Rare et atypique, le cheval Curly ne passe pas inaperçu à cause de sa toison bouclée caractéristique. Mais d’où vient cette race étrange ? Le Curly est-il le descendant d’un drôle de croisement entre un mouton et un cheval ? Pour le découvrir, lisez la suite de cet article !
Origines de la race
Les origines du Curly sont complexes, diverses et assez obscures, cet article ne fera donc pas le récit exhaustif de l’histoire de la race, mais seulement un résumé.
Le Curly vient d’Amérique du Nord. Il a même une histoire toute particulière dans cette région du monde, puisqu’il est très probablement l’ancêtre des races nord-américaines que nous connaissons aujourd’hui, et qu’il était autrefois la monture privilégiée des tribus amérindiennes. Les Lakotas, les Sioux et les Crows sont des clans célèbres pour leurs fantastiques qualités de cavalier, mais aussi pour leurs chevaux, réputés endurants, courageux, proches de l’homme et fort solides. Or, certaines de leurs montures, appelées les « chevaux bisons » à cause de leur toison laineuse rappelant celle de ces animaux, n’étaient autres que les ancêtres des Curlies toujours élevés aujourd’hui. Ces chevaux frisés étaient reconnus pour être encore plus courageux et fiers que les autres, on les considérait comme sacrés et on les réservait aux chefs et aux chamans.
Ainsi, les traditions orales prétendent que les grands chefs amérindiens Big Foot et Sitting Bull chevauchaient des chevaux frisés lors des batailles contre les colons américains. Mais cette race était connue et utilisée par les autochtones bien avant l’apparition des premiers Européens sur le continent. Une fausse idée circule parfois sur l’origine des Curlies, et cette erreur vient en fait du nom désormais désuet de la race : « American Bashkir Curly ». Le terme de « bashkir » a été introduit par un journal en 1930, émettant la théorie que les Curlies venaient de Bashkirie, en Asie centrale, et avaient traversé le détroit de Béring (gelé à l’époque où un « pont terrestre » existait entre les deux continents) pour s’installer en Amérique. En réalité, les Curlies et les Lokaï (race frisée d’Asie centrale) auraient seulement des ancêtres communs mais se seraient développés chacun sur leur propre continent.
Le nom officiel de la race est « North American Curly Horse », ou plus simplement « Curly ».
Désormais, les chevaux Curlies évoluent toujours sur le territoire américain, parfois en liberté, au sein des troupeaux sauvages du centre et du nord des États-Unis ainsi qu’en Alberta. Cependant, la race doit sa pérennité à trois grandes familles d’éleveurs passionnés par la race et déterminés à la sauver, que je vais vous présenter maintenant.
Les premiers éleveurs non-amérindiens
Ainsi, trois familles sont reconnues comme étant les « sauveuses » de la race. Il s’agit des Pollok au Canada et des Damele et Skonjberg aux États-Unis.
La famille Damele est celle qui a d’abord cru aux origines asiatiques de la race et a contribué à répandre cette fausse rumeur. Installée dès le milieu des années 1800 à Eureka, Nevada, la famille possède et exploite des terres. C’est en 1898 que Peter Damele et son père font une étonnante découverte au fin fond de l’état : celle de trois chevaux sauvages dont le corps est recouvert de petites boucles serrées.
Bien plus tard, en 1932, une grande vague de froid s’abat sur la région et la plupart des animaux des Damele, chevaux et bétail, périssent, à l’exception des chevaux sauvages bouclés. Afin d’avoir des montures, les Damele décident de débourrer ces animaux et sont surpris de découvrir leur ardeur au travail, leur intelligence et leur grande résistance. C’est ainsi qu’ils commencent à en faire l’élevage, croisant les juments frisées et sauvages avec leurs propres étalons. De nombreux éleveurs de la région suivent leur exemple, et c’est ainsi que les Curlies sauvages furent croisés avec beaucoup de races nord-américaines ou présentes sur le territoire telles que les Arabes, les Morgans, les Mustangs, les Missouri Trotters, les Tennessee Walkers, les Appaloosas, les Quarter-Horses, etc. C’est également à ce moment-là qu’une des caractéristiques les plus intéressantes des Curlies est découverte. En effet, on s’est aperçu que la plupart des personnes allergiques aux chevaux pouvaient côtoyer ces bêtes frisées sans difficulté : les Curlies sont hypoallergéniques.
Une autre vague de froid, en 1952, fait de nombreuses victimes parmi les montures des Damele, à l’exception une fois encore de beaucoup de leurs Curlies. Convaincus de la nécessité de poursuivre leur élevage, les Damele sont à l’origine de lignées dont sont issus beaucoup des individus vivant aujourd’hui, basées sur trois étalons : Copper D (un Curly), Nevada Red (un Arabe) et Ruby Red King (un Morgan).
