Le Trotteur Français

Les races de trotteurs qui peuvent briller sur un hippodrome se comptent sur les doigts d’une main. Parmi elles, nous en avons une française : le Trotteur Français. D’où vient cette race ? Quelles sont les caractéristiques de ces chevaux ? Venez en apprendre davantage dans cet article ! 

Origines du Trotteur Français 

Les origines du Trotteur Français remontent à environ deux siècles. À cette époque, il était nécessaire de sélectionner des chevaux qui pourraient être utilisés pour les transports et par l’armée. 

Encouragés par les haras nationaux, les éleveurs normands ont commencé à sélectionner des chevaux robustes, solides à partir des années 1830. Ils devaient être capables de parcourir de longues distances sans se fatiguer. Pour cela, les éleveurs ont croisé les chevaux régionaux avec des Pur-sang Anglais et Arabes. Les poulains ont ainsi, en plus de la polyvalence et de l’humeur égale des équidés normands, hérité de la vitesse, de la vitalité et de l’activité des Pur-sang.

Quelques années plus tard, les courses de trot ont rencontré un grand succès auprès du public. La première s’est déroulée à Cherbourg en 1836 et était initialement destinée à sélectionner les meilleurs reproducteurs. Par la suite, ces courses de trot sont devenues un sport très populaire. Pour répondre à cette demande particulière, les chevaux normands ont été croisés dans les années 1840-1860 avec des Norfolk roadster (une race aujourd’hui disparue), qui ont apporté une bonne aisance en trot ainsi que beaucoup de vigueur et de robustesse.

Les derniers croisements qui ont permis de façonner la race du trotteur français proviennent de chevaux spécialisés dans les courses de trot qui ont apporté une allure souple et rapide. Il s’agit de Trotteurs d’Orlov, des chevaux russes importés dans les années 1860-1900. C’est à partir de ces croisements que la race anglo-normande a commencé à se séparer en deux, pour donner d’un côté les Selle Français et de l’autre les Trotteur Français. Dans les années 1970, le Trotteur Français a été influencé par le Standardbred, une race américaine d’équidés qui lui ont apporté beaucoup de vivacité. 

Dès le début des années 1900, les Trotteur Français ont fait leurs preuves en courses. Pro Patria est le premier vainqueur du prix d’Amérique, disputé pour la première fois en 1920. Il l’a aussi remporté l’année suivante. 

Ces réussites ont aussi marqué le début d’une sélection importante. Le nom de trotteur français n’est reconnu comme étant l’appellation officielle de la race qu’en 1922. Un stud-book (un registre d’élevage répertoriant les équidés appartenant à la race) est alors créé, et seuls les chevaux Anglo-Normands capables de parcourir 1 km en moins de 1 min 42 sec pouvaient s’y inscrire. En 1937, le stud-book est fermé, pour fixer la race et ne plus pouvoir accepter de sang étranger. 

Tout ceci a permis de faire de l’élevage du Trotteur Français une mine de chevaux exceptionnels dès les années 1950. Le plus populaire est sans nul doute Ourasi, mais un article est consacré à trois autres grands champions de cette race : Uranie, Une de Mai et Jag de Bellouet. D’autres chevaux, comme Gélinotte, Roquépine ou Belino II ont aussi laissé une empreinte indélébile sur les hippodromes. 

Aujourd’hui, il y a entre 11 000 et 12 000 naissances de Trotteur Français par an, ce qui en fait la race la plus produite dans le pays. L’élevage est très concentré en Basse-Normandie (en particulier autour des haras de Saint-Lô et du Pin) et plus généralement dans le quart Nord-Ouest de la France. Il s’agit essentiellement de petits élevages qui comptent 2 ou 3 juments, et dans lesquels les propriétaires élèvent, dressent, entraînent et font courir les poulains. 

Un Trotteur réformé des courses se vend aujourd’hui entre 760 et 1 200 € environ. En sortie de course, le cheval est souvent maigre et très musclé, mais avec une alimentation adaptée et de la patience pour mettre en place un travail lent et calme, il peut rapidement retrouver la forme. 

Utilisation du Trotteur Français 

La première utilisation qui vient à l’esprit pour les Trotteur Français est bien sûr celle des courses hippiques. La race est en effet sélectionnée pour briller sur les hippodromes, que ce soit en trot monté ou attelé. 

Pour parvenir à faire carrière dans les courses, la sélection est rude. Chaque année à partir de leur 2 ans, les chevaux doivent passer des épreuves de qualification et réaliser le temps minimum imposé pour être au départ d’une course. La vitesse attendue et la distance à parcourir dépendent de l’âge du cheval, de l’avancée de la saison et du type de course (montée ou attelée), mais cette étape élimine déjà plus de la moitié des trotteurs. 

