L’écurie active, une nouvelle façon d’héberger les chevaux

L'écurie active propose aux chevaux des zones de pâturage
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Le cheval est un animal grégaire qui vivait initialement dans les vastes steppes. Malgré les changements de comportement liés à la domestication, il a conservé de ses origines le besoin d’interactions sociales avec d’autres équidés et celui de s’occuper à chercher de la nourriture en se déplaçant sur de longues distances.

Depuis les années 2000 et la mise en évidence de l’influence du logement sur le bien-être animal, des écuries visant à mieux respecter les besoins des chevaux se développent : les écuries actives. Revenons dans cet article sur ce nouveau concept.

Qu’est-ce qu’une écurie active ?

Le plus souvent, les écuries proposent uniquement un hébergement en box, en pré (individuel ou collectif) ou une combinaison des deux aux équidés. Cette solution présente l’inconvénient d’isoler les équidés, de les contraindre dans leurs déplacements et de leur imposer deux à trois repas par jour. Des études scientifiques ont mis en évidence que cela peut avoir plusieurs conséquences sur les chevaux : problèmes comportementaux, troubles psychologiques, maladies respiratoires ou digestives…

Le principe de l’écurie active est de limiter au maximum ces contraintes exercées par l’hébergement sur le cheval. Cela passe par plusieurs éléments :

  • les équidés vivent en groupe dans un espace clos divisé en plusieurs zones (alimentation, repos…) afin de respecter leur instinct grégaire et de leur permettre d’avoir des interactions sociales avec leurs congénères ;
  • les chevaux peuvent se déplacer dans plusieurs aires différentes de façon autonome, on estime d’ailleurs qu’ils parcourent environ 10 à 15 000 m en écurie active contre 300 m en box ;
  • l’alimentation est automatisée et gérée par un distributeur ce qui permet de diviser les rations en portions plus petites que le cheval pourra déguster tout au long de la journée selon ses envies.

Organisation de l’écurie active

https://www.youtube.com/watch?v=JHnZCZjIflY

Une écurie active se compose de plusieurs espaces, tous reliés, au sein desquels les chevaux peuvent se déplacer librement. Une grande variété de stimulations (troncs, murs, espaces verts, clôtures, pierres à sel, brosses de grattage…) peuvent être installées dans chaque zone pour que le cheval puisse s’occuper et s’isoler plus ou moins du groupe.

Hormis les espaces de pâturage qui se trouvent en périphérie de l’écurie, toutes les zones sont habituellement revêtues d’un sol drainant et antiglisse (en dalles de stabilisation, qui peuvent ensuite être recouvertes de sable par exemple). Cela permet un entretien mécanique facile et de garder un sol praticable toute l’année en évitant la formation de boue. C’est aussi plus confortable pour les équidés qui peuvent plus aisément s’y rouler ou y jouer.

Les principales zones qu’on trouve dans une écurie active sont détaillées ci-dessous.

Les zones d’alimentation

L’alimentation des chevaux est gérée automatiquement, grâce à un émetteur que le cheval peut porter autour du cou. Ainsi, dès qu’il se rend dans une aire d’alimentation, le système détecte son entrée et peut délivrer la nourriture programmée. Cela limite l’intervention humaine et permet d’adapter la ration à chaque équidé. De plus, le gérant de l’écurie peut suivre en temps réel si un équidé a mangé, combien de fois il s’est présenté…

Les aires d’alimentation peuvent être réparties dans toute l’écurie, en fonction du nombre de chevaux qui composent le groupe. Les équipements peuvent être individuels, c’est-à-dire qu’un seul cheval peut y entrer à la fois, ou collectifs lorsque plusieurs équidés peuvent y pénétrer en même temps.

Il y a tout d’abord un ou plusieurs distributeurs d’aliments concentrés. Les chevaux ont rarement besoin de cet aliment et le mangent en petite quantité, mais ce distributeur est central dans l’écurie. En effet, il attire énormément les chevaux, qui sont gourmands et aiment ces aliments. En le plaçant de façon optimale, c’est un moyen d’encourager les chevaux à bouger pour s’y rendre, puisque la ration est habituellement divisée en 10 à 12 portions. La plupart des systèmes sont capables de préparer un mélange de plusieurs céréales et compléments minéraux et vitaminés.

Ensuite il y a un distributeur de fourrage qui peut être en libre-service ou non et individuel ou collectif. Il est possible de combiner plusieurs systèmes, par exemple un distributeur collectif que tout le troupeau pourra utiliser et qui serait complété par un distributeur individuel pour les individus qui ont besoin d’un supplément. Dans le cas d’un système collectif, il est important de prévoir plus de places qu’il n’y a de chevaux (au moins une place supplémentaire jusqu’à 5 équidés, l’idéal étant de prévoir environ 1,5 places par cheval) afin de ne pas créer de tensions.

Finalement, une ou plusieurs zones de pâturage permettent aux chevaux de brouter. Selon la quantité d’herbe et l’état du sol, ces zones sont accessibles aux équidés ou non. Elles peuvent être enrichies par divers aménagements qui stimulent et développent la curiosité du cheval, mais aussi son agilité, sa proprioception et son activité générale. Il peut s’agir de gués, de fossés, de dénivelés divers, de roches…

L'écurie active propose aux chevaux des zones de pâturage

Les zones de repos

Plusieurs aires de repos sont réparties dans l’écurie active. Il s’agit de zones abritées avec un sol sec et confortable. Il est conseillé de prévoir au moins 10 m² par cheval pour que même ceux qui sont en bas de la hiérarchie puissent se mettre à l’abri en cas de besoin (précipitations, forte chaleur…). Un « matelas » est souvent installé dans ces bâtiments pour que les équidés s’y installent confortablement, mais il est rarement en paille pour éviter que la poussière ne dérange les chevaux. Il est souvent composé de caoutchouc souple et de mousse, qui peuvent être couverts d’un peu de litière (copeaux ou sciure par exemple).

Les règles d’implantation d’un abri sont les mêmes que dans une pâture. Les chevaux préfèrent se trouver en hauteur pour mieux observer leur environnement. De même, ils doivent être à l’abri du vent.

Plusieurs études ont montré qu’il pouvait être bénéfique de cloisonner le bâtiment en plusieurs salles, afin d’améliorer la tranquillité des différents équidés s’ils souhaitent s’isoler du groupe. Les équidés bas dans la hiérarchie pourraient alors davantage se coucher.

Les zones de contact social

Les chevaux vivent en groupe dans l’écurie active, c’est pourquoi il est essentiel de prévoir des zones où ils pourront avoir des contacts sans éléments de tension (abris, alimentation). Des aires extérieures peuvent ainsi être dédiées aux moments de jeux ou encore aux roulades.

L’équilibre dans un groupe est aussi souvent fragile, c’est pourquoi l’ajout d’un nouvel individu dans un troupeau doit être progressif. Une zone d’intégration de nouveaux chevaux peut ainsi être prévue, pour que ce dernier puisse commencer à interagir avec le groupe sans être en contact direct. De même, une zone d’adaptation peut être créée pour que les équidés vivant dans un autre type d’hébergement puissent s’habituer aux équipements spécifiques (distributeurs de fourrage et d’aliments concentrés essentiellement) avant d’intégrer réellement l’écurie active.

À l’inverse, il peut être nécessaire de séparer des équidés du groupe, par exemple en cas de maladie contagieuse (grippe équine…). Une aire d’isolement ou de quarantaine peut donc être prévue.

Les zones de travail

Les chevaux hébergés dans une écurie active peuvent bien sûr être travaillés. À ce niveau-là, l’écurie active ne se distingue pas d’une écurie plus classique puisqu’elle présente les mêmes équipements : une aire de préparation et de soins (pansage, douche…), une sellerie, un manège, une carrière, un rond de longe…

Les avantages de l’écurie active

Comme nous l’avons vu dans le début de l’article, l’écurie active présente un certain nombre d’avantages, tant pour les chevaux que pour les gérants d’écurie.

Pour l’Homme tout d’abord, cette organisation permet de réduire de façon très importante la quantité de travail nécessaire pour s’occuper des chevaux, puisque l’alimentation est entièrement automatisée. L’entretien est aussi souvent facilité, puisque la conception de l’écurie active repose sur un réaménagement souvent complet de l’écurie qui comprend la réhabilitation des sols pour les entretenir mécaniquement.

La pénibilité liée en particulier à la répétition de certains mouvements et au port de charges lourdes (respectivement pour l’entretien et l’alimentation) est aussi réduite et les contraintes horaires sont allégées puisque tous les besoins des chevaux sont normalement gérés automatiquement et que le temps d’entretien est diminué par la mécanisation. Tout cela a pour effet de réduire la quantité de main d’œuvre nécessaire pour gérer l’écurie, la divisant par cinq voire sept.

Il faut cependant noter que la gestion d’une écurie active demande un grand sens de l’observation du groupe d’équidés, en particulier au niveau de leur comportement et de leurs relations. Cette qualité est particulièrement utilisée lors de la constitution ou de la modification du groupe. Il est ainsi souvent déconseillé d’intégrer plusieurs étalons dans un groupe à cause de leur agressivité pour s’approprier les femelles et de privilégier les mâles castrés. Des compétences informatiques pour gérer tout le système automatisé sont aussi indispensables.

Bien connaître les chevaux permet de mieux sélectionner ceux qui pourront intégrer une écurie active et d’avoir une période d’adaptation optimale. Il n’y a pas de temps d’adaptation normal, car il dépend de plusieurs choses :

  • l’hébergement qu’a connu l’équidé jusqu’à maintenant (s’il était uniquement en box, il y a l’apprentissage du troupeau à faire en plus de celui des équipements) ;
  • le caractère du cheval (plus il est curieux, plus il ira naturellement découvrir son environnement et s’y habituera) ;
  • les installations (plusieurs niveaux de complexité existent en particulier pour l’alimentation, surtout au niveau des ouvertures, il est nécessaire que le cheval les connaisse pour que ça ne soit pas une source de stress) ;
  • le reste du troupeau (si un groupe est déjà formé et utilise déjà les différents équipements, un nouvel arrivant pourra bénéficier de l’ambiance zen et de l’absence de stress de ces chevaux lorsqu’ils utilisent les équipements pour être lui-même plus calme)…

Concernant le cheval, le principal intérêt réside dans le principe même de l’écurie active, bien plus respectueux de ses besoins naturels. Elle permet aux équidés de vivre en troupeau, de se déplacer librement dans leur environnement dans le calme et d’avoir une alimentation plus continue. Le suivi en direct des déplacements et de l’alimentation réelle du cheval permet aussi d’adapter au mieux les rations à ses besoins.

