Le daltonisme

Notez cet article :

Le mot « daltonisme » n’est sûrement pas un mot inconnu à votre vocabulaire. Il s’agit bien de ce trouble qui donne une vision des couleurs différente de celle de personnes non-atteintes ; mais comment est-ce que cela fonctionne ? Qui est touché ? Est-ce irrémédiable ? Lisez cet article, et les réponses vous sauteront aux yeux !

Qu’est-ce que c’est ? 

Explications générales 

Une personne daltonienne est quelqu’un qui perçoit mal certaines couleurs, ce qui entraîne des confusions. On parle aussi de « dyschromatopsie » (mauvaise vision des couleurs). Contrairement à ce qu’on peut croire, le cerveau n’y est pour rien dans cette histoire ! Les anomalies viennent uniquement de l’œil. Ce dernier ne reçoit pas comme il faut la lumière renvoyée par les objets. Ce trouble est héréditaire, donc remerciez vos parents (ou au moins votre mère, nous le verrons plus loin) si vous êtes daltoniens ! Pourtant, il existe une infime probabilité pour que l’origine du daltonisme soit une maladie (oculaire ou générale) comme le diabète ; dans ce cas seulement, le trouble peut s’accentuer au fil du temps.

Dans le monde, le daltonisme concerne 8 % des hommes et 0,5 % des femmes. On trouve donc environ 2 670 000 daltoniens en France et 458 000 en Belgique.
Le mot « daltonisme » n’a bien sûr aucun lien avec les frères Dalton. En revanche, c’est le physicien anglais John Dalton, lui-même atteint de ce trouble, qui a donné son nom au daltonisme au XVIIIe siècle.

Explications scientifiques

Avant de nous lancer dans des explications approfondies, voici quelques notions à avoir : la vue est possible entre autres grâce à la présence des cônes et des bâtonnets dans notre rétine (le fond de l’œil), qui sont des cellules photoréceptrices (qui captent la lumière). Ces cellules envoient ensuite un signal électrique au cerveau, en fonction de l’énergie lumineuse reçue, ce qui nous permet de « voir » ce que nous avons devant les yeux.

• Les cônes permettent de voir les couleurs : certains « captent » le rouge (cône L), d’autres le vert (cône M) et d’autres le bleu (cône S). Ils sont situés sur la partie centrale de l’œil, la perception des couleurs étant limitée en vision périphérique. Ils ne reçoivent les informations sur la couleur que lorsqu’il y a assez de lumière.

• Les bâtonnets sont responsables de la vision des formes, de notre vision périphérique et de notre vision nocturne, cette dernière étant constituée uniquement de nuances de gris (« La nuit, tous les chats sont gris. »).

Ce sont donc les cônes de la rétine qui sont touchés chez les personnes daltoniennes, mais ces dernières peuvent voir sans problème les formes ou même évaluer les distances.

Le daltonisme regroupe beaucoup de troubles différents : certains daltoniens sont monochromates, c’est-à-dire qu’ils ne voient qu’une couleur, en l’occurrence, le noir et ses nuances ; d’autres sont dichromates, donc ils perçoivent la couleur de deux des trois couleurs rouge-vert-bleu ; pour finir, les personnes trichromates voient les trois couleurs citées. Une personne avec une vision « normale » est donc un trichromate normal, alors qu’un daltonien qui perçoit mal une de ces trois couleurs est un trichromate anormal.

Vision normale – Vision d’un protanope

Vision normale – Vision d’un deutéranope

Vision normale – Vision d’un tritanope

Qui est touché ?

Les hommes et les femmes 

Peut-être avez-vous entendu que les femmes ne pouvaient pas être daltoniennes… Eh bien, c’est faux ! Les probabilités sont plus faibles que chez les hommes, mais rien n’est impossible.
Comme dit auparavant, le daltonisme est un trouble héréditaire ; la cause est génétique, donc elle provient des chromosomes.
Pour ceux qui auraient quitté il y a longtemps les cours de SVT ou de biologie, nous avons tous 23 paires de chromosomes (sauf en cas de maladie chromosomique) : des paires numérotées de 1 à 22 et une paire de chromosomes sexuels. Les femmes possèdent deux chromosomes X (XX), et les hommes possèdent un chromosome X et un Y (XY). Chaque chromosome est porteur des milliers de gènes. Un gène est une source d’information génétique. Il peut exister sous différentes variantes, qu’on appelle « allèles ». Dans le cas des gènes impliqués dans la fabrication des cônes, certains allèles entraînent des défauts de perception des couleurs : ce sont les allèles responsables du daltonisme, qu’on qualifie de « déficients ». Les cônes qui détectent les couleurs rouge, verte et bleue sont codés par trois gènes différents. Les deux premiers se trouvent sur le chromosome X, et le dernier sur le chromosome 7. Cela explique pourquoi la tritanopie et la tritanomalie (« daltonisme du bleu ») touchent autant les femmes que les hommes, et pourquoi on ne les retrouve pas dans les mêmes proportions que le « daltonisme du vert et du rouge ».

