Les masques vénitiens

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Venise est une ville d’Italie dans laquelle des milliers de touristes viennent chaque année. Si vous connaissez déjà cette ville, vous avez probablement entendu parler de ses masques. Pour satisfaire votre curiosité et pour que vous deveniez des experts dans le domaine, voici un article qui vous renseignera sur ce que vous avez besoin de savoir à propos ces fameux masques vénitiens…

La tradition des masques vénitiens

L’histoire des masques vénitiens

Même si les masques sont présents dans plusieurs cultures et à différentes époques comme en Afrique ou encore Grèce antique, c’est surtout à Venise que la tradition d’en porter a été très répandue, et ce, pour différentes occasions. Grâce aux routes qui reliaient la République de Venise à Constantinople, Venise commença son âge d’or et s’enrichit rapidement. À de nombreuses reprises, elle perdit le contrôle de ses routes, grandes sources de richesse, puisque de nombreux États voulaient s’en emparer.

Comme dans n’importe quelle nation européenne, des classes sociales différentes existaient à Venise, mais la plupart des citoyens vivaient confortablement puisqu’ils participaient tous à la vie économique de la République. Alors que la richesse de tous devenait de plus en plus importante, un désir de garder son identité secrète pour certaines occasions naquit.

En effet, les citoyens préféraient parfois rester anonymes pour éviter que les personnes qui assistent aux négociations dans des lieux publics les reconnaissent. De plus, l’anonymat gardé grâce au port d’un masque avait comme avantage de mettre chacun sur un pied d’égalité : une duchesse pouvait par exemple être prise pour une servante. Cela arrivait fréquemment qu’un homme ou une femme riche mendie à un coin de rue en étant déguisé en pauvre. Des espions pouvaient également mener leur propre enquête sans avoir peur que leur identité soit révélée au grand jour.

Les tout premiers masques étaient plutôt simples et une grande importance était accordée à leur signification ainsi qu’à leur côté pratique. Grâce à la popularité grandissante de ces masques fabriqués en papier-mâché, les artisans qui en fabriquaient répondaient à une grande demande, ce qui contribua à l’enrichissement de ceux-ci.

Malheureusement, au 18e siècle, les Vénitiens profitèrent rapidement de leur identité secrète et la vie à Venise devint encore plus décadente ; les jeux d’argent duraient nuit et jour aux endroits les moins appropriés comme dans des couvents, les vêtements des femmes devinrent encore plus révélateurs, l’homosexualité était pratique courante en public même si elle était sévèrement punie et les aventures amoureuses se multiplièrent. Le clergé jeta aussi ses bonnes valeurs par la fenêtre puisque ses membres revêtaient des habits luxueux et portaient des masques pour s’adonner aux mêmes pratiques condamnables. Puisque la République vénitienne donnait généreusement à Rome, les dirigeants de la religion catholique ne firent rien pour les ramener à l’ordre.

À cause du manque de morale et du laisser-aller général, le port de masques au quotidien devint illégal, sauf pour certains mois de l’année. Au cours de la dernière année de l’existence de la République de Venise, cette période d’autorisation commençait le lendemain de Noël et durait trois mois. Finalement, le port de masques fut réservé à la semaine de festivités qui comprenait le Carnaval de Venise, connu ailleurs dans le monde sous le nom de Mardi Gras, généralement en février.

Le Carnaval de Venise

Les masques de Venise

Comme dit précédemment, le Carnaval de Venise a lieu tout juste avant le Carême (période de jeûne chez les catholiques) pour que tous puissent fêter et profiter des petits plaisirs coupables de la vie. Même si c’est en 1094 que cette festivité est mentionnée pour la toute première fois dans une charte du doge Faliero, rien ne prouve qu’il s’agissait réellement du début de cette tradition.

Toutes les classes sociales étaient invitées à cet événement et ceux qui décidaient d’y participer devaient bien entendu porter un masque. Les citoyens de Venise s’y amusaient tous ensemble et oubliaient les rivalités existantes entre certaines familles en participant aux différentes activités que proposait le carnaval. Durant cette fête, les plus riches en profitaient pour étaler leur richesse. En effet, une loi leur interdisait de porter leurs bijoux en public s’il n’y avait pas d’occasion spéciale comme une fête officielle, pour éviter de fâcher les moins fortunés. Lors du carnaval, les nobles pouvaient enfin être aussi coquets qu’ils le désiraient.

