Le phénomène La La Land

Affiche du film La La Land avec la liste de ses distinctions
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Si vous suivez un peu l’actualité cinéma, vous n’avez pas pu passer à côté du phénomène qu’est La La Land. Ce film fascine : ceux qui ne l’ont pas vu sont perplexes devant un tel engouement et ceux qui l’ont vu adorent ou détestent mais, dans tous les cas, personne n’en sort avec un avis neutre.

Je vous propose aujourd’hui de faire le tour du phénomène cinématographique La La Land, en traversant un maximum d’aspects du film. Si vous ne l’avez pas encore vu et que vous souhaitez garder toutes les surprises, je vous conseille de venir lire la suite de cet article plus tard (même s’il n’y a pas d’énormes spoilers).


La La Land, qu’est-ce que c’est ?

Affiche du film La La Land avec la liste de ses distinctions

La La Land est un film américain réalisé par Damien Chazelle, sorti fin 2016 aux États-Unis et fin janvier 2017 en France (merci les fêtes de fins d’année). On pourrait définir son genre par « comédie musicale romantico-dramatique ». Mais ne vous attendez pas à voir un Moulin Rouge à l’américaine, non, le film ne se veut pas cloîtré dans un seul genre ! Ceci dit, c’est une œuvre qui parle de musique et de cinéma, qui montre la musique et le cinéma, et surtout l’amour que leur porte son réalisateur.

Synopsis

 

L’histoire est celle de Mia (Emma Stone), actrice qui enchaîne les castings sans réussir à faire décoller sa carrière ; et de Sebastian (Ryan Gosling), pianiste passionné de jazz qui fait des petits boulots qu’il n’aime pas vraiment. Il rêve d’ouvrir un club de free jazz (improvisation).

Par la force des choses, ces deux personnes vont se rencontrer et se soutenir l’une l’autre, dans l’aboutissement de leurs rêves… Mais également se retrouver face aux désillusions dont seul Hollywood a le secret.

Production

 

Damien Chazelle n’en est pas à son coup d’essai puisque le jeune réalisateur (par son expérience) franco-américain avait déjà réalisé un film qui traitait de musique en 2014 : Whiplash. Également encensé par les critiques et le public, Whiplash était une véritable ode au jazz.

À vrai dire, La La Land a été écrit avant Whiplash, mais Damien Chazelle, sachant qu’il était plus compliqué de faire produire une comédie musicale, décida de faire Whiplash en premier dans l’espoir que le film fonctionne et que les producteurs soient moins réticents à produire La La Land. Je pense que le pari est réussi !

On note aussi que son tout premier long métrage, réalisé en 2010, Guy and Madeline on a Park Bench, (film musical en noir et blanc) traitait déjà de jazz et de danse. Le réalisateur a lui-même affirmé avoir un attrait tout particulier pour les films musicaux, en raison de sa formation de batteur de jazz.

Mon avis

 

Je n’avais pas vu Whiplash et je ne connaissais d’ailleurs même pas Damien Chazelle avant d’aller voir La La Land. Je suis donc allée au cinéma sans aucun à priori, ni négatif, ni positif sur le film et le réalisateur. Cependant, je ne suis sûrement pas assez objective, puisque j’adore les comédies romantiques et les comédies musicales (Moulin rouge est l’un de mes films préférés) et par conséquent, j’avais vu la bande-annonce au moins 20 fois.

Je l’attendais donc tout de même énormément, pour son histoire et son genre, plus que par comparaison avec Whiplash.

Dans La La Land, on retrouve donc le duo Emma Stone / Ryan Gosling, qu’on avait déjà pu voir dans Crazy Stupid Love (que je vous conseille très très fort, ce film est génial et le couple fonctionne vraiment bien).

