Le dopage en compétition, le cas saoudien.

Notez cet article :

De multiples cas de dopage sont détectés chaque année dans le monde du sport. En équitation, ce sont généralement nos amis les chevaux qui en font les frais. Savez-vous concrètement en quoi consiste le dopage équestre ? Avez-vous entendu parler de cas de dopage en équitation ? Je vous propose de voir dans cet article ce problème épineux pour les sports équestres.

Le dopage

Qu’est-ce que c’est ?

« Il est interdit d’administrer ou d’appliquer aux chevaux et aux poneys, au cours des compétitions et manifestations sportives ou en vue d’y participer, des substances ou procédés de nature à modifier artificiellement leurs capacités ou à masquer l’emploi de substances ou procédés ayant cette propriété ou susceptible de porter atteinte à leur santé. »

Voila une définition des plus importantes du règlement général des compétitions de la Fédération Française d’Equitation ! Tout le monde a une vague idée de ce qu’est le dopage en équitation : booster les chevaux pour améliorer leurs performances. Cependant, cet aspect n’est qu’une part infime des pratiques de dopage rencontrées dans le sport équestre. En effet, il existe de nombreux autres procédés interdits et considérés comme du dopage.

Les méthodes utilisées

Les anti-inflammatoires dans le dopage équestre :

Les anti-inflammatoires sont prohibés et peuvent être très dangereux pour les chevaux. En effet, ils sont injectés à l’animal sous forme de gélules ou de crème et ils masquent une douleur. Ceci est très nocif pour les montures puisque, ne sentant pas la douleur, ils forcent sur leurs articulations et risquent donc d’accroître leurs lésions.

Les stimulants et excitants dans le dopage équestre :

Toute forme d’excitants et de stimulants est aussi bannie de la compétition : ces derniers font croire au cheval qu’il est capable de fournir beaucoup plus d’efforts qu’à l’accoutumée. Cependant, les conséquences post-compétitions sont assez lourdes puisque le cheval risque de dépasser ses limites sur le plan musculaire et articulaire et donc de se faire mal. Sans compter qu’il s’agit d’une manière totalement artificielle d’obtenir des performances et qui peut également conduire les chevaux à des états de stress intenses. De même, les tranquillisants sont interdits, même s’ils sont moins nocifs pour le cheval. Ceux-ci sont souvent utilisés pour désavantager un concurrent présent pendant des courses et pour obtenir un cheval calme et posé en dressage.  Ainsi, les compétiteurs de dressage ont un cheval avec des allures naturelles et souples, ce qui est recherché lors des concours.

L’hypersensibilité dans le dopage équestre :

Un cheval est qualifié d’« hypersensible » lorsque, après des tests thermiques, il est remarqué que ses tendons par exemple sont chauds. En plus de ce test, les vétérinaires touchent les membres à certains endroits et observent la réaction du cheval. Si elle est démesurée, il y a probablement un cas d’hypersensibilité. En effet, une crème peut être appliquée sur les membres du cheval pour le rendre plus sensible quand il touche les barres. Ayant peur de se faire mal, il est obligé de faire attention et de forcer pour que ses membres ne touchent pas l’obstacle. Cet acte de maltraitance n’est évidemment pas toléré en compétition.

 

 Carricature.

 

Le dopage du cavalier en équitation :

En équitation, le sportif aussi peut se doper. Cependant, cette pratique est bien évidemment illégale. Comme dans de nombreux sports, les stimulants sont interdits.

Un cavalier malade doit être très vigilant et remplir un formulaire indiquant que sa prise de médicaments est purement thérapeutique. En effet, de simples antidépresseurs sont suspects en compétition. Il est donc important de spécifier qu’ils sont prescrits par un médecin suite à une maladie/dépression.

 Le dopage technique :

Il existe une autre sorte de dopage : le dopage technique (en opposition au dopage chimique).  Ainsi, aucun médicament n’est administré dans l’organisme du cheval et tout se fait pendant l’exercice. Le fait de serrer des bandes posées sur les membres du cheval, par exemple, est une technique qui consiste à rendre le cheval plus sensible quand il touche l’obstacle. Ainsi, ayant peur de toucher la barre et de se faire mal, le cheval lève plus haut ses membres et ne fait pas tomber les barres.  D’autres méthodes comme les barres à clous ou les barres électriques sont basées sur le même système et sont complètement interdites . Cependant, ce type de dopage est beaucoup plus difficile à déceler, nous verrons les raisons plus bas en nous penchant sur les moyens de contrôle du dopage.

Les moyens de contrôle du dopage équestre

Un cheval peut être contrôlé par des tests d’urine, de salive ou des prises de sang. Si ces tests sont positifs, le cheval et son cavalier sont dans l’interdiction de concourir et des sanctions seront attribuées au cavalier et aux personnes ayant soutenu le dopage. Le cavalier est passible d’un simple avertissement à une suspension de sa licence allant de plusieurs mois à plusieurs années. Une fois le cas positif décelé, l’analyse du cheval en question est envoyée à la FEI et les sanctions sont prises.

Cependant, dans certains cas, un dopage peut être involontaire. En effet, une herbe présente dans le paddock du cheval et étant considérée comme dopante peut être détectée lors d’un contrôle. Il est alors assez difficile de prouver l’innocence du cavalier.

Le dopage technique est plus compliqué à déceler puisqu’aucune substance n’est injectée dans l’organisme du cheval. Les chevaux sont donc régulièrement surveillés pendant leur détente en carrière. En effet, certains entraîneurs n’hésitent pas à barrer leurs chevaux en public ! De plus, un cheval qui saute très au dessus des barres est suspect et son cavalier est surveillé de plus près. Le dopage n’est malheureusement pas présent qu’en compétition d’obstacles et sévi dans toutes les disciplines équestres (cross ou dressage, courses hippiques, polo, endurance…).

Des cas de dopage dans le milieu professionnel équestre

Même de grandes icônes de l’équitation ont dopé leurs chevaux pour être avantagées. De quoi en décourager plus d’un à les supporter, puisqu’ils salissent l’image de l’équitation !

Par exemple, Cian O’Connor a été impliqué dans une affaire de dopage puisque son cheval Wateford Crystal a été contrôlé positif. On lui a retiré sa médaille d’or en individuel lors des Jeux olympiques d’Athènes. Médaillé de bronze en individuel aux Jeux olympiques de Londres, on ne peut qu’espérer qu’il n’ait pas triché cette année !

D’autres grands champions comme Rodrigo Pessoa ou Denis Lynch ont été impliqués dans des affaires de dopages, un scandale pour les passionnés.

La jument Sapphire, appartenant à McLain Ward, a été disqualifiée de la coupe du monde FEI Rolex pour cause d’hypersensibilité.

Le cas saoudien

L’histoire d’Al Eid et d’Al Sharbatly

Les deux cavaliers Khaled Al Eid et Abdullah Al Sharbatly ont été suspendus huit mois par la FEI (fédération équestre internationale) le 23 mai 2012. La cause ? Leurs chevaux ont été contrôlés positifs. C’est à ce moment que s’effondrent la joie et l’espoir d’une médaille pour de nombreux saoudiens passionnés. Ils sont exclus des Jeux olympiques… Jusqu’en juin où les cavaliers déposent un recours devant le Tribunal arbitraire du sport.  À l’issu du recours, les deux cavaliers d’obstacles ne sont finalement sanctionnés qu’à deux mois d’arrêt, soit une levée de sanction de six mois ! Cette décision leur offre ainsi la possibilité de participer aux J.O !

Alors qu’Abdullah Al Sharbatly se prépare au voyage, Khaled Al Eid ne sera pas présent, car Presley Boy, son cheval, est victime de coliques. Comme quoi tout se paie. Ou plutôt tout ne peut pas se payer (et la maladie en fait partie). Cette crise de colique est-elle survenue suite à une injection de produits nocifs ? Tant de questions dont les réponses restent en suspend…  De plus, la revue à la baisse de la punition reste suspecte pour de nombreux cavaliers. En effet, l’Arabie Saoudite fait partie des pays les plus riches du monde. Des accusations sont donc lancées contre la FEI, la soupçonnant de favoriser ses sources de revenu plutôt que la santé des chevaux.

