances ne dépassent les espérances du cavalier. Astier Nicolas le qualifiait de « fiable et généreux ». C’est un cheval qui donnait le meilleur de lui-même lorsqu’il était en compétition et qui redevenait aussi docile qu’un agneau une fois la ligne d’arrivée franchie. 

Les débuts en compétition de Piaf de B’Neville 

https://www.youtube.com/v/jJKIx6CeVck

Dès 2010, Piaf de B’Neville a commencé à sortir en compétition internationale avec Astier Nicolas. Ils ont participé à un CCI1* à Aldon et se sont classés troisièmes. Il n’a fallu attendre que deux ans pour qu’ils remportent leur première victoire, à l’occasion du CCI3* de Bramham (Grande-Bretagne), une compétition réservée aux moins  4de 25 ans (le cavalier avait alors 23 ans). 

La première grande année du couple Piaf de B’Neville – Astier Nicolas a été 2013. En effet, ils ont commencé par se classer 9e au CCI4* de Badminton (Grande-Bretagne) grâce à des parcours de cross et d’obstacles où ils n’ont reçu aucune pénalité. Ce résultat leur a permis d’intégrer l’équipe de France à l’occasion des championnats d’Europe de Malmö. Ils ont atteint la 24e place du classement en individuel et ont décroché la médaille de bronze par équipe. 

En 2014, Piaf de B’Neville et Astier Nicolas ont participé à la Coupe des nations à Aix-la-Chapelle et se sont hissés à la 8e place. Ils étaient attendus aux Jeux Équestres Mondiaux, mais ont dû renoncer à participer à cause de douleurs aux membres postérieurs de Piaf de B’Neville. 

Le couple est revenu en 2015 et il a terminé 8e au CCI3* de Belton (Grande-Bretagne), ce qui lui a permis de se qualifier pour les championnats d’Europe de Blair Castle. Malheureusement, la santé fragile de Piaf de B’Neville l’a empêché de participer, cette fois à cause de problèmes respiratoires. Astier Nicolas et sa monture sont revenus à leur meilleur niveau en fin d’année, enchaînant une 2e place au CCI3* de Saumur puis une victoire au CCI4* de Pau. 

Astier Nicolas et son cheval gagnaient de la confiance en enchaînant les bons résultats et leur relation n’a cessé de se renforcer. Le cavalier a déclaré à propos de sa monture : « Il est tellement généreux, je suis touché par ce qu’il est. Même s’il cessait d’être performant, il resterait mon idole ! C’est un sportif de haut niveau avec un mental hors norme, un battant, mais un battant tranquille. C’est le pote de tout le monde. Si j’ai oublié quelque chose aux écuries, je peux le lâcher sur la carrière. À mon retour, il n’aura pas bougé. Il est unique. Mieux qu’un cheval de club, c’est un saint ! »

La consécration olympique de Piaf de B’Neville 

L’année 2015 s’est très bien terminée avec la victoire à Pau en octobre. Malgré cela, Piaf de B’Neville n’est pas sorti en compétition avant avril 2016 où il était au départ du CIC3* de Belton. Il y a signé une belle performance en terminant 13e sur 126. Quelques mois plus tard, Piaf de B’Neville et Astier Nicolas ont remporté le CIC3* de Chatsworth (Grande-Bretagne). 

Ces résultats ont permis au couple d’être sélectionné pour les Jeux olympiques de Rio en 2016. C’était leur première qualification à tous les deux, l’équipe de France ayant été totalement changée après les Jeux olympiques de Londres en 2012

https://www.youtube.com/watch?v=usF1eh8L1-c

Astier Nicolas et Piaf de B’Neville étaient les premiers Français à passer et ils ont donné un élan très positif au reste de l’équipe. Ils ont enchaîné un parcours de cross mémorable alors que le hongre n’était plus tout jeune (13 ans) et qu’ils étaient seulement les deuxièmes à s’élancer. Malgré l’absence de retours des autres participants sur les difficultés du parcours, ils ont été l’un des trois couples à terminer sans pénalité. Leur parcours d’obstacles a aussi été impressionnant puisqu’ils n’ont fait aucune faute. 

Ces performances ont permis à Astier Nicolas et à Piaf de B’Neville de décrocher la médaille d’or par équipe (avec Thibaut Valette et Qing du Briot, Karim Laghouag et Entebbe de Hus ainsi que Mathieu Lemoine et Bart L) et la médaille d’argent en individuel. Des résultats qui les ont fait entrer dans le cercle très fermé des Français double médaillés olympiques. 

Dans une interview pour le magazine L’éperon, Astier Nicolas a dit : « C’est le cheval de ma vie et ce sera toujours lui. Il m’a donné un statut car c’est le cheval qui fait le cavalier. Il a fait de moi un cavalier et m’a donné mes titres majeurs. J’ai appris énormément sur lui. C’est lui qui m’a forgé sur une longue partie de ma carrière. »

La fin de carrière de Piaf de B’Neville

Après les problèmes de santé de Piaf de B’Neville en 2014 et 2015, c’est Astier Nicolas qui a été victime de blessures en 2017. Le cavalier a dû être opéré du genou et s’est cassé l’épaule, ce qui a tronqué leur saison. Ils ne sont sortis que deux fois en compétition, au Grand National de CCE de Saumur et au CCI4* de Badminton (Grande-Bretagne), où ils ont fini respectivement 9e et 15e.

Malgré cette saison peu intense, Astier Nicolas a remarqué que sa monture n’était pas à son meilleur niveau depuis quelque temps et qu’il montrait quelques signes de fatigue. Craignant la compétition de trop, le cavalier et les propriétaires de Piaf de B’Neville ont pris la décision de le mettre à la retraite, alors que le hongre fêtait ses 15 ans.

Cette annonce semblait plutôt inattendue en pleine année des Jeux équestres mondiaux, un rendez-vous que le couple avait déjà raté quatre ans auparavant. Astier Nicolas a cependant pu compter sur Vinci De La Vigne qui lui a permis d’atteindre la 7e place de la compétition en individuel.

Piaf de B’Neville a fait une dernière apparition sous la selle d’Astier Nicolas pour faire ses adieux au public le week-end du 27-28 octobre 2018 à Pau, un lieu où le duo a signé l’une de ses plus belles victoires en 2015. Une cérémonie a été organisée pour lui rendre hommage et c’est à cette occasion que son propriétaire l’a officiellement donné à Julie, sa première groom, à qui il avait promis de le confier pour sa retraite.

Voilà qui termine cet article sur Piaf de B’Neville. Connaissiez-vous ce cheval et son cavalier Astier Nicolas ? Avez-vous eu l’occasion de l’admirer à l’occasion d’une compétition ? N’hésitez pas à laisser un commentaire !

Ursuline

Sources texte :

 – chevalmag.com

 – ffe.com

 – grandprix-replay.com 1 et 2

 – ouest-france.fr

 – wikipedia.org

Sources images :

Image à la une extraite de la vidéo « Piaf de B’neville, l’étoile montante du concours complet »

Vidéos provenant de YouTube

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