Depuis leur lancement en 1896, les Jeux olympiques sont un symbole, un modèle de ce que l’humain a de meilleur à offrir au monde. Des athlètes du monde entier se retrouvent, s’affrontent par le biais de prouesses athlétiques et représentent leur nation respective, c’est un concept magnifique. Pourtant, si l’idée initiale est incroyable, le monde des JO a encore beaucoup de chemin à parcourir sur de nombreux points tels que le sexisme ou le racisme. Les JO de Tokyo ont montré qu’une belle évolution était possible grâce au combat d’athlètes féminines contre le sexisme. Dans cet article, je vous propose d’en apprendre davantage sur ce combat et sur les raisons qui y ont mené.
Un passé compliqué et douloureux
Les premiers Jeux olympiques modernes ont été lancés en 1896 à Athènes. Au départ, seuls les hommes étaient autorisés à y participer. Pierre de Coubertin, le président du comité international olympique à l’époque avait un point de vue bien arrêté sur la question de la participation des femmes dans le sport puisqu’il affirmait la trouver « impratique, inintéressante, inesthétique ».
En 1900, 22 femmes (sur 997 compétiteurs) ont été admises dans quelques événements sportifs (mixtes) des Jeux olympiques comme le tennis, mais elles restaient encore exclues de la plupart des compétitions.
À chaque édition des JO, de plus en plus d’épreuves s’ouvraient aux femmes malgré les réticences de nombreux dirigeants comme Pierre de Coubertin. En 1928, elles furent admises dans les courses d’athlétisme, notamment le 800 mètres, mais la vue des participantes épuisées à l’arrivée était apparemment trop dérangeante pour les spectateurs, selon les comptes-rendus de l’époque.
À la suite de cette édition, les femmes furent seulement autorisées à participer aux courses de maximum 200 mètres, et ce, jusqu’en 1960. Un véritable retour en arrière…
Une charte olympique a été créée en 1908 avec des attentes bien précises sur de nombreux thèmes, mais c’est seulement en 1996 qu’elle met enfin en avant l’égalité homme-femme et stipule que le Comité International Olympique a pour rôle « d’encourager et soutenir la promotion des femmes dans le sport, à tous les niveaux et dans toutes les structures, dans le but de mettre en œuvre le principe de l’égalité entre hommes et femmes ».
Les femmes n’étaient pas les seules à être discriminées lors des Jeux olympiques. Si les hommes de couleur étaient déjà autorisés à participer aux compétitions, ils n’étaient pas spécialement bien vus par la communauté sportive. En 1924, William DeHart Hubbard fut le premier Afro-Américain à remporter une médaille d’or lors d’une épreuve individuelle des Jeux olympiques de Paris, le saut en longueur. À l’époque, l’information n’a été relayée que dans les médias africains, alors qu’il s’agissait d’un événement majeur pour le monde du sport.
Le combat pour l’égalité commence…
Le combat pour l’égalité entre tous les participants des Jeux olympiques a débuté très vite après les premiers Jeux.
En 1968, à la suite de l’assassinat de Martin Luther King, John Carlos et Tommie Smith, deux athlètes afro-américains du 200 m ont souhaité montrer leur soutien au combat mené par l’homme politique en levant le poing en l’air au moment de leur montée sur le podium des Jeux olympiques d’été.
Plusieurs athlètes féminines, comme la Française Alice Milliat, se sont battues dans les années 1910 d’abord pour que les femmes puissent participer aux JO, puis pour que la compétition soit séparée de celle des hommes et enfin pour qu’il y ait davantage d’épreuves ouvertes pour les femmes. Pourtant, pendant des années, les femmes ont été cantonnées à pratiquer des sports plus esthétiques aux Jeux olympiques, comme la natation, l’escrime ou encore le patinage artistique. C’est seulement en 2012 que les femmes ont été autorisées à participer aux mêmes compétitions que les hommes sans exception.
… et se poursuit en 2021
Les Jeux olympiques de Tokyo 2020 ont montré que le combat était loin d’être terminé.
La parité est désormais atteinte puisque 48,8 % des compétiteurs aux JO de 2020 étaient des femmes (44,2 % en 2012 et 45,6 % en 2016). Elles concourent dans plus de 300 épreuves, dont celles qui étaient pendant longtemps exclusivement réservées aux hommes, comme le 1500 m nage libre.
Néanmoins, des épreuves comme le décathlon olympique à la suite duquel l’athlète le plus polyvalent est récompensé excluent toujours les femmes. Elles participent de leur côté à l’heptathlon, qui, par définition, comprend moins d’épreuves.
Un des problèmes principaux concerne la façon dont les athlètes féminines sont perçues, l’image esthétique qu’elles renvoient. La tenue qu’elles portent dans certaines disciplines joue un rôle primordial. Elles doivent être sexys, élégantes et belles dans une tenue légère, courte et près du corps qui met en valeur leurs formes. D’un autre côté, elles sont critiquées par certains si elles portent des tenues trop échancrées ou qui montrent trop de parties du corps. Difficile de s’y retrouver.
Cette année, des athlètes ont montré qu’il était temps que cela cesse.
L’équipe de beach-handball norvégienne a choisi de porter des shorts au lieu du traditionnel bikini moulant lors de l’euro 2021. Pour cet acte considéré comme allant à l’encontre du règlement, elles ont été amendées par la fédération internationale de handball. Étrange, dans la mesure où les hommes ont le droit de porter ce qu’ils veulent dans la même discipline.
En gymnastique, lors des JO de Tokyo, l’équipe allemande a décidé de ne pas porter le justaucorps habituel et l’a remplacé par une tenue à manches et jambes longues. Elles n’ont pas été réprimandées pour ce choix, mais elles ont en revanche fait le buzz.
En skateboard, une nouvelle discipline olympique de cette année, l’athlète Alana Smith qui se définit comme non-binaire, affirme avoir voulu incarner une représentation pour la communauté LGBTQIA+. Son impact sur l’évolution des mentalités ainsi que celui d’Erica Bougard, non binaire également et athlète spécialiste des épreuves combinées, n’est pas négligeable et pourrait clairement faire changer les choses pour le monde du sport.
La footballeuse Megan Rapinoe se bat depuis des années pour obtenir l’égalité salariale entre hommes et femmes pendant les compétitions. Simone Biles, la star américaine de gymnastique, quintuple championne du monde et quadruple championne olympique a été victime d’abus par le médecin de l’équipe. Elle a fini par laisser les tabous de côté et s’est exprimée librement sur ce qui lui est arrivé et sur les conséquences de la compétition sur sa santé mentale. L’athlète a en effet craqué pendant les JO de Tokyo, et elle est loin d’être la seule. Mais le fait est que ce n’est pas un sujet dont on parlait jusqu’à maintenant.
Grâce aux combats de ces athlètes qui sont souvent considérés comme des modèles pour la jeune génération, le monde du sport pourrait bien être à un tournant. Et vous, avez-vous été victime de sexisme dans votre sport ? Avez-vous entendu parler des actions lancées par les sportifs de haut niveau pendant les JO de Tokyo ou les autres compétitions de 2021 ? Dites-nous tout dans un commentaire !
Mimire
Sources texte :
International Olympic Committee
The Teen Magazine
Huffingtonpost
ABC News
Merci beaucoup pour cet article ! On en parlera jamais assez, c’est un combat de longue haleine. GRL PWR !