Nous aurait-on menti toute notre vie ? La Seine ne coule pas vraiment à Paris ? Et ne serait en réalité même pas un fleuve ? Lisez la suite de cet article pour démêler le vrai du faux…
Fleuve ou affluent, une question de débit
Pour répondre aux questions précédentes, il convient de connaître la différence entre fleuve et affluent.
Au niveau d’un point de confluence, le lieu où se rejoignent deux cours d’eau, comment détermine-t-on lequel est affluent et lequel donnera son nom au cours d’eau issu de leur mélange ?
Habituellement, c’est le cours d’eau ayant le débit le plus faible qui est appelé affluent. Lorsque les débits sont proches, on peut évaluer la taille du bassin versant (espace parcouru par un cours d’eau et ses affluents) voire la longueur parcourue par le cours d’eau.
On parle de rivière pour les affluents : ils se terminent toujours dans un cours d’eau plus important (une autre rivière ou un fleuve). On parle de fleuve pour les cours d’eau se terminant dans la mer ou dans l’océan.
La Seine et l’Yonne : quel est l’affluent ?
Le point de confluence de la Seine et de l’Yonne se trouve à Montereau-Fault-Yonne, en Seine-et-Marne. À cet endroit, le débit de l’Yonne est d’environ 93 m³ par seconde, tandis que celui de la Seine atteint seulement 79 m³ par seconde. Concernant les bassins versants, celui de l’Yonne est légèrement plus étendu avec 10 840 km² pour 10 100 km² pour la Seine.
D’un point de vue hydrométrique, c’est donc bien la Seine qui se jette dans l’Yonne à Montereau-Fault-Yonne. Si on respecte la règle de nommer le cours d’eau résultant de cette rencontre du nom du fleuve principal, nous devrions dire que l’Yonne traverse Paris et Rouen avant de rejoindre la Manche…
La Seine et l’Aube : quel est l’affluent ?
En amont de la confluence avec l’Yonne, la Seine a déjà de nombreux affluents. On peut s’intéresser à l’Aube, qu’elle rencontre à hauteur de Marcilly-sur-Seine, dans la Marne. Au point de confluence, l’Aube a un débit d’environ 41 m³ par seconde, tandis que celui de la Seine est d’environ 33 m³ par seconde. Pour les bassins versants, celui de l’Aube fait 4 660 km² environ et celui de la Seine en fait environ 3 960 km².
Ainsi, la Seine n’est même pas un affluent de l’Yonne, puisqu’elle est un affluent de l’Aube. Et c’est l’Aube qui se jette dans l’Yonne à Montereau-Fault-Yonne !
Pourquoi parle-t-on de bassin de la Seine à Paris ?
Plusieurs raisons existent pour expliquer la supériorité de la Seine.
L’une d’elles remonte aux Gaulois et aux Romains. Tandis que les Romains faisaient de la Sequana, ancien nom de la Seine, une véritable divinité, les druides gaulois ont considéré qu’elle était sacrée et devenait par conséquent supérieure à tous les autres cours d’eau. Impossible dans ces conditions de considérer que la Seine n’était qu’un simple affluent qui perdrait son nom au profit d’un autre cours d’eau. De plus, imposer la Seine comme supérieure aux autres rivières était un moyen d’asseoir l’autorité des tribus contrôlant ce fleuve.
Une autre explication, plus commerciale celle-là, avance que le cours d’eau reliant Châtillon-sur-Seine à Paris était particulièrement important à l’époque où le transport fluvial était un moyen de locomotion très utilisé. Il aurait été baptisé Sequana, qui aurait par la suite gardé le nom de Seine.
C’est donc pour une raison culturelle ou commerciale que le nom de Seine a été retenu au lieu de l’Yonne.
Y a-t-il d’autres cas de fleuves nommés comme leur affluent ?
L’Yonne et l’Aube ne sont pas les seules à avoir dû céder leur nom à un affluent.
Parmi les fleuves français, on peut citer la célèbre Garonne bordelaise qui devrait en réalité s’appeler le Tarn ou encore le Rhin qui a volé sa notoriété à l’Aare et le Doubs qui a cédé son nom à la Saône alors qu’il avait un débit plus important.
Si on traverse les frontières, on peut citer le Mississippi américain qu’on devrait appeler Ohio ou encore le Gange indien qui est en réalité un affluent de la Yamuna.
Vous l’aurez compris, d’un point de vue hydrométrique, c’est bien la Seine qui est un affluent de l’Yonne et de l’Aube. Mais pas d’inquiétude, la Seine-Maritime, la Seine-et-Marne, les Hauts-de-Seine ou encore la Seine-Saint-Denis ne deviendront pas l’Yonne-Maritime, l’Yonne-et-Marne, les Hauts-d’Yonne ou l’Yonne-Saint-Denis et les panneaux sur les ponts parisiens n’indiqueront pas Yonne mais toujours Seine !
Saviez-vous que scientifiquement parlant, c’est l’Yonne qui traverse Paris et se jette dans la Manche ? Que pensez-vous de l’utilisation du nom de l’affluent au lieu de celui du cours d’eau principal ? Dites-nous tout dans un commentaire !
Ursuline
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Très intéressant cet article. J’ai pu combler mes lacunes en terme de fleuves
Il n’y a pas grand chose à dire, vous l’avez dis vous-même, le nom de Seine est bien ancré dans notre culture et changer la Seine par l’Yonne serait un sacrilège. On pourrait rebaptiser l’Yonne en seine et tout bouleverser, alors ce serait bien la Seine qui traverserait Paris. Il faudrait seulement expliquer alors aux Troyens que c’est l’Yonne qui traverse leur ville, pour ne citer qu’elle.
Il n’y a pas grand chose à dire, vous l’avez dis vous-même, le nom de Seine est bien ancré dans notre culture, notre histoire. Changer la Seine par l’Yonne serait un sacrilège. Toutefois, on pourrait rebaptiser l’Yonne en Seine et ainsi tout bouleverser, alors ce serait bien la Seine qui traverserait Paris. Il faudrait seulement expliquer aux Troyens que c’est l’Yonne qui traverse maintenant leur ville, pour ne citer qu’elle.