Selon l’UICN (l’Union internationale pour la conservation de la nature) et sa liste rouge qui indique le danger d’extinction des espèces, il existe de nombreux animaux menacés de disparition classés dans plusieurs catégories en fonction de la gravité de la situation. Parmi celles-ci, il existe une catégorie qui désigne les animaux éteints à l’état sauvage, mais qui vivent encore dans des parcs animaliers. Vous voulez mieux les connaître ? Lisez donc la suite de cet article.
Comment reconnaître ces espèces ?
L’UICN et sa liste rouge
Avant tout, il serait intéressant de vous expliquer comment l’UICN peut affirmer que ces animaux ne sont plus présents dans leur milieu naturel. Pour ceux qui ne connaissent pas encore cette organisation, il s’agit d’une union de plusieurs membres comme des gouvernements, des organismes indépendants, etc. Elle a vu le jour en 1948, et son but est de tout mettre en œuvre pour que l’homme puisse se développer tout en respectant la nature qui l’entoure.
Pour y parvenir, il faut informer et sensibiliser les institutions du monde entier à la biodiversité. Parmi les moyens utilisés, on retrouve la liste rouge. C’est un inventaire complet de toutes les espèces animales et végétales connues à travers le monde. Ces espèces sont ensuite classées parmi l’une des différentes catégories de la liste rouge.
La création de la liste rouge est un travail complexe d’observation et de recherche qui est effectué par des scientifiques. Ils réalisent ces travaux sur chaque espèce pour en faire le bilan et déterminer à quelle catégorie elle appartient. Néanmoins, cela peut prendre plusieurs années avant de pouvoir établir un bilan clair. D’ailleurs, il arrive aussi que les chercheurs ne possèdent pas suffisamment d’éléments pour attester qu’un animal est menacé ou non. Dans ce cas, le spécimen est classé dans la catégorie DD ( data deficient, traduit en français par « données insuffisantes »). On peut aussi le retrouver dans la catégorie NE (not evaluated, en français « non évalué »), si l’espèce est impossible à observer ou si elle vient à peine d’être découverte.
Les catégories de la liste rouge
La liste rouge compte neuf catégories selon le risque d’extinction des espèces. Pour appartenir à une catégorie, les chercheurs ont établi plusieurs critères liés à la situation géographique, au nombre d’individus, à la répartition des populations, etc. On a déjà parlé des catégories DD et NE, qui existent parce qu’on ne possède pas assez d’informations pour évaluer l’espèce par rapport aux critères demandés. Les autres catégories se répartissent les animaux et les plantes connus.
Les deux premières sont les catégories LC (least concern, que l’on traduit par « préoccupation mineure ») et NT (near threatened, en français on a choisi « quasi menacé »), où se trouvent les espèces qui ne sont pas en danger pour le moment. Ce sont les plantes et les animaux des catégories suivantes qui préoccupent davantage l’UICN.
Les espèces menacées sont réparties sur trois catégories. D’abord la VU (vulnerable ou « vulnérable ») où les espèces sont déjà surveillées assidûment et où on retrouve, entre autres, les pandas. On trouve ensuite l’EN (endangered, « en danger » en français) qui précède une autre catégorie encore plus inquiétante : CR (critically endangered, traduit par « danger critique »). On y retrouve de gros animaux, comme plusieurs espèces d’éléphants et de rhinocéros, mais aussi de plus petits spécimens comme des insectes ou des araignées.
Il existe aussi deux catégories beaucoup plus noires : EX (extinct ou « éteint ») qui réunit les espèces disparues définitivement, et EW (extinct in the wild, « éteint à l’état sauvage ») qui concerne les espèces qui existent encore dans les parcs animaliers, mais qu’on ne voit malheureusement plus à l’état sauvage.
Pour toutes ces catégories, même LC ou NT, on considère que le risque d’extinction est déjà présent. En effet, si l’espèce n’est pas en danger actuellement, rien n’empêche qu’elle change un jour de catégorie. C’est d’ailleurs la même chose pour les animaux en danger, qui pourraient un jour venir à rejoindre ces espèces en préoccupation mineure.
