Mort d’une jument d’endurance, L’Eremita di Gallurn, à Compiègne

Notez cet article :

Le mondial d’endurance de Compiègne se déroulait entre le 23 et le 25 mai derniers. Quelques jours plus tard, une nouvelle se répand : une jument y est morte. Que s’est-il passé ? Qui est en cause ? Est-ce courant en endurance ? Les premiers résultats arrivent, mais toute la lumière n’est pas encore faite sur cette affaire.

mondial endurance compiègne 2014 où est morte L'Eremita di Gallurn

Mort d’une jument, L’Eremita di Gallurn, au mondial d’endurance de Compiègne : contexte 

Ce décès suspect a eu lieu au cours de l’épreuve CEIO*** (Concours de raids d’Endurance International Officiel), une course de 160 km (la plus longue distance possible à parcourir sur une journée en épreuve d’endurance), au Festival mondial d’endurance qui se déroulait à Compiègne. 

Cette épreuve avait un enjeu particulier puisque le résultat était important pour être sélectionné aux Jeux Équestres Mondiaux, qui se dérouleront en Normandie fin août-début septembre prochain. Ainsi, de nombreuses écuries et cavaliers se sont inscrits à la dernière minute et la pression était à son comble pour les participants et les organisateurs. En effet, le site des Jeux Équestres Mondiaux indique que « pour être qualifié aux Jeux Équestres Mondiaux, un cavalier doit avoir parcouru en couple avec le même cheval au moins une fois la distance de 160 km dans les 24 derniers mois » . Ainsi, certains cavaliers ont peut-être tenté leur chance au dernier moment. 

Mondial endurance compiègne 2014 où est morte L'Eremita di Gallurn

La jument décédée le 23 mai s’appelait L’Eremita di Gallurn et elle portait, pendant la compétition, le numéro 74. Elle avait 10 ans et appartenait à une écurie des Émirats Arabes Unis. C’est le Français Sébastien Miermont qui la montait. 

Quelques jours plus tard, la jument a été envoyée à Maison-Alfort afin d’être autopsiée. Les résultats ont révélé qu’elle était morte d’une rupture d’anévrisme (rupture de la paroi d’une artère, souvent fatale). Même si cela peut arriver et n’est pas prévisible, la polémique sur le traitement des chevaux d’endurance était lancée : la pression exercée sur la jument était-elle trop importante ? Son repos entre deux compétitions trop court ? Le stress dû aux changements d’écurie a-t-il contribué à cette rupture d’anévrisme ? Les organisateurs de la compétition, les juges, les vétérinaires et le cavalier auraient-ils dû agir autrement ?

Mort d’une jument, L’Eremita di Gallurn, au mondial d’endurance de Compiègne : responsabilités 

Les premiers témoignages venant de spectateurs évoquaient un animal très affaibli après la course, qui risquait de tomber à chacun de ses pas et avait besoin d’une personne de chaque côté pour le maintenir debout. La jument a été éliminée de la compétition avant la fin de l’épreuve, après la deuxième boucle, les vétérinaires ayant détecté des problèmes métaboliques. 

Ainsi, ce sont initialement les vétérinaires qui ont été mis en cause, sous prétexte qu’ils auraient repéré trop tard le problème et qu’ils auraient dû réagir plus rapidement, en interdisant la jument de concourir ou en l’arrêtant plus tôt. En réponse, plusieurs d’entre eux ont rédigé une lettre ouverte (disponible intégralement ici) dans laquelle ils se défendent. 

Mondial endurance compiègne 2014 vétérinaire où est morte L'Eremita di Gallurn

Ils évoquent tout d’abord les nombreuses inscriptions de dernière minute qui ont été enregistrées et qui n’ont pas permis aux organisateurs de se préparer. Ainsi, les effectifs en termes de juges, de vétérinaires et de commissaires (chargés, selon le règlement officiel de la FFE, des points d’accueil, du chronométrage, des secrétaires vétérinaires, de la pesée des concurrents, de la sécurité, des aires de contrôle anti-dopage…) étaient trop faibles pour travailler dans de bonnes conditions. Malgré cela, ils ont procédé à de nombreuses éliminations, faisant au mieux leur travail dans les conditions qui leur étaient imposées, même si cela n’écarte jamais tous les risques. 

Les vétérinaires mettent aussi en cause des pratiques relevant de la tricherie. En effet, certains participants n’hésiteraient pas à contester les décisions prises par les juges ou les vétérinaires afin de les pousser à autoriser la poursuite de la course, rendant leur travail pénible et mettant en danger leurs chevaux. Malgré cela, les conditions de course sont très surveillées et le nombre de chevaux morts en compétition baisse, ce qui rend compte d’un effort soutenu des organisateurs pour éviter les drames. 

