Épidémie de myeloencéphalite à EHV1 dans le monde équestre

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Le monde équestre fait actuellement face à une épidémie de myeloencéphalite à EHV1 qui a conduit la fédération française d’équitation (FFE) et la société hippique française (SHF) à suspendre les compétitions nationales et internationales ainsi que les rassemblements de chevaux et les stages dont elles prévoyaient l’organisation. Mais que se cache-t-il sous ce nom barbare ? On fait le point dans cet article !

Qu’est-ce que la myeloencéphalite ?

La myeloencéphalite à EHV1, également appelée rhinopneumonie, est une maladie causée par l’herpèsvirus équin (EHV) qui peut toucher le système respiratoire et parfois neurologique du cheval. Ce virus est présent partout dans le monde et quelle que soit la saison ; on estime que la plupart des chevaux s’y retrouve un jour exposé sans forcément développer de symptômes.

Il existe neuf formes d’herpès virus équin, cinq seulement touchant les chevaux dont les plus communs sont le EHV1 et le EHV4. Le EHV1 est lui-même séparé en deux souches :
– la souche non-neuropathogène ou de type sauvage qui se limite généralement à une atteinte du système respiratoire ;
– la souche neuropathogène qui est plus à même de causer des dommages neurologiques et qui est actuellement considérée comme une maladie émergente appelée myeloencéphalite herpétique équine (EHM).

De manière générale la myeloencéphalite peut donc causer des dommages respiratoires et neurologiques, mais aussi des avortements tardifs chez la jument gestante, des morts néonatales ou la naissance de poulains prématurés. La maladie commence généralement par une fièvre avant l’installation d’autres symptômes. La forme respiratoire se traduit par des écoulements nasaux et parfois une toux et une atteinte des poumons entraînant une bronchopneumonie. Une fois le système respiratoire atteint, le virus peut parfois circuler dans l’organisme par le biais des globules blancs infectant des organes éloignés comme l’utérus ou le système nerveux central. La forme neurologique se caractérise par un manque de coordination, des égouttements d’urine, de la faiblesse, une perte du tonus de la queue et l’incapacité pour le cheval de se tenir debout. Quelques cas de maladies oculaires graves dues à une souche hypervirulente d’EHV1 ont également été rapportés sur des poulains.

Incidence et traitement

Les jeunes chevaux atteints de rhinopneumonie ont plus de chances de développer des symptômes respiratoires que les chevaux adultes qui ont déjà été exposés à la maladie. Ces derniers peuvent cependant propager le virus et ne sont pas protégés contre la souche neuropathogène de la maladie.

La myeloencéphalite est extrêmement contagieuse et se propage dans l’air sous la forme d’aérosol ainsi que par exposition directe (frottement de museau à museau, contact avec des éléments contaminés comme le fœtus après un avortement) et indirecte par le biais de seaux d’eau, du matériel de pansage, de l’équipement ou de personnes. Cette maladie se transmet uniquement entre équidés et n’est pas contagieuse pour l’Homme. Actuellement, la raison pour laquelle certains chevaux ont plus de risque que d’autres de développer une forme neurologique n’est pas encore bien comprise. Cependant, il semblerait que certaines races telles que les Standardbred, les Pur-sang, et les chevaux de selle ainsi que les femelles développent plus souvent cette forme de la maladie que les mâles ou les poneys tandis qu’aucun cas n’a été rapporté sur des Frisons.

La myeloencéphalite peut être détectée à partir d’un prélèvement nasal ou d’un échantillon sanguin analysé ensuite grâce à un test PCR (réaction en chaîne par polymérase). Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement spécifique à cette maladie dont le taux de mortalité est extrêmement variable (de 0,5 à 40 %). Pour la forme respiratoire, la grande majorité des chevaux se rétablit spontanément et sans garder de séquelle en seulement quelques semaines, cependant, 60 à 75 % d’entre eux restent porteurs toute leur vie du virus sous forme latente. Les chevaux qui développent la forme neurologique de la maladie récupèrent généralement en quelques jours s’ils parviennent à maintenir la position debout, signe d’une atteinte légère. La convalescence peut s’étendre à plusieurs mois, voire une année, pour ceux qui développent une atteinte plus grave. Certains chevaux doivent malheureusement être euthanasiés quand d’autres gardent des séquelles à vie.

Un vaccin contre cette maladie a été développé, mais son utilisation reste controversée dans le monde équestre du fait de son efficacité limitée. Ce vaccin ne protège pas contre la souche neuropathogène du virus et ne bloque pas l’infection, mais il diminue l’excrétion virale chez les chevaux infectés permettant de réduire l’incidence des complications secondaires comme les avortements.

Épidémies de myeloencéphalite

De nombreux cas d’épidémie de myeloencéphalite ont été rapportés ces dernières années dans le monde entier. La plus grande épidémie a eu lieu aux États-Unis en 2003 lors de laquelle 90 % des 138 chevaux d’un centre équestre de l’Ohio avait été contaminés. 42 chevaux avaient alors développé une forme neurologique conduisant à la mort ou l’euthanasie d’une certaine partie d’entre eux.

Le 27 février 2021, un foyer de la souche neuropathogène de myeloencéphalite à EHV1 a été identifié sur le site du concours international de Valence en Espagne. On compte à ce jour 10 décès parmi les chevaux présents lors de ces compétitions. Depuis cette date, plusieurs autres foyers ont été déclarés en Europe conduisant la fédération française d’équitation et la société hippique française à suspendre l’ensemble des compétitions équestres nationales et internationales jusqu’au 28 mars afin d’endiguer l’épidémie. La Fédération équestre internationale (FEI) a également décidé d’annuler les concours dans une dizaine de pays européens « en raison de l’évolution rapide d’une souche très agressive de la forme neurologique du virus de l’herpès équin (EHV1) ». Le réseau de d’épidemio-surveillance en pathologie équine (RESPE) qui surveille les foyers de contamination de la maladie en France conseille de placer à l’isolement pendant deux semaines tout cheval présentant des écoulements nasaux. Certains chevaux sont actuellement toujours bloqués sur les sites des compétitions, et la FFE est en train de valider un protocole permettant leur rapatriement. Les activités ne dépendants pas de la FFE et de la SHF comme les foires et rassemblements commerciaux de chevaux, les randonnées et les chasses à courre sont fortement déconseillées par les autorités sanitaires.

En France, une quinzaine de foyers ont été détectés dans des écuries du Calvados, de Charente-Maritime, de Dordogne, de Gironde, de Haute-Savoie, d’Hérault, d’Indre et Loire, de La Manche, de Mayenne, du Rhône et de Seine-et-Marne. De nouveaux communiqués de la FFE devraient nous parvenir dans les prochains jours afin d’en savoir plus sur l’évolution de l’épidémie.

Mise à jour 15/03/2021 : La FFE a annoncé la prolongation de la suspension des compétitions de 15 jours supplémentaires, jusqu’au 11 avril 2021 suite aux recommandations la FEI. Cette prolongation concerne l’ensemble de l’Europe et entraîne la suppression de la coupe du monde de saut de d’obstacles et de dressage prévues du 31 mars au 4 avril à Götebord (Suède), annulée pour la deuxième année consécutive.

Connaissiez-vous cette maladie ? Saviez-vous qu’à l’instar du coronavirus, le monde équestre était lui aussi confronté à une épidémie ? N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaires.

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5 réflexions sur “Épidémie de myeloencéphalite à EHV1 dans le monde équestre”

  1. oui j’ai vu ça c’est dingue…. Espérons que les virus se calment pour les équidés… (et pour nous aussi par la même occasion)

     
  2. Bonjour,

    Je tenais à vous féliciter pour votre article sur l’épidémie de myéloencéphalite à EHV1 dans le monde équestre. Votre contenu est très instructif et permet de mieux comprendre les enjeux liés à cette maladie. J’apprécie également la clarté de votre écriture ainsi que la présentation des différents facteurs de risque.

    Je suis curieux de savoir si vous avez des recommandations spécifiques pour les propriétaires de chevaux qui souhaitent protéger leur animal contre cette maladie. Peut-être pourriez-vous envisager un article sur ce sujet à l’avenir ?

    Encore une fois, merci pour votre contribution à la communauté équestre.

    Bien cordialement.

     
  3. Bonjour,

    Je tiens à vous remercier pour cet article informatif sur l’épidémie de myéloencéphalite à EHV1 dans le monde équestre. Vous avez apporté des informations précieuses pour les propriétaires et les passionnés de chevaux. J’apprécie particulièrement le fait que vous ayez mentionné les mesures préventives à mettre en place pour limiter la propagation de la maladie.

    Je me demandais cependant si vous aviez des informations sur la situation actuelle de l’épidémie dans différents pays. Serait-il possible d’avoir une mise à jour dans un prochain article ?

    Encore merci pour votre travail,

    Un passionné de chevaux.

     
  4. Bonjour,

    Je tenais à vous féliciter pour votre article très informatif sur l’épidémie de myéloencéphalite à EHV1 dans le monde équestre. Votre article a su captiver mon attention jusqu’à la fin. Vous avez su décrire avec précision la situation actuelle et les mesures à prendre pour éviter la propagation de la maladie. C’est une excellente lecture pour tous les propriétaires de chevaux et les professionnels du milieu équestre. Merci pour ce partage et j’attends avec impatience de lire vos prochains articles.

     
  5. Bonjour, votre article sur l’épidémie de myélencéphalite à EHV1 est très informatif et bien écrit. Il est important de sensibiliser les propriétaires de chevaux à cette maladie et de prendre des mesures préventives. J’aimerais savoir si vous avez des conseils supplémentaires pour protéger les chevaux de cette maladie. Merci pour votre travail précieux.

     

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