En ce qui concerne le daltonisme touchant au rouge et au vert, il y a effectivement plus d’hommes daltoniens que de femmes. Lorsqu’un seul des chromosomes X de la femme porte l’allèle déficient (variante du gène), on dit qu’elle est « porteuse saine » : elle n’est pas daltonienne, mais elle a une chance de transmettre cet allèle du gène à ses enfants. Un homme est forcément atteint dès lors que son seul chromosome X porte l’allèle déficient. Vous allez tout comprendre grâce à une explication qui lie génétique et statistique.

Deux parents non-porteurs et non-atteints
Étant donné que les trois chromosomes X présents dans le couple sont sains, les parents ne peuvent pas transmettre l’anomalie à leurs enfants, quelque soit le sexe de ces derniers.

Deux parents atteints

C’est rapide : tous leurs enfants seront daltoniens.

Mère porteuse saine – Père atteint

Une fille a une chance sur deux d’être atteinte, et la même probabilité d’être seulement porteuse saine. De la même manière, un garçon a une chance sur deux d’être atteint de daltonisme, et une sur deux de ne pas l’être.

Mère saine – Père atteint

Lorsque la mère est saine, aucun des enfants ne peut être atteint de daltonisme : le père donne forcément le chromosome Y à ses garçons, donc le chromosome X, donné par la mère, est sain. En revanche, les filles sont nécessairement porteuses saines de cet allèle anormal parce qu’elles récupèrent celui de leur père.

Mère atteinte – Père sain

À l’inverse, même si c’est le seul des parents atteints, lorsque la mère est daltonienne, tous les enfants héritent de l’allèle anormal : les garçons ont 100 % de chance d’être daltoniens, et c’est la même probabilité pour que les filles soient porteuses saines de cet allèle.

Mère porteuse saine – Père sain

Dans ce cas de figure, une fille a 50 % de chance d’être porteuse saine de l’allèle déficient, et 50 % de chance d’avoir un allèle sain. Quant à un garçon, il a 50 % de chance d’être atteint, et la même probabilité d’être sain.

En conclusion, une fille n’est daltonienne que lorsque ses deux parents sont daltoniens. En revanche, un garçon a des chances d’être atteint de ce trouble à partir du moment où la mère a un de ses chromosomes X touché ; les probabilités d’être daltonien augmentent pour les garçons si leur mère est atteinte (et non seulement porteuse saine), et si le père est lui aussi atteint.
Voilà pourquoi les hommes ont beaucoup plus de chance d’être protanopes ou protanomales (rouge), deutéranopes ou deutéranomales (vert) que les femmes.

Comment dépister le daltonisme ? 

Près de 300 millions de personnes sont touchées par le daltonisme dans le monde, mais beaucoup d’entre elles ne sont pas conscientes de l’être, car, comme dit au-dessus, certains daltonismes sont très légers, et les couleurs « déficientes » ne sont pas les mêmes pour tous. Pourtant, qui n’a jamais vu une image du test d’Ishihara dans son livre de SVT ou de biologie au collège ou au lycée ? Le but de ce test est simple : vous devez réussir à lire le chiffre caché dans l’image.
De nombreux autres moyens de dépistage et de diagnostique existent ; certains sont accessibles dès l’âge de 5 ans, pour d’autres, il faut être plus vieux, car ils sont plus sophistiqués. En France, en grande section de maternelhle (5 ans), les élèves passent obligatoirement une visite médicale avec, notamment, un test visuel concernant les couleurs. D’autres examens sont à faire dans des hôpitaux si vous le souhaitez.
Le daltonisme ne demande aucun suivi médical ou visuel, donc aucun test n’est obligatoire.

