Huit rois qui ont eu une mort ridicule

Certains rois ont marqué l’Histoire par leurs nombreuses victoires sur les champs de bataille ou par leur esprit rusé et stratège. Il y en a d’autres qui ne sont pas restés dans les mémoires pour ce qu’ils ont fait de leur vivant, mais pour la manière peu conventionnelle dont ils sont morts. Dans cet article, vous allez découvrir une nouvelle facette de l’Histoire avec huit rois dont le point commun est qu’ils ont eu une mort des plus honteuses. Après avoir lu cet article, vous ne direz sûrement plus jamais que l’Histoire est longue et ennuyeuse !

Premier roi qui a eu une mort ridicule : Pyrrhus Ier

Remontons le temps jusqu’en l’an – 296. C’est à cette date que Pyrrhus est nommé roi d’Épire, une région des Balkans se situant entre la Grèce et l’Albanie. Ce descendant d’Alexandre le Grand avait une grande soif de conquêtes et était très redouté à cause de son armée d’éléphants. Ainsi en l’an – 288, il envahit la Macédoine et prend quelque temps le contrôle du pays. Il part ensuite en direction de l’Italie où il remporte deux célèbres batailles contre les Romains : Héraclée en – 280 et Ausculum en – 279. Néanmoins, ces victoires lui coûtent la perte d’une grande partie de son armée dont celle d’importants généraux et surtout de beaucoup de ses précieux pachydermes. Il dira alors une phrase restée célèbre “Si nous devons emporter une autre victoire comme celle-là, nous sommes perdus !”. De là restera l’expression “une victoire à la Pyrrhus” désignant une victoire dont les pertes humaines sont conséquentes pour les vainqueurs. Et c’est bien sur les champs de bataille que le roi d’Épire verra sa perte, mais pas de la manière dont vous l’imaginez…

L’influence de Pyrrhus Ier pose vite problème à toutes les puissances méditerranéennes, et il est rapidement détesté par toute la population italienne. Cela le contraint à quitter le pays en – 276.

De retour à Épire, sa politique militaire le mène à Argos, en Grèce. Il y pénètre de nuit, mais les rues étroites rendent trop difficile son avancée et il commande alors le retrait de la ville. Malheureusement, ses ordres sont interprétés à l’envers, et l’armée d’éléphants entraîne un énorme chaos dans la cité. Une grande bataille commence alors. Pendant que Pyrrhus Ier se bat avec un habitant, la mère de ce dernier, voyant de sa fenêtre son fils en difficulté, lance une tuile qui atterrit en plein sur la tête du roi d’Épire. Assommé, il tombe alors de cheval et est achevé par un soldat. Ce combat déloyal le mena ainsi à une mort bien ridicule pour un grand chef militaire tel que lui.

Deuxième roi qui a eu une mort ridicule : Attila

Nous sommes maintenant un soir en début d’année 453 et Attila, roi des Huns, doit aller rejoindre sa nouvelle femme Ildico pour leur nuit de noce. En chemin, il songe à ces huit années de règne qui viennent de s’écouler.

Il a grandi dans la tribu des Huns, un peuple nomade dirigé par ses deux oncles Octar et Ruga. À leur mort en 434, le pouvoir est partagé entre Attila et son frère aîné Bleda (il n’était pas rare de gouverner à plusieurs dans cette tribu). À cette époque, les Huns commencent à étendre leur territoire de l’Asie centrale jusqu’en Europe et ont la réputation d’être invincibles. L’évènement marquant du règne de Bleda est sa victoire face à l’Empire romain d’Orient. Mais, en début d’année 445, Attila tend un piège à son frère et l’assassine afin de devenir l’unique roi des Huns. Au cours de son règne, il réalise les conquêtes de l’Empire romain d’Orient et de la Gaule. Il a eu de nombreuses épouses, le mariage était en effet un moyen d’établir des alliances diplomatiques. C’est ainsi que le roi est sur le point d’entrer dans la tente afin de retrouver lldico, sa nouvelle femme.

Au petit matin, on retrouve Ildico pétrifiée devant le corps sans vie d’Attila. En effet, pendant la nuit, un simple saignement de nez aurait provoqué la mort par étouffement de ce seigneur si puissant et craint de tous. Alors, histoire ridicule pour cacher un empoisonnement ou véritable cause de son décès ? Je vous laisse vous faire votre propre opinion.

Troisième roi qui a eu une mort ridicule : Louis III

Nous nous retrouvons maintenant quatre cents ans plus tard, en France. À l’époque, le pays est gouverné par la dynastie des Carolingiens. En cette année 879, le roi Louis le Bègue décède, laissant le pouvoir à ses deux fils, Louis et Carlotan. Les deux adolescents décident de gouverner ensemble : Louis III, l’aîné s’occupera de la Neustrie (le nord-ouest de la France actuelle) et Carlotan II de l’Aquitaine, de l’ouest de la Bourgogne et de la Septimanie (correspondant à la région de Narbonne).

Comme tout roi de l’époque, ils mènent une politique belliqueuse, notamment contre leur grand-oncle Boson qui est proclamé roi de Bourgogne. Les deux frères remportent également d’importantes victoires sur les Vikings.

Le 5 août 882, Louis III est âgé de 18 ans et, ayant passé de nombreuses années sur les champs de bataille, n’est toujours pas marié. Alors, naturellement, lorsqu’il croise le chemin d’une jolie demoiselle, il ne peut s’empêcher d’avoir des idées déplacées et de lui faire des avances. On dit que les femmes sont attirées par le pouvoir, mais ce ne fut pas le cas de celle-ci. Comprenant les envies du roi, la jeune fille s’enfuit aussitôt trouver refuge chez son père. Mais le jeune roi la poursuit à cheval. Au moment où il la rattrape, elle passe enfin la porte de la maison. Sauf que cela n’arrête pas le roi qui continue à foncer. Le cheval passe, mais pas lui ! Louis III se fracasse le crâne sur le linteau trop bas de la porte (eh oui, la porte n’était pas assez haute pour y passer à cheval !). Il n’est pas mort sur le coup, mais après de longues heures d’agonie.

Son frère devint ainsi l’unique roi des Francs, mais seulement pour quatre mois. Il meurt en effet le 6 décembre 884 à la suite d’une partie de chasse : un de ses vassaux lui donna involontairement un coup de pique à la place du sanglier visé. Bien sûr, la blessure s’infecta. Les deux frères n’avaient aucune descendance : la fin de l’ère carolingienne était proche.

Quatrième roi qui a eu une mort ridicule : Philippe de France

Notre voyage historique s’arrête maintenant en l’an 1131. Souvenez-vous, je vous ai raconté l’histoire d’Aliénor d’Aquitaine et de son premier époux, Louis le Jeune, dont le frère aîné est mort d’un accident d’équitation. Je vais maintenant vous expliquer ce qu’il s’est vraiment passé

Philippe est donc le fils aîné de Louis VI le Gros et d’Adélaïde de Savoie. Au cours de son règne, le roi, Louis VI, s’est montré plutôt intelligent et bon envers son peuple. Il a également offert une très bonne éducation à son fils aîné, le formant notamment à l’art de la guerre. Alors qu’il n’est âgé que de 13 ans, Philippe devient roi aux côtés de son père. En effet, les Capétiens ont pris l’habitude de désigner leur successeur de leur vivant. C’est eux qui ont ainsi rendu la monarchie héréditaire et non plus élective ! Notre jeune Philippe de France semble donc promis à un avenir brillant. Mais un cochon viendra perturber toutes les prévisions !

Deux ans après son accession au trône, le 13 octobre 1131, Philippe de France doit rejoindre l’armée royale. Il traverse donc, du haut de son cheval, Paris et ses rues pavées bondées d’animaux en tout genre, de déchets et de passants. Sans crier gare, un cochon déboule entre les membres du cheval du roi, qui, bien sûr, prend peur et se cabre. Philippe est éjecté, atterrit lourdement sur la tête et finit écrasé par sa monture. On tentera en vain de le soigner, mais il mourra quelques heures plus tard.

C’est ainsi qu’Aliénor d’Aquitaine épousa Louis le Jeune et non son frère. Pourtant, le caractère fort d’Aliénor aurait sûrement été beaucoup plus compatible avec celui de Philippe de France, roi très charismatique. Un tel mariage aurait ainsi pu éviter l’éternel conflit entre la France et l’Angleterre et même, bien plus tard, la guerre de Cent Ans.

Alors le cochon régicide a-t-il été une des premières causes de cette fameuse guerre ? C’est évidemment trop précipité de l’affirmer, mais on peut se poser la question.

Cinquième roi qui a eu une mort ridicule : Edouard II

Nous nous arrêtons maintenant en Angleterre, mais je dois vous mettre en garde : âme sensible, passez votre chemin. L’histoire que je vais maintenant vous conter ferait frémir le plus courageux d’entre nous !

Edouard II, dont le règne fut aussi catastrophique que sa mort eut été douloureuse, accède au trône le 24 février 1308 après le décès de ses trois frères. Il est très rapidement détesté par la population et est notamment célèbre pour avoir été sous l’influence de ses deux favoris Piers Gaveston et Hugues le Despenser, à qui il confie quasiment la totalité du pouvoir. Mais celle qui aura un grand rôle dans la mort d’Edouard II est sa femme, Isabelle de France, fille du roi Philippe le Bel. C’est une femme cruelle qui ne supporte pas d’être laissée de côté par son mari. Elle décide donc, avec l’aide de son amant Roger Mortimer, de se rebeller contre le roi d’Angleterre. Cette mission est une réussite : en fin d’année 1326, elle marche sur Londres avec son armée et fait emprisonner Edouard II. Le 25 janvier 1327, leur fils Edouard III devient le nouveau roi d’Angleterre.

Passons maintenant aux choses sérieuses : l’art anglais de la mise à mort. Tout d’abord avec Hugues le Despenser : il est jugé et condamné à un supplice atroce. Cela commence par la pendaison, mais pas au point d’en mourir. Ses organes génitaux sont ensuite coupés et jetés dans les flammes. Le condamné, encore vivant à ce stade-là, est ensuite éventré afin que son cœur et ses entrailles soient brûlés. Pour finir, son corps est découpé en quatre morceaux qui sont envoyés dans différents lieux d’Angleterre. Bon, là on commence à avoir un peu peur pour Edouard II. Oui, car même s’il est emprisonné à vie, Isabelle, surnommée la louve de France, pense qu’il représente encore une menace. Pourtant, elle ne peut le faire assassiner sans craindre de terribles répercutions, il faut donc trouver une méthode pouvant faire croire à une mort naturelle. L’assassinat a lieu dans la nuit du 11 octobre 1327 : un tube de métal est inséré dans le rectum du roi permettant l’insertion d’une barre de fer rouge qui lui brûla les entrailles et entraîna sa mort. Les souffrances d’Edouard II durent être terribles, mais la méthode ne laissa aucune trace visible sur le corps du défunt roi.

Dès ses 18 ans, Edouard III vengera la mort de son père par l’exécution de Roger Mortimer et la mise en exil de sa mère. La suite, vous la connaissez, c’est le début de la Guerre de Cent Ans.

Sixième roi qui a eu une mort ridicule : Maximilien Ier de Habsbourg

Maximilien Ier de Habsbourg, ce nom vous dit quelque chose ? Eh oui, il s’agit bien du premier époux de la fameuse Anne de Bretagne qui devint plus tard reine de France.

Roi de Germanie, empereur des Romains, archiduc d’Autriche… On ne compte plus le nombre de titres qu’a possédé Maximilien au cours de sa vie. Cet homme très puissant, surnommé “le dernier chevalier”, est né le 22 mars 1459 en Autriche. Fils de Frédéric III et d’Aliénor du Portugal, il commence à régner en 1486. Ses nombreux mariages lui permettent d’établir de solides alliances. Il obtient les Pays-Bas et la Franche-Comté en épousant Marie de Bourgogne. À la mort de cette dernière à la suite d’une chute de cheval, il tente d’épouser Anne de Bretagne, mais le roi de France met fin à cette courte union. Son nouveau choix se porte alors sur Blanche Sforza, la nièce du duc de Milan. Les deux époux ne sont autres que les grands-parents du très célèbre empereur Charles Quint qui se battra toute sa vie contre François Ier, tous deux convoitant le duché de Milan.

En janvier 1519, Maximilien Ier de Habsbourg, âgé de 60 ans est en Autriche. Il a déjà été victime de deux attaques d’apoplexie (terme qui désigne un arrêt brutal des différentes fonctions de l’organisme) qui l’obligent désormais à ne voyager que couché sur une litière. Le soir du 12 janvier, il meurt d’une troisième crise d’apoplexie. La cause de cette crise ? D’après les médecins de l’époque, l’empereur aurait mangé une quantité trop importante de… melons. Oui, oui vous avez bien entendu ! On peut tout de même se demander si cette histoire ne cache pas un empoisonnement… Il laissa malgré tout à son petit-fils Charles Quint un territoire immense, dont la taille faisait presque la moitié de l’Europe !

Septième roi qui a eu une mort ridicule : Stanislas Leszczynski

Dirigeons-nous maintenant du côté de la Pologne pour partir à la rencontre de Stanislas Leszczynski.

Roi de Pologne et duc de Lorraine, Stanislas Leszczybski n’est autre que le père de la reine de France Maria Leszczynska, épouse de Louis XV. Il est ainsi l’arrière-grand-père de trois rois de France : Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Mais son règne en Pologne ne fut pas pour autant facile. Il est élu en 1704, mais ne gouvernera que cinq ans. Face aux armées russes et saxones qui menacent son pays, il se retrouve dans l’obligation d’abdiquer et de s’enfuir. Son exil dure alors 24 ans. Le mariage inespéré, en 1725, de sa fille avec le roi de France le sauve de la grande misère dans laquelle il était tombé et lui permet de retrouver son trône en 1733. En effet, la Pologne, menacée par l’Autriche, la Prusse et la Russie, ne pouvait se passer d’une alliance avec la France. Mais les troupes françaises n’interviennent pas, et Stanislas, dont la tête est mise à prix, est contraint de fuir à nouveau l’année suivante.

C’est en France que Stanislas passe alors les dernières années de sa vie. Il y gouverne, avec une extrême bonté, les duchés de Bar et de Lorraine pendant 32 ans, jusqu’au 5 janvier 1766. En ce jour froid d’hiver, le duc de Lorraine, âgé de 88 ans, se réchauffe très près de sa cheminée. Trop près. Sa robe de chambre en fourrure offerte par sa fille prend soudainement feu. Il tente d’éteindre le feu, mais tombe dans la cheminée. Ses gardes arriveront trop tard pour le secourir, il sera gravement brûlé sur tout un côté du corps et mourra 17 jours plus tard des suites de ses brûlures. Une statue à son effigie sera édifiée à Nancy avec l’inscription “À Stanislas le Bienfaisant, la Lorraine reconnaissante”.

Huitième roi qui a eu une mort ridicule : Adolphe Frédéric de Suède

Nous sommes arrivés à notre destination finale : la Suède gouvernée par Adolphe Frédéric, de 1751 à 1771.

Celui qui devint roi par hasard est l’exemple parfait du souverain dont le nom n’est pas resté en mémoire pour ce qu’il a accompli au cours de son règne – bien qu’il fut catastrophique – mais pour sa mort, on ne peut plus ridicule. Ses années au pouvoir n’ont pas un grand intérêt. En effet, il est élu roi de Suède en 1751, mais ne gouvernera jamais réellement, le pouvoir revenant au Parlement de Suède et de Finlande.

Adolphe Frédéric de Suède avait un grand intérêt pour l’art et les sciences mais, ce qui le passionnait le plus, ce n’était pas la politique, bien au contraire, mais la nourriture. Élevé dans une riche famille et nommé prince-évêque de Lübeck à l’âge de 17 ans, il est un habitué des grands festins. Pourtant, c’est ce trait de caractère qui le perdra. Le 12 février 1771, Adolphe Frédéric de Suède dîne dans sa résidence de Stockholm. Au menu ? Rien de moins que des homards, du caviar, des harengs rouges, de la choucroute et du poisson fumé, le tout arrosé généreusement de champagne. Et ce n’est pas fini. Pas encore rassasié, c’est tout naturellement que le roi glouton prend ensuite du dessert : du semla, un plat typique de Suède. Il s’agit d’une brioche fourrée avec de la pâte d’amande et de crème fouettée qui se mange trempée dans du lait chaud. Pas ce qu’il y a de plus léger en soit ! Malheureusement, Aldophe Frédéric de Suède n’arrivera jamais à se relever après ce repas. Au bout de la 14e brioche ingurgitée, il s’effondre sur la table victime d’une indigestion. C’est ainsi qu’il meurt à l’âge de 61 ans, victime de son loisir favori.

C’est ainsi que se termine notre voyage historique. Connaissiez-vous ces différentes anecdotes ? En avez-vous d’autres à raconter ? Dites-nous tout dans un commentaire !

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Sources Texte :

• Pyrrhus Ier : 1 ; 2
• Attila : 1
• Philippe de France : 1 ; 2
• Louis III : 1 ; 2
• Maximilien Ier de Habsbourg : 1 ; 2
• Edouard II : 1 ; 2
• Stanislas Leszczynski : 1 ; 2
• Adolphe Frédéric de Suède : 1

Sources Images :

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