Le parcours pour devenir médecin : de la 2e à la 6e année de médecine

comment devenir médecin
Notez cet article :

Après vous avoir expliqué le contenu de la 1ère année de médecine, je vais vous expliquer le déroulé du cursus de la 2e à la 6e année de médecine. Si vous vous doutez que nous apprenons à reconnaître les soucis médicaux, lisez vite la suite pour savoir comment nous nous y prenons !

La différence entre un médecin et un docteur

Le terme « médecin » qualifie le métier d’une personne. Pour être médecin, vous devez avoir suivi une formation médicale bien précise et avoir obtenu le droit de prescrire. Vous êtes donc médecin dès la fin de la 6e année de médecine, cf plus bas. Cependant, vous ne pouvez pas exercer n’importe où : la pratique d’un médecin au sens strict est très limitée et doit toujours se faire sous responsabilité car le médecin n’a pas encore validé son diplôme d’études spécialisées (DES) (chaque spécialité à son propre DES) ni soutenu sa thèse.

Le terme « docteur » est un titre honorifique désignant une personne qui a soutenu une thèse et lui octroyant le titre de Docteur, dans quelque domaine que ce soit. L’étudiant qui prépare une thèse est un doctorant. Chaque médecin est, ou sera, Docteur en médecine. Par contre, chaque Docteur n’est pas forcément médecin : il existe des docteurs en littérature, en astrophysique, en biochimie, en agroalimentaire…

Les deuxième et troisième années pour devenir médecin : la sémiologie

Après avoir été admis en médecine via la PASS ou via une passerelle, vous devenez officiellement étudiant en 1er cycle de médecine (formation générale en sciences médicales) !

La 2e année est la DFGSM 2 et la 3e année est la DFGSM 3 : DFGSM signifie Diplôme de Formation Générale en Sciences Médicales. La sémiologie est l’étude théorique des signes cliniques. Durant ces deux années, l’étudiant va apprendre à reconnaître chaque signe clinique médical et les pathologies auxquelles celui-ci peut être lié. Ces deux années sont essentielles et constituent une phase socle qui sera utilisée tout au long de la pratique médicale.

Pendant ce parcours de sémiologie, il est obligatoire de faire des stages de travaux pratiques hospitaliers, ce sont des stages d’initiation à la pratique hospitalière. Ceux-ci permettent aux étudiants de voir, d’entendre, de sentir ou de toucher ces signes cliniques. Ils sont souvent réalisés en gros groupes d’étudiants et occupent 400 heures sur l’emploi du temps réparties sur les deux années. C’est généralement sur cette période que se déroule le stage d’apprentissage des gestes de premier secours.

À ce stade, l’étudiant en médecine est loin de pouvoir vous dire de quoi vous souffrez, il sait surtout reconnaître les signes cliniques ! Tout comme la PASS, ces années sont découpées en semestres avec des UE (Unités d’Enseignement). Pour passer d’une année à l’autre il faut une moyenne de 10 sur 20 dans chaque matière, et il n’y a pas de compensation possible entre elles. Sachez que chaque faculté à son système de notation et le déroulé des examens leur est propre (QCM – questions à choix multiples, épreuves rédactionnelles, épreuves orales et/ou en mise en situation clinique).

À l’issue de la 3e année de médecine, vous avez terminé le 1er cycle des études de médecine.

De la quatrième à la sixième année pour devenir médecin : l’externat

Le 2e cycle des études de médecine est exclusivement composé de l’externat qui dure 3 trois ans et se concentre sur la mise en pratique : c’est la période des stages cliniques hospitaliers ou ambulatoires (= hors hôpital). L’étudiant de sémiologie devient alors un externe et est en DFASM (Diplôme de Formation Approfondie en Sciences Médicales). La 4e année est la DFASM 1, la 5e année est la DFASM 2 et la 6e année est la DFASM 3.

L’externat se déroule également sous forme de semestres avec des UE à valider. Ces UE sont regroupées par thème et sont enseignées par semestres. Une moyenne de 10 sur 20 est indispensable au passage à l’année supérieure, et ce dans toutes les matières, sans compensation possible. Les cours théoriques ont pour objectif de mettre en relation les signes cliniques (la sémiologie apprise aux deux années précédentes) avec les pathologies médicales. Des signes cliniques pouvant appartenir à plusieurs pathologies ou de multiples pathologies pouvant être intriquées, l’étape précédente est nécessaire afin que l’externe puisse prioriser les problématiques médicales. On entre maintenant dans le « réel » où la frontière entre la théorie et la pratique disparaît.

