Des chevaux clonés participent aux courses

Clonage des chevaux
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Les 22 août dernier, un procès aux États-Unis s’est achevé en ordonnant à l’American Quarter Horse Association d’autoriser l’inscription des chevaux clonés ainsi que de leur descendance dans son registre. Ceci implique que les chevaux pourront ensuite participer à des compétitions, en particulier des courses pour les Quarter Horse.

Depuis quand les chevaux sont-ils clonés ? Pourquoi l’association refusait-elle de les inscrire à son registre ? Les chevaux clonés ont-ils des avantages particuliers qui justifient la réticence à les faire concourir ?

Romulus 16 a été cloné 

Le clonage des chevaux

Toutes espèces confondues, le premier animal à être cloné a été une brebis nommée Dolly. Cette avancée scientifique a été réalisée en Écosse en 1997. Le clonage s’est ensuite étendu aux autres animaux. 

Le premier cheval ainsi obtenu est né en 2003 en Italie. Il s’agissait de Prometea, une Haflinger. Elle a été clonée à partir de cellules de la jument qui l’a ensuite portée. En 2008, Prometea a donné naissance à Pegaso, le premier descendant d’un cheval cloné. Voici une image de Prometea et Pegaso :

Prometea est le premier cheval cloné et a eu un poulain, Pegaso

Le cheval a ainsi été la quatrième espèce animale clonée. Depuis, environ 60 chevaux clonés sont nés.

Le clonage peut avoir plusieurs intérêts. Il peut par exemple permettre de ramener des espèces disparues à la vie. Concernant les chevaux plus particulièrement, il peut avoir plusieurs applications :
– Donner une descendance à des chevaux stériles ou moins fertiles comme c’est le cas pour les hongres Pieraz, un champion d’endurance ou encore E.T FRH, vainqueur de compétitions internationales de CSO. Le clonage est également utilisé pour les chevaux commençant à vieillir : il est souvent difficile de stopper une carrière pour la reproduction, en particulier pour les juments dont le poulinage ferait perdre plus d’un an. 
– Augmenter le nombre de descendants, en particulier pour des juments donnant de très bons poulains.
– Essayer d’obtenir un clone aussi performant que le cheval d’origine. En effet, depuis 2012, la Fédération Équestre Internationale autorise les chevaux clonés et leur descendance à participer aux compétitions internationales (Jeux olympiques ou Jeux Équestres Mondiaux, par exemple) alors qu’elle avait refusé cette proposition en 2007 au nom de l’équité entre les participants. 

Deux compagnies proposent de cloner un cheval (qu’il s’agisse d’un grand champion ou qu’il soit utilisé uniquement pour le loisir) : ViaGen aux États-Unis et Cryozootech en France. La majorité des clonages concernent des chevaux au palmarès impressionnant ou des juments produisant des poulains exceptionnels. La technique coûte 150 000 $ (environ 110 000 €), raison pour laquelle des chevaux ayant rapporté beaucoup d’argent (et dont les clones pourraient en faire autant) en bénéficient. 

Cryozootch clone des chevaux

Le problème qui se pose avec les chevaux clonés est leur inscription à un Studbook, nécessaire à la participation aux compétitions. Actuellement, seuls Zangersheide et l’Anglo European Studbook (deux registres pour les chevaux d’obstacles) acceptent d’inscrire les clones. 

L’American Quarter Horse Association

Le Quarter Horse est la race la plus populaire aux États-Unis et la plus exportée dans le monde. Ainsi, plus de 5 millions de chevaux ont été enregistrés par l’association depuis 1940 et plusieurs milliers le sont chaque année.

Les Quarter Horse sont appréciés en compétition pour leur force et leur vitesse. Ils participent en particulier à des courses de courte distance. Ces chevaux ont rapporté plus de 131 millions de dollars (environ 100 millions d’euros) de prix en 2012.

Clones de Quater Horse aux courses ?

L’American Quarter Hors Association (AQHA) est un organisme privé tenant le registre officiel de la race. Il est nécessaire à l’équidé d’y être inscrit pour qu’il puisse participer à une compétition. En 2008, l’association a pour la première fois été confrontée à une demande d’inscription pour un cheval cloné, mais n’a pas accepté.

L’AQHA estime pouvoir décider elle-même des règles d’adhésion. Elle n’a jamais souhaité inscrire les chevaux clonés et le justifiait en se basant sur un sondage estimant que 86 % de ses presque 300 000 membres y étaient opposés. 

Les membres, propriétaires et éleveurs de Quarter Horse, estiment que pour qu’un cheval puisse être inscrit, il faut qu’il ait un père et une mère. Ils acceptent donc le prélèvement de spermatozoïdes et d’ovules afin de créer un cheval, mais pas de prendre simplement des cellules de peau pour en faire un clone. En effet, l’AQHA tient un registre d’élevage afin de recenser les origines des chevaux inscrits : le clonage n’est pas de l’élevage, il s’agit de copies d’un cheval, il n’y a pas d’évolution.

Position des défenseurs du clonage

Le 12 avril 2012, Jason Abraham, un propriétaire de ranch, et Gregg Veneklasen, un vétérinaire, possédant tous deux des chevaux clonés, ont poursuivi l’AQHA en justice, car elle refusait d’inscrire leurs chevaux dans le registre. Ils jugeaient en effet qu’il s’agissait d’une violation du droit à la concurrence, en imposant un monopole par les chevaux non clonés.

