Interstellar de Christopher Nolan

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Il y a des films que l’on va voir au cinéma, comme ça, parce qu’on a le temps, que l’affiche nous attire. Puis on sort de la salle, parfois après avoir simplement passé un bon moment, parfois après s’être ennuyé… Et il y a ces films qui nous bouleversent, qui nous changent et dont on sait déjà qu’il y aura un avant et un après. Je pense qu’on en voit peu dans une vie : pour moi, Interstellar fait partie de ces œuvres. Lisez la suite de cet article pour en apprendre plus sur ce film. Je vous conseille de l’avoir vu avant, puisque dans la dernière partie, je vais allègrement vous spoiler afin d’évoquer la seconde lecture de la fin du film.

Fiche Technique de Interstellar

Interstellar est un film produit, écrit et réalisé par Christopher Nolan qui est sorti en 2014. Du côté de la distribution, on peut retrouver Matthew McConaughey (Killer Joe, Le loup de Wall Street…) Anne Hathaway (Le Diable s’habille en Prada, The Dark Knight Rises…), Jessica Chastain (Tree of Life, Seul sur Mars…), Michael Caine (Inception, Le Prestige…), Casey Affleck (trilogie Ocean’s, Manchester by the see) et Matt Damon (Jason Bourne, Les Infiltrés, True Grit…) : en somme, un casting aux petits oignons pour un film, un réalisateur et une histoire tout autant aux petits oignons.

Christopher Nolan est réalisateur, producteur, scénariste, mais il est également monteur de formation. Il fut sur le devant de la scène dès la sortie de son film Memento en 2000. Rapidement remarqué pour ses scénarios de qualité, ce long métrage lancera sa carrière à Hollywood et Nolan se verra confier Insomnia (avec Al Pacino, rien que ça) puis, dès 2008, une super-production américaine, puisque c’est lui qui sera en charge de réaliser une toute nouvelle trilogie sur Batman : Batman Begins, The Dark Knight et The Dark Knight Rises. Les trois films sortiront respectivement en 2005, 2008 et 2012.
On compte aussi parmi sa filmographie un autre très grand film dont je pourrais longuement parler : Inception, sorti en 2010. Dans la mesure où cet article s’annonce très long, je ne veux pas m’attarder dessus, néanmoins je vous conseille de le regarder, car je le trouve assez proche de Interstellar, sur énormément de points.

Interstellar sera le premier film qu’il réalisera et qui sortira après la trilogie des Batman (je ne compte pas ici ses interventions comme producteur ou scénariste, puisque dans cet article, c’est la réalisation de Nolan qui nous intéresse). Je pense que Christopher Nolan a eu envie de revenir à un cinéma moins « marketing » par rapport à Batman, puisqu’il s’agissait d’une licence déjà connue et avec une attente immense des fans. Je peux vous dire qu’il a mis le paquet.

Scénario d’Interstellar

Nous sommes dans un futur proche. La Terre est en pleine crise écologique : la planète bleue manque de ressources, les cultures s’assèchent et les terres ne sont plus fertiles. Les éléments se déchaînent (tempêtes de sable, incendies, etc.) et l’agriculture semble être la seule évolution professionnelle possible pour survivre. L’unique solution : trouver une « nouvelle maison » pour les humains, ou bien l’espèce va mourir de faim et s’éteindre.
Cooper, un ancien pilote de la NASA (dont la carrière s’est arrêtée suite à un accident), est agriculteur et vit avec ses deux enfants et son beau-père.
Par la force des choses et particulièrement grâce à sa fille Murphy, qui croit qu’un fantôme se trouve chez eux, il va être recruté par la NASA afin de mener à bien une ultime mission spatiale pour sauver les humains : il existe, via un trou de ver ouvert au large de Saturne, un portail vers un autre système solaire, qui comprend plusieurs planètes possiblement habitables et colonisables par les humains.
Cooper, pour sauver ceux qu’il aime, va donc quitter sa famille pour mener à bien cette quête, dans l’espoir de les revoir.