Ce qui m’a marquée quand j’ai vu La La Land pour la première fois, c’est l’amour. Pas l’amour scénarisé, mais plutôt dans le sens où, dès la première scène (un plan séquence totalement dingue sur une portion d’autoroute de Los Angeles), on sent l’amour : l’amour de la musique, l’amour du cinéma, l’amour du projet. Damien Chazelle avait une équipe qui a donné ses tripes pour lui, et cela m’a vraiment donné le sourire, dès le tout début. Durant tout le film, on retrouve cette passion et ce cœur de la part du réalisateur, des acteurs, du compositeur ou encore du chef opérateur et de chaque personne qui a pu travailler sur le projet.

Tous les personnages sont joués à la perfection, le scénario est finalement plutôt basique, mais tellement bien tourné qu’on en oublie tout le reste : c’est l’histoire de deux rêveurs, de doux rêveurs… Et le rêve est là pour être simple, doux, utopique, pas pour s’embourber dans 50 plot twists (retournements de situation).

Les chansons sont peu présentes, j’en conviens (c’est d’ailleurs une critique qui revient souvent) mais, de mon point de vue, La La Land n’est pas là pour fabriquer un album musical : le film existe pour nous raconter une histoire, un fil rouge que l’on tient délicatement du début à la fin. Le thème de Mia et Sebastian vous restera probablement en tête des jours, et les émotions que le film suscite remonteront à la surface. Vous pourrez donc avoir l’impression qu’il y a peu de musique mais, à chaque fois, les scènes musicales sont intégrées dans le récit narratif. La frontière entre drame, comédie et film musical est finalement assez faible, tant Damien Chazelle réussit à en faire une œuvre unique.

Pour moi La La Land c’est ça : une déclaration d’amour à la musique, au cinéma et à l’art, tout simplement.

La La Land : la mise en scène et les clins d’œil

Emma stone éclairée par une lumière de salle de cinéma

S’il y a bien une chose sur laquelle tout le monde est d’accord au sujet de La La Land, c’est sur la qualité de la réalisation de Damien Chazelle.

En effet, ce dernier a déployé une énergie incommensurable pour créer ce film : déjà, il a quasiment été tourné entièrement dans des décors naturels (avec peu de fonds verts si chers aux blockbusters ; et avec peu de reconstitutions studio).

Ensuite, le sens du détail est à son paroxysme, que ce soit dans l’intégration des scènes musicales (chantées et/ou dansées), dans le récit comme j’en parlais plus tôt ou bien dans l’emploi régulier des plans séquences dont est particulièrement friand Damien Chazelle. On nous rappelle que le type sait se servir d’une caméra, et pas qu’un peu.

Un plan séquence, c’est une scène dans laquelle aucun montage de post-production n’est effectué – ou alors de façon imperceptible. En d’autres termes, cela signifie que l’image n’a jamais de coupe et que toute l’action se déroule à la suite. La caméra suit donc l’action du début à la fin de la scène. Lors du tournage, c’est une vraie galère, car cela implique que la scène entière doit être tournée en une seule prise. Quand on voit la scène d’ouverture sur l’autoroute (que l’équipe a pu bloquer trois jours) ou la scène de la soirée avec la piscine, ou encore la scène finale… Vraiment, on ne peut qu’avoir un respect immense pour le sens du détail et la qualité de réalisation.

L’utilisation de ces plans séquences est contrebalancée par certains plans avec des inserts, des images au montage très rapide qui nous montrent des détails en très peu de temps (moins d’une seconde par insert), ce qui permet de ramener du dynamisme et de la rapidité au montage final.

Je reste sur l’idée que le montage final me rappelle une danse de couple : une valse ou un jazz broadway ça bouge, ça virevolte !

Pour finir, les clins d’œil au cinéma sont légion dans La La Land : Damien Chazelle est un grand fan du cinéma de Jacques Demy (Les Demoiselles de Rochefort, Les parapluies de Cherbourg, etc.) et tout son film le montre : de Chantons sous la pluie, à Un Américain à Paris, en passant par les pas de danse effrénés et gracieux de Gene Kelly, mais également par Grease, ou West Side Story… Les amoureux de comédies musicales adoreront voir ces hommages à tous les films du genre !