Les cavaliers et écuries du groupe 7 (auquel appartiennent des pays tels que les Émirats Arabes Unis, le Qatar, le Koweït ou le Bahreïn) auraient une mentalité très compétitrice, ne se contentant pas d’une bonne performance personnelle, mais cherchant à tout prix à gagner, quitte à mettre en péril la vie de leurs chevaux. 

Les vétérinaires n’ont pas les moyens de surveiller constamment le cheval : le rôle du cavalier et de l’équipe est essentiel pour assurer un bon entraînement, des rations adaptées, détecter une fatigue ou des anomalies particulières avant, pendant et après la compétition et être à l’écoute du cheval pendant la compétition (gérer son effort, le soulager quand c’est nécessaire…). Cependant, il s’avère que dans ce cas, la jument serait passée récemment par plusieurs écuries et que son cavalier ne l’aurait rencontrée que la veille, il leur était donc difficile de concourir dans des conditions optimales d’écoute entre la jument et le cavalier. 

Finalement, même s’il est difficile d’établir clairement des responsabilités, ce décès est un coup dur pour la compétition. Il ne s’agit que du second décès qui a eu lieu au mondial d’endurance de Compiègne, le premier étant celui d’un cheval qui a éjecté son cavalier et s’est ensuite cassé la jambe en s’enfuyant. Ainsi, même s’il n’y a pas de responsabilité directe des organisateurs de la compétition, le sénateur-maire de la ville de Compiègne a décidé de ne plus autoriser Nicolas Wahlen à programmer d’autres épreuves dans cette ville, bien qu’il ait été jusqu’alors l’organisateur de ce mondial d’endurance.

Mort d’une jument, L’Eremita di Gallurn, au mondial d’endurance de Compiègne : image de l’endurance

Suite à ce drame, c’est surtout l’image des épreuves d’endurance qui a été ternie. En effet, en plus du décès, certaines photos de chevaux très maigres prises pendant le mondial d’endurance ont circulé sur Internet. Ainsi, les équidés avaient les côtes, les hanches et la colonne vertébrale bien visibles. De nombreux internautes ont pu voir les images et exprimer leur écœurement, évoquant un traitement proche de la maltraitance. 

Cheval endurance maigre mondial endurance Compiègne où est morte l'eremita di gallurn

Les organisateurs et professionnels de l’endurance ont tenté de se justifier, en affirmant que la lumière (la photo étant prise à contre-jour) contribuait à cette impression de chevaux très osseux. De plus, tout comme les marathoniens peuvent être maigres, les chevaux d’endurance sont de grands sportifs et peuvent être très minces. Dans tous les cas, des contrôles vétérinaires sont organisés avant, pendant et après l’épreuve afin de surveiller l’état du cheval et l’arrêter au besoin. 

La seconde grande question qui ressort de cette polémique est le comportement de certaines écuries ou certains cavaliers, parfois peu respectueux du règlement ou de leurs chevaux. Ainsi, les abus de certains pays comme les Émirats Arabes Unis tout comme les soupçons de dopage font craindre des problèmes de traitement des chevaux. Une pétition a été lancée il y a quelques mois par Jean-Louis Tosque, un cavalier d’endurance, pour augmenter les contrôles anti-dopage et protéger les équidés.

L’objectif est que des mesures soient mises en place avant les Jeux Équestres Mondiaux qui se rapprochent. Ils se dérouleront en août-septembre en Normandie, l’épreuve d’endurance aura lieu plus particulièrement au pied du Mont-Saint-Michel. C’est l’équipe organisatrice du mondial d’endurance à Compiègne qui en sera responsable. Pour de nombreuses personnes, il est nécessaire que d’ici là, des mesures soient mises en place pour garantir la sécurité du cheval, son respect et celui du règlement.

Ainsi, de nombreuses polémiques entourent l’endurance ces derniers temps. Qui est, selon vous, responsable du décès à Compiègne ? Pensez-vous que le traitement réservé au cheval soit moins bon en endurance que dans d’autres disciplines ? N’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires !

Ursuline

Sources texte :

 – compiegne-endurance.com

 – courier-picard.fr : 1, 2 et 3

 – cheval-savoir.com

 – leparisien.fr

 – cavadeos.com

Sources images :

 – Image 1

 – Image 2

 – Image 3

 – Image 4

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut