Peut-être avez-vous déjà remarqué la similitude entre les sacs contenant les grains de café et la hotte du Père Noël. Ils sont tous fabriqués en toile de jute. Cette dernière est également très présente dans la décoration particulièrement dans le style industriel. Mais d’où provient cette matière et comment s’est-elle retrouvée dans nos maisons ? Découvrez-en plus dans la suite de cet article !
Le jute ou la plante « aux fibres d’or »
Provenant de l’écorce du tronc du jute blanc (Corchorus capsularis), la fibre de jute porte le nom de « fibre d’or » en raison de ses reflets dorés. D’aspect soyeux, elle est utilisée dans l’industrie textile, mais également pour des produits d’emballage, deux aspects que nous développerons plus loin dans cet article. Le jute produit de petites fleurs jaunes et ses feuilles sont ovales. Arrivé à maturité, sa longueur varie entre un et quatre mètres.
Le jute réclame un environnement particulier pour prospérer, à savoir un milieu tropical situé à faible altitude et dont le taux d’humidité se trouve entre 60 et 90 %. Ces conditions particulières expliquent pourquoi les plus grandes parcelles de jute se trouvent en Inde et au Bangladesh et représentent 95 % de la production mondiale, les 5 % restants étant partagés entre le Népal et le Myanmar (anciennement la Birmanie).
La culture du jute est annuelle, s’étend d’avril à août et ne nécessite que très peu de pesticides et d’engrais. Il faut environ 120 jours au jute pour arriver à maturité.
Afin d’obtenir la matière finale que nous connaissons, la fibre de jute suit un procédé nommé le rouissage qui consiste à extraire la partie fibreuse se trouvant à l’intérieur de l’écorce du tronc de cette dernière (le diamètre moyen du tronc est de 3 cm). Bien que des méthodes chimiques de séparation existent, les producteurs favorisent encore les méthodes biologiques, peu coûteuses par rapport aux produits industriels. La séparation selon la méthode de rouissage biologique est un ensemble de techniques permettant de lier les troncs en faisceaux afin de les faire tremper dans de l’eau, ce qui mène à la séparation attendue. C’est ensuite en grattant l’écorce filamenteuse que l’on obtient la partie de la fibre de jute qui est tissée.
Une fois la séparation effectuée, les longues tiges que forme la fibre sont suspendues afin de sécher naturellement au soleil. Ce n’est qu’une fois totalement sèches qu’elles sont emmenées dans les différents marchés des régions productrices pour y être vendues. Un kilo de fibre de jute coûte environ 500 Taka au Bangladesh, ce qui correspond à 5 Euros.
Sans engrais, le rendement moyen du jute atteint 1,6 tonne pour un hectare. Ce chiffre peut être presque doublé et arrivé à 3 tonnes par hectare en cas d’apport d’azote supplémentaire (sous forme d’engrais).
Le jute, un allié de l’environnement
La fibre de jute qui est biodégradable et recyclable ne produit pas de gaz toxique si elle est brûlée. Mais le jute est aussi respectueux de l’environnement dès sa culture, car un hectare de cette plante consomme près de 15 tonnes de dioxyde de carbone pour ensuite relâcher 11 tonnes d’oxygène grâce à la photosynthèse. Afin de préserver et d’améliorer la fertilité du sol, une rotation des cultures a lieu : une année sur trois, un hectare est laissé en jachère (c’est-à-dire sans rien y planter) afin que le sol se repose.
Le jute remplace également le bois dans des pâtes à papier offrant ainsi une alternative intéressante à l’abattage méthodique des arbres pour la production papetière.
Le jute, une fibre pour de multiples usages
La fibre de jute pouvant être tissée indépendamment ou mélangée à d’autres matières, son utilisation dépasse largement celle du lin et du chanvre dans la fabrication de sacs, articles qui forment l’essentiel des produits fabriqués en toile de jute.
Grâce à sa propriété biodégradable, la fibre de jute sert à la fabrication des toiles de mottes (tissu qui entoure la motte de terre des jeunes arbres à planter) et est également présente dans les géotextiles (trame tissée et perméable aux fluides) qui servent à maintenir les sols et à lutter contre l’érosion. En effet, une fois mise en terre, la fibre de jute se désagrège et il n’est donc pas nécessaire de la retirer du sol. Bien qu’il ne retienne que moyennement l’humidité, le jute reste un bon isolant qui affiche une faible conductivité thermique et possède des propriétés antistatiques.
Dans l’univers du textile, le jute est principalement utilisé dans la fabrication de fils et de ficelles, de diverses toiles et de dos de tapis. La fibre de jute est tissée afin de créer des rideaux, des revêtements de chaises ainsi que des carpettes ou des tapis. La plupart du temps, elle est mélangée avec d’autres fibres naturelles ou synthétiques, car elle offre une grande résistance à la traction, une faible extensibilité et permet d’améliorer la respirabilité. Mêlée à de la laine, suite à un traitement à la soude caustique, le jute en améliore la douceur, la souplesse, l’ondulation ainsi que l’apparence générale.
Dans le milieu des emballages, le jute est souvent utilisé comme contenant pour les produits agricoles et est intégré dans des emballages rigides pour renforcer le plastique.
Dans les zones rurales des pays producteurs, les tiges de jute sont utilisées comme combustible et pour fabriquer des clôtures.
Le jute, une filière en plein développement
Actuellement, le Fonds commun pour les produits de base réalise au Bangladesh plusieurs projets visant à renforcer les capacités techniques des producteurs de jute en leur fournissant des outils par exemple, et en soutenant la diversification du secteur.
Le projet principal tend à développer et à tester dans l’industrie des composites thermoplastiques renforcés au moyen de jute, destinés à divers usages et notamment à remplacer la fibre de verre. L’extension de ce procédé à des fins commerciales devrait, à terme, encourager l’investissement financier et favoriser l’usage du jute dans différents secteurs, ouvrant ainsi de nouveaux débouchés.
De plus, les zones rurales où est cultivé le jute étant relativement pauvres, le projet de développement vise aussi à enrichir ces régions et à y voir une amélioration des conditions de vie. Dans ce but, des tests sont en cours afin de trouver des solutions naturelles aux divers traitements de la fibre de jute (coloration, assouplissement, etc.) afin de réduire au maximum l’impact sur le plan environnemental et humain de cette industrie naissante.
D’autres projets ont été commandés afin d‘étudier les possibilités d’extensions de l’usage du jute pour les géotextiles et pour améliorer l’efficience de la production. Ces projets contribuent à renforcer les capacités de transformation du jute, à asseoir la position de la fibre de jute sur les marchés internationaux et à sensibiliser au potentiel qu’elle recèle.
Le jute, ce que vous pouvez en faire
Disponible dans de nombreux magasins de jardinage ou de bricolage, la toile de jute est une alternative intéressante, écologique et réutilisable en papier cadeau. Cela donne également une petite touche d’exotisme au présent que vous offrez.
Plusieurs idées de Do It Yourself (DIY) avec de la toile de jute sont disponibles sur Internet, allant du tableau réalisé avec un sac de café jusqu’au chemin de table agrémenté de dentelle pour un mariage.
Très tendance dans la décoration de style industriel, le jute offre un aspect à la fois brut et élégant lorsqu’il est utilisé sur du mobilier, comme par exemple les chaises.
Connaissiez-vous cette fibre naturelle avant de lire cet article ? En faites-vous usage ou êtes-vous intéressé(e) par cette matière ? Pensez-vous que son développement mènera un jour à des alternatives intéressantes ? Dites-nous tout dans un commentaire !
Owlonoak
Sources :
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
C’est le genre de matière qu’on connait tous, mais difficile de se rendre compte de toutes ses utilisations ! J’étais loin de toutes les soupçonner ! Il a l’air en plus de présenter plusieurs avantages, donc j’espère que ça va continuer à se développer 🙂