Le déroulement de l’enseignement est faculté-dépendant. Certaines facultés vont favoriser des jours de cours complets et des semaines de stages en journées pleines ; quand d’autres vont proposer des stages hospitaliers le matin et des cours théoriques l’après-midi, c’est le système le plus connu et le plus ancien.Durant ces stages hospitaliers, l’externe n’est pas qu’un observateur (ça, c’était l’étudiant en sémiologie), il doit  examiner les patients, écrire les observations cliniques, faire des prises de sang, faire des sutures, faire des gaz du sang, appeler des spécialistes pour avoir des avis, vérifier les biologies, suivre une visite professorale (Professeur en médecine qui va de chambre en chambre avec les internes, qui gèrent médicalement des patients). L’externe n’a pas le droit de prescrire à l’hôpital ou en ambulatoire, on ne lui demande pas de connaître la pharmacopée ni de savoir la maîtriser ; il doit faire des observations poussées et des hypothèses diagnostiques, argumentées et cohérentes, et faire une proposition de soin.

La réalité est moins tendre, l’externe est aussi souvent là pour ranger les biologies dans les dossiers archivés, écrire des observations que personne ne relit jamais (donc non corrigées, ce qui limite l’apprentissage), ranger et récupérer des dossiers aux archives. En somme, les externes sont aussi les petites mains de l’hôpital. Ces multiples petites mains font un boulot de secrétariat conséquent ! Son temps de travail est au minimum de 80 heures par mois, mais avoisine souvent le 104 heures par mois.

Puisque les externes sont en stages hospitaliers toute l’année, ceux-ci sont rémunérés, selon les articles L. 124-1 et L 124-20. Le salaire d’un externe, après revalorisation du Ségur de la Santé en 2020, est de :
– 260 euros brut par mois (soit 203 euros net avant impôts, 2.5 €/h maximum) en 4e année ; à mon époque le salaire était de 105 euros net par mois avant impôts ;
– 320 euros brut par mois (soit 250 net avant impôts, 3.1 €/h maximum) en 5e année, à mon époque le salaire était de 140 euros net par mois avant impôts ;
– 390 euros brut par mois (soit 304 euros net avant impôts, 3.8 €/h maximum) en 6e année, à mon époque le salaire était de 220 euros net par mois avant impôts.

Enfin, la période de l’externat est aussi la période de début des gardes médicales de nuit ! Après une journée de cours ou de stage ; l’externe se voit assigné à une garde de nuit où il devra faire les mêmes choses qu’il a faites en journée, mais aux urgences ! Les gardes sont, au même titre que les stages diurnes, rémunérées à hauteur de 50 euros brut, soit 39 euros net par garde. Ce tarif s’applique en semaine et le samedi. Il est commun de se faire entendre dire que le tarif est doublé le dimanche et les jours fériés, car le salaire est de 100 euros brut, soit 78 euros net ; sauf que le dimanche et les jours fériés cette garde dure 24h, c’est donc un double salaire pour une double garde, rien de plus normal. Pour vous donner une idée, cela fait moins de 4 euros de l’heure pour travailler en continu sur 24 heures.

devenir médecin
Par Vie de Carabin – Facebook

L’objectif second de l’externat est de préparer l’externe au concours de la fin de 6e année et à sa future pratique médicale.
Mais avant d’y songer il y a quelques étapes indispensables à valider :
– une note minimale de 10 sur 20 à chaque UE ;
– plusieurs stages dont au moins 1 en médecine générale, 1 en chirurgie et 1 en médecine d’urgence/de réanimation/de soins intensifs ;
– 25 gardes effectuées sur 3 ans ;
– la validation du droit de prescrire.

comment devenir médecin

Par Vie de Carabin – Facebook

Le droit de prescrire via le CSCT

Le CSCT (Certificat de Synthèse Clinique et Thérapeutique) est un examen obligatoire de la 6e année de médecine (ou DFASM 3 pour ceux qui suivent). Celui-ci évalue la capacité de l’étudiant à faire une synthèse clinique pertinente et cohérente des symptômes présentés par un patient et de donner une liste de la ou des pathologies concernées avec une proposition thérapeutique. C’est l’aboutissement des cours enseignés et des stages hospitaliers ! La vraie mise en pratique, celle qui montre la réflexion et la priorisation médicale.

