Réalisateur, acteur, producteur, on connaît tous plus ou moins ces métiers et nous avons tous des noms en tête pour chacun de ces rôles. Dans un précédent article, je vous avais parlé de quelques personnes essentielles sur le tournage d’un film. Sans elles, le bon déroulement de cette étape est remis en question !
Cependant, après le tournage, il y a encore beaucoup de travail, et des équipes de centaines de personnes travaillent ensuite à ce que l’on appelle la post-production. Ce sont ces artistes de l’ombre que je vais vous présenter aujourd’hui.
Monteur(se)
Voici un métier dont l’intitulé est logique. Le monteur est historiquement celui qui met bout à bout les différents plans sélectionnés et notés (par le scripte dont j’avais parlé dans la première partie).
Lorsqu’ils travaillaient en pellicule uniquement, ils devaient découper, coller, réassembler les plans afin d’obtenir le montage final.
Désormais, tout est fait informatiquement et le monteur utilise des logiciels spécialisés pour créer le montage. Pendant toute la durée du montage (environ 3 mois pour un long métrage), il y a plusieurs étapes : dans un premier temps, le monteur en chef présente un premier bout-à-bout, appelé « ours », aux producteurs et au réalisateur. Suite à ce premier visionnage, deux choix se présentent : soit le montage est à préciser, c’est-à-dire le rendre beaucoup plus minutieux (à l’image près – on compte 24 images par seconde généralement, je peux vous dire que cela prend du temps, sur un film de 130 000 images) ; soit il y a des soucis majeurs et, dans ces cas-là, il faudra déplacer voire supprimer des plans, des scènes, etc.
Généralement, les monteurs travaillent sur deux logiciels : Avid et/ou Premiere.
Jusqu’à ce que « l’ours » soit validé, le film pourra donc faire plusieurs allers-retours avant de plaire à l’équipe de production. Il arrive même de devoir retourner des scènes entières, mais cela étant très coûteux, c’est fait en dernier recours.
Le montage d’un film nécessite plusieurs monteurs et assistants monteurs, qui doivent ranger les rushes (images brutes sorties de la caméra) et faire des bouts-à-bouts simples. Ils sont également en charge de faire un pré-étalonnage, c’est-à-dire de donner une direction générale aux teintes de couleurs qu’aura le film.
C’est justement de lui que nous allons parler maintenant !
Étalonneur(se)
Ah, l’étalonneur ! C’est mon préféré, peut-être parce que j’ai pratiqué la discipline et que j’adore ça ! C’est en effet le métier qui se rapproche le plus de mon activité professionnelle (la retouche photo).
Souvent les gens ne savent pas du tout ce qu’est l’étalonnage et c’est bien dommage… En effet, rien à voir avec des chevaux non castrés, il s’agit plutôt de la retouche des couleurs.
L’étalonneur se charge de rendre les ambiances colorimétriques harmonieuses. Il est également chargé de caler entre eux chaque plan et chaque coupure de plans. Parfois, les scènes ne sont pas filmées au même moment de la journée, la météo change, les lumières également, et il est nécessaire de rendre crédible chaque plan montré à l’écran.
C’est également lui qui fait ressortir certains éléments du décor, modèle les teintes de peau et d’arrière-plan… En bref, il travaille toute la chromie : ambiance comme homogénéisation. Pour être étalonneur, il est important d’avoir une grande sensibilité aux couleurs et surtout un écran d’ordinateur calibré !
En revanche, ce n’est pas l’étalonneur qui efface les boutons sur les visages ou intègre des éléments externes en 3D par exemple (c’est à la charge de l’équipe des effets spéciaux).
Bruiteur(se)
Les métiers du son m’ont toujours beaucoup fait rire, notamment grâce à ces petites vidéos montrant des bruiteurs créant de toute pièce des sons avec des objets improbables.
Bien que l’on puisse penser que c’est exagéré, en fait, je suis heureuse de vous apprendre que non ! Les bruiteurs sont des personnes qui doivent recréer des sons de toute sorte afin que cela corresponde au mieux à ce qui a été filmé.
Les bruiteurs travaillent en étroite collaboration avec les ingénieurs du son (sur le tournage, ils enregistrent les voix, les bruits environnants, les sons seuls, etc.), mais aussi avec les monteurs son (qui créent des pistes sonores harmonieuses afin de d’obtenir des scènes cohérentes). Ces derniers ont accès à des banques de sons, souvent fabriquées par leurs soins durant leur carrière, mais il arrive que des bruits manquent.
Les bruiteurs interviennent donc essentiellement lorsque le son est improbable sur le tournage et inconnu en banque de son. Je pense par exemple aux bruits créés par des poids très imposants : imaginez un bloc de pierre qui tombe sur une surface métallique (au hasard). Comme au tournage, le bloc a de grandes chances d’être un aggloméré de plastique ou de papier mâché, lors de sa chute, le bruit créé ne sera pas du tout représentatif d’un vrai bloc de pierre.
Les bruiteurs usent d’astuces en tout genre pour créer ce type de bruits, mais également des pas, des frottements, etc.
Il arrive régulièrement que le son ne soit pas assez propre au moment du tournage et que ces professionnels du son soient appelés pour l’améliorer.
Comme de bonnes images valent mieux que de bonnes paroles, je vous invite à regarder cette vidéo qui montre bien le travail impressionnant des bruiteurs !
Doubleur(se)
Ne hurlez pas trop vite contre les mauvais doublages que l’industrie du cinéma nous sert depuis quelques années ! En effet, les doubleurs ne sont pas responsables de cette qualité parfois déplorable : d’après moi, celle-ci est plutôt due au manque de moyens déployés par les sociétés de production, notamment pour les traductions anglais > français. J’avoue y avoir réfléchi et en être arrivée à la conclusion qu’un mauvais doublage en français n’empêchera pas les spectateurs d’aller voir les films en VF (notamment parce qu’on a rarement le choix, sauf dans les grandes villes – et c’est bien triste). À l’inverse les anglophones n’ont pas du tout l’habitude de voir des films non-anglais et sont donc extrêmement réceptifs aux problèmes de synchronisation ou autre. D’ailleurs, chez eux, le rapport de force est inversé : ce sont les producteurs et les diffuseurs qui doivent faire un effort pour que le film français soit bien reçu.
Passée cette petite parenthèse, il existe toujours des doubleurs passionnés qui parviennent à moduler leur voix avec talent. C’est une réelle extension du métier de comédien, puisque les doubleurs doivent jouer le même rôle que l’acteur original, à la différence près que dans leur cas, ils sont dans une salle d’enregistrement, sans la direction d’acteur nécessaire (c’est le réalisateur qui s’en charge le plus souvent) ; en plus de ça, ils doivent capter les subtilités de langage, les accents éventuels, les tics de langage, etc. Un travail titanesque, donc, que personne ne leur mâche.
Bien sûr, ce n’est pas le doubleur qui fait les traductions, ni qui décide des langues utilisées : je pense ici aux films internationaux avec plusieurs langues parlées dans le film en VO, toutes doublées en français chez nous.
Dans le dernier film de Christopher Nolan, Dunkerque, et globalement dans tous les films de guerre, il est très important de définir les différentes armées grâce à la langue parlée. Je trouve cela dommage de n’entendre que du français dans les versions VF, alors qu’en VO, on entend de l’anglais britannique et américain, du français dans les bruitages, etc.
Quand on pense « doublage », on ne peut pas s’empêcher de citer l’industrie du dessin animé ! Chez Disney, Pixar et les autres studios, les doubleurs ont une place centrale puisque quel que soit le pays d’origine, tous les « acteurs » sont logés à la même enseigne. Certains doublages français sont tellement connus que l’on ne peut s’empêcher de reconnaître des voix dans des longs métrages, des publicités, ou des films d’animation !
Pour n’en citer qu’un, vous avez forcément entendu une fois dans votre vie Richard Darbois, qui est le doubleur du Génie d’Aladdin, de Buzz l’Eclair de Toy Story, mais également de Harrison Ford, de Danny Glover, de Richard Gere, de Bill Murray, ou encore de Patrick Swayze … !
Mais je pourrais également vous parler de Benoît Allemane (Morgan Freeman), Céline Montsarrat (Julia Roberts), la géniale Maïk Darah (Whoopi Goldberg, entre autres), Patrick Poivey (Bruce Willis)… Les voix de notre enfance pour la plupart !
C’est ainsi que s’achève la deuxième partie de cette duologie sur les métiers du cinéma que l’on connaît parfois mal.
En connaissiez-vous certains ? Auriez-vous aimé travailler en aval du tournage d’un film ? Regardez-vous vos films en VF ou VO ? Dîtes-nous tout dans un commentaire !
Audy-kun
Sources texte
– Bruiteur
– Monteur
– 10 doubleurs français connus
– Expérience personnelle
Sources images
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C’était intéressant, il y a plein de métiers que je connais pas et je n’imagine même pas le travail fourni pour un film. Ca doit être impressionnant de devoir coordonner autant d’équipes ^^
trés bon article sur nos métiers de postproduction ! je suis tombé dessus en cherchant des résumés clairs pour expliquer les métiers de la postprod / monteur /étalonneur / mixeurs à des jeunes et ton article m’a bien aidé pour avoir des éléments de languages pour vulgariser 🙂