Vers l’intégration de l’e-sport aux Jeux olympiques ?

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Ces dernières années, l’e-sport a pris une place importante dans notre société et des joueurs sont même devenus professionnels. Ce loisir cherche aujourd’hui à être reconnu et l’une des plus grandes reconnaissances dans le milieu du sport eserait d’être intégré au programme des Jeux olympiques. Peut-on imaginer que l’e-sport devienne une discipline olympique ? Je vous propose quelques éléments de réponse dans la suite de cet article !

L’e-sport et la professionnalisation des joueurs

L’e-sport ou sport électronique se définit comme la pratique d’un jeu vidéo sur un ordinateur ou une console. Comme les sports traditionnels, certains se disputent en équipe tandis que d’autres sont individuels. Cela peut donc regrouper un très grand nombre de jeux.

Il y a tout d’abord les jeux de simulation sportive, qui peuvent être de tennis, de course, de combat ou de football pour les plus courants. Certains jeux proposent aussi un regroupement de plusieurs sports : c’est par exemple le cas de Wii Sports sur la Wii, qui est en tête du classement des jeux les plus vendus dans le monde avec plus de 82,5 millions d’exemplaires écoulés. Mais le e-sport peut aussi concerner d’autres jeux, comme certains basés sur la stratégie (StarCraft) ou arène de bataille (c’est-à-dire où plusieurs équipes se battent pour essayer de conquérir ou détruire les structures adverses, comme dans League of Legends), tir à la première personne (c’est-à-dire où le joueur est le tireur, comme dans Call of Duty ou Counter-Strike).

Aujourd’hui, presque tous les jeunes, de l’adolescence jusqu’à 30 ans, ont au moins un support de jeu vidéo (console de salon ou portable, ordinateur, tablette, smartphone…) et passent du temps dessus. C’est pour atteindre ce public, qui se désintéresse souvent des supports classiques de publicité (journaux, magazines, télévision…), que les marques ont commencé à sponsoriser des gamers et à en faire de vrais professionnels.

Cette pratique de sponsoring s’est développée en même temps que la création d’écoles d’e-sport, comme la Paris Gaming School. En effet, les compétitions sont de plus en plus importantes, elles rassemblent des joueurs du monde entier et les prix commencent à atteindre des sommes impressionnantes (jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros de récompense).

Les joueurs professionnels peuvent gagner entre 2 000 et 3 000 € brut par mois en moyenne en France. Ces salaires sont encore bien plus élevés dans des pays comme la Corée du Sud et pour les meilleurs joueurs (le Français le mieux classé à Counter-Strike, un jeu de tir, a gagné plus de 100 000 € en 2016). Les transferts de joueurs entre équipes se monnayent aussi, le record a été battu en 2017 par Niko sur Counter-Strike qui a été acheté pour 500 000 $, des pratiques qui s’approchent de celles qui existent dans les sports traditionnels.

Le-sport se professionnalise et pourrait intégrer le programme des Jeux olympiques

Les revenus provenant du jeu vidéo auraient même dépassé ceux du sport traditionnel, s’élevant à 149 milliards de dollars en 2017, ce qui contribue à asseoir la légitimité de l’e-sport comme loisir de premier plan, un argument de poids pour que le Comité International Olympique (CIO) étudie la possibilité de l’intégrer aux JO.

Les personnes qui pratiquent l’e-sport y voient beaucoup de similitudes avec les sports classiques : un esprit de compétition très développé, un entraînement intensif, une préparation physique indispensable, une routine dans les gestes pour se perfectionner, la présence d’entraîneurs, le débriefing sur les rencontres précédentes pour identifier les points forts ou faibles et préparer les suivantes, une démarche d’amélioration constante…

L’e-sport est donc une discipline sérieuse qui n’espère plus que la validation par les autres loisirs, en particulier sportifs. Nicolas Besombes, docteur en sciences du sport de l’université Paris-Descartes, a affirmé « Une reconnaissance par le CIO offrirait une reconnaissance sociale et une légitimité institutionnelle supplémentaire à l’e-sport et aux e-sportifs. Ce serait un signe fort de la part du monde sportif et de la société, qui ont pendant longtemps stigmatisé le jeu vidéo, l’e-sport et ses pratiquants, pour les maux dont ils seraient selon eux à l’origine : violence, addiction, isolement social, décrochage scolaire, sédentarité ».

Peut-on intégrer l’e-sport aux Jeux olympiques ?

En septembre 2017, après l’annonce du choix de Paris pour accueillir les Jeux olympiques en 2024, les spéculations ont débuté pour essayer de deviner quels nouveaux sports allaient pouvoir être intégrés au programme olympique. Parmi les propositions récurrentes, on trouvait la pétanque, le squash, le bowling et… l’e-sport !

Cette idée fait son chemin dans les esprits et bien que 2017 ait été une année sans olympiade, elle a été charnière dans les discussions concernant l’intégration de l’e-sport aux JO.

Les déclarations des membres du CIO

Le président du CIO, Thomas Bach, s’était exprimé en août 2017 au sujet de l’e-sport. Il n’avait pas exclu la possibilité de l’intégrer aux JO, mais était resté prudent sur le type de jeux qui pourraient faire partie du programme olympique, s’opposant en particulier à ceux qui montrent de la violence : « Nous voulons promouvoir la tolérance, la non-violence et la paix entre les peuples. Ces valeurs ne sont pas en accord avec les jeux vidéo trop violents où l’on retrouve des explosions, des tueries. C’est là que nous devons poser des limites. »

Il avait été rejoint dans ces propos quelque temps plus tard par Tony Estanguet, très impliqué dans la candidature parisienne pour 2024 et membre du CIO, qui avait déclaré « On doit se pencher dessus parce qu’on ne peut pas l’ignorer ».

Dans un communiqué officiel paru en novembre, le CIO avait à nouveau et de façon officielle envoyé un signe favorable à l’intégration de l’e-sport aux Jeux olympiques en déclarant qu’il « pourrait être considéré comme une activité sportive ». Cela contre un argument souvent évoqué par les opposants à l’initiative, qui affirment qu’un jeu électronique n’est pas un sport, puisque le CIO a ainsi pris position en disant qu’il s’agissait bien d’un sport.

Encore plus récemment, le CIO était partenaire d’une compétition sur Starcraft II, un jeu vidéo de stratégie, qui se déroulait à Pyeongchang quelques jours avant le début des Jeux olympiques d’hiver 2018. Un premier pas pour l’e-sport dans l’enceinte olympique.

Pour promouvoir l’e-sport auprès des athlètes, ces derniers avaient pu jouer à des jeux vidéo au sein même du village olympique de Pyeongchang, en particulier à « En route pour les Jeux olympiques ». Il s’agit d’un jeu sous licence officielle des Jeux olympiques d’hiver 2018 qui reprend les tracés et les paysages des épreuves de Pyeongchang.

Tous ces gestes d’ouverture ne sont cependant pas dénués d’intérêt de la part du CIO. De la même façon que les marques ont sponsorisé des joueurs afin d’atteindre le jeune public, le CIO doit lui aussi lancer une campagne de séduction pour reconquérir ces personnes qui délaissent les sports traditionnels et donc les Jeux olympiques. En effet, la retransmission des épreuves olympiques a enregistré une baisse de 30 % de téléspectateurs âgés de 18 à 34 ans. Cette campagne de séduction pourrait passer par l’intégration des e-sports au programme des Jeux…

Les contraintes liées à l’intégration de l’e-sport aux Jeux olympiques

L'intégration de l'e-sport aux Jeux olympiques pose certaines contraintes

La première barrière à l’intégration de l’e-sport aux JO a été évoquée par Thomas Bach et concerne le respect des valeurs olympiques. Cela implique selon lui l’incompatibilité entre les Jeux olympiques et des compétitions de jeux violents. La question ne se pose pas pour les jeux de simulation sportive qui ne présentent pas de violence et ne sont que la réplique virtuelle de sports traditionnels, mais la limite pourrait être plus floue dans d’autres cas, en particulier pour les jeux de tir.

Des règles techniques doivent aussi être définies pour que tous les athlètes participent équitablement en cas de compétition olympique. La question du dopage se pose aussi, alors que de nombreux joueurs prennent de l’Adderall (un psychostimulant) pendant les compétitions d’e-sport pour améliorer leur capacité de concentration, ce qui va contre l’esprit olympique.

L’industrie du jeu vidéo est florissante, mais elle est encore jeune. Contrairement à des sports traditionnels, elle ne présente pas une organisation claire ou des infrastructures dédiées, ce qui pourrait rendre son intégration au programme olympique compliquée. Le CIO a en particulier regretté qu’il n’y ait aujourd’hui pas d’autorité de régulation qui établirait des règles standardisées et s’assurerait du respect des règlementations olympiques concernant par exemple les paris ou la manipulation. Cependant, certaines initiatives allant dans ce sens se développent un peu partout dans le monde et sont encourageantes.

Comme les jeux les plus populaires ne sont pas libres de droits, chaque éditeur a des enjeux commerciaux à défendre dans ce secteur particulièrement concurrentiel, ce qui rend difficile la création d’une fédération unique qui permettrait de définir le jeu, le support ou encore le matériel à retenir pour intégrer le programme olympique.

Malgré cela, les acteurs de la discipline tentent de s’organiser. Ils ont reçu le soutien du Conseil olympique d’Asie qui a annoncé le que l’e-sport sera présent aux Jeux asiatiques de 2022 organisés à Hangzhou, en Chine. Un bon moyen de prouver au CIO que l’e-sport peut se structurer et intégrer une grande compétition multisport. Peut-être une répétition générale avant de rejoindre les Jeux olympiques ?

Et vous, pensez-vous que l’e-sport pourra intégrer le programme olympique ? Quelles sont selon vous les difficultés que cela présenterait ? Quel e-sport aimeriez-vous voir aux Jeux olympiques ? N’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires !

Ursuline

Sources texte :

esport.canal.fr

etudiant.lefigaro.fr

lemonde.fr

lequipe.fr

numerama.com

tvanouvelles.ca

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4 thoughts on “Vers l’intégration de l’e-sport aux Jeux olympiques ?”

  1. JustOneAlien

    Un article très intéressant ! Personnellement, j’ai hâte que l’e-sport devienne plus présent en Europe, alors si son intégration aux jeux olympiques est validé, je pense que ça pourrait donner un coup de pouce aux équipes françaises qui doivent se déplacer sur d’autres continents pour pouvoir vivre de l’e-sport !

     
  2. Merci pour ton commentaire JustOneAlien !

    De mon côté, je me demande un peu comment ça se ferait, je suis assez intriguée ! Je pense qu’il faudrait que j’assiste à une compétition pour me rendre un peu compte. Pour le moment j’aurais l’impression que la technologie a une trop forte influence (bien que ça soit aussi déjà le cas dans d’autres sports quand on y pense !)

     
  3. J’ai aussi hâte que ça arrive en France ! C’est original mais après tout c’est une activité comme une autre !

     
  4. Bonjour,
    Je tenais à vous féliciter pour votre article sur l’intégration du sport aux Jeux Olympiques. Vous avez mis en avant l’importance de l’ouverture d’esprit et de la diversité dans le sport, et j’ai trouvé cela très inspirant. J’aimerais savoir ce que vous pensez de l’intégration de sports moins connus aux Jeux, tels que l’escalade ou le skateboard ? Pensez-vous que cela pourrait amener un nouveau public et une nouvelle dynamique aux Jeux Olympiques ? Merci pour votre article intéressant et stimulant.

     

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