La validation du CSCT donne le droit de prescrire au futur interne de médecine. Mais attention, ce droit de prescrire ne permet pas de prescrire des médicaments à tout va, il ne peut être exercé que dans le service d’affectation de l’interne et uniquement sous supervision du praticien dont il relève. Bref, en théorie, si vous avez tout validé, vous pouvez maintenant prescrire ! Félicitations ! Vous êtes maintenant médecin ! Mais si c’était si simple…

En parallèle de la validation de son cursus pour passer en année supérieure, de la validation des stages hospitaliers (qui sont tous évalués, sans exception possible), de la validation de son droit de prescrire (le CSCT) et de ses gardes, l’externe doit également préparer son concours de 6e année, dernière étape avant de pouvoir se lancer dans le grand bain de la médecine !

La réforme des ECNi : les EDN et les ECOS

Ce concours de fin de 6e année est l’étape la plus difficile de toutes les études de médecine. Il s’agit du premier examen que les externes ont en commun sur tout le territoire français (pour rappel les autres examens semestriels, oraux, de stages, concours de 1ère année sont personnels à chaque faculté). Cet examen met en compétition tous les externes de médecine afin de les départager sur toutes les matières enseignées et leur permettre de choisir leur spécialité et leur ville futures. Il se déroule sur plusieurs jours et toutes les connaissances de la 1ère à la 6e année peuvent être interrogées. Ce concours demande une réflexion rapide, efficace et une somme de connaissances colossale.

comment devenir médecin
Par Vie de Carabin – Facebook

En 2022 est passée une réforme du concours de la 6e année de médecine. Ce nouveau concours diffère du précédent (appelé ECNi pour Examen Classant National Informatisé) par la présence d’examens oraux nationaux. Le nouveau format du concours se fait en plusieurs étapes. Les externes devront passer plusieurs épreuves à QCM et une épreuve de LCA.
1. Dans ces épreuves à QCM, les questions de tronc commun (de rang A) devront être validées à 14 sur 20 minimum ; et les questions spécifiques (de rang B) seront prises en compte pour le choix de la spécialité. Si l’externe passe cette 1ère sélection (qui vaut 60 % de sa notation finale), il pourra alors accéder aux ECOS (Examens Cliniques Objectifs Structurés).
2. Les ECOS sont des examens oraux et sont une mise en situation clinique, en simultanée sur toute la France, sur 10 cas. L’externe doit obtenir 10 sur 20 minimum à chaque cas. Les ECOS représentent 30 % de la note finale.
3. Les 10 % restants sont pris sur le parcours de formation jusqu’au concours.

Si l’externe ne valide pas une de ces étapes de sélection, il pourra retenter sa chance l’année suivante.
S’il parvient à passer ces étapes, il peut intégrer l’internat et choisir sa spécialité.

devenir médecin

Par Vie de Carabin – Facebook

À la fin du concours, un classement apparait et le choix est fait du plus méritant (le 1er) au moins bien classé (le dernier). Aucune dérogation n’est possible. Cela se joue parfois à un centième près : si vous êtes classés 1385e et que la dernière place de pédiatrie à Strasbourg est prise par le 1384e, vous devez soit changer de ville (s’il existe encore des places de pédiatrie dans d’autres villes), soit changer de spécialité, voire les deux. La répartition des postes n’est pas prévisible, mais des courbes apparaissent sur les tendances des choix des externes des années précédentes. L’important est d’être le meilleur pour avoir la spécialité que vous avez choisie !

Votre classement à l’ECNi n’est pas le reflet strict de vos connaissances, ni de votre capacité à être un bon médecin. Ce classement permet de répartir les choix des postes, de sélectionner ceux qui ont le plus de connaissances théoriques (indispensables dans certaines spécialités) ; mais cela ne préjuge pas de vos capacités humaines en tant que médecin ou de vos capacités de réflexion médicale. Le résultat de ce concours est avant tout le reflet de votre performance ces jours-là ! La formation médicale n’étant pas terminée, puisque l’étudiant devient interne de la spécialité choisie, tout est encore possible pour performer dans la spécialité qui vous sera rendue accessible.

Alors, vous doutiez-vous que l’apprentissage se faisait de cette manière ? Avez-vous des questions ou des remarques sur ce cursus ? Voyez-vous toujours le concours de 1ère année comme le plus difficile ? Dites-moi tout en commentaire !

Siran

Sources texte :

Expérience personnelle

L’étudiant : 123
Egora
Externat-médecine
Onisep
Conférence Hermès
Conférence Cartesia
Les généralistes – CSMF
MACSF
Code du travail : 12

Source images :

Vie de Carabin – Facebook – utilisation autorisée

1 réflexion sur “Le parcours pour devenir médecin : de la 2e à la 6e année de médecine”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut