Lorsqu’un cheval est atteint de fourbure, il est important de réagir extrêmement rapidement. En effet, c’est une pathologie qui peut se développer en seulement quelques heures, qui est particulièrement douloureuse et qui peut laisser des séquelles à vie si elle n’est pas bien traitée. Dans les cas les plus critiques, elle peut même entraîner la mort, ce qui en fait la 2e cause de mortalité chez les chevaux, juste après la colique. Qu’est-ce que la fourbure ? Comment la reconnaître et la traiter ? Y a-t-il des moyens de l’éviter ? Toutes les réponses se trouvent dans cet article !
La fourbure du cheval, qu’est-ce que c’est ?
Les causes de la fourbure du cheval
La fourbure peut avoir différentes origines, mais toutes aboutissent à un problème de circulation du sang dans le pied du cheval.
La clé pour comprendre cette pathologie réside dans l’anatomie du pied. Ce dernier est constitué des lamelles internes et des lamelles externes qui adhèrent ensemble, permettant au sabot de rester lié au reste du membre. Ainsi, la structure globale du pied est assurée et tous les composants internes (troisième phalange, tendons, ligaments) du sabot sont maintenus ensemble.
La fourbure est le plus souvent associée à un problème vasculaire, c’est-à-dire une mauvaise circulation du sang. Il y a une inflammation des lamelles externes du sabot. Cela provoque la formation d’un œdème à l’intérieur du sabot, entraînant une mauvaise irrigation en sang et donc un mauvais apport en nutriments et en oxygène. Finalement, les lamelles se désolidarisent. Les composants internes ne sont donc plus correctement structurés et la troisième phalange peut bouger sous le poids du cheval ou des pressions exercés lors du déplacement.
Deux autres origines ont été identifiées, mais sont moins courantes :
– une cause enzymatique : dans ce cas, le cheval produit des facteurs qui peuvent provoquer la perte d’adhésion des lamelles. Il peut s’agir par exemple de toxines libérées par le cheval lorsqu’il est malade ;
– une cause mécanique : en cas d’effort particulièrement intense ou de surcharge, les membres peuvent subir de multiples traumatismes aboutissant parfois à la perte d’adhésion des lamelles du pied.
Les facteurs de risque de la fourbure du cheval
Plusieurs facteurs peuvent favoriser le déclenchement d’une fourbure chez le cheval.
La première cause est l’alimentation.
En effet, si celle-ci est quantitativement trop importante (en particulier concernant l’apport en grains, en blé, en orge et en avoine), une fourbure peut rapidement se déclarer. Un cheval qui aurait échappé à l’attention de ses propriétaires et qui se serait glissé dans la réserve à grains pour manger tranquillement risque de présenter les premiers symptômes seulement 12 à 18h après son festin.
De même, une alimentation en quantité équilibrée, mais trop riche peut avoir la même conséquence. Ainsi, lorsque les chevaux sont mis au pré au début du printemps et que l’herbe y est très grasse et abondante, de nombreuses fourbures sont déclarées.
Le surpoids, en particulier lorsqu’il arrive au stade de l’obésité, est donc un facteur de risque important. En effet, il entraîne une sollicitation plus grande des membres et les fragilise.
La seconde chose qui peut augmenter le risque de fourbure est le travail.
S’il est trop intense et sur un sol particulièrement dur (comme la route par exemple), il va entraîner des traumatismes répétés aux pieds et être à l’origine d’une perte d’adhésion mécanique des lamelles. Les chevaux pratiquant l’endurance sont donc souvent touchés par une « fourbure d’exercice ».
De même, le surmenage des chevaux provoque un épuisement et une usure plus importante des pieds. Cela peut aussi être à l’origine de la fourbure.
Le troisième facteur de risque concerne les infections ou les maladies qui provoquent la libération de toxines dans l’organisme du cheval. Ces molécules peuvent avoir une action au niveau du pied et déclencher une fourbure de cause enzymatique.
C’est ce qui arrive par exemple lorsque la jument expulse mal le placenta après le poulinage. Les débris provoquent une infection de l’utérus qui libère des toxines. Une fourbure liée au poulinage peut alors se déclencher.
De même, des chevaux souffrant de désordres endocriniens ou ayant des défenses immunitaires réduites sont sensibles à ce genre de fourbure.
La fourbure peut aussi se déclencher suite à des facteurs plus rares :
– après un traitement à base de corticoïdes ;
– après avoir bu de l’eau très froide alors qu’il fait chaud ou que le cheval a fait un travail intense ;
– lorsqu’un cheval ne pose pas du tout un pied (s’il se l’est fracturé par exemple), il peut déclencher une fourbure de non appui à l’autre pied, qui supporte tout le poids.
