Les Monologues du vagin, une pièce d’Eve Ensler

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Le 21 avril 2018, je suis allée voir la pièce de théâtre Les Monologues du vagin au 3T, un café-théâtre de Toulouse. De quoi cette pièce parle-t-elle ? Quelle est mon impression sur celle-ci ? Je vous raconte tout dans la suite de cet article.

Présentation de la pièce Les Monologues du vagin

Affiche Monologues du vagin 3T

Les Monologues du vagin, ou The Vagina Monologues en anglais, est une pièce de théâtre écrite par Eve Ensler en 1996. Cette dramaturge états-unienne, née en 1953, est une féministe engagée. Elle impose notamment un certain nombre de contraintes dans la représentation de sa pièce de théâtre : elle doit être jouée par une ou plusieurs femmes bénévoles, et les recettes seront versées à V-Day, une fondation qui lutte contre les violences faites aux femmes.

La pièce parle de la relation que les femmes entretiennent avec leur intimité. De nombreux thèmes de la vie quotidienne des femmes sont abordés, comme la sexualité, les menstruations, la pilosité, etc. Il est également question des violences faites aux femmes, notamment l’inceste (dont a été victime Eve Ensler) et le viol.

Dans Les Monologues du vagin, il n’y a pas de dialogue, c’est pourquoi l’auteure n’impose aucune contrainte sur le nombre d’interprètes requis. La dramaturge présente cette œuvre comme un recueil des témoignages qu’elle a collectés : elle a réalisé plus de 200 entretiens avec des femmes de tout horizon et de tout âge. À partir de ces échanges, elle a écrit des monologues sur différentes thématiques, qui font écho aux témoignages de ces femmes. Le texte est construit autour de ces monologues, entrecoupés par des passages informatifs et des synthèses des réponses obtenues à des questions du type « Si votre vagin pouvait parler, en deux mots, qu’est-ce qu’il dirait ? ».

Durant l’heure et demie de représentation, la pièce aborde ainsi des sujets drôles, légers, mais aussi tristes et révoltants.

Quelques extraits des Monologues du vagin

« Je dis « vagin » parce que j’ai lu les statistiques. Partout, les vagins subissent de mauvais traitements. Des centaines de milliers de femmes sont violées chaque année dans le monde. Cent millions de femmes ont subi des mutilations génitales. La liste est longue. Je dis « vagin » parce que je veux que cessent ces horreurs. Et je sais qu’elles ne cesseront pas tant que nous n’admettrons pas qu’elles existent. Et le seul moyen de le savoir, c’est de permettre aux femmes de parler sans peur d’être punies ou sanctionnées. » (Introduction)

« Le clitoris est pur par définition. C’est le seul organe du corps humain fait purement pour le plaisir. Le clitoris n’est qu’une simple boule de nerfs. Huit mille terminaisons nerveuses, pour être tout à fait précis. C’est la plus forte concentration de terminaisons nerveuses qu’on puisse trouver dans tout l’organisme. Plus que le bout des doigts, plus que les lèvres, plus que la langue et deux fois plus, je dis bien DEUX FOIS PLUS que le pénis. Alors, je vous le demande : qui voudrait d’un fusil à un coup quand on a en sa possession une mitraillette ? » (Réalité sur le vagin)

« Mon vagin a réussi à faire un gros bébé. J’espérais qu’il recommencerait. Et puis non. À présent il veut voyager. Il n’a pas envie de voir trop de monde. Il veut lire, connaître des choses, sortir davantage. Il veut faire l’amour. Il adore faire l’amour. Il veut aller au bout des choses. Il a soif de profondeur. Il veut faire des fouilles archéologiques, remonter aux sources. Il veut de la tendresse. Il veut du changement. Du silence et de la liberté et des baisers doux et des humidités chaudes et des caresses voluptueuses. Il veut du chocolat, être en confiance et de la beauté. Il veut hurler. Mais il ne veut plus être en colère. Il veut jouir. Il veut vouloir. Il veut… Mon vagin… Mon vagin… C’est bien simple… Il veut tout. » (Mon vagin est en colère)

« Mon vagin, village vivant, doux et chaud.
Ils t’ont envahi. Massacré.
Incendié.
Je ne peux plus te toucher.
Je ne peux plus venir te voir. J’habite ailleurs à présent.
Ailleurs. Mais je ne sais pas où c’est. » (Mon vagin, mon village)

Vous trouverez le texte intégral ici.

Mon avis sur Les Monologues du vagin

Comédiennes jouant Les Monologues du vagin au 3T

Je n’avais absolument rien lu sur cette pièce avant de la voir, car je voulais me faire mon propre avis et ne pas partir avec des a priori.