La vie quotidienne

Une adaptation nécessaire 

Si vous connaissez des daltoniens (ou si vous en êtes un), on vous a peut-être déjà dit qu’il était désagréable ou vexant d’entendre « Et ça, tu le vois de quelle couleur ? Et ça ? Et ça ? ». Je vous conseille donc d’éviter ce genre de questions, car cela peut être mal pris, notamment parce qu’à cause de leur trouble de la vision, l’accès à certains emplois leur est limité ! De manière générale, ce sont les métiers du transport qui sont les plus discriminants : pilote (dans l’armée ou dans l’aviation civile), conducteur de train, chauffeur de transports en commun, etc. Ajoutons à notre liste non-exhaustive le métier de pharmacien… Pour qu’un daltonien rejoigne les rangs de ces emplois, il faut qu’il passe des tests de visions très stricts en plus de ceux demandés à tout un chacun. L’acceptation ou non de la candidature dépend de la « gravité » du trouble.
Dans la vie de tous les jours, le daltonisme peut être handicapant : acheter des vêtements devient vite compliqué lorsqu’on ne distingue pas le jaune fluo du bleu clair… Néanmoins, les daltoniens utilisent d’autres stratégies pour adapter leur vision au monde qui les entoure : pour les feux tricolores, c’est l’emplacement de la lumière qui indique la couleur du feu. Grâce au toucher, ils savent si certains fruits sont mûrs ou non. Certains préfèrent ne pas acheter de vêtements seuls. Les parents d’enfants daltoniens peuvent étiqueter toutes les couleurs de feutres et de crayons pour qu’il n’y ait pas de problème à l’école.

Pour autant, il ne faut pas croire que tous les daltoniens souffrent de la situation ; cette différence est un sujet de conversation original pour une première rencontre, vous ne trouvez pas ? Certains se découvrent une sensibilité particulière à l’art, touchant davantage aux lumières et aux nuances d’une même couleur que le ferait un trichromate normal face au même travail. Des enseignants adaptent mieux leur travail pour les élèves daltoniens, puisqu’ils sont eux-mêmes concernés par le sujet. De nombreux témoignages de daltoniens sont présents sur la toile, et je vous invite à en lire quelques-uns, si la curiosité vous en prend.

Un trouble à vie ?

On ne « guérit » pas du daltonisme ; pour l’instant, aucune chirurgie de l’œil n’a atteint cet objectif-là, et cela n’est pas non plus possible naturellement. Néanmoins, depuis peu, la technologie est aussi à leur disposition afin de percevoir les mêmes couleurs que les non-daltoniens : des lunettes sont commercialisées depuis quelques mois. L’entreprise EnChroma, spécialisée dans le daltonisme, a mis au point ces lunettes afin de « corriger » les deux types les plus fréquents de ce trouble : le protanope (sensibilité au rouge diminuée) et le deutéranope (sensibilité au vert diminuée). Cela ne concerne pas les personnes non-réceptives du tout au rouge et au vert.

Bien sûr, aucune modification à long terme n’est faite sur les cônes : ce sont les verres correcteurs qui filtrent différemment les couleurs et les font apparaître comme plus vives, plus saturées. Pour cette technologie, il faudra dépenser entre 225 € et 460 € ; attention, ces lunettes ne fonctionnent pas sur tous les daltoniens : cela dépend de la profondeur du trouble. Pourtant, ces artifices ne permettent pas à des daltoniens d’intégrer les corps de métier qui leur sont normalement limités, notamment en les saturant. Mais ça ne permet pas de recréer la couleur que nous voyons normalement.

À l’inverse, pour mieux vous rendre compte de la réalité visuelle d’un daltonien, certains logiciels de montage et de création graphique (tels que Photoshop et Gimp) proposent de modifier les couleurs d’une image en fonction du daltonisme que vous souhaitez étudier, par le biais d’un filtre de couleur préenregistré (que vous trouverez à différents endroits selon le logiciel utilisé).
De même, une application gratuite sur smartphones et tablettes (Android et iOS) est à votre disposition : Chromatic Vision Simulator (ou CVSimulator). Celle-ci permet de mettre côte à côte une image avec une vision normale, et une avec une ou plusieurs visions dichromates, comme ci-dessous (C = Commun, P = Protanope, D = Deutéranope, T = Tritéranope).

 

Voilà que s’achève cet article sur le daltonisme. Comprenez-vous comment fonctionne la transmission de ce trouble ? Avez-vous fait le test ? Êtes-vous daltonien, et avez-vous envie de témoigner sur le sujet ? Laissez un commentaire !

Gwendoline F.-R.

Sources texte

Daltonisme
Sites.google
Marc Hallonet
Wikipedia

Sources images

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2 thoughts on “Le daltonisme”

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