Deux clones de Ratina Z

Les deux hommes estiment que le clonage est un nouvel outil de reproduction, de la même manière que l’insémination artificielle. Même s’il n’existe pas naturellement chez les animaux, le clonage est très fréquent chez les végétaux (on appelle cela la multiplication végétative). 

Le procès opposant l’AQHA aux deux propriétaires de clones s’est clos le 22 août 2013. Le verdict ordonnait à l’association d’autoriser l’inscription des chevaux clonés sur leur registre et de verser 900 000 $ (environ 670 000 €) de frais d’avocat aux plaignants. L’AQHA a cependant décidé de faire appel.

Impact de cette décision

Si la décision de justice est confirmée en appel, il s’agirait d’une première étape à l’ouverture de l’ensemble des Studbooks aux chevaux clonés, les autorisant ainsi à participer aux compétitions. Il s’agirait en plus d’une mesure nécessaire pour la traçabilité des clones : actuellement, il est difficile de connaitre leur origine étant donné qu’ils sont une minorité à être inscrits dans un registre.

Les courses sont une activité très lucrative, rapportant plusieurs centaines de milliers d’euros aux meilleurs chevaux. Cette décision pourrait donc encourager le clonage dans l’espoir d’obtenir des équidés aussi performants que les originaux.

Le verdict pourrait aussi déséquilibrer l’utilisation du clonage. Alors qu’actuellement près de 80 % des chevaux sont destinés au moins en partie à la reproduction et seulement 15 % sont créés uniquement à des fins sportives, cette décision pourrait multiplier le nombre de clonages visant à faire concourir un cheval ayant un potentiel génétique très favorable.

Le clonage risque aussi de sélectionner uniquement l’élite équine, les chevaux les plus populaires et aux meilleures performances. En effet, le prix étant très élevé, cette pratique n’est pas accessible à tout le monde. Ces équidés pourraient devenir les reproducteurs les plus prisés et, à long terme, cela pourrait réduire la variabilité génétique entre individus (qui seraient généalogiquement de plus en plus proches), ce qui peut provoquer des maladies génétiques.

Clonage des chevaux

Une étude réalisée en 2002 par Anne Ricard a prouvé que si les cellules sont prélevées alors que le donneur est au mieux de sa forme, le clone sera meilleur. Cependant, seuls 25 à 35 % de la performance d’un cheval est déterminée par ses gènes, le reste dépend de son élevage, de son entraînement, de sa relation avec le cavalier… Ainsi, même en clonant un cheval aux caractéristiques génétiques exceptionnelles, il est impossible d’être sûr de ses résultats.

Il faut aussi noter que deux clones n’ont pas exactement le même ADN. Ils n’en partagent en réalité que 98 %. L’une des explications est que l’ADN contenu dans le noyau du cheval à cloner est récupéré et injecté dans un ovule sans noyau. Cependant, les mitochondries présentes dans la cellule sans noyau contiennent de l’ADN. Ainsi le clone ne partagera donc pas cette information génétique avec le cheval d’origine. Cela a obligatoirement une influence : n’oublions pas que les Hommes et les chimpanzés partagent 98 % de leur génome, cette variation de 2 % peut donc être significative.

Le clonage n’apporterait donc pas forcément une amélioration des performances par rapport à la reproduction classique. L’équité entre les différents participants à une compétition est donc respectée même si des clones y sont inscrits. La seule chose qui manque actuellement au clonage sont les études à long terme sur la santé ou le bien-être des chevaux produits par cette technique. Des résultats à ce sujet devraient arriver dans les prochaines années, lorsque nous commencerons à avoir suffisamment de recul, avec des clones atteignant une dizaine d’années. 

La décision prise par le tribunal américain risque de provoquer une révolution dans les compétitions. Grâce aux premiers pas faits par la fédération équestre internationale l’année dernière, les chevaux clonés risquent de participer de plus en plus aux compétitions.

Pensez-vous que les chevaux clonés présentent des avantages par rapport aux autres ? Êtes-vous favorables à leur participation aux courses ?

Ursuline

Sources texte :

 – ecologie.blog.lemonde.fr : Aux États-Unis des chevaux de course clonés entrent en piste

 – aqha.com : Americam Quarter-Horse Association

 – horseandhound.co.uk : Cloned horses may now compete says FEI

 – chevalmag.com : Les chevaux clonés autorisés à concourir

 – cheval.me : Castration et patrimoine génétique : le clonage

 – haras-nationaux.fr : L’insertion des clones dans l’élevage équin

Sources images :

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3 réflexions sur “Des chevaux clonés participent aux courses”

  1. Pattenrond

    Merci pour cet article que j’ai trouvé très intéressant. Il était vraiment bien expliqué.

    J’ai juste trouvé dommage que certaines images soient si petites.

     
    1. Merci !
      Pour les images, c’est le support qui les redimensionne automatiquement pour mettre une taille moyenne (il suffit de cliquer dessus pour les afficher en grand) quand elle lui semblent grandes et je n’ai pas le réflexe de les afficher en grand. J’ai modifié ça, normalement elles sont plus visibles !

       
  2. Je suis pas forcément pour le clonage des animaux, ou le clonage tout court hein.

    Cependant, j’ai apprécié lire l’article

     

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