Le pitch de Interstellar semble simple. D’ailleurs, en soi, il l’est. L’histoire est assez banale, c’est même un grand classique du cinéma de science-fiction : la colonisation spatiale, c’est du déjà vu (2001, L’Odyssée de l’espace ; Avatar ; la saga Alien ; Elysium ; Totall Recall, etc.).
Ce qui est inédit, c’est tout ce qui entoure le scénario et les questions posées par les péripéties que vivent les personnages. Nolan s’attache plus à l’individu, à la famille, au temps qui passe et c’est ce que nous allons voir dans la suite de l’article.

Analyse et critique de Interstellar

Nolan a plusieurs obsessions dans son cinéma : la principale, c’est sa passion pour la réalité, que ce soit dans sa mise en scène, par sa manière de filmer ou bien les plans montrés à l’écran, comme les inserts (gros plan sur un élément du décor, vu ou non par le personnage, qui doivent guider le spectateur) par exemple la toupie, les mains dans Inception, qui est la quintessence du cinéma de Nolan puisque tout est basé sur la perception de la réalité…

Cette réalité, on la perçoit tout d’abord dans les informations montrées à l’écran : le réalisateur a collaboré avec l’astrophysicien Kip Thorne, dont les thèses ont en partie inspiré le scénario, et les équations permis la simulation d’un trou noir. Nolan est tellement maniaque du réalisme qu’il a fait son film de manière à ne jamais heurter les lois de la physique. Il est d’ailleurs très pédagogue sur beaucoup de sujets.
On notera aussi l’absence de bruit créé par les navettes spatiales dans l’espace. En effet, pour qu’il y ait du son, il faut de l’air, et dans l’espace il n’y a pas d’air : il n’y a donc pas de propagation de son. Eh oui… je m’excuse de ruiner votre enfance : on ne regarde plus Star Wars de la même manière quand on sait cela.

Dans Interstellar, tout le scénario est basé sur la perception du temps et de la réalité. Le thème principal est d’ailleurs la distorsion du temps par la gravité.
Dès le début, le personnage de Cooper évoque la puissance de la gravité sur le temps qui passe. Je ne suis pas physicienne et le film explique tout cela très bien, mais dans le second système solaire visité se trouve un trou noir du nom de Gargantua. Ce trou noir est central dans le récit, tout autant qu’il l’est dans ce système inconnu.
L’ensemble du film s’attache à montrer le temps qui passe : Cooper part de chez lui, en froid avec sa fille avec qui il s’est disputé juste avant son départ, car elle ne voulait pas qu’il s’en aille. D’ailleurs, de nombreux signes auraient dû mettre la puce à l’oreille de Cooper, mais il est quand même parti. Nolan aime montrer des personnages forts qui ont des objectifs et sont en quête de leur identité ; Interstellar ne déroge pas à la règle puisque chacun des protagonistes est en recherche de quelque chose… Cooper dans l’espoir de retrouver sa famille, Murphy de découvrir la solution à la gravité, Tom (l’autre enfant de Cooper) dans son envie d’être le digne héritier de son père dans la ferme, le Dr Brand (astronaute) dans sa quête pour découvrir quelle planète pourrait nous accueillir, etc. En bref, tous ont un but, qu’il soit personnel ou scientifique.

Pendant les 2 h 30 que dure le film, les images sont splendides et malgré les effets spéciaux appliqués sur énormément de scènes, le réalisateur a fait fabriquer une bonne partie des décors. Les robots TARS et CASE ont même été construits en vrai, tout comme la bibliothèque que l’on aperçoit à la fin du film. Dans les navettes spatiales, chaque bouton a une utilité. Les lumières sont toujours subtiles et justes et l’étalonnage vraiment beau.

Il ne faudrait pas négliger la musique, prenante et puissante. Composée par Hans Zimmer (qu’on ne présente plus), elle a été imaginée en une seule journée, avant même que la première scène du film soit tournée. Nolan a souhaité « donner [à Hans Zimmer] une pleine et totale liberté aux instincts émotionnels et musicaux, afin que la narration du film et la musique se développent ensemble dès le tout début ». Zimmer a choisi l’orgue, instrument très peu utilisé en cinéma (à cause de son encombrement), mais qui donne à la bande originale une grandeur et une force presque mystiques. Ce thème, rempli d’espoir, accompagne l’ensemble du film et la grande variété des sons produits par un orgue a permis d’accompagner des scènes pourtant très différentes en matière d’émotions et de mise en scène, allant de la scène d’action à la scène de drame en passant par les scènes contemplatives.

Les acteurs sont tous extrêmement crédibles et j’ai le cœur en lambeaux à plusieurs moments du film, tant je rentre dedans. À vrai dire, malgré la longueur d’Interstellar, je l’ai vu plus de 15 fois et à chaque fois j’ai la même émotion, les mêmes larmes et la même joie. Ce film permet un investissement émotionnel vraiment fort et on a une envie : serrer les personnages dans nos bras. J’ai eu la chance de le revoir au cinéma en 2016 lors d’une projection spéciale et cette séance m’a permis de me replonger d’autant plus dans ce film (qui était déjà mon préféré depuis longtemps) et d’en ressortir plus bouleversée que jamais.

Je pense qu’il appartient à chaque personne de se faire sa propre expérience cinématographique devant ce long-métrage, car il appelle à des émotions très intimes et à un rapport au temps et à la vie, souvent très particuliers. Sachez néanmoins que grâce à ce film, je me suis passionnée pour l’astrophysique et notamment pour les théories autour des trous noirs, qui sont des entités fascinantes.

Analyse de la fin de Interstellar

À partir d’ici, je vous conseille énormément de ne plus lire si vous n’avez pas vu le film, car cela vous gâcherait le visionnage !
En effet, après mes nombreux visionnages, j’ai pu chercher le maximum d’indices permettant de comprendre la fin du film, qui est loin de celle montrée à l’écran. Déjà, quand on connait la lecture de la fin de Inception, cela aurait été étonnant que le réalisateur nous laisse avec une lecture au premier degré.

Remise dans le contexte : À la fin d’Interstellar, Cooper, enfermé dans un espace en 5 dimensions construit par des êtres futuristes au sein de Gargantua, le trou noir, réussit à transmettre à sa fille, Murphy, devenue adulte, les données quantiques de l’équation qui permet de manipuler la gravité. Le tout grâce à l’utilisation du morse comme moyen de communication, en faisant bouger l’aiguille de la montre qu’il lui a offerte en cadeau d’adieu. On voit alors Cooper être projeté dans un trou de ver (celui par lequel il est arrivé), puis flotter dans l’espace, les yeux fermés, l’air inconscient, voire mort.

Ensuite, on a une dernière scène où Cooper est recueilli par un vaisseau qui le ramène sur la station Cooper (en hommage à sa fille), construite en orbite autour de Saturne. Il y revoit sa fille, Murphy, avant de quitter la station afin de retrouver le Dr Brand, restée dans l’autre système pour trouver une nouvelle terre. Tout est bien qui finit bien : générique.

Mais une théorie très plausible semble présenter la fin d’Interstellar comme une EMI (Expérience de Mort Imminente).
Une EMI, qu’est-ce que c’est ? C’est, d’après la définition officielle, un « ensemble de « visions » et de “sensations” consécutives à une mort clinique ou à un coma avancé ». Cela se concrétise par des éléments dont vous avez sûrement entendu parler, puisque plusieurs personnes reportent la vision complète de leur propre existence, la vision d’un tunnel, la rencontre avec des entités spirituelles, un sentiment d’amour infini, de paix et de tranquillité. C’est un phénomène qui apparaît quelques minutes après la mort, lorsque la conscience n’est pas encore tout à fait « éteinte ».
Plusieurs indices laissés dans le film semblent corroborer cette théorie.

Tout d’abord, à partir de quand Cooper serait-il en EMI ? Certains pensent que quand il rentre dans le trou noir, il devrait mourir (et connaissant Nolan et sa passion pour le réalisme, cela serait plausible). À priori, on préfère croire que la scène de la bibliothèque est réelle et que l’EMI arrive au moment où il se retrouve seul dans l’espace, puisque la musique s’arrête brusquement sur une note tendue, comme un électrocardiogramme dans un hôpital, qui diffuse un son unique et continu au moment où le cœur d’un patient cesse de battre.

Ensuite, plusieurs choses semblent correspondre avec ce qui est rapporté par les personnes ayant expérimenté une EMI :

– La principale a lieu lors de la scène sur la planète de glace. Le Dr Mann lui dit : « Quelle est la dernière chose que vous verrez avant de mourir ? Vos enfants. Leur visage. Votre cerveau va faire un effort un peu plus grand pour survivre. Pour vos enfants ». Après avoir trahi Cooper, le laissant agonisant, il continue et dit alors : « Vous les voyez vos enfants maintenant ? Ils sont avec vous en ce moment. ». À ce moment-là, Cooper voit sa fille. Il ne voit pas son fils, car il est moins fusionnel avec lui. Lors de la dernière scène du film, c’est donc Murphy qu’il revoit à 100 ans, ce sont les vidéos commençant par son récit à elle que l’on entend… Tout laisse à croire qu’il est donc en train d’imaginer ce que serait devenue Murphy si elle était vivante et l’avait sauvé. Il est normal qu’il ne voit pas son fils, car lorsqu’il était déjà à deux doigts de mourir, il ne l’avait pas imaginé.
Nolan étant connu pour ses dialogues qui ne laissent pas de place au hasard et dont chaque mot est choisi, il semble évident que ce dialogue avec le Dr Mann devait avoir une importance dans le film.

– La forme de tunnel de la station Cooper ressemble énormément à un tunnel de lumière tel qu’il est décrit par les personnes qui ont vécu des EMI.

– Les fameuses télévisions qui relatent des témoignages, à l’entrée du musée (donc, de sa ferme) font étrangement penser à des objets improbables qui s’introduisent dans un rêve. De plus, le film commence par leur son et Cooper dort au même moment… Il se réveille comme si ces images étaient dans un rêve. Coïncidence ?

Je suis donc persuadée avec tous ces éléments que Nolan a glissé un second niveau de lecture à la fin du film, comme il l’avait fait auparavant, tout en laissant une possibilité plus « simple » d’interprétation au grand public.

Avez-vous vu Interstellar ? Qu’en avez-vous pensé ? Comment aviez-vous compris la fin du film ? Dites-nous tout dans un commentaire !

 

Audy-kun

Sources texte

Analyse personnelle

Rue89 – Hans Zimmer musicien pour Interstellar

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2 réflexions sur “Interstellar de Christopher Nolan”

  1. hamid sagh

    Je partage avec vous la passion de ce film et un certain intérêt pour l’astrophysique après l’avoir vu.
    votre article est passionnant et votre version de la fin du film est crédible. même si je préféré l’autre version; je trouve qu’elle est plus joyeuse,
    mais reste quelques fautes qui sont glissées dans le résume j’espere les corriger:
    Donald est son beau-père, et la planète à coté du trou de verre est saturne et pas Jupiter.
    voilà bonne journée et bon courage.

     
  2. Un grand merci pour votre retour que je n’avais pas vu plus tôt, effectivement ces quelques coquilles sont passées entre les mailles de notre équipe. J’ai corrigé 🙂
    Très belle journée!

     

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