Huit métiers méconnus ou insolites

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Vous le concèderez, nous ne connaissons pas tous les rouages de nos sociétés modernes. Bon nombre de personnes travaillent dans l’ombre : parfois, on connaît le nom de métier sans en connaître les spécificités, mais d’autres fois, on n’imagine pas un seul instant qu’ils puissent seulement exister. Grâce à l’aide de la communauté monchvalienne, j’ai pu vous concocter un article qui, je l’espère, vous surprendra !

Les métiers méconnus ou insolites

Graveur de pièces de monnaie

Alors que l’argent liquide s’utilise de moins en moins à cause du coronavirus au profit de la carte bancaire, certaines pièces de monnaie restent très demandées : les pièces de collection. Ces dernières sont loin d’être produites en grande quantité car, au-delà du fait que rareté rime avec valeur, c’est aussi la manière de produire ces pièces qui en fait des objets réputés.
En effet, après la fonte de la pièce (qui n’est pas encore à sa taille finale) et de son dessin, un graveur vient préciser les contours des formes imprimées à l’aide d’un microscope. Ensuite, toujours manuellement, il ajoute la valeur, l’année de production et le pays où la pièce sera vendue. Cette nouvelle pièce sera alors moulée, et c’est avec la réduction de ce moule que les pièces de collection que nous connaissons pourront sortir d’usine.
Les graveurs ne sont évidemment pas nécessaires pour les pièces d’utilisation quotidienne, mais ils sont essentiels pour les pièces de collection (telles que les dollars canadiens.

Cosmétologue

Être cosmétologue ne s’arrête pas à mélanger et secouer des substances colorées et odorantes pour obtenir des savons, des crèmes ou des parfums attrayants. Même si Lotuss, notre monchvalienne cosmétologue, admet que ça sent souvent bon dans son laboratoire, cette partie « création » est complétée par de nombreux éléments beaucoup plus sérieux.
Voici plusieurs des étapes nécessaires avant que des consommateurs puissent acheter un produit dans leur supermarché.
1. Assister à des réunions à propos du cahier des charges d’un produit particulier durant lesquelles sont expliqués les attentes et les critères du client et de l’entreprise, des spécificités recherchées, etc. La production du produit devra se faire dans le respect de la charte et des chartes demandées par l’entreprise ; du label bio comme COSMOS, par exemple.

2. Chercher les formules qui se rapprochent au maximum du cahier des charges. De nombreux essais sont nécessaires pour trouver la formule parfaite : « parfois, seulement 0,1 % d’une matière première (comme les gélifiants), ça peut tout changer au résultat final », nous précise Lotuss.

3. Tester de différentes manières le produit et l’analyser lorsqu’il est pré-validé.
Lotuss : « On peut prendre l’exemple d’une émulsion. Il faut pouvoir s’assurer que l’émulsion reste stable (on attend toujours J+1 pour commencer les tests car il y a une phase de mûrissement où les émulsions gagnent en viscosité) ; on peut déjà avoir un premier aperçu au microscope (plus les gouttes d’huile sont grosses, plus l’émulsion présente des risques de déphasage). Il faut obligatoirement faire des tests de stabilité qui se font à l’étuve à 50 °C pendant 1 mois par exemple. Également réaliser un challenge-test pour s’assurer que le/les conservateurs ou la synergie choisis sont efficaces pour empêcher la prolifération bactérienne. Et enfin un test de tolérance cutanée (ou patch-test, réalisé sur des humains) et si allégations sur le produit, des tests d’efficacité (comme anti-rides, amincissant, etc.). Il existe d’autres tests mais ça dépend du produit. »

Une fois que tous les tests sont conformes aux attentes, il reste encore différents contrôles à réaliser :
– les caractères organoleptiques (aspect, odeur, couleur, saveur éventuellement) ;
– les propriétés physico-chimiques (viscosité, pH, densité) ;
– les ingrédients utilisés ainsi que leur quantité.

Ensuite, il faut s’interroger sur le service de transposition industrielle. Comme je ne savais pas du tout ce que c’était, Lotuss m’a expliqué : « C’est adapter le mode opératoire (l’assemblage des matières premières) pour optimiser le procédé au cours des changements d’échelle successifs.
Pour faire simple, la mise au point d’une formule démarre en laboratoire, sur des quantités de l’ordre de 100 g. En production industrielle, on parle en général de 50 kg à 500 kg et plus.

Mais dans la production d’une grande quantité, les composants peuvent interagir différemment qu’en petite quantité. Par exemple, la texture finale peut être différente et c’est pour ça qu’il faut passer par une quantité intermédiaire, appelée « lot pilote » de 5, 10, 20, 50 kg pour pouvoir adapter et modifier le processus comme les vitesses et les temps d’agitation. Tout ceci pour pouvoir produire de manière stable et répétable. »
Entre l’étape des réunions sur le cahier des charges et la vente au grand public, un minimum de plusieurs mois est nécessaire, le temps de créer, modifier, tester et contrôler les produits. Parfois, il faut plusieurs années à un produit avant qu’il ne sorte.

En découvrant ce métier, Lotuss a été surprise de la rigueur et du nombre de contrôles demandés pour qu’un produit soit commercialisable. Elle a aussi noté l’engouement autour de certaines matières premières ; exemple : la poudre d’argent se vend 5 000 € le kilogramme…

Afin d’en arriver là, cette monchvalienne n’a pas suivi le parcours conventionnel : après l’obtention d’un master en biologie cellulaire et moléculaire, elle a intégré un master 2 en développement des topiques et cosmétiques.
Et, dans son élan et par amour des cosmétiques, Lotuss lance son entreprise dans la confection de cosmétiques solides !

Préventeur de risque

Si le nom de ce métier est surprenant, le contenu en est pourtant assez clair. Un préventeur de risque travaille à éviter les risques sanitaires et industriels. Il entreprend des recherches en matière de sécurité (notamment du travail). Ses secteurs sont très variés, allant de l’usine de tri de déchets au centre de recherche en immunologie.
Le préventeur de risque travaille en contact direct avec les Services d’accident du travail de la Caisse régionale d’assurance maladie. On attend donc de lui l’analyse précise d’une situation ayant causé un accident, ainsi qu’il trouve des solutions pour que cela ne se reproduise pas. Cela passe par la création ou l’adaptation d’outils utilisables par les travailleurs.
Pour travailler en tant que préventeur de risque, un DUT ou DUT-HSE (hygiène, sécurité et environnement) est nécessaire.

Documentaliste audiovisuelle

Dans l’équipe du MC Mag’, j’avais retenu un métier insolite chez une de mes collègues correctrices, As-De-Pique. C’est d’ailleurs à elle que j’ai pensé en premier lorsque je me suis lancée dans cet article !
Je lui ai demandé de me réexpliquer son travail pour vous le faire connaître.

As-De-Pique : Mon métier est de fournir des images aux journalistes afin qu’ils puissent monter leurs sujets. L’exemple le plus parlant mais pas le plus joyeux que je donne toujours pour permettre de visualiser, ce sont les nécrologies. Quand quelqu’un décède, il y a besoin de ressortir les différentes images et moments marquants de sa vie. Et moi, grâce à un logiciel, un glossaire de mots-clés contrôlés, je peux retrouver exactement le moment voulu grâce à une base de données. Par exemple, en tapant JACQUES CHIRAC + MAIRIE + PARIS, je retrouve des images de lui quand il était maire. On a récemment eu l’anniversaire de l’incendie de Notre-Dame de Paris, je le retrouve en tapant  » CATHEDRALE + NOTRE-DAME + INCENDIE « . Et ça parce qu’avec mes collègues, on a préalablement renseigné plusieurs formulaires associés à la vidéo, avec un titre, des mots-clés, la description de ce qu’on peut voir à l’image, les droits des images, de manière normalisée afin de retrouver rapidement les images. Ça s’appelle l’indexation. On indexe donc beaucoup d’images, tous les jours, et on n’en ressort qu’une petite partie. On utilise aussi beaucoup les images d’illustrations par exemple de villes, d’agriculture, d’industries, comme ça le journaliste n’a pas besoin d’aller tourner avec sa caméra.

Aujourd’hui, tout est informatisé. Quand j’ai commencé [en 2012], on utilisait encore des cassettes.

Moi : Par exemple, pour indexer un match de foot, combien de temps est-ce que ça te prend ?

