Le Systema

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Si je vous dis « art martial », je suis sûre que vous pensez « judo », « karaté », « Japon » et pourquoi pas « taï-chi » et « apprendre à éviter les coups » ; eh bien, sortez de ces idées reçues, car le Systema est un art martial bien loin de tout cela ! Vous souhaitez faire un sport très original ? Lisez cet article, et peut-être vous laisserez-vous tenter…

Le Systema, qu’est-ce que c’est ? 

Description globale 

Le Systema (СИϹTEMA en russe) est un art martial d’origine russe. Pendant des dizaines d’années, il a été tenu secret de tout public puisqu’il s’agissait d’une partie de l’entraînement des forces spéciales russes (la Spetsnaz). Ce n’est que depuis les années 1990 (après la dissolution de l’URSS) que le Systema s’est ouvert au monde des civils, sur tous les continents.
Il n’y a pas de passage de niveau (pas de ceinture comme au karaté par exemple), pas de grade (pas de différence entre les anciens et les nouveaux pratiquants), pas de tenue spécifique.

Comme déjà dit, le principe de ce sport est très éloigné des arts martiaux que l’on connaît le plus : le Systema apprend au pratiquant à recevoir des coups douloureux et à en rendre. En effet, il donne pour objectif de gérer son corps et son esprit lors d’un « combat de rue » (agression inattendue) ; or, dans ce genre de situation, l’attaqué ne peut pas éviter ou parer toutes les attaques qu’il reçoit. De même, puisqu’il doit se défendre, l’attaqué doit savoir frapper pour maîtriser l’agresseur. Aux États-Unis, on retrouve un sport de combat assez similaire par ses idées à l’art martial qu’est le Systema : le Krav Maga.
Il n’y a pas de limite en termes de nombre : un attaqué contre un attaquant, un attaqué contre plusieurs attaquants parmi un groupe, un attaqué contre le groupe entier (et réciproquement). De plus, les attaquants peuvent être armés (armes blanches), arriver par derrière (étranglement), etc., tout cela pour rester le plus proche possible d’une agression réaliste. Petit fait amusant : lors de certains entraînements, les pratiquants font des pogos ! Coups de coude, d’épaule, de tête, de pied, de genou, etc., il y en a pour tous les goûts…

Tout comme dans le free fight, aucune partie du corps n’est épargnée. D’ailleurs, la Ligue française de Systema explique que ce sport « n’impose aucune règle ou limite autre que morale ». Il ne faut donc pas avoir peur de se faire des bleus…

L’idée conductrice du Systema

Les coups reçus en entraînement (et généralement dans les combats de rue) ne sont pas mortels. L’idée conductrice du Systema est la suivante : la plus grosse limite de l’attaqué est sa gestion de la douleur. En effet, avoir mal n’empêche pas de répliquer, sauf si on laisse la souffrance prendre le dessus. L’exemple qu’un ami pratiquant m’a donné est le suivant : on nous attaque par surprise avec un couteau, on a pour réflexe de se protéger le visage avec les bras. On peut donc potentiellement recevoir un coup de couteau dans un bras, mais, à part la douleur immédiate, qu’est-ce qui nous empêche de frapper à notre tour l’agresseur au visage ? Et pourquoi ne pas utiliser le bras blessé ? Oui, c’est étrange lorsqu’on imagine la situation, mais si on y réfléchit, c’est le bras blessé qui est probablement le plus proche du visage de l’agresseur. C’est donc la contre-attaque la plus « logique », lorsqu’on oublie la douleur. Le Systema est dans cette optique où la souffrance ne doit pas guider notre façon de réagir à une agression. Mais pour atteindre un tel niveau, il faut s’entraîner !

Les entraînements

Afin que le déroulement d’un entraînement soit bien clair, j’ai décidé de vous l’expliquer en deux étapes.

Première étape : être attaqué et être attaquant 

Être attaqué 

Après l’échauffement, commencent les entraînements. Les pratiquants sont prévenus du genre de coups qu’ils vont recevoir, afin qu’ils se préparent physiquement et psychologiquement à « absorber » la douleur. Lors de cette première étape, l’attaqué ne se défend pas ! En revanche, il doit toujours être en mouvement afin de faire « circuler » la douleur, à sa manière : avancer, reculer, bouger les bras, secouer ses jambes, etc. Il reçoit des coups de plus en plus puissants, au même endroit, jusqu’à ce qu’il lui soit insupportable de continuer et qu’il demande la fin des coups.

Dans la vidéo suivante, on vous présente comment on apprend à être attaqué. Pour ceux qui ne comprennent ni l’anglais ni le russe, voici ce qu’il se passe : les hommes qui se font frapper à 0’50 et à 2’15 sont des street fighters russes qui voulaient vérifier que les coups donnés et reçus au Systema étaient réels. C’est ensuite eux qui donnent des coups aux pratiquants de Systema à 3’20 et 4’20. Vous pourrez noter la grande différence de gestion de l’absorption de la douleur entre les street fighters et les pratiquants.

 

Pour demander l’arrêt, il ne faut pas attendre d’être complètement dépassé par ce qui est ressenti, car cela signifie qu’on ne connaît pas ses limites. À l’inverse, s’arrêter dès le premier coup un peu fort n’augmente pas son seuil de tolérance à la douleur. Dans ces deux cas, l’entraînement de Systema n’est pas efficace. Apprendre à se connaître est une compétence sous-jacente à l’entraînement.

En aucun cas, il n’est question de lutter ou de résister à la douleur, au contraire, il faut l’accepter. Pour tenir le plus longtemps possible, les points essentiels retenus par beaucoup de professeurs de Systema, et commun à bon nombre d’arts martiaux, sont d’avoir une bonne respiration et de relâcher au maximum ses muscles (ne pas être crispé). En effet, cela est primordial pour « diffuser » la douleur dans tout le corps, et donc pour l’amoindrir et la rendre supportable au point d’impact. La respiration permet aussi de faire revenir l’énergie dans la zone endolorie, afin de préparer le corps à recevoir un nouveau coup. Cependant, il s’agit d’une respiration forcée, pas forcément régulière, et que chacun développe à son rythme, en fonction de la souffrance ressenti lors de l’attaque. Cet aspect à la fois mental et physique de réception de la douleur est indissociable du Systema ; cela se travaille beaucoup lors des entraînements, et il n’est pas imaginable de passer outre cette approche de l’énergie si vous souhaitez percer dans ce sport.

Être attaquant

Comme expliqué dans cette vidéo, être attaquant nécessite aussi un entraînement. La toute première chose est de savoir porter un coup. Attention, le Systema n’incite pas à la violence, mais l’attaque influence beaucoup l’efficacité du travail fourni par le pratiquant attaqué. Ainsi, il est primordial de savoir estimer la force de sa frappe, la douleur reçue devant aller crescendo. Pour les débutants, les premiers coups doivent ressembler à des « tapes amicales », afin que l’attaqué ressente une première fois où la douleur va surgir. Ensuite, les chocs vont être de plus en plus forts jusqu’à atteindre le niveau de tolérance du receveur. Plus ce dernier avancera dans les séances d’entraînement, et plus l’attaquant devra enchaîner rapidement ses coups. Au départ, il ne faut pas aller trop vite, le temps pour l’attaqué d’absorber la douleur, et pour l’attaquant de se rendre compte de la puissance de son attaque et de ce que peut supporter celui qu’il frappe.
De plus, lors d’un entraînement, il faut savoir quand s’arrêter. Normalement, c’est bien l’attaqué qui doit mettre le holà, mais le Systema est un sport extrêmement physique, qui fatigue aussi nerveusement, donc si l’attaqué semble faiblir, ne plus tenir sur ses jambes ou s’il ne fait que recevoir les coups passivement, il est du rôle de l’attaquant de s’arrêter. Personne ne doit être en danger. Évidemment, ce n’est pas le cas en combat réel ou en compétition, durant lequel l’attaque se termine lorsqu’un ou plusieurs participants sont neutralisés.
L’attaquant aussi doit travailler sa respiration : si cette dernière est bloquée, le coup porté n’aura pas l’impact voulu. Là encore, tout est une question de pratique.

Lors d’une séance d’entraînement, le pratiquant de Systema se retrouve forcément dans les deux rôles afin de pouvoir passer à ce que j’appelle « la deuxième étape » dudit entraînement.