Ainsi, il n’y a finalement qu’environ un tiers des Trotteur Français qui accédera à une carrière dans les courses hippiques. Les autres, parce qu’ils ont une croissance un peu plus tardive ou qu’ils sont simplement moins rapides, doivent trouver d’autres débouchés. Pendant longtemps, beaucoup étaient purement et simplement conduits à l’abattoir. Pour limiter ce phénomène, des mesures encourageant la limitation du nombre de saillies ont été mises en place (versement d’indemnités lorsqu’une jument arrêtait d’être reproductrice, limitation de l’accès aux courses). 

Cependant, un Trotteur Français qui ne fait pas de courses n’a pas forcément une tare irrécupérable ! Contrairement aux préjugés, il est même possible de rééduquer un trotteur pour qu’il puisse galoper. En effet, le trot rapide est une allure qui lui a été apprise grâce à un entraînement intensif, mais ça n’est pas irréversible. 

Ainsi, les trotteurs peuvent être de très bons chevaux de loisirs, lors de reprises d’équitation pour le plaisir ou bien pour des balades, du TREC ou de l’attelage. En extérieur, c’est un cheval particulièrement agréable puisqu’il peut tenir un rythme rapide de 8 km/h au pas sans se fatiguer et qu’il ne se lassera jamais du trot, son allure de prédilection. Attention par contre à ne pas le laisser aller trop vite : ce trot-là est souvent très inconfortable.

C’est aussi un cheval qui peut très bien aller en club : une fois qu’il a compris le mécanisme du galop, il est facile à travailler. À l’obstacle, il fait preuve d’adresse et de courage. Il faut par contre faire attention à son rééquilibrage à l’abord d’un saut : il peut lui arriver de faire une ou deux foulées de trot avant de se lancer, mais si le cavalier se montre sobre dans ses gestes et calme, le saut se déroulera sans problème. 

Il y a une chose à laquelle il faut cependant faire attention. Les Trotteur Français sont considérés comme des chevaux de course, ils ne font donc pas partie des races de sport pouvant participer aux épreuves de la Société hippique française pour jeunes chevaux, que ça soit en concours de saut d’obstacles, en dressage ou en concours complet d’équitation. Ils ne peuvent donc pas être engagés dans toutes les compétitions hippiques. Cela dévalorise grandement la race et la rend moins attractive pour des croisements, alors que d’illustres croisements de Trotteur Français ont montré que les résultats peuvent être exceptionnels. C’est le cas de Jappeloup, qui est croisé Trotteur Français et Pur-sang. 

Standard du Trotteur Français 

Il n’y a pas de standard du Trotteur Français , mais certaines caractéristiques permettent de les identifier. 

Concernant le gabarit, il peut y avoir deux types de trotteurs français :
– un modèle plutôt petit, mesurant entre 1 m 50 et 1 m 60 au garrot, et très rapide. Il est souvent destiné à l’attelage, car son développement corporel est insuffisant pour supporter un cavalier pendant la course ;
– un modèle plus grand, entre 1 m 60 et 1 m 70 au garrot, destiné essentiellement au trot monté. 

Malgré cette différence, tous les trotteurs français sont plutôt légers, très musclés et robustes. Ils peuvent être de n’importe quelle robe simple, mais ils sont le plus souvent alezans ou bais.
La tête du Trotteur Français est rectiligne, voire légèrement busquée. Son front est large et ses oreilles longues et plutôt écartées. L’encolure est étendue et musclée.
Concernant les épaules, elles étaient plutôt droites au départ, mais elles ont évolué au fil des croisements pour être maintenant plus inclinées. Cela permet au cheval d’avoir un mouvement des antérieurs très ample et par conséquent une foulée très longue.
Le poitrail est profond et le dos est large et droit. L’arrière-main du Trotteur Français est plutôt tombante sur des cuisses très puissantes.
Les jambes sont longues et résistantes. Les pieds sont durs et puissants. 

Concernant son caractère, le Trotteur Français est courageux et volontaire au travail. Cela en fait un cheval idéal pour la monte ou l’attelage. Son grand cœur, son calme et sa générosité en font un compagnon de choix pour de nombreuses disciplines, en club ou en extérieur. C’est un cheval gentil et particulièrement respectueux qui ravira les cavaliers les moins expérimentés. Sa polyvalence, son énergie et son endurance sont des qualités qui feront que même les personnes ayant un bon niveau d’équitation ne s’ennuieront pas avec. 

Vous connaissez maintenant tout du Trotteur Français ! Après avoir découvert le Camargue et le Selle Français sur le Mag’, que pensez-vous de cette troisième race française ? Connaissez-vous un Trotteur Français ou en avez-vous déjà monté un ? Savez-vous s’il a participé à des courses ? Dites-nous tout dans un commentaire !

Ursuline

Sources texte :

– Les chevaux du monde – éditions Atlas – collection Atlas Nature – Le trotteur français (p. 88)

– Cheval 150 races – édition Larousse – collection L’oeil nature – Le trotteur français (p. 147)

– Maxi fiche Cheval Star janvier 2007 – Le trotteur français

– cheval-français.eu

– haras-nationaux.fr

Sources images :

– Image 1

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– Image 3