Hidden Figures (en français Les figures de l’ombre) est un film sorti fin 2016 aux États-Unis et en mars 2017 en France, réalisé par Theodore Melfi. Le film est l’adaptation du livre éponyme écrit par Margot Lee Shetterly, mettant en scène l’histoire vraie de Katherine Johnson, physicienne, mathématicienne et ingénieure spatiale afro-américaine dans les années 1960.
Si vous voulez en savoir plus sur ce film puissant, dramatique, historique et malgré cela drôle et léger, je vous invite à lire la suite de cet article !
Présentation de Hidden Figures
Informations générales
Hidden Figures a été réalisé, produit et scénarisé par Theodore Melfi, dont vous avez peut-être vu l’autre film St Vincent (sur Netflix en France).
Parmi les producteurs du film, on peut retrouver Pharrell Williams, qui a également supervisé la musique du film. Le projet était particulièrement important pour lui : « Je suis fasciné par la NASA depuis l’enfance car j’ai grandi non loin de Langley. Cette histoire possédait donc tous les éléments pour me plaire car il y est question de science, de femmes hors du commun, de femmes afro-américaines, des années 60 et de l’espace. Il fallait absolument que j’y prenne part », a-t-il déclaré.
Hidden Figures a été nommé aux Oscars dans plusieurs catégories dont celle du meilleur film, mais aussi aux BAFTA Anglais ou encore aux Golden Globes. Malgré ces nombreuses nominations il ne décrochera qu’un prix aux Screen Actors Guild Awards 2017.
Côté casting, vous pourrez y retrouver dans les trois rôles principaux Taraji P. Henson (47 ans, aperçue dans l’Étrange histoire de Benjamin Button, mais aussi dans les séries Empire ou Person of Interest) ; Octavia Spencer (américaine de 45 ans déjà vue dans The Help, Snowpiercer ou les deux derniers volets de la saga Divergente) ; Janelle Monáe (32 ans, surtout connue pour sa carrière de chanteuse, mais que vous pourrez voir dans le superbe Moonlight, sorti cette année en France).
À noter également, la présence de Kevin Costner dont le nom vous est forcément familier puisque parmi son importante filmographie, vous l’aurez probablement vu dans Danse avec les loups, Bodyguard, Robin des bois, Waterworld et tant d’autres ; celle aussi de Jim Parsons, l’acteur de Sheldon dans The Big Bang Theory, qui reprend une nouvelle fois le rôle d’un physicien geek…
Une autre bonne nouvelle, sachez que le film est disponible en DVD et Blu-ray depuis avril (c’est l’avantage des sorties françaises retardées).
Synopsis
Hidden Figures met en scène l’histoire vraie de trois calculatrices dans la ville de Langley, à la NASA. À une époque où les ordinateurs de calculs n’existaient pas encore (c’est d’ailleurs l’une des thématiques du film), ces femmes étaient embauchées pour faire des mathématiques complexes et ainsi confirmer les théories et équations appliquées à la physique.
Nous suivons donc la vie professionnelle et personnelle de ces femmes, leur combat face au sexisme et au racisme au sein des États-Unis sous la loi ségrégationniste de l’époque (donnant des droits différents aux blancs et aux noirs -considérés inférieurs-) et durant la guerre froide opposant les États-Unis et l’URSS.
Dans le film nous suivons essentiellement ces trois femmes :
– Katherine Johnson (interprétée par Taraji P. Henson)
Génie des mathématiques physiques depuis l’enfance, Katherine sera encouragée par ses parents à suivre des études dans une école réservée aux noirs. Elle va se faire confier la tâche délicate de confirmer les calculs qui doivent permettre à la NASA d’envoyer le premier Américain dans l’espace. Dans un département adapté aux personnes blanches, elle devra se battre pour se faire respecter par ses supérieurs, notamment Paul Stafford (interprété par Jim Parsons) un homme convaincu de sa propre supériorité intellectuelle par son genre et sa couleur de peau.
– Dorothy Vaughan (interprétée par Octavia Spencer)
C’est elle qui supervise le département des « calculatrices de couleur ». Sa supérieure l’empêche de prendre le poste de manière officielle, car cela serait coûteux, en plus du fait qu’aucune cheffe d’équipe n’avait été noire jusqu’à présent. Cependant l’arrivée à la NASA de l’ordinateur IBM 7090 va la motiver à changer de voie : pour sauver son emploi et celui de ses collègues, elle va décider de se former en autodidacte au codage informatique (le FORTRAN) pour manipuler cette machine complexe qui permettra de faire des millions de calculs par seconde.
– Mary Jackson (interprétée par la chanteuse Janelle Monáe)
Mary est une jeune femme pétillante et brillante. Elle va être envoyée en mission pour corriger un échec en soufflerie. Un de ses supérieurs va alors lui conseiller d’étudier pour avoir le statut d’ingénieure. Elle va être confrontée au racisme social qui l’empêche de passer ce précieux diplôme dans une école réservée aux blancs et elle décidera donc de mobiliser la justice pour arriver à ses fins.