Pour l’occasion, le peuple de Venise se réunissait donc pour faire la fête avant le début du Carême comme une belle grande famille. Les bagarres étaient plutôt rares durant cette fête et tous y participaient pacifiquement.
En plus du plaisir que les Vénitiens tiraient de ces célébrations, c’était surtout la liberté d’expression qui rendait le carnaval encore plus important à leurs yeux. Durant les festivités, n’importe qui pouvait critiquer l’aristocratie en place comme si la République était plutôt une démocratie. Les citoyens pouvaient donc s’y défouler comme bon leur semblait.

Aujourd’hui, le Carnaval de Venise a plutôt changé. S’il durait six mois au 18e siècle, il ne dure qu’une dizaine de journées actuellement. En 1980, Venise a eu envie de relancer la tradition de ce festival qui avait perdu de son ampleur et de sa popularité. Cette initiative avait de bonnes chances d’aboutir ; le festival a eu une deuxième vie et revient chaque année, au plaisir des Vénitiens et des touristes qui y participent à cœur joie. De la piazza San Marco jusqu’aux palais en passant par les églises et les théâtres, toute la ville s’anime pour l’occasion.

La fabrication des masques vénitiens

Encore aujourd’hui, la plupart des masques sont fabriqués avec du papier mâché. L’artisan fait un moule en plâtre pour le masque, puis le lubrifie avec de la vaseline ; sans ce lubrifiant, le masque resterait pris sur le moule, qui a la forme d’un visage d’une personne. Ensuite, il prend un papier qu’il trempe dans l’eau afin de le lubrifier, puis il l’enduit de colle de tapissier qui permet à l’artisan d’exercer une pression sans adhérer et de colle vinyle qui sert à durcir le papier. Si la plupart des papiers font l’affaire, il faut garder à l’esprit qu’il ne faut pas que le papier se rétracte lorsqu’il sèche : le papier journal est donc à éviter à tout prix.

Une fois que c’est fait, l’artisan découpe des bandes rectangulaires de papier, qu’il pose ensuite sur le moule en plaçant le côté collant à l’intérieur dudit moule. Si des bouts en dépassent, l’artisan le découpe en d’autres bandes qu’il vient superposer sur les premières bandes collées au moule ; afin d’éviter de créer des plis et des bulles d’air, il applique le papier et il travaille en exerçant de fortes pressions. Lorsqu’une première épaisseur est faite, il faut en faire plusieurs autres, qu’on colle toujours par-dessus la dernière couche, pour que le masque gagne en solidité. Par la suite, le masque est placé au-dessus d’une source de chaleur pour que toutes les couches de papier aient le temps de sécher.

Lorsque le masque est fait, l’artisan compense les défauts en ajoutant de la colle ou il en faut, ou encore en le ponçant à certains endroits pour éliminer les irrégularités. Il découpe aussi les trous pour les yeux à cette étape-ci. Le masque est finalement recouvert d’acrylique.

Les différents types de masques vénitiens

Il existe plus d’une sorte de masques. Voici une présentation des plus populaires.

Les masques vénitiens sont populaires

La Bauta est un masque qui couvre entièrement le visage de la personne qui le porte. On le reconnaît à son front plutôt rectangulaire et à son menton qui se termine en triangle pointu. Pour permettre à la personne qui le porte de parler, de manger et de boire sans avoir à dévoiler son identité en retirant son masque, la partie inférieure ne colle pas au visage : il y a un espace entre la peau et l’objet. Même si ce masque est souvent blanc, il peut parfois être coloré. Lors des carnavals, ceux qui choisissaient ce type de masque portaient également une cape rouge et un chapeau noir appelé tricorne.

Au 18e siècle, seuls les citoyens de Venise avaient le droit de porter la Bauta. D’ailleurs, ce masque était parfois requis pour certaines rencontres politiques où l’anonymat des participants était obligatoire, comme les élections. Par contre, il était formellement interdit de porter des armes avec ce masque.

Les masques de Venise

Le masque de Colombine dissimile la moitié du visage et est décoré avec de l’or, de l’argent, des cristaux et des plumes. Comme la plupart des masques vénitiens, il est tenu en place grâce à un ruban noué derrière la tête. Vous l’aurez deviné : le masque tire son nom de Colombine, un personnage dans la Commedia dell’arte. Il aurait été créé spécifiquement pour l’actrice qui l’incarnait parce qu’elle refusait que tout son visage soit masqué.

À Venise, on peut trouver des masques vénitiens
Le masque du Docteur de la Peste est caractérisé par un très long bec, ce qui fait de lui le plus bizarre des masques vénitiens. On le reconnait aussi grâce à sa couleur blanche et aux yeux ronds couverts d’une vitre permettant de voir malgré le port du masque. Contrairement au masque de Colombine, l’histoire derrière ce masque est beaucoup plus macabre. Lors de la peste noire au 17e siècle, le médecin français Charles de Lorme a choisi de porter ce masque pour éviter d’être contaminé par les patients qu’il soignait. D’autres docteurs ont suivi son exemple en portant également une longue cape noire, un chapeau noir, des gants blancs ainsi qu’un bâton qui servait à bouger les patients sans avoir à les toucher soi-même. La forme du bec est très prononcée pour que les médecins qui soignaient les malades puissent y insérer des objets très odorants afin d’éloigner les odeurs des malades qui étaient, selon eux, la cause de la peste.

On peut retrouver des masques vénitiens à Venise
La Moretta est réservée aux femmes. Ce masque est plutôt délicat, en velours et est toujours noir. Il est également porté avec un petit chapeau de la même couleur. Puisque le masque était maintenu en place grâce à un bouton que la femme tient entre ses dents, la Moretta était très peu pratique puisqu’elle l’empêchait de parler, de manger ou de boire. De ce fait, elle est très peu portée depuis les années 1760.

À Venise, il y a des masques vénitiens
Le masque Volto est surtout blanc et il est porté avec un chapeau tricorne ainsi qu’une cape. Comme le Bauta, la forme du masque permet à la personne qui le porte de parler, de boire et de manger facilement sans avoir à dévoiler son identité. Ce masque est fait d’une fine couche de tissu, qui est posé par-dessus le papier-mâché, ce qui le rend très léger et agréable à porter. Il est aussi connu sous le nom latin larva qui signifie masque ou encore fantôme.

Il existe plusieurs sortes de masques de Venise
Même s’il a des origines médiévales, l’Arlequin était tout de même porté lors des carnavals de Venise. Ce masque est complètement noir et une combinaison à losanges multicolores complète le costume.

Les problèmes d’authenticité des masques vénitiens

Comme le verre de Murano, beaucoup de masques vénitiens vendus dans les magasins de souvenirs pour les touristes de cette ville italienne sont faux. Les marchands locaux se contentent de revendre des masques fabriqués dans d’autres pays moins riches parce que les touristes ne s’y connaissent pas assez et ont du mal à distinguer les vrais des faux. Étant donné que le processus pour les fabriquer prend beaucoup de temps et que le masque doit être fait à la main de A à Z, il est rare que vous puissiez vous procurer un vrai masque à moins de 30 euros.
Quatre critères peuvent vous aider à distinguer un vrai masque fait à la main d’un faux. Premièrement, sa surface doit être parfaitement lisse puisqu’aucune substance n’a été appliquée par-dessus le papier mâché pour rendre le masque lisse. Deuxièmement, il doit être léger vu qu’il est seulement fait de papier. Cependant, si vous voyez qu’il est très décoré par des plumes, du cuir ou des petites pierres, ce serait normal qu’il soit un peu plus lourd. Troisièmement, le masque doit avoir une bonne flexibilité. Même si vous prévoyez seulement le poser sur votre bureau comme décoration, le but premier de votre masque est qu’il soit porté : il doit donc pouvoir s’adapter au visage de la personne qui le porte. Quatrièmement, l’intérieur du masque n’est pas coloré puisqu’il a été fabriqué à la main.

Vous savez maintenant d’où viennent ces masques et comment reconnaître les vrais. Êtes-vous déjà allé à Venise et avez-vous rapporté un masque vénitien de votre voyage ? Lequel des modèles principaux présentés dans l’article vous plaît le plus ? N’hésitez pas à nous faire part de votre opinion en nous laissant un commentaire.

Véronique B.

Sources texte :

Camacana

E. Venise

Masked Art

Routard

The Mascerade

Wikipedia : 1 et 2

Youtube

Sources images :

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4 réflexions sur “Les masques vénitiens”

  1. J’aime beaucoup le masque de colombine !
    c’est vraiment magnifique, un jour j’aimerai beaucoup aller à Venise voir le Carnaval !

     
  2. Comme Anti, celui de Colombine fait partie de mes préférés parmi ceux que tu as présenté ! Je ne suis jamais allée à Venise, ça doit être superbe à regarder !

     
  3. J’adore le masque de colombine et le volto !
    Comme Anti, j’adorerais un jour aller à Venise lors du Carnaval ! Ça doit être si beau !

     
  4. Bonjour, énormément de masques pour le Carnaval Vénitiens sont super beaux.
    J’ai jamais été à Venise pour déambuler mais je fais le carnaval Vénitien d’Annecy et de l’isle sur la sorgue…prochainement , je ferai sûrement celui de Martigues.
    Annecy, nous étions entre 450 ou 500 personnes en février dernier malgré les moins 8 degrés.
    Énormément de français(e)s et étrangères européennes vont à Venise pour se costumées
    Amicalement.

     

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