Les premiers retours de propriétaires ayant choisi l’écurie active pour leurs chevaux montrent que les signes d’agressivité au sein des groupes sont très rares. Lorsqu’ils se produisent, c’est essentiellement venant de chevaux plutôt âgés qui ont toujours vécu isolés en box et qui ne s’adaptent pas à ce concept. Au-delà des signes d’agressivité, certains chevaux n’arrivent simplement pas à utiliser correctement les différents équipements (en particulier les distributeurs d’alimentation) ce qui rend leur intégration au sein de l’écurie active complexe.

Les propriétaires estiment aussi que leurs équidés sont en meilleure santé et que ce type d’hébergement permet une diminution nette des frais vétérinaires. Lorsque les sols sont entièrement réhabilités pour éviter la boue, de nombreux problèmes sont évités, comme la gale de boue, la fourchette pourrie ou le déferrage. En plus, le mouvement constant des équidés permet des économies de maréchal ferrant grâce à un parage naturel. Le respect du rythme et des besoins des équidés permet aussi de maintenir un bon moral.

Quelques écuries actives en France

Fin 2017, on estimait qu’un peu plus de 17 000 chevaux vivaient en écurie active en Europe. Alors qu’il n’y avait que neuf structures proposant cet hébergement en 2000, il y en avait plus de 800 à la fin de l’année 2017. La majorité d’entre elles se concentre en Allemagne, mais elles se développent aussi en France.

La première écurie active française a été créée en 2010. Il s’agit de l’écurie de l’association Équi’Libre 40, située à Sanguinet, dans les Landes, qui compte aujourd’hui une petite vingtaine de pensionnaires.

L’écurie Lo Vardiafs est quant à elle située à Saint Martin de Bellevue, à 20 minutes d’Annecy. Il s’agissait initialement d’une pension plus classique pré/box que la gérante, Pauline Leroy, a fait évoluer en écurie active à l’automne 2017. Elle accueille environ 20 chevaux répartis sur 200 m² de zone de repos.

D’autres écuries ouvrent chaque année un peu partout en France. Dans le Sud, il y a la Ferme équestre de Randeynes, près de Rodez. En Normandie, ce sont les écuries de Lisors à côté de Deauville qui ont développé le concept d’écurie active. Dans les Hauts de France, la première écurie active s’est implantée dans la Pévèle, à environ 20 minutes de Lille, en octobre 2017 : les écuries du Béron. Finalement, le domaine équestre de Land Rohan est une écurie active très récente puisqu’elle a ouvert le 5 février à Vigneux de Bretagne, près de Nantes et elle peut accueillir une vingtaine d’équidés.

Grâce à une prise de conscience globale concernant le bien-être équin, les écuries actives sont donc en plein développement en France et ce type d’hébergement pour chevaux se multiplie à travers tout le territoire. Que pensez-vous des écuries actives ? Aimeriez-vous confier votre équidé à ce genre d’établissement ? Dites-nous tout dans un commentaire !

Ursuline

Sources texte :

 – alter-equus.org

ecurie-active.fr

 – equilibre40.com

 – equin-plus.com

 – horse-stop.com

 – ifce.fr

Sources images : 

 – Image 1

3 réflexions sur “L’écurie active, une nouvelle façon d’héberger les chevaux”

  1. Bonjour,
    Je tenais à vous féliciter pour ce bel article sur l’écurie active, une solution innovante pour héberger les chevaux. Votre description détaillée de cette méthode montre votre connaissance et votre amour pour les animaux. J’apprécie également l’accent mis sur l’importance de la santé et du bien-être des chevaux. Votre article m’a donné envie d’en savoir plus sur cette pratique et je suis sûr que beaucoup de vos lecteurs se posent également des questions. Merci pour votre contribution positive à la communauté équestre.

     
  2. Bonjour,

    Je viens de lire votre article sur l’écurie active et je tenais à vous féliciter pour sa qualité. Votre approche innovante de l’hébergement des chevaux est inspirante. J’aimerais savoir si vous avez déjà testé cette méthode et si oui, quels ont été les résultats pour vos chevaux ?

    Merci encore pour ce partage intéressant !

    Cordialement.

     
  3. Bonjour,

    Je tenais à vous féliciter pour cet article très intéressant sur l’écurie active. J’ai particulièrement aimé la façon dont vous avez expliqué les avantages pour les chevaux de ce type d’hébergement. Cela m’a donné envie d’en savoir plus sur les différentes techniques que vous utilisez pour assurer le bien-être des chevaux dans cet environnement. Merci pour ce partage d’informations utiles.

     

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