Quant à George Pollok, au Canada, il serait le premier homme « blanc » à avoir élevé des Curlies. En 1883, il organise une grande transhumance de 200 Mustangs et quelques Curlies, depuis la région de Winnamucca au Nevada jusqu’en Saskatchewan, au Canada. C’est là qu’il installe son ranch, dans la région des Cypress Hills, et commence sa toute première lignée de Curlies appelée « Cypress ». Cette lignée est une des seules qui s’étend sur plus d’un siècle et est présente dans beaucoup de pedigrees de Curlies actuels. De nos jours, son petit-fils Ross et sa femme Claire ont décidé de se réinstaller dans la région et de reprendre l’élevage, à partir de deux Curlies achetés dans l’élevage Bergen.
Certains éleveurs actuels se sont rassemblés sous le terme de « Early Curly Breeders » et entendent protéger le format originel de la race issu de ces premiers élevages, alors que d’autres essayent de moderniser le modèle pour le rendre plus conforme à l’utilisation actuelle du Curly, comme le sport, la randonnée ou l’équithérapie.
Caractéristiques physiques du Curly
Contrairement à une croyance répandue, le Curly n’est pas la seule race de chevaux frisés au monde. ll en existe en fait cinq : le Curly bien sûr, le Bashkir et le Transbaïkal en Russie, le Lokaï au Tadjikistan et le Manipur en Inde. Eh oui, même si son nom peut prêter à confusion, le Frison ne fait pas partie de ces races à boucles. Parfois, des chevaux naissent frisés dans d’autres races, mais le phénomène reste très anecdotique.
Il faut aussi noter que les belles boucles des Curlies n’apparaissent qu’en hiver. L’été, leur poil est lisse ou légèrement ondulé, même si l’intérieur des oreilles, les crins et souvent les jambes restent frisés toute l’année.
Leur taille varie entre 1,42 m et 1,63 m au garrot. Toutes les couleurs sont admises pour cette race, y compris les robes pies et tachetées. Autre particularité étonnante et déjà mentionnée un peu plus haut dans l’article, le poil des Curlies, ayant une structure différente de celui des autres chevaux, est hypoallergénique et est donc particulièrement intéressant pour les personnes allergiques mais passionnées par le domaine équestre.
Les Curlies ayant de nombreuses origines, il n’y a pas vraiment de morphologie typique pour la race. Ce sont des chevaux solides, musclés, endurants, qui résistent parfaitement au froid et aux conditions les plus extrêmes.
Les qualités les plus recherchées par les éleveurs sont : de bons aplombs, des allures confortables et étendues, une belle conformation et un tempérament très particulier, les Curlies étant en effet très tranquilles, doux, à l’écoute de l’homme et dégageant une impression générale de sérénité. Même les mâles entiers sont réputés pour leur douceur, et ces qualités font du Curly un compagnon idéal et exceptionnel pour tout cavalier. Ils peuvent être utilisés dans diverses disciplines telles que la randonnée, bien sûr, mais également le saut d’obstacles.
Il existe plusieurs « variétés » de Curlies, dont une appelée « Smooth Coat » qui présente la particularité de ne pas être frisée (tout en restant hypoallergénique) mais son poil reste doux comme de la soie au toucher (ils rappelleraient le pelage des lapins angora). Par ailleurs, tous les Curlies sont extrêmement doux et agréables à caresser.
Un autre type de Curlies, dit « extrême », présente des poils bouclés au maximum et perd entièrement sa crinière et parfois sa queue lors de la mue printanière.
Pour revenir aux caractéristiques générales des Curlies, leurs crins sont d’ailleurs également frisés et très fins, et leur crinière est double : elle « retombe » de chaque côté. Leurs yeux en amande, de type très oriental et leurs longs cils recourbés en font de très beaux animaux.
Les poulains naissent dotés de leur toison bouclée et épaisse et ils se montrent très affectueux dès leurs premières heures, recherchant le contact de l’homme. Une autre de leurs qualités (ou de leurs défauts, selon la situation) est leur grande curiosité : ils adorent découvrir de nouvelles choses et n’hésitent pas à déployer des trésors d’ingéniosité pour quitter leur paddock et se rapprocher de la maison de leur maître, par exemple. Contrairement à la plupart des chevaux, les Curlies réagissent de manière étonnante face au danger, en refusant de fuir et en combattant s’il le faut. Ils affronteront toujours l’objet de leur frayeur.
Sachez enfin que les Curlies croisés avec d’autres races transmettent leurs frisures à 50 % de leurs descendants, une chance sur deux !
Si vous désirez acquérir un Curly, il ne sera pas nécessaire d’aller le chercher sur le continent américain, il existe notamment l’élevage de Quily, dans le Morbihan, qui est très réputé.
Ainsi s’achève cette présentation de la race Curly. La connaissiez-vous ? Avez-vous déjà vu un de ces étonnants chevaux bouclés ? Dites-moi tout dans les commentaires.
Je connaissais vaguement la race, j’ai appris es trucs, merci ! J’aimerais beaucoup en voir en vrai, ça a l’air chou( mais t’as ptet choisi de belles photos haha)
J’avais déjà entendu parler de cette race aux poils frisés et hypoallergéniques, mais j’ignorais leur histoire. Merci pour ce bel article 🙂
Ils sont très chous Siran haha *-*
Merci Petit Javelot, contente que ça t’ait plu (:
J’adore cette race et j’ai appris plus de chose sur eux grâce à votre article 😀 Merci à vous les filles