Difficile de ne pas parler des couleurs du film… Je vous renvoie à l’excellente critique du Fossoyeur de Film qui détaille les vêtements et les lumières sur les personnages lors des différentes scènes.

Parlant de symbolique des personnages, on se rend compte que nos deux protagonistes s’expriment différemment. Mia par la couleur (le rouge couleur de passion, d’amour, d’interdit ; le jaune, couleur de joie, de leur première danse ; le noir, couleur de la tristesse, du deuil), son appartement est d’ailleurs un tourbillon de couleurs ! N’oublions pas qu’elle est actrice et donc que son métier est de montrer des émotions, jouer des rôles, des personnages, dans des costumes physiques comme mentaux… Quoi de mieux que la couleur pour symboliser les différentes phases par lesquelles elle passe !

Sebastian, lui, s’exprime bien plus par le son : tout d’abord par le klaxon de sa voiture, mémorable, puis par le piano, les bruits qui l’entourent, les claquettes… Je pense aussi à une scène où l’alarme incendie de son appartement remplit tout le cinéma, nous dérange comme la conversation qui se déroule au même moment : les sons servent le propos et ce bruit sourd rend la scène encore plus dérangeante pour le spectateur. Et il est musicien, cela symbolise donc aussi l’expression de sa passion (sa vie !), par son corps, comme Mia et ses différentes «facettes».

On peut d’ailleurs remarquer à plusieurs moments que le film s’adresse au spectateur : pendant une scène dans un cinéma, quelle surprise de voir Mia et Sebastian face à nous, observant l’écran comme si nous étions le film, nous disant que c’est à nous de construire nos histoires, nos rêves ! Quand on regarde La La Land, on ne peut s’empêcher de vouloir rêver, malgré les difficultés, malgré les déceptions.

Plus le film avance et plus la réalité prend le dessus : tout d’abord, c’est un rêve coloré et musical, de grandes chorégraphies ; finalement, les désillusions arrivent et le film l’exprime également par son traitement. Damien Chazelle propose une vision plus grave et déroutante de la vie, jusqu’à ce que la comédie vire au drame, jusqu’à ce que les couleurs vives se teintent d’amertume et de dure réalité, jusqu’à ce que les chansons et les musiques pleines d’espoir et de joie se taisent et laissent place au silence et à quelques notes jouées au piano…

Damien Chazelle ouvre son cœur et implique la salle dans son film : nous devenons la caméra, nous devenons acteurs de l’histoire, des danses et de l’amour qu’il porte au cinéma et au jazz.

Devant La La Land, j’ai ri, j’ai frissonné, j’ai souri, j’ai été nostalgique et même amoureuse… Mais j’ai également ragé, pleuré, chanté… Ce film m’a donné de l’espoir, puis m’a fait tout perdre. Il m’a apporté de la joie, puis des larmes : La La Land c’est comme la vie, pas un long fleuve tranquille.

La La Land, le succès

74th Golden Globe Awards Press Room

Après ces paragraphes où je vous ai (je crois) crié mon amour pour La La Land, je voulais évoquer la réception qu’il a eu en festival et concours… Et là encore, le film s’est fait remarquer, et pas qu’un peu.

Tout d’abord présenté en avant-première au Festival international du film de Venise, Emma Stone a reçu la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine.

Lors du Festival international du film de Toronto 2016, le film a reçu le prix du public.

Le Boston Online Film Critics Association Awards 2016 et le New York Film Critics Circle Awards 2016 ont décerné la meilleure réalisation à Damien Chazelle.

Les Golden Globes

Malgré ce succès, c’est néanmoins à la cérémonie des Golden Globes 2017 que le film a fait son plus gros carton.

Au début de la cérémonie, les présentateurs ont même interprété une reprise de la chanson Another Day of Sun : une surprise pour le réalisateur , car la préparation avait été gardée secrète par la chorégraphe du film.

Pour les Golden Globes, le film est sorti vainqueur dans les sept catégories dans lesquelles il était nommé, à savoir :

– Meilleur film musical ou comédie ;

– Meilleur réalisateur pour Damien Chazelle ;

– Meilleure actrice dans un film musical ou une comédie pour Emma Stone ;

– Meilleur acteur dans un film musical ou une comédie pour Ryan Gosling ;

– Meilleur scénario ;

– Meilleure chanson originale ;

– Meilleure musique de film.

Un chiffre record, puisque c’est la première fois qu’un film rafle toutes les récompenses pour lesquelles il était nommé.

Les BAFTA

La cérémonie des BAFTA (British Academy of Film and Television Arts) est comparables aux oscars anglais. Cette année, La La Land était nominé dans 11 catégories. Il a reçu 5 récompenses, à savoir :

– Meilleur film ;

– Meilleur réalisateur ;

– Meilleure actrice (pour Emma Stone) ;

– Meilleure photographie ;

– Meilleure musique de film.

Les Oscar

La cérémonie des Oscar a eu lieu le 26 février dernier et La La Land était le grand favori, avec pas moins de 14 nominations dont celles de meilleure actrice, meilleur acteur, meilleur réalisateur ou encore meilleur film et meilleure bande-originale. Seuls deux autres films ont obtenu autant de nominations dans l’histoire des Oscar : Titanic (1997) et Ève (1950).

Finalement, La La Land a remporté 6 statuettes, au cours d’une cérémonie gênante où il aurait remporté l’Oscar du meilleur film, finalement décerné à Moonlight… En effet, c’est la mauvaise enveloppe avait été distribuée pour l’annonce du prix et l’académie a du s’excuser et corriger son erreur en plein direct.

L’équipe du film a tout de même eu le temps d’aller sur scène pour faire son discours, avant d’être renvoyée à sa place au profit du réel gagnant. Heureusement, l’équipe a su rester fair-play et respectueuse. Emma Stone a d’ailleurs dit que Moonlight méritait amplement la distinction car c’était un grand film qui resterait dans l’histoire.

Voici les oscars qu’a obtenu La La Land :

– Meilleur réalisateur ;

– Meilleure actrice (pour Emma Stone) ;

– Meilleure musique ;

– Meilleure chanson (pour City of stars) ;

– Meilleure photographie ;

– Meilleurs décors.

On souhaite encore le meilleur pour ce film qui m’a transportée et me transportera encore longtemps. Même si Captain Fantastic a été mon film préféré de 2016, je pense sincèrement que La La Land mérite tous les compliments qui lui sont faits.

Ainsi s’achève cet article d’éloge à La La Land ! L’avez-vous vu ? Qu’en avez-vous pensé ? Aimez-vous les comédies musicales et quelles sont vos préférées ? Avez-vous suivi la cérémonie des Oscar fin février dernier ?

Dites-nous tout ça dans un commentaire !

Source textes

Expérience personnelle

La La Land (2016)

Whiplash (2014)

Le Fossoyeur de film – La La Land (ce que disent les couleurs)

C à Vous du 13/01/17

Allociné

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Audy-kun.

3 réflexions sur “Le phénomène La La Land”

  1. Comme toi j’ai trouvé que ce film renvoyait de la passion ! J’ai beaucoup aimé, sans dire que je l’ai adoré. Et la multitude de prix reçus ne m’étonnent pas, il était vraiment bon ! Sans le savoir j’ai reconnu le réalisateur de Whiplash, film que j’avais adoré, très intense ! Si tu ne l’as pas vu et que tu as aimé La La Land, je ne peux que te le conseiller 🙂

     
  2. Je ne l’ai pas vu et je pense que je ne le verrai pas. Je n’aime pas les comédies musicales et les comédies romantiques alors le film n’est pas fait pour moi. Par contre du peu que j’ai entendu, la BO a l’air pas mal !

     
  3. Je ne l’ai pas encore vu et vu que je suis pas vraiment fan de comédies musicales, je ne risque pas de le regarder sauf si mon zhom a envie de le voir (ce que je doute) Néanmoins, pour ceux qui aime ce genre de film, il est vrai que la BO est géniale ^^

     

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