Autour d’elles vont graviter d’autres personnages, noirs, blancs, hommes, femmes, chacun et chacune étant victime ou oppresseur sur un ou plusieurs points, consciemment ou non. Comme souvent au cinéma, ces autres personnages représentent d’après moi plus des comportements que des individus, bien qu’ils aient réellement existé pour la plupart.
Mon avis sur Hidden Figures, un combat et une leçon d’Histoire
Avant d’aller plus loin dans l’analyse du film, je préfère vous prévenir : j’ai adoré Hidden Figures. Il m’a intimement touchée, il m’a fait pleurer, il m’a fait rire…
Comme je l’ai déjà dit, Hidden Figures est une histoire vraie : comme souvent quand des histoires concernent les femmes et encore plus les femmes racisées (c’est-à-dire subissant le racisme systémique), on en entend rarement parler en public. J’ai adoré donc que l’histoire soit montrée à l’écran, de la même manière que j’adore les BD de Pénélope Bagieu sur ces femmes qui ont fait l’Histoire, Culotées ou tous autres récits qui mettent en lumière des femmes.
L’histoire se passe dans les années 60 et par conséquent la mise en scène est colorée, n’oublions pas que c’est l’âge d’or du pop-art d’Andy Warhol. Les couleurs sont brillantes, le rythme est dynamique et les teintes chatoyantes, notamment lorsque le film présente la vie quotidienne des afro-américains. C’est d’ailleurs quelque chose qui m’a plu, de montrer exclusivement la vie et le combat quotidien des héroïnes du film. La vie d’un employé de la NASA est sûrement intéressante, mais dans le cadre de l’histoire et des militantes qu’elles étaient, c’est bien plus fort de les montrer elles et elles-seules combattre le racisme et le sexisme dont elles sont victimes.
De la même manière, j’ai apprécié que le traitement de ces oppressions soit plus subtil que « les blancs sont méchants » et « les noirs sont gentils », car à plusieurs moments du film, on comprend que les femmes blanches subissent aussi le sexisme : dans leur métier, ce sont elles les assistantes, elles ne sont jamais dirigeantes d’équipe d’hommes à la NASA et ces femmes restent en retrait malgré leur privilège blanc.
De plus, les femmes noires subissent aussi le sexisme dans leur propre communauté, comme lorsqu’un homme dit à Katherine qu’il est « surpris qu’un travail aussi exigeant [que celui d’envoyer des hommes dans l’espace] soit confié à des femmes ».
Le film aborde ainsi intelligemment l’intersection des luttes antisexistes et antiracistes : c’est-à-dire qu’il explicite avec pertinence le fait que ces femmes subissent simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination dans leur société. Celle d’être des femmes noires les forçant à travailler dans un bâtiment séparé des autres… Dans le cas de Katherine Johnson qui est devenue la première afro-américaine à travailler dans une équipe blanche, elle était obligée de courir jusqu’à ce bâtiment pour aller aux toilettes puisque celles du bâtiment où elle travaillait étaient uniquement pour les blanches.
On pourrait croire que le film tend à la dramaturgie, mais il n’en est rien, bien que sa fiche Allociné le classe comme tel : l’humour est présent, puisqu’on sourit vraiment souvent, en particulier devant l’incohérence et la mauvaise foi des dirigeants, chefs d’équipes, juges, etc. Tout cela rend le tout vraiment drôle et de nombreuses scènes sont tournées de manière à ce que les discriminations nous fassent rire tellement c’est « gros ». Le très bon jeu des acteurs participe grandement à la justesse de ton que le film s’attache à avoir tout le long de l’histoire.
Au-delà du traitement du racisme et du sexisme, le film est plongé dans une atmosphère politique pesante puisque c’est la période de la conquête à l’espace : les États-Unis vivent dans une peur perpétuelle des Soviétiques qui, s’ils parvenaient à envoyer un homme dans l’espace en premier, pourraient espionner ou même attaquer les Américains sans qu’ils ne s’en rendent compte (l’espace étant considéré comme des eaux internationales).
J’ai donc adoré ce savant mélange d’histoire, de géopolitique, de témoignage des lois ségrégationnistes, qui sont des sujets graves mais que Hidden Figure s’attache à montrer toujours avec justesse et humour. C’est quelque chose qui est souvent très risqué dans un film, puisque cela peut donner une impression de moquerie voire même de renforcement des clichés.
De plus, cela va sans dire que le film gravite autour du thème de l’espace qui est une de mes passions assumées depuis longtemps, je ne pouvais donc pas rêver mieux que Hidden Figures pour profiter de la séance au cinéma !
Connaissiez-vous le film Hidden Figures ou bien l’histoire vraie dont il a été tiré ? Dites-nous tout dans un commentaire !
Audy-kun
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