As-De-Pique : Pour le match de foot, il y avait plusieurs façons de procéder. Soit en temps réel, tu écris en même temps que les actions se passent. Donc ça peut être un peu brouillon.
Soit une fois le match terminé : dans ce cas, je pouvais y passer plusieurs heures, pour décrire de manière détaillée, reconnaître les joueurs, etc.
Exemple de texte, avec un time-code devant afin de savoir où ça se situe dans le match :
17:03:12 CENTRE EN RETRAIT DE 7 GRIEZMANN ANTOINE (FRA) ET BUT D’UNE FRAPPE ENROULEE DE 6 POGBA PAUL (FRA) + RALENTI + JOIE 6 POGBA PAUL (FRA) CELEBRATION DU BUT / FRANCE 3-1 CROATIE
Donc les scripts de matchs peuvent être très longs !
En tapant POGBA + FINALE + CROATIE dans mon logiciel, je pourrai tomber directement sur ce match et grâce au time-code de la vidéo, directement sur le but. »

As-De-Pique a fait un DUT Information-Communication option documentation, et une licence professionnelle, mais ce sont ses stages qui l’ont dirigée vers les médias.

Rythmologue

Même si le terme « rythmologue » pourrait faire penser au domaine musical, c’est vers le domaine médical que nous nous tournons : un rythmologue est un médecin spécialisé dans les troubles du rythme cardiaque (arythmie). La rythmologie est donc une branche de la cardiologie.
Le rythmologue ausculte les patients, pose des diagnostiques et opère. Ce spécialiste du cœur utilise tous les moyens possibles pour réguler le rythme cardiaque, notamment les pacemakers (ou « stimulateurs cardiaques ») et les défibrillateurs. Ces derniers ne sont pas utilisés uniquement pour redémarrer le cœur de quelqu’un en arrêt cardiaque : implanté dans la cage thoracique du patient, les rythmologues utilisent le défibrillateur pour réguler le rythme du cœur. Autant vous dire qu’il vaut mieux que la machine soit bien réglée !
Parmi les autres outils utilisés, nous retrouvons la sonde : cette dernière est une petite caméra qui avance dans une artère afin d’atteindre le cœur dans l’objectif d’en connaître les dysfonctionnements. Il y a encore quelques dizaines d’années de cela, pour relever de telles informations et résoudre le problème, il fallait ouvrir le thorax. Le rôle du rythmologue est alors de brûler, par le froid (la cryothérapie) ou par le chaud (la radiofréquence, plus dangereux) la partie du « circuit électrique » du cœur qui dysfonctionne. D’autres méthodes sont encore en train d’arriver comme le laser, ce qui oblige le rythmologue à se former sur des outils qui n’étaient pas imaginables en médecine il y a de cela une génération.

Les fonctions et spécialités méconnues ou insolites

Illustrateur ; fonction : dessiner sur vitre et sur ardoise de magasins

En sortant d’un restaurant, j’ai eu l’occasion de croiser un homme qui se présentait aux propriétaires comme « illustrateur pour supports extérieurs ». Son métier de soirée était cuisinier, mais son travail durant la journée était dessinateur.
En hiver et en automne, cet artiste se concentre plus sur la création de vitrines thématiques (Halloween, Noël). Je pense que vous avez tous en tête des bonshommes de neige « peints » sur une boulangerie par exemple.
Au printemps et en été (principalement), il se déplace de ville en ville pour proposer aux restaurateurs et aux cafés la décoration de leurs ardoises, afin de rendre leur établissement plus attractif.

Personnellement, j’aime beaucoup ce qu’il a réalisé pour ce restaurant : à la fois gai et élégant, à l’image de l’établissement. De toute façon, connaissant ce qu’il y avait avant, ça ne pouvait être que mieux !
Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est que tous les restaurants et quelques commerces de la ville d’à côté ont aussi vu fleurir de jolies arabesques colorées sous leurs lettres fades. Cette floraison de jolies ardoises rendait finalement le tout moins attractif que s’il n’y en avait eu seulement quelques-uns, alors j’ai trouvé cela dommage. Pour autant, cela mettait quand même de la gaieté dans ces rues, pleines de personnes masquées et tristes des pluies de septembre.

Psychologue ; spécialité : médiation animale

De nos jours, aller chez le psychologue ne signifie plus être assis dans un bureau avec son thérapeute.