Il est vrai que la liste rouge s’inquiète aussi bien de la flore que de la faune, mais pour la suite de cet article, je me concentrerai exclusivement sur les animaux.
Les animaux éteints à l’état sauvage
Toutes les familles d’animaux se retrouvent dans cette triste catégorie : mammifères, oiseaux, poissons, etc. En voici donc quelques-uns.
Le cerf du père David
Le cerf du père David est un cervidé typique des zones marécageuses chinoises. Ce spécimen est sur le déclin depuis le XIXe siècle.
Son nom est issu d’un missionnaire français, le père David, qui a longtemps étudié la faune et la flore sur le continent asiatique lors de nombreux voyages. On lui doit, entre autres, la découverte du panda géant. C’est de cette façon qu’il a repéré que cet étrange cerf n’avait jamais été étudié avant, ce qui lui a permis de donner son nom à l’animal.
Il mange essentiellement de l’herbe et du feuillage et aime passer du temps immergé dans l’eau. Ce mammifère vit en groupe la plupart du temps et ressemble, de loin et d’après le père David, à un âne avec des bois.
Malheureusement, cet animal était déjà en danger d’extinction à l’époque, il n’existait plus qu’une harde dans le parc impérial de chasse de Nanhaizi (au sud de Pékin), où le père David l’a étudié. Le troupeau a subi de lourdes pertes pendant une inondation en 1894, avant d’être libéré pour sauver le maximum d’individus. Ces derniers se sont malheureusement faits dévorer par les paysans frappés par la famine, puis par des occupants et des soldats durant les guerres qui ont suivi.
Entre temps, le père David avait envoyé quelques spécimens en Europe. Ces cerfs ont pu se reproduire en captivité et s’acclimater à nos régions. Plusieurs individus ont pu, de cette façon, se retrouver dans quelques zoos à travers le monde alors que leurs homologues sauvages se sont éteints. L’UICN a officialisé cette extinction à l’état sauvage en 2008.
Aujourd’hui, on tente de réintroduire le cerf du père David dans son habitat naturel. On pourrait donc retrouver un jour des troupeaux de cervidés gambadant sans danger dans les marais de Chine.
Le crapaud du Wyoming
Le crapaud du Wyoming, ou crapaud de Baxter, est un amphibien qui ne se trouve plus que dans un refuge américain.
Autrefois, on trouvait ces animaux dans la rivière Laramie et dans le lac Mortenson, dans le Wyoming. C’est un professeur de cette université qui les a découverts en 1946, le docteur George T. Baxter, qui a donné l’autre nom de ce crapaud.
Jusque dans les années 70, ces petits amphibiens allaient plutôt bien. Puis, leur population a commencé à diminuer sans explication notable. On pense que plusieurs facteurs sont la cause de ce déclin, comme les phénomènes météorologiques (sécheresse soudaine, manque de pluie, etc.) ou la pollution. Cependant, une autre raison plus importante cause du tort à ces animaux : ce sont les champignons et les maladies. Plusieurs s’attaquent aux crapauds, mais il est impossible de pouvoir les soigner dans la nature.
En 1993, les derniers crapauds du Wyoming ont été récupérés dans le lac Mortenson afin de compléter les spécimens du programme destiné à les réintroduire dans la nature, programme qui avait déjà été lancé en 1987.
Quelques temps plus tard, en 1995, on a essayé pour la première fois de remettre une faible population de l’espèce dans son habitat d’origine. Malheureusement, sans traitement contre les maladies qui les menacent, les crapauds de Baxter ont de grandes difficultés pour se développer dans la nature. Les résultats de ce programme ne sont pas encore concluants, mais ils pourraient le devenir plus tard à force de recherches et d’implications pour préserver l’espèce.
La corneille hawaïenne
La corneille d’Hawaï est un corvidé typique de cet État américain. On ne l’a trouvée que dans cet archipel puisqu’il ne s’agit pas d’une espèce migratrice. Pourtant, on a déjà prouvé que, dans le passé, quelques spécimens ont essayé de s’introduire sur le continent, mais l’oiseau ne s’y est jamais établi.