Les chevaux touchés par la fourbure
Tous les chevaux peuvent être atteints de fourbure. Quels que soient leur âge, leur sexe, leur race, l’intensité de leur exercice physique, aucun équidé n’y est insensible.
Les prédispositions évoquées précédemment font que certains ont davantage de risques de déclencher une fourbure, comme les chevaux d’endurance, ceux en surpoids et les percherons (ces équidés sont sujets aux problèmes de poulinage et leurs membres sont très sollicités et donc fragiles).
Quels que soient les chevaux, ils peuvent être atteints par deux types de fourbures très différentes :
– le type aigu : c’est la première crise qui est visible, elle est soudaine et très douloureuse pour le cheval, puisqu’il a une grosse inflammation du pied. Cette fourbure se déclenche souvent suite à une maladie sévère, à un effort trop intense ou à un excès alimentaire. Il est essentiel de la repérer et la traiter rapidement pour éviter les séquelles ;
– le type chronique : il est déclaré lorsque la douleur est persistante ou s’il y a rotation de la troisième phalange. Il résulte souvent de maladies difficiles à traiter qui provoquent un dérèglement hormonal (cause enzymatique) ou d’une fourbure aigüe mal soignée (lamelles fragilisées et donc moins adhérentes).
Les symptômes de la fourbure du cheval
La majorité des symptômes cliniques de la fourbure sont liés à la douleur ressentie par le cheval. La première chose qu’on remarque, si la maladie n’est pas à un stade trop avancé, est une boiterie intense de l’équidé, et qui évolue rapidement. Le cheval semble « marcher sur des œufs ».
Ensuite, le cheval fera ce qu’il peut pour se soulager.
Dans le cas le plus courant, ce sont les deux antérieurs qui sont touchés, et l’équidé adopte une position très reconnaissable : il ramène ses postérieurs sous son corps et avance au maximum ses antérieurs. Comme les membres avant supportent habituellement 60% du poids du cheval, cette position en transmet une grande partie aux postérieurs.
Lorsqu’un seul membre est touché, le cheval aura surtout tendance à ne pas s’appuyer dessus. Il aura une démarche très bancale, et il est important de vérifier les autres symptômes pour éliminer les autres causes possibles de boiterie.
Finalement, quand les quatre membres sont touchés, l’équidé restera couché sur le flanc et refusera de se mettre debout.
Les autres symptômes de la fourbure sont les suivants :
– la respiration et le rythme cardiaque sont tous les deux rapides ;
– le cheval transpire souvent et a parfois de la fièvre ;
– les pieds touchés sont souvent chauds et très douloureux. La région de la pince (lorsqu’on voit le pied du dessous, c’est la partie la plus externe) est particulièrement sensible, le vétérinaire peut faire un test en essayant de la pincer avec un outil. En cas de réaction, il pourra en déduire la douleur ressentie par le cheval.
Dans le cas de fourbures chroniques, il n’y a plus d’inflammation du pied, à part en cas d’une crise aigüe. La douleur n’est pas très intense, mais elle est continue. De plus, le sabot adopte une forme plus concave, car la maladie perturbe sa croissance. Des hématomes ou des abcès peuvent également apparaître au niveau de la ligne blanche (zone entre la sole et la paroi).
Sans aucun traitement, la situation peut rapidement dégénérer. Tout d’abord, la troisième phalange peut basculer. Si elle n’est pas arrêtée, elle peut perforer la sole du sabot, le cheval ne peut plus du tout poser le pied par terre.
Il peut aussi y avoir un écoulement de sang au niveau de la couronne (zone de contact entre le bas du membre et le sabot), qui est le signe que le sabot commence à se désolidariser du membre. Sans soin, le cheval peut complètement perdre son sabot, ce qui engage grandement son pronostic vital. Une fois arrivé là, les équidés sont euthanasiés, car la douleur est trop importante et les chances de survie avec un sabot en moins sont très faibles.
Les traitements de la fourbure du cheval
La première réaction à avoir est d’appeler un vétérinaire ! Il faut le faire le plus tôt possible, dès que vous voyez les premiers symptômes, voire idéalement dès que vous suspectez une fourbure, même s’ils n’y a pas de signes cliniques. En effet, lorsqu’ils apparaissent, ils indiquent déjà que le cheval souffre et que l’altération du pied est avancée.
Avant l’arrivée du vétérinaire, vous pouvez mettre votre cheval au box. Faites en sorte qu’il ait un sol souple et qui offre un bon soutien si vous pouvez le déplacer. Pour cela, remplacez la litière par du sable ou offrez-lui une grosse épaisseur de paille. Ne lui donnez pas trop d’eau ou de nourriture, mettez-lui simplement du foin à disposition. Si ses sabots sont chauds, vous pouvez tester la cryothérapie : mettez les pieds dans des bains d’eau froide pour soulager la douleur.
S’il ne veut pas se lever pour aller jusqu’au box, ce n’est pas grave, laissez le cheval où il est, ne le forcez jamais à bouger. En effet, vous risqueriez de le crisper et de lui faire encore plus mal. Il risque alors de rétracter ses tendons du pied, ce qui tirerait sur la troisième phalange et favoriserait son basculement.
À son arrivée, le vétérinaire administrera sûrement des anti-inflammatoires pour diminuer l’œdème dans le pied afin de rétablir la circulation. Il pourra agir sur le confort du cheval en lui donnant aussi des anti-douleurs. Lors d’une crise aigüe, le vétérinaire peut conseiller de l’aspirine, afin de favoriser la circulation du sang.
Parfois, d’autres soins peuvent être préconisés par les professionnels. Par exemple, des radiographies sont parfois nécessaires pour vérifier la position de la troisième phalange.
Dans le cas de fourbure chronique, un travail important avec le maréchal-ferrant doit être amorcé. Ce dernier peut proposer plusieurs solutions :
– des soins et un parage des pieds particuliers, pour stimuler la pousse de la corne afin d’améliorer le confort du cheval lors de ses déplacements et vérifier qu’il est bien équilibré ;
– une ferrure spéciale afin de soutenir le cheval et lui éviter d’avoir à s’appuyer sur les zones les plus sensibles.
Pour le traitement à plus long terme, sachez qu’il existe des préparations de granulés ou de céréales conçus spécialement pour les chevaux atteints de fourbure, afin de mieux contrôler leur apport alimentaire. De plus, plusieurs plantes soulagent la douleur et l’inflammation : les feuilles de cassis ou de groseillier, les feuilles de bouleau blanc, l’ail, le pissenlit, les feuilles de saule…
Réduire les risques de fourbure du cheval
Si un cheval a déjà eu une fourbure, il risque d’en avoir d’autres au cours de sa vie. En effet, les lamelles de ses pieds sont plus fragiles, elles peuvent donc plus facilement être endommagées et ne plus adhérer, ce qui causerait une nouvelle fourbure.
Pour l’éviter, il est donc important de garder en tête les principales causes de fourbure et de les éliminer au maximum de l’environnement du cheval.
Le premier facteur est l’alimentation. Il est important de limiter l’obésité des chevaux et de favoriser leur exercice physique. Ainsi, vérifiez régulièrement que les rations sont adaptées et surveillez la prise alimentaire de votre équidé. Quelques conseils généraux :
– faites en sorte que le lieu de stockage des aliments (grain, blé, orge, avoine…) ne soit jamais accessible ! Il suffit d’une seule fois où le cheval avale tout ce qu’il peut pour qu’il déclenche une fourbure en quelques heures ;
– si l’herbe du pré est très grasse, laissez-y votre cheval un temps limité ou mettez-lui un panier sur la bouche afin de limiter l’ingestion d’herbe ;
– des plantes peuvent favoriser la circulation sanguine et donc prévenir la fourbure. C’est le cas par exemple des orties séchées, qui peuvent être ajoutées à la ration quotidienne.
Après le travail, pensez à donner de l’eau tiède (et pas de l’eau froide) à votre cheval pour qu’il se réhydrate. Évitez de tout lui donner en une seule fois. Privilégiez plutôt de lui proposer plusieurs fois un peu d’eau. De même, lorsqu’il fait très chaud, vérifiez que votre cheval a toujours de l’eau à disposition : cela lui évitera de se précipiter dessus si vous lui en proposez de temps en temps.
Lorsque la fourbure est liée à une maladie, utilisez les traitements disponibles pour la soigner ou en limiter les effets. De même, après une mise bas, vérifiez l’expulsion de tout le placenta et surveillez la jument : si elle a des signes d’infection dans les 12 heures suivant la naissance du poulain, c’est probablement une fourbure.
C’est sur ces conseils que s’achève cet article sur la fourbure. Connaissiez-vous l’origine de cette maladie ? Y avez-vous déjà été confronté ? Comment avez-vous réagi ? Dites-nous tout dans un commentaire !
Ursuline
Sources texte :
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La première où j’ai entendu parler de cette maladie, c’est en jouant sur Monchval.com xD Et j’étais loin d’imaginer que cela puisse être aussi grave (et gore !), ça fait vraiment froid dans le dos 🙁
Je ne connaissais pas du tout cette maladie ! Enfin si, juste de nom, mais je ne connaissais pas les symptômes ou les soins à apporter ! Cet article m’a été très instructif !
Article très instructif qui nous permets d’etre vigilants et de reconnaitre les signes de la fourbure !
Merci
La fourbure est une maladie courante, beaucoup pense qu’un cheval maigre c’est de la mal traitante mais d’un côté un cheval trop gras n’est pas mieux à cause des maladies qui peuvent survenir