Les performances des Saoudiens aux J.O

Le cavalier rescapé passe la première épreuve qualificative avec brio et permet donc à son équipe de disputer la médaille de l’épreuve de CSO par équipe. Il sort de la première manche avec un double sans faute, ce qui place son équipe dans le haut du classement. Enfin, l’équipe saoudienne termine à la troisième place du podium, une grosse surprise pour tout le monde.

Abdullah Al Sharbaty ne s’est pas qualifié pour disputer la première place en CSO individuel, qui s’est déroulée le mercredi 8 août. Il termine finalement 51e ex æquo avec l’Egyptien Karim El Zoghby.

Abdullah Al Sharbaty

L’équitation connaît un réel succès dans la société. Les performances et par conséquent l’argent deviennent des enjeux de plus en plus importants pour les sportifs de haut niveau.

À cause de cela, certains sont même disposés à faire du mal à leurs montures. Il est alors temps de remettre en question le monde de la compétition et de changer les mentalités. C’est pourquoi les comités (FEI, FFE), les associations de lutte anti-dopage et anti-maltraitance animal et certains cavaliers professionnels s’assemblent pour faire de la prévention et montrer ce qu’est la vraie équitation.

Et vous, que pensez-vous de ces pratiques ? Selon vous, comment empêcher ou limiter le dopage ?

 

Initiale

Sources texte :

 Cheval-web

Fr.london

Journal du cheval

Poneys de sport

JPrequi

 

Sources images :

Image 1

Didierbarlogis

 Highoffleystud

 

 

 

4 thoughts on “Le dopage en compétition, le cas saoudien.”

  1. Très intéressant comme article! Malheureusement le dopage touche beaucoup de sports et terni l’image de ces sports.
    Je trouve ces pratiques vraiment décevantes. Comme faire passer la santé de sa monture après les résultats? Comment gacher à ce point l’image et l’esprit sportif?
    Je ne sais pas comment empêcher ou limiter le dopage. Je pense que des sanctions très dissuasives et des tests plus réguliers (je ne sais pas si actuellement tous les chevaux sont surveillés, si c’est uniquement en cas de podium/bon classement) pourrait aider dans ce sens…

     
  2. Super article !
    Je me demandais, est-ce qu’il n’y a pas aussi des dopages (du cheval) destinés à favoriser le développement musculaire ou la production de globules rouges… comme chez les humains ?
    Sinon, l’article pointe du doigt le haut niveau mais j’avais entendu dire que c’était pas mieux chez les simples amateurs, malheureusement. Peut-être pas en % de chevaux dopés mais il y a moins de contrôles et j’avais lu quelque part que les produits utilisés pouvaient l’être de façon plus systématique ou avec des cocktails détonants >< Si quelqu'un a plus d'infos sur le sujet, ça m'intéresse 🙂
    Je ne vois pas trop comment limiter le dopage, c'est comme pour tous les sports, c'est une affaire de sous et de volonté des fédérations. Les contrôles coûtent cher et assainir notre sport pourrait être un manque à gagner important (songez : si plein de grands cavaliers sont exclus des compétitions et qu'en plus le public se détourne d'un sport qui prend d'un coup une sale image avec tous les cas de dopages révélés…)

     
  3. Super article !
    Malheureusement, tous les sports sont concernés par le dopage 🙁
    J’avais entendu que le dopage n’était pas si utile que cela, surtout dans le milieu du cyclisme … Comme quoi, les coureurs gagnaient 2 km/h … pas énorme en fait …
    Et je rejoins Ursuline. Où est l’esprit sportif ? 🙁 Gagner est le seul but maintenant … même au dépend de la santé par exemple …
    Pour limiter le dopage, je ne vois aucunes idées … Des tests fréquents ? Systématiques ? Plusieurs fois dans l’épreuve (avant / après ) ?

     
  4. Ursuline, merci pour ton commentaire ! (: Des sanctions plus fortes pourraient peut-être effectivement diminuer le taux de dopage … A tester !

    Eejil, hélas je ne peux pas te renseigner sur ce point, mais je serais curieuse de savoir ! Et merci d’avoir commenté (:

    Antivirus, c’est vrai que cela n’est pas phénoménal, mais c’est toujours avantageux pour le sportif (sauf dans le cas où il passe un contrôle positif !!) C’est vraiment dommage de perdre cet esprit sportif, effectivement …. Merci de ton commentaire ! 🙂

     

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