La corneille hawaïenne est un animal omnivore, mais elle a une nette préférence pour les baies et les petits animaux de son territoire. Elle a été considérée comme éteinte à l’état sauvage de manière officielle en 2004, le dernier couple vivant en liberté ayant disparu en 2002.
Malgré cela, cette menace ne date pas d’hier, l’extinction de cet oiseau était annoncée depuis les années 80. Les causes de ce danger sont nombreuses.
D’abord, l’homme ayant modifié son habitat, la corneille hawaïenne a dû se réfugier sur des étendues plus restreintes, peu propices à son développement. Ensuite, d’autres animaux qui ont été introduits dans l’habitat naturel de la corneille se sont attaqués aux oiseaux comme les chats sauvages, les mangoustes ou les rats. Ces prédateurs s’en prennent à la fois aux adultes, mais surtout aux poussins qui vivent au sol avant de pouvoir voler.
Enfin, les moustiques véhiculant des maladies ainsi que des virus extérieurs contaminent les individus les uns après les autres, ce qui a condamné peu à peu tous ceux à l’état sauvage.
Cela fait plus de vingt ans que l’homme tente de réintroduire la corneille hawaïenne dans son environnement, mais sans succès. Les corneilles hawaïennes sont plus difficiles à réintroduire que les crapauds de Wyoming ou les cerfs de David, car les seuls spécimens en captivité ne sont pas des sujets idéaux pour la reproduction, puisqu’ils sont déjà consanguins.
Le martin-chasseur cannelle
Le martin-chasseur cannelle ou martin-chasseur de Micronésie est un petit oiseau qui se nourrit d’insectes, mais aussi de petits reptiles et de crustacés.
Il est brun avec quelques nuances bleues sur les ailes et la tête. Les nuances bleutées sont réservées aux mâles, les femelles possèdent un menton et une gorge de couleur blanche. L’animal ne pèse pas plus de 80 grammes. Son territoire d’origine est restreint, on ne le trouvait que dans quelques îles du Pacifique : Palau, Ponphei et Guam.
Le martin-chasseur cannelle n’est pas étudié depuis longtemps par l’UICN, il a été classé dans la catégorie EW dès son apparition dans la liste rouge, en 2015. En réalité, la centaine d’individus restants est répartie dans des parcs animaliers et des refuges américains.
La cause exclusive de cette disparition est le serpent brun arboricole, introduit dans l’île de Guam, qui a décimé la population des martins-chasseurs. Il semblerait donc que l’homme ne soit pas délibérément responsable de cette menace d’extinction. De plus, la reproduction entre les martins-chasseurs se passe bien et un processus de réintroduction pourrait voir le jour prochainement.
Le lion de l’Atlas
Il n’y a pas que les plus petits animaux qui disparaissent, il y a aussi de grands prédateurs comme celui-ci. Le lion de l’Atlas, qu’on appelle aussi lion de barbarie, est le symbole typique des gladiateurs et des jeux du cirque dans l’Antiquité.
Ce félin a d’abord été considéré comme une espèce à part entière avant de découvrir qu’il s’agissait en réalité d’une sous-espèce du lion d’Afrique.
Le lion de l’Atlas est un carnivore très grand qui vit en groupe restreint. Puisqu’ils sont peu nombreux à vivre ensemble, les mâles aussi prennent part à la chasse, contrairement à leurs cousins. D’ailleurs, ces mâles ont une autre particularité, physique cette fois : leur crinière est très sombre et très fournie et descend sous l’encolure jusque sur les flancs.
Cela fait des décennies, en 1920 plus exactement, que le dernier spécimen à l’état sauvage a été abattu. Les rares individus dans les zoos ne peuvent être réintroduits pour le moment.
L’homme est le principal problème de cette réinsertion : braconnage, chasse des proies de l’animal… sans parler des lions en captivité détenus dans des pays qui ne sont pas sensibilisés à la préservation des espèces à l’état sauvage.
Dans un premier temps, le projet mis en place pour cette espèce est d’assurer son bon développement en captivité. À force de croisements et de reproductions succinctes, si la population actuelle vient à doubler voire tripler, on pourra envisager de relâcher un couple dans la nature. Ce couple devra être suivi et étudié assidûment avant de lancer un vrai programme de réintroduction.
L’oryx blanc
Quand on parle d’animaux éteints à l’état sauvage, on cite systématiquement l’oryx blanc comme un exemple. Cette antilope majoritairement blanche et fauve sur la poitrine et dont la queue mesure entre 1 m 50 et 1 m 70 est éteinte dans la nature depuis l’an 2000. Elle était déclarée en voie de disparition dans la liste rouge depuis 1986, puis en état critique d’extinction en 1996.
Elle a pourtant eu une place de choix comme bétail par les autochtones dans les zones sub-sahariennes, mais face à d’autres troupeaux et d’autres espèces plus faciles à élever, la diminution de la population n’a pas tardé.
La chasse de l’oryx a aussi décimé les troupeaux sauvages : on se nourrissait de leur viande, leur peau épaisse était utilisée en maroquinerie et leurs cornes représentaient des trophées importants. La perte de son habitat naturel au profit des élevages a aggravé cette menace d’extinction.
Aujourd’hui, on ne compte plus qu’un millier d’individus, tous vivant dans des parcs animaliers. De nombreux projets ont déjà vu le jour pour retrouver cette espèce à l’état sauvage, notamment au Maroc et en Tunisie. Les premiers datent déjà des années 60, sans grand succès jusqu’à présent.
Pourtant, tout espoir n’est pas perdu. En effet, la population en captivité est plutôt stable, des essais pour réintroduire l’espèce dans la nature sont donc possibles. Bien sûr, les individus relâchés sont, pour le moment, dans des réserves, des zones protégées, etc. Les scientifiques sont assez positifs pour qu’elle passe dans la catégorie VU dans les années à venir.
Le sténode blanc
Ce poisson blanc de la famille des salmonidés (comme la truite et le saumon) peut mesurer jusqu’à 1 m 50 et pouvait être consommé par l’homme quand il se trouvait dans la nature.
Il se plaît dans les mers froides du nord de l’Eurasie et de l’Amérique du Nord. On peut aussi le croiser dans les grandes rivières de ces mêmes étendues lorsqu’il migre dans le but de se reproduire.
Le sténode blanc a plusieurs autres noms : l’inconnu, le beloribitsa… Il se nourrit d’autres poissons plus petits à l’état adulte. Son régime est un peu plus varié quand il est à l’état d’alevin (jeune poisson) puisqu’il doit survivre entre l’endroit où il est né et la mer qu’il doit rejoindre en passant de rivière en rivière.
La construction de nombreux barrages a empêché ce poisson d’atteindre les différents lieux de frai, c’est-à-dire, les endroits où il se reproduit. L’UICN n’a pas pu réunir assez de données au fil des années. Il est classé officiellement en DD depuis 1996. On peut toutefois assurer que l’espèce n’existe plus à l’état sauvage, car on n’en enregistre plus la présence depuis longtemps. Par exemple, dans l’Oural, on n’a plus observé de sténode blanc depuis 1960.
Les individus conservés réussissent à garder une population stable grâce à l’hybridation avec d’autres espèces. La gestion d’un banc de poissons migrateurs comme celui-ci est très difficile à étudier. Voilà pourquoi, à l’heure actuelle, il est encore compliqué de faire le point sur la menace d’extinction, mais aussi d’établir une réintroduction dans la nature suivie.
Les animaux qui sont menacés de disparition, mais qui survivent en captivité, il y en a bien d’autres. On pourrait aussi parler du potosi pupfish (petit poisson), du hoco mitu (oiseau d’Amérique du Sud) ou encore de la tortue molle noire. En connaissez-vous d’autres ? Dites-le dans un commentaire.
Enley Tyler
Sources
Sources texte
L’UICN et la red list
Le cerf du père David
Le crapaud du Wyoming
La corneille hawaïenne
Le martin-chasseur cannelle
Le lion de barbarie
L’article sur manimalworld.net
L’oryx blanc
Le stenode blanc
Sources images
Image à la une : C. Kubat
L’Homme va finir par tout détruire sur Terre avant la mort du soleil vu tout ce qui se passe… C’est triste de ne plus voir des animaux tels que ceux-ci a l’état sauvage 🙁