Parfois, grâce à notre éducation, on connaît mieux Blanche-Neige que Chihiro. Mais le cinéma japonais a beaucoup à dire ! À l’occasion de la ressortie au cinéma de Mon voisin Totoro, j’ai eu envie de vous parler plus en détail de ce film d’animation considéré comme un chef d’œuvre de l’animation japonaise et plus largement du cinéma d’animation dans le monde !
Fiche technique de Mon voisin Totoro
Comme vous l’aurez compris, Mon voisin Totoro (Tonari no Totoro dans sa version originale) est un film d’animation réalisé par Hayao Miyazaki et produit par le studio Ghibli, sorti au Japon le 16 avril 1988 et qui dure 86 minutes.
Il sera diffusé pour la première fois en France en 1992, à l’occasion du Festival du cinéma pour enfant de Corbeil-Essonnes, avant de sortir dans toute la France en… 1999 ! Eh oui, plus de 10 ans après la sortie dans son pays d’origine.
Le réalisateur de Mon voisin Totoro, Hayao Miyazaki, est également le fondateur du studio de production Ghibli.
Miyazaki est né en 1941 à Tokyo, au Japon. Il commence sa carrière aux studios Toei en 1963 comme intervalliste : il dessine alors les illustrations manquantes entre deux dessins « clés », afin de rendre l’animation fluide.
Entre 1971 (quand il quitte le studio Toei) et 1985 (année de création du studio Ghibli), il réalisera pour différents studios plusieurs séries animées. Pendant cette période, il rencontrera un reporter, Toshio Suziki, qui écrira régulièrement sur le travail de Miazaki pour des magazines. Les deux amis commencent à discuter de plusieurs projets, et c’est ainsi que naîtra le projet de Nausicaä de la vallée du vent, également développé en manga papier. Le manga sera d’ailleurs récompensé l’année de sa sortie, en 1982, par les lecteurs du magazine mensuel japonais Animage. En 1984, grâce au succès de la série de mangas, le film adapté sortira enfin en salles.
Le succès de l’adaptation cinématographique de Nausicaä permet à Miyazaki de fonder le Studio Ghibli en 1985. Le château dans le ciel, second film produit par le studio, sortira en 1986. La consécration pour Miyazaki arrivera en 1988 avec la sortie de Mon voisin Totoro !
Les succès s’enchaîneront alors avec, pour n’en citer que quelques uns : Kiki la petite sorcière (1989) ; Porco Rosso (1992) ; Princesse Mononoké (1997) ; ou encore Le Château ambulant (2006).
Vous l’aurez compris, Hayao Miyazaki est un maître de l’animation. Ses œuvres sont tout aussi accessibles aux enfants qu’aux adultes. Au Japon, il est considéré comme l’égal d’Osamu Tezuka (mangaka, animateur, character designer, producteur, scénariste d’anime qui a dessiné plus de 170 000 pages pendant sa carrière) et en Occident, on le compare souvent à Walt Disney. Totoro est d’ailleurs devenu la mascotte du studio Ghibli, et elle apparaît sur son logo au début de chaque film. Totoro est de loin le personnage Ghibli le plus populaire, à l’instar de Mickey Mouse pour Disney !
Synopsis de Mon voisin Totoro
Satsuki, dix ans, et Mei, quatre ans, déménagent avec leur père à la campagne, proche de la ville de Tokyo. Leur mère, touchée par la tuberculose, est hospitalisée dans une ville voisine. Les deux petites filles découvrent leur nouvelle maison, vieillotte et qu’elles croient hantée. Effectivement, elles vont être témoins de plusieurs faits étranges, comme l’apparition de petites bestioles assimilables à de la suie et appelées « noireaudes ».
Leur maison se trouve à proximité d’un immense camphrier. Pour l’anecdote, sachez que le camphrier est l’arbre emblématique de la ville de Hiroshima puisqu’il a été le premier, avec le Ginkgo biloba, à avoir repris après le bombardement atomique.
Cet arbre va jouer un rôle important dans le film car il s’agit de l’endroit où vit un étrange voisin (mais très gentil), Totoro, ainsi que d’autres gentilles bêtes, comme un chat-bus ou des petits Totoro-like…
Le film nous montre donc la vie quotidienne de ces deux petites filles qui vivent difficilement la distance avec leur mère et qui vont partager de belles aventures avec leurs voisins surnaturels…
Analyse de Mon voisin Totoro
Mon voisin Totoro fait définitivement office de référence dans le cinéma de Hayao Miyazaki : le réalisateur explore souvent les mêmes thèmes et en particulier ceux du rapport entre les humains et la nature, l’écologie et la technologie, ainsi que la difficulté de rester pacifiste dans un monde en guerre. Les protagonistes de ses films sont le plus souvent de jeunes filles ou des femmes fortes et indépendantes.
Ce long métrage ne fait pas exception à la règle puisqu’il aborde des thématiques fortes, malgré le fait qu’il soit adapté aux jeunes enfants, contrairement à d’autres films comme Le tombeau des lucioles, sorti en même temps et clairement pas adapté aux tout-petits.
Tout d’abord, le surnaturel est lié à la nature et surtout à une vision du monde qui est différente selon les individus. Au début du film, lorsque les premiers éléments « étranges » font leur apparition, on peut penser que les deux petites filles les imaginent de A à Z. Rapidement, un personnage nous précise qu’elle a déjà eu l’occasion de les apercevoir lorsqu’elle était enfant : on est donc face à un univers tout entier qui n’est visible que par les enfants. Totoro est présenté comme le protecteur de la forêt et il est d’ailleurs appelé ainsi par Mei de l’anglais « troll », des êtres naturels protecteurs et habitants des forêts et campagnes, comme le père le dit lui-même.
Finalement, durant tout le film, les éléments surnaturels (visibles par les fillettes) et le sens commun (la vision des adultes) se mélangent, on voit ça particulièrement lorsque les actions de Totoro ont une vraie influence sur le monde réel (il vole au dessus de la population et cela fait du vent), mais aussi des autres animaux sortis de l’imagination du réalisateur (comme l’épi de maïs déposé à l’hôpital par le chat-bus).
La religion est également au centre du film, car, malgré ce que l’on pourrait croire, ce long métrage est incroyablement complexe du fait des nombreuses références, généralement peu connues en Occident. En effet, le bouddhisme, provenant de Chine, et le shintoïsme, provenant du Japon, font partie intégrante du film. Concernant le bouddhisme, il est symbolisé principalement par une statue de Jizo que l’on aperçoit lorsque les petites filles s’arrêtent devant son autel. Cette statuette de Jizo, présente en 6 exemplaires à d’autres moments du film, représente un dieu protecteur des enfants malades et qui accompagne les âmes des enfants décédés avant leur parent.
Le shintoïsme, quant à lui, est beaucoup plus représenté dans ce film. Tout d’abord, le camphrier proche de la maison de la famille est considéré comme le protecteur du village, il est d’ailleurs entouré d’une corde rouge appelée « shimenawa », ce qui coïncide avec la présence de Totoro qui est censé être le gardien de la forêt. De plus, on aperçoit des tori, les « portes » rouges qui permettent d’accéder à un lieu de culte et qui sont un des nombreux symboles du Japon. On peut également distinguer une représentation du dieu Inari, symbolisé sous forme de statue d’un renard : initialement, Inari est le dieu des céréales, puis des fonderies et du commerce, ainsi que le gardien des maisons.
On a également l’opportunité de se rendre compte de la vie rurale au Japon, des rapports humains et du lien avec les aînés… C’est très intéressant de voir la culture japonaise et particulièrement le lien entre ville et campagne (le père de famille va travailler à Tokyo tous les jours).
Mon avis sur Mon voisin Totoro
Je n’ai pas grandi avec les films des studios Disney, mais avec les films du studio Ghibli. J’ai donc vu Mon voisin Totoro plus souvent que Le Roi Lion. Alors lorsque j’ai appris que le film était diffusé partout en France, j’ai foncé dans mon cinéma pour avoir l’honneur de le revoir sur grand écran !
Passée la petite larmichette d’émotion lorsque le générique a commencé, j’ai profité du film comme à mes 6 ans ; je l’ai vu avec mes yeux d’enfant, la nostalgie en plus. Vous vous en doutez, j’ai été très heureuse et émue de pouvoir profiter de Totoro sur grand écran, d’autant que depuis mes six ans, j’ai pu voyager deux fois au Japon et j’ai pu être beaucoup plus sensible à la culture japonaise. Néanmoins, je pense que sans cette donnée nostalgique, le film peut ne pas plaire à certains adultes. Il est vrai que ce long métrage d’animation plaira énormément aux enfants, car il est drôle, émouvant et c’est surtout un magnifique conte dans lequel l’enfance est au centre du récit ! En revanche, il est possible que certaines personnes aiment moins la naïveté assez pure et « simple » que le film nous renvoie. Étant à la place des enfants, nos interrogations d’adulte peuvent ne pas avoir de réponse : sachez donc lâcher un petit peu de lest et permettez-vous de retrouver un regard d’enfant pour profiter pleinement du film !
Mon conjoint ne l’avait jamais vu et il a adoré.
Je n’ai pas évoqué en détail la musique de Joe Hisaishi, qui permet une parfaite immersion dans l’histoire et qui sait être émouvante, drôle ou stressante aux moments où il le faut : comme dans beaucoup de films d’animation pour les enfants, le son joue un rôle central dans la compréhension puisque les tout-petits s’immergent plus facilement grâce à la musique !
Pour conclure, je ne peux que vous conseiller de visionner Mon voisin Totoro si vous n’avez pas eu l’occasion de le voir plus tôt, car au-delà d’un beau film qui n’a pas pris une ride, cela reste un grand classique du cinéma d’animation japonais et un film mythique de Hayao Miyazaki.
Et vous, avez-vous vu Mon voisin Totoro ? Qu’en avez-vous pensé ? Quel est le film qui vous replonge dans votre enfance ? Dites-nous tout dans un commentaire !
Audy-kun
Sources texte
Sources images
2 thoughts on “Mon voisin Totoro : retour sur un film culte”
J’adore ce film/manga. Je crois que je le regarde au moins une fois par an, d’ailleurs je pense que je vais le regarder bientôt et le faire connaitre à ma fille. Vous m’avez donné envie avec cet article
J’ai beaucoup aimé ce film aussi! Je crois qu’il n’y a pas un film d’Hayao Miyazaki que je n’ai pas aimé en fait! ^^