Deuxième étape : gérer un combat

Lorsque cette première phase de « réception et d’acceptation de la douleur » est acquise, les pratiquants apprennent à contre-attaquer, puisque l’objectif final est de neutraliser l’adversaire. Il n’y a plus d’attaqué ou d’attaquant, car chacun essaye de maîtriser l’autre. Cette partie de l’entraînement ressemble à un vrai combat, mais les pratiquants peu expérimentés travaillent plus lentement pour se laisser mutuellement le temps d’absorber le coup.
Les techniques ou les enchaînements qui permettraient de parer une agression ne sont pas une priorité, puisque l’objectif est de pouvoir produire une défense sans s’être préparé, si cela s’avérait nécessaire (comme dans un combat de rue). C’est donc une réponse « réflexe » à l’agression qui est demandée au pratiquant, réponse qui pourra cependant évoluer au fur et à mesure de l’apprentissage du Systema. On peut penser que les personnes qui connaissent certains enchaînements pour attaquer ou parer sont avantagées, mais si elles ne gèrent pas la douleur des coups reçus, l’issue du combat reste imprévisible. Voici une vidéo montage de différentes sortes d’entraînement pour cette deuxième phase.

Les « compétitions »

Contrairement à bon nombre d’autres arts martiaux, les compétitions n’existent pas en tant que telles en Systema. Ce qui s’en rapproche le plus sont des rencontres de clubs, lors desquelles seuls les pratiquants expérimentés (désignés par les professeurs puisqu’il n’y a pas de grade) se battent, mais il n’y a pas de classement final. Parfois, ces rencontres servent de démonstration pour les jeunes pratiquants, voire même sont ouvertes au public, qui reste spectateur et ne peut pas participer. Les clubs français sont rares à adhérer à ce genre de pratique, mais cela se démocratise dans d’autres pays, notamment aux États-Unis.

Lors de ces rencontres, il est difficile de voir la différence entre le Systema et le free fight ou le street fight. Les coups reçus et donnés sont aussi impressionnants d’un côté que de l’autre. Comme durant les entraînements, il peut y avoir plusieurs attaquants, l’utilisation d’armes blanches, etc. Seul l’objectif final change un peu de ces autres sports de combat : au Systema, on ne cherche pas à mettre K.O., seulement à maîtriser. À ce niveau de pratique, la respiration pour permettre l’absorption de la douleur est automatisée, et donc invisible, contrairement à ce qu’on voit lors des entraînements. De plus, les participants de haut niveau connaissent des techniques et des enchaînements (que l’on peut retrouver dans d’autres arts martiaux) pour pouvoir rivaliser avec leur(s) adversaire(s), ce qui n’est pas nécessaire lors des entraînements.

Au-delà de ces rencontres, des compétitions illégales existent, lors desquelles les pratiquants de Systema rencontrent des personnes expérimentées dans d’autres arts martiaux ou sports de combat, mais évidemment, il y a très peu d’informations sur le sujet…

Où en trouver en France ? 

Le Systema se développe de plus en plus en France. On peut déjà le pratiquer dans les grandes villes comme Grenoble, Marseille, Montpellier, Nîmes, Lyon, Paris et Toulouse, et cela commence à atteindre des villes de taille moyenne, donc si vous êtes intéressés, n’hésitez pas à chercher autour de chez vous ! Une information importante : la majorité des clubs et des associations n’autorise les inscriptions que pour les adultes à partir de 18 ans.
De plus, il faut savoir que cet art martial est pratiqué presque uniquement par des hommes ; cependant, rien ne vous empêche, mesdames, de vous y inscrire, mais préparez-vous psychologiquement à vous faire frapper par des hommes. Mais pas de panique ! N’oubliez pas qu’un attaquant doit savoir porter les coups en fonction de son adversaire, pour que ce dernier apprenne et ne subisse pas.
Il existe de nombreuses pédagogies, selon l’enseignement qu’ont reçu les professeurs ; vous ne trouverez donc pas la même mentalité, le même esprit de compétition ni les mêmes méthodes de combat en fonction des endroits où vous allez. Comme pour tout autre sport, si vous en avez l’occasion, testez une séance dans plusieurs établissements pour trouver l’ambiance qui vous plaît le plus.

Voilà qui clôt cet article sur le Systema. En aviez-vous déjà entendu parler ? Avez-vous déjà essayé ? Pouvez-vous vous imaginer dans la peau d’un(e) pratiquant(e) ? Expliquez-nous cela dans un commentaire !

Gwendoline F.-R.

 

Sources texte

Systema France
Daily Neuvième
Wikipedia

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