Nombreux sont les cavaliers impressionnés par les concours de haut niveau : saut d’obstacles, dressage, cross, TREC, endurance … Il y en a pour tous les goûts. Mais il existe des concours beaucoup plus saisissants qui sont, selon moi, plus spectaculaires : les concours para-équestres.
À l’occasion des Jeux olympiques 2012, laissez-moi vous emmener dans le monde des cavaliers para-équestres. Assez mal connu, ce monde gagne peu à peu en notoriété. Qui sont-ils ? Que font-ils ? Qui sont les Français retenus pour les Jeux olympiques 2012 ? Et qu’est-ce que le para-équestre ? Vous saurez tout dans cet article.
Qu’est-ce que les para-équestres ?
Le para-équestre est un monde particulier. Les cavaliers sont atteints de handicaps multiples. La majeure partie du temps il s’agit de personnes amputées, tétraplégiques, paraplégiques, handicapées moteurs, malvoyantes ou non voyantes. Voir un cavalier amputé des bras diriger son cheval avec les dents sur une reprise de dressage difficile est une expérience assez déconcertante qui bouscule beaucoup de certitudes.
Il existe plusieurs disciplines de para-équestre, la plus connue étant le dressage. Cette discipline, devenue la discipline officielle des Jeux paralympiques en 1996, est d’ailleurs la seule reconnue par la Fédération Équestre Internationale.
Cependant, on rencontre souvent deux autres disciplines dans ce milieu : l’attelage et le saut d’obstacles. Moins courantes que le dressage et plus difficiles à mettre en place, elles se trouvent actuellement dans une phase ascendante et les compétiteurs espèrent bientôt les voir devenir disciplines des Jeux paralympiques, elles aussi.
Par ailleurs, afin de garantir une totale équité, les cavaliers de para-équestre sont classés par niveau de handicap, un certificat complet de santé leur étant demandé. Ils sont ensuite soumis à un test de classification dont les résultats sont donnés par des classificateurs internationaux. Les cavaliers seront par la suite répartis selon leur capacité à se mouvoir et selon leurs résultats au test dans le niveau 1 ou le niveau 2 (la classification est commune à l’international). Le niveau 1 est souvent donné aux handicaps les plus lourds. Cette méthode permet à tous les cavaliers d’avoir une chance d’atteindre leurs objectifs puisqu’ils concourront face à des personnes évoluant au même niveau.
Para-équestre : qu’est-ce qu’un grade ?
Le para-équestre est divisé en 5 grades qui regroupent chacun une catégorie de handicap. S’il est actuellement très difficile d’attribuer un handicap à un grade fixe, c’est parce que des cavaliers peuvent se retrouver en face de personnes possédant un handicap totalement différent du leur, puisqu’ils sont sélectionnés selon les résultats obtenus au test de classification. Les grades sont donc, de nos jours, seulement à titre indicatif, ce qui veut dire qu’un handicap de grade 1, peut très bien se retrouver répertorié dans le grade 2.
Le grade 1 est séparé en deux parties : le grade 1A et le grade 1B.
Le grade 1A est constitué de cavaliers tétraplégiques ne pouvant utiliser aucun de leurs quatre membres ou de cavaliers ayant une mobilité très réduite des bras et des jambes. C’est donc le grade le plus « lourd » physiquement. Les personnes placées dans cette catégorie ne font que des reprises au pas, leur résistance physique ne leur permettant pas de tenir aux autres allures.
Le grade 1B, lui, répertorie les personnes paraplégiques et des cavaliers atteints d’une faiblesse plus ou moins élevée dans les quatre membres, ce qui veux dire qu’ils possèdent tout de même le tronc assez mobile et équilibré, leur permettant ainsi de tenir au pas, mais aussi au trot assis.
Le grade 2 regroupe les cavaliers aux déficiences localisées d’un seul côté, par exemple paralysés du côté gauche, et à mobilité réduite, voire inexistante, au niveau du tronc. Les reprises se déroulent au pas et au trot pour ce grade-là. Par contre le galop peut être accepté, contrairement aux deux grades précédents où il était obligatoirement exclu.
En ce qui concerne le grade 3, il est constitué de personnes qui peuvent, en règle générale, marcher ou qui ont une mobilité réduite d’un côté de leur corps. Ce grade regroupe aussi des altérations motrices importantes des membres supérieurs, des amputés fémoraux et des non-voyants. Leur reprise se fait aux trois allures et demande aussi un certain niveau technique.
Le grade 4 rassemble les cavaliers amputés au niveau du tibia et les personnes ayant une vue relativement mauvaise. Tout comme le grade précédent, les trois allures sont présentes dans la reprise, et les techniques à mettre en place sont plus poussées que dans le grade 3.
Les cavaliers para-équestres français aux Jeux olympiques 2012
À l’occasion des Jeux olympiques de Londres 2012, je vais vous présenter les cavaliers para-équestres français sélectionnés. Ils sont sept, se trouvant dans les grades, 1A, 1B, 3 et 4 ; le grade deux ne sera donc pas représenté par les cavaliers Français.
En grade 1A nous trouvons Thibault STOCLIN, jeune cavalier de 23 ans. Il possède un handicap moteur de 80% depuis la naissance, ce qui équivaut à une utilisation réduite de ses membres. Thibault s’est découvert une passion pour l’équitation et, malgré son jeune âge, il a déjà été quatre fois champion de France para-équestre. C’est sur son cheval Nice Guy, un hongre alezan de 17 ans, que le cavalier évoluera durant la reprise de dressage.
Le grade supérieur, le 1B, est représenté par Valérie SALLES, une femme de 38 ans, ancienne jockey de courses de haies devenue handicapée suite à une chute à 22 ans. Après son accident, elle reprend l’équitation et intègre en 2002 l’équipe de France para-équestre. Elle montera Menzana d’Hulm, un hongre anglo-arabe bai âgé de 12 ans. Sa propriétaire, Dorothée BOISSELIER, est très fière de leurs résultats. En effet, ce couple formé depuis très peu de temps a pourtant terminé à la deuxième place du concours para-équestre de dressage international de Mannheim le 6 mai dernier. Ils laissent donc entrevoir de beaux espoirs pour les Jeux.
Le grade 3 sera le plus représenté puisque quatre cavaliers concourent dans cette catégorie.
Louise STUDER, cavalière de 23 ans, sera associée à Vallanttieno*ENE-HN, un hongre de 9 ans, propriété de l’école nationale d’équitation. Ensemble depuis fin 2011, ils terminent premier à la coupe des nations de janvier 2012.
José LETARTRE, cavalier expérimenté de 48 ans, est né avec des jambes non développées ; il porte donc des prothèses depuis son plus jeune âge. Se découvrant une passion pour l’équitation, José Letartre décide de prouver qu’un handicap n’empêche pas de vivre. Il s’engage alors dans des concours para-équestre de dressage, mais aussi de CSO. Il est sacré champion du monde à Arrhus en 1999. Pour les Jeux, il sera en selle sur Warina*ENE-HN, une jument hanovrienne noir pangaré de 11 ans, et il espère, cette fois-ci, arriver dans le top 3, après avoir fini quatrième en 2000 et cinquième en 2004.
Vladimir VINCHON, âgé de 34 ans, est un ancien jockey professionnel. Un terrible accident de la route a obligé les médecins à l’amputer de la jambe droite. Il a surmonté son handicap et a repris l’équitation, raflant de nombreux prix tel que le CPEDI de Cervia où il a fini premier en reprise libre, reprise imposée et coupe des nations en novembre 2011. Pour les Jeux de 2012, il montera sur Flipper d’or*ENE-HN, hongre selle français bai de 19 ans appartenant à l’école nationale d’équitation.
Adib EL SARAKBY est le dernier cavalier concourant dans cette catégorie. Il est atteint d’une hémiplégie droite. Il baigne dans le milieu équestre depuis son enfance puisque sa mère l’emmenait en balade dès l’âge de 8 ans. Il a été sacré triple champion de France de dressage et il déroulera sa reprise sur Regent du Melceney *ENE-HN, un hongre selle français bai de 7 ans appartenant aussi à l’école nationale d’équitation.
Nathalie BIZET sera la seule cavalière à représenter le grade 4. Cavalière de 45 ans, souffrant d’une déficience visuelle depuis sa naissance, elle est passionnée par les chevaux depuis son plus jeune âge : « Toute petite, je ne jouais qu’avec des soldats et des chevaux et j’adorais faire des tours de poney ». Elle entre dans l’équipe de France para-équestre en 1991 et obtient une médaille d’argent aux championnats de France la même année ; elle a décroché en tout ce titre 21 fois. C’est sur sa jument Rubica 3, alezan brulé de 14 ans, qu’elle espère atteindre son objectif qu’est le top 5 lors des Jeux.
Ces sept cavaliers laissent bon espoir à la France pour décrocher des médailles. Comment évolueront-ils ? La France sortira-t-elle gagnante des Jeux paralympiques 2012 ? Tout cela, nous le saurons en observant leurs exploits à partir du 13 août !
Coconut Tree
Sources texte :
http://www.chevalmag.com/Actualites/Sports/Valerie-Salles-brille-en-Allemagne
Sources images :
Image 1 : http://cgerny.celeonet.fr/
Image 2 : http://cgerny.celeonet.fr/
Image 3 : http://cgerny.celeonet.fr/
Image 4 : http://cgerny.celeonet.fr/
4 thoughts on “Les cavaliers para-équestres aux Jeux olympiques 2012 !”
C’est vrai que c’est impressionnant à voir! Ceux qui m’impressionnent le plus ce sont les personnes qui sont devenues handicapées suite à un accident, et qui montrent une telle capacité d’adaptation pour remonter et avancer.
Une petite chose manque selon moi: j’aurais adoré voir une vidéo de ces performances!
En tout cas l’article est très intéressant, et je trouve ça super de faire un peu plus connaitre les jeux paralympiques et ces disciplines équestres! Merci pour l’article!
Wahou, c’est impressionnant ! Je pense que je vais regarder les épreuves à la télévision (parce que comme Ursuline, j’aurai aimé voir une vidéo ^^).
Il doit y avoir une telle complicité entre le cheval et le cavalier !!
L’article est très intéressant en tout cas, et richement illustré et de ce fait, agréable à lire !
Merci à vous de vos nombreux commentaires ça fait plaisir de voir que se que l’on écrit vous plait !
Je suis d’accord pour la vidéo, mais je n’en ai trouvé que très peu et en plus on voyait très mal, on ne voyait de différence entre les cavaliers non handicapés :/
Je découvre seulement maintenant cet article, très intéressant !
Pour les vidéos, il y avait eu un reportage sur Equidia (pour ceux qui n’ont pas cette chaîne, vous pouvez regarder les programmes sur Equidiawatch.fr) où on voyait comment se passait l’entraînement, les compétitions etc… c’était vraiment super ! J’espère qu’ils le repasseront.
Sinon j’ai vu des compétitions de saut d’obstacle, c’est vraiment impressionnant ! J’espère que cette discipline arrivera un jour aux JO 🙂
Voilà, pour l’instant pas de médaille française, mais il reste encore des épreuves 😉