Spieluhr partage avec nous la méthode qu’elle pratique avec ses patients : la médiation animale. L’accompagnement des enfants avec l’aide d’un animal est de plus en plus fréquent et souvent efficace pour des jeunes à problématiques variées. Spieluhr est une psychologue spécialisée en médiation animale, car elle travaille comme un psychologue « classique », mais « avec l’animal (et la nature) comme tiers médiateur dans la relation psy-patient ».

Fréquemment, l’animal utilisé pour la médiation est le poney ou le cheval. Attention de ne pas confondre l’équithérapie et la médiation animale : avec une thérapie menée par un psychologue diplômé. Beaucoup de professionnels de la santé et du bien-être incluent les animaux dans leur pratique professionnelle, mais tous ne prodiguent pas un accompagnement psychologique et psychique tel que proposé par un psychologue.

Spieluhr « n’utilise pas les mots « équithérapie » (ou « équicie ») car il existe des formations propres à ces deux termes, que je n’ai pas suivies. Mais les théories fondatrices de l’équithérapie et de l’équicie sont fortement basées sur des concepts de psychologie. »

L’équidé sert de lien entre le thérapeute et le patient. Une fois la relation créée entre l’enfant et l’animal, les interactions sont simplifiées, notamment par l’intérêt commun entre le thérapeute et son patient qu’est l’animal. L’enfant dit alors plus de choses (verbalement ou par les gestes ou le changement du comportement). Ce dernier est aussi une motivation pour que l’enfant s’implique et s’approprie les autres outils amenés par le psychologue.

Même si cette méthode paraît très convaincante, Spieluhr précise : « Lorsque certains enfants n’accrochaient pas plus que ça, j’avais d’autres médiateurs : les éléments naturels (se promener, jouer dans l’eau, la boue, le sable), les jouets, et d’autres animaux présents sur la ferme (chats, chiens, poules, rongeurs, chèvres) ». En effet, certains enfants peuvent en avoir peur, ou bien ne pas trouver les interactions assez satisfaisantes ou trop frustrantes. « Dans tous les cas ce sont des indices à analyser pour mieux comprendre le fonctionnement psychique du patient. De manière générale travailler dans un cadre de nature offre énormément de possibilités et très peu d’enfants y sont insensibles. C’est systématiquement une motivation en soi que de venir en thérapie sans être enfermé dans un bureau ! »

Ouvrier ; fonction : manipuler un grappin à mélanger les déchets

À l’occasion d’une sortie scolaire, j’ai pu découvrir ce qu’il se passait à l’intérieur d’une UVE (unité de valorisation des déchets) ; la fonction de cette dernière est de convertir la chaleur émise par la combustion des déchets, en énergie pour les bâtiments environnants. Avant d’arriver dans le four, les déchets sont stockés dans une « grande salle à déchets ».
On y retrouve deux groupes de déchets : les déchets ménagers qui viennent directement des camions-poubelle, et les encombrants qui sont transportés des déchetteries à l’UVE. Les déchets ménagers brûlent (trop) facilement, contrairement aux encombrants qui sont souvent plus volumineux et compacts, donc plus longs à brûler.

Ainsi, pour garder constante la chaleur dans le four, il faut mélanger les deux sortes de déchets. C’est là que notre préposé au grappin intervient : comme dans un jeu de fête foraine (à ceci près que cet engin-ci peut supporter plusieurs centaines de kilos), son rôle est de placer le grappin au-dessus des déchets ménagers pour qu’il en prenne (pile visible sur la photo), de le déplacer jusqu’au milieu de la salle, de le faire lâcher les déchets, puis il appuie sur un bouton qui fait reprendre à la machine sa place initiale. Idem pour la deuxième catégorie de déchets. Ensuite, dans un troisième mouvement, il prend un grappin de ce mélange, et le met dans un conduit vertical qui mène directement au four. Ce manège recommence environ toutes les quatre minutes.
Un métier peu ordinaire, peu connu… et peu attractif !

Cet article sur les métiers et fonctions insolites est terminé. Merci encore aux monchvaliennes qui ont répondu à mon appel sur le Forum ! D’ailleurs, il existe de nombreuses autres activités méconnues, alors si vous en connaissez, n’hésitez pas à les partager avec nous !

 

Gwendoline F.-R.

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