En premier lieu, j’ai été frappée par l’utilisation qui était faite du terme « vagin ». Je me suis demandé si cela n’était pas dû à une erreur de traduction (après vérification il apparaît que non), mais il était utilisé pour désigner la vulve dans son ensemble, c’est-à-dire la partie externe de l’appareil génital féminin. Dans certains monologues, il était question des lèvres et du clitoris, et ils n’étaient désignés que comme partie du « vagin ». Personnellement, cela m’a quand même fait grogner intérieurement… Cette pièce se veut féministe et parle de sujets tabous (la sexualité féminine étant très souvent occultée au profit de la sexualité masculine), mais ce n’est pas en utilisant les mauvais termes que l’on participera à une meilleure connaissance du sexe féminin ! Cela étant, passée cette première et mauvaise impression, j’ai mis de côté cet aspect pour me concentrer sur les messages véhiculés.

Sur scène, il n’y avait pratiquement pas de décor : des rideaux noirs, trois chaises de bar, deux tables hautes, des verres d’eau et des classeurs noirs. Les trois comédiennes étaient assises sur une chaise, vêtues de noir avec un accessoire de couleur rouge (une écharpe ou un bijou). Elles se levaient parfois pour interpréter certains monologues qui nécessitaient une gestuelle particulière. Ce décor dépouillé et ces tenues neutres permettaient de donner davantage d’importance au texte et à l’anonymat des témoignages. On pouvait ainsi facilement s’identifier à ces femmes qui ont témoigné, rire de leurs expériences heureuses ou compatir à leurs souffrances.

Pendant la représentation, je suis passée par beaucoup de sentiments différents : certains passages m’ont fait pleurer de rire, d’autres m’ont attristée au plus haut point (j’ai versé une petite larme, je l’avoue), d’autres encore ont suscité chez moi la surprise, le doute, le dégoût, la révolte. Les monologues évoquent des histoires de femmes très différentes, et il y a des passages dans lesquels chaque spectatrice se reconnaît certainement.

Je suis sortie de la salle conquise. Cette pièce m’a énormément touchée, que ce soit dans les moments amusants ou dans ceux beaucoup plus dramatiques. Je trouve qu’il est important de parler de la sexualité des femmes sans tabou et c’est bien ce que cette pièce fait.

Cependant, pour apprécier Les Monologues du vagin, je pense qu’il faut quand même être assez ouvert·e d’esprit et à l’aise avec le thème de la sexualité. Si ce n’est pas votre cas, il est fort probable que vous soyez gêné·e par certains termes crus et surtout par le passage célébrant l’orgasme féminin dans toute sa diversité et sa grandeur… Je déconseille donc cette pièce à un public trop jeune et non averti.

Si vous êtes une femme, le spectacle prendra certainement davantage son sens puisque vous pourrez comprendre ce que certaines de ces femmes évoquent. Si vous êtes un homme, je pense que vous pourrez apprécier la pièce pour ce qu’elle est (le texte, la performance des comédiennes), mais il vous manquera des références et les souvenirs intimes que cela peut faire remonter. Cependant, cela fera peut-être écho à ce que des femmes vous ont raconté, à des expériences que vous avez eues avec elles, ou encore cela vous permettra de mieux comprendre ce qu’elles peuvent ressentir. Parmi mes amis venus avec moi, il n’y avait qu’un seul homme ; il a trouvé la représentation agréable, sans plus. Je ne sais pas ce qu’il en est des autres hommes présents dans la salle. Néanmoins, une de mes amies n’a pas vraiment été conquise par cette pièce… Votre genre ne déterminera donc pas du tout votre ressenti et votre appréciation des Monologues du vagin.

 

C’est la fin de cette présentation de la pièce Les Monologues du vagin et de mon avis de spectatrice. Aviez-vous déjà entendu parler de cette pièce ? Cet article vous a-t-il donné envie de la voir ? Donnez-nous votre avis en laissant un commentaire.

Sonatine

Sources texte

Sources images

2 réflexions sur “Les Monologues du vagin, une pièce d’Eve Ensler”

  1. Je n’avais pas entendu parler de cette pièce avant de lire cet article, et maintenant ça m’intrigue ! Je trouve les convictions et les contraintes imposées par l’auteur déjà très parlantes et les extraits donnent envie d’en savoir plus sur l’intégralité de la pièce. C’est bien que ce genre de thématique puisse trouver un lieu où le public peut les entendre, ça ne peut que faire évoluer les mentalités !

     
  2. Si jamais tu as l’occasion de voir cette pièce, n’hésite pas alors ! 😀
    Et je suis totalement d’accord avec toi, c’est important que ces thématiques soient abordées

     

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