Le castor, notre voisin des rivières

Castor en train de se nourrir
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Lorsqu’on parle de ce bâtisseur d’eau douce, notre mémoire nous ramène aux dessins et aux photos de cet animal au pelage brun et à la queue plate. Enfants, certain(e)s d’entre vous ont peut-être regardé le célèbre Père Castor à la télévision). Mais qui est-il vraiment ? Plongeons avec lui pour en découvrir davantage !  

Le castor, carte d’identité du deuxième plus gros rongeur du monde

En effet, le castor se trouve juste derrière le capybara, sur la seconde marche du podium des plus gros rongeurs.

Dans un premier temps, il est impératif de définir de quel type de castor nous parlons. Ce terme générique regroupe diverses espèces de rongeurs qui, malgré les apparences, n’appartiennent pas tous à la même famille. Le sujet qui nous intéresse ici est le castor dit bâtisseur, soit le castor d’Europe (Castor fiber) et le castor du Canada (Castor canadensis).

La différence entre eux, outre leur région d’habitation précisée dans leur nom, est la forme de leurs queue plate recouverte d’écailles. Le castor d’Europe possède une queue étroite, à l’inverse de son cousin canadien à la queue large. Malgré cette différence qui permet de les distinguer d’un coup d’œil, ces deux espèces partagent nombre de caractéristiques communes, telles que leur pelage gris-brun et imperméable, leur poids allant de 11 kg pour les petites femelles jusqu’à 30 kg pour les grands mâles, ainsi que leurs pattes postérieures palmées. La taille du castor eurasien varie entre 70 et 135 cm, tandis que celle du castor canadien se situe entre 90 et 120 cm. Les deux espèces ont une espérance de vie pouvant atteindre les 17 ans, bien qu’il leur soit compliqué de dépasser les 10 ans à l’état sauvage. En effet, ces animaux se fatiguent davantage en milieu naturel, en devant faire face aux éléments et aux maladies, et aucune aide ne leur est apportée dans la construction de leur territoire, alors que tout leur est fourni voire même pré bâti en captivité. De plus, des accidents tels que la chute d’un arbre ou une noyade peut être fatale au castor.

Il est impossible de croiser des castors d’Europe avec des castors du Canada, car ils ne possèdent pas la même souche génétique.

Comme tous les rongeurs, le castor ne possède aucune canine, mais des incisives très développées et taillées en forme de biseau afin de lui permettre de ronger les troncs d’arbres. Ces dents ont une croissance continue, d’où l’importance pour lui de les entretenir en s’attaquant au bois.

Le castor, animal monogame

Couple de castors en train de se nourir         

Ce mammifère amphibie reste fidèle au même partenaire toute sa vie. Le castor atteint sa maturité sexuelle vers l’âge de trois ans, période à laquelle les parents chassent les jeunes du nid familial afin qu’ils partent fonder leur propre clan. Une fois l’accouplement effectué dans l’eau, la femelle castor porte ses petits durant un peu plus de 100 jours et donne finalement naissance dans la hutte du couple à deux, trois voire quatre petits. À noter que les bébés castors viennent au monde recouvert de fourrure et les yeux déjà ouverts. Durant les trois années de leur développement, les jeunes castors apprendront à nager, à cueillir des plantes, à couper du bois et à bâtir, afin de posséder tous les acquis impératifs à leur survie lors du départ du nid.

Le castor et son alimentation   

Bien que beaucoup imaginent le castor pêcher lors de ses nages quotidiennes, cet animal est en réalité complètement herbivore. Son alimentation s’adapte au fil des saisons. Ainsi, au printemps, il part à la recherche de jeunes pousses, d’herbe et de feuilles. En été, il complète ses trouvailles avec des fruits. Dès l’automne, le castor commence à préparer ses réserves de branches dans son nid afin de pouvoir disposer de l’écorce tendre tout au long de l’hiver.

Le castor, architecte palmé

Barrage de castor dans un étang

Saviez-vous que le castor et l’humain partagent un point commun ? Ils sont en effet les seuls mammifères à aménager et à construire leur habitat avec autant de passion et de soin.

Afin de construire des huttes ou des barrages, le castor coupe du bois. Cela peut aller de la simple récolte de branchages à l’abattage total d’un arbre. Ainsi, lorsqu’il a le choix, le castor préfère s’attaquer à des troncs en bois tendre tels que le saule, le peuplier ou encore le bouleau. Il n’hésite cependant pas à faire tomber des arbres au bois plus dur si aucun autre n’est disponible. Une fois la structure en bois installée, le castor colmate les trous avec de la terre à l’aide de ses pattes avant. Longtemps, nous avons cru que cette activité était réalisée avec sa queue (mythe que le dessin animé de Disney  Pocahontas a entretenu), alors que cette dernière n’est d’aucune utilité dans la construction, mais sert de gouvernail au castor lorsque celui-ci nage.

La colonne vertébrale du castor se termine en pointe à l’intérieur de sa queue qui est composée de corne et ressemble, dans sa texture, à nos ongles. Des tendons s’articulent autour de la colonne vertébrale et de la graisse est stockée entre les tendons, ressource indispensable au castor durant les hivers. En cas de danger imminent, le castor utilise sa queue en la frappant sur l’eau. Ainsi, tout son clan est averti et peut aller se mettre à l’abri.

Afin de délimiter son territoire et de pouvoir gérer le débit de l’eau, le castor construit des barrages. Une construction de ce type peut atteindre près de 80 mètres de long pour une hauteur d’un mètre. Le record du monde est détenu par une famille de castors du parc national Wood Buffalo au Canada, avec un barrage mesurant 850 mètres de long.

La hutte du castor sert à protéger l’entrée de son terrier qu’il creuse dans la berge et dont l’accès se fait sous l’eau. Suivent deux chambres, la première servant de garde-manger et de litière et la seconde de nid. Le castor creuse des conduits d’aération afin d’assurer le renouvellement de l’air. Il arrive parfois qu’une seule hutte soit trop petite pour accueillir toute une famille. Le castor en construit alors une nouvelle dont la fonction est, par exemple, de servir de garde-manger uniquement afin de laisser plus de place dans la hutte principale.

Le castor et l’écologie         

De par son rôle de bâtisseur, le castor remplit une fonction de régulateur de la flore  et favorise le développement du sous-bois en abattant de grands arbres apportant parfois trop d’ombre. Grâce à ses barrages, il contribue à l’alimentation des nappes phréatiques, le surplus d’eau dans son territoire étant pompé par le sol.

De plus, il a été constaté à plusieurs endroits que la régulation du débit des eaux effectuée par le castor a permis d’éviter des cas de sécheresse estivale, de grandes quantités d’eau étant retenues pour venir alimenter peu à peu son territoire en cas de besoin.

À ce jour, le castor à l’état sauvage est une aide importante à la préservation des berges. À nouveau malgré les idées reçues, le castor ne détruit pas sa région d’habitation en coupant tous les arbres possibles et en ne laissant derrière lui que des terrains vagues. Cet animal ne prend que ce dont il a besoin et évolue au rythme de la nature. Le seul risque encouru est une surpopulation qui, elle, pourrait provoquer des coupes d’arbres massives. Mais, à nouveau, le castor aura plus facilement tendance à quitter les lieux pour créer une nouvelle famille ailleurs que de rester amassé dans la même rivière.

Le castor, source de conflits         

Malgré les avantages écologiques mentionnés ci-dessus, le mode de vie du castor peut rendre compliquée sa cohabitation avec l’Homme. Afin de nourrir sa famille, le castor n’hésite pas à aller se servir dans les plantations proches des rives. Les inondations provoquées par ses constructions causent parfois des dégâts sur nos bâtisses et des essences rares d’arbres peuvent être abattues si les troncs ne sont pas protégés par du grillage. Toutes ces raisons, en plus de l’utilisation de sa fourrure, ont poussé les Hommes, au travers de l’Histoire, à une chasse aux castors jusqu’à parfois friser son extinction.

Le castor réintroduit 

Castor affairé au bord de la rivière

Désormais, le castor eurasien est protégé par la Convention de Berne, accord international visant à conserver la vie sauvage et les milieux naturels en Europe. Cela a ainsi permis de le voir réintroduit en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas ainsi qu’en Suisse. En France, des castors ont été réintroduits dans toutes les régions métropolitaines, hormis le Nord-Pas-de-Calais et la région parisienne.

Afin d’éviter des dérives liées à la consanguinité, de jeunes castors sont déplacés à travers l’Europe afin de fonder des familles sans risques de collisions génétiques.

Avez-vous déjà vu des castors dans leur milieu naturel ? Peut-être y en-a-t-il près de chez vous ? Si oui, ont-ils provoqué des dégâts dans les champs ou sur des constructions humaines ? Racontez-nous cela dans un commentaire !

 

Owlonoak

 

Sources :

CSCF 

La Salamandre

ONCFS

Fédération canadienne de la Faune

 

Images :

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1 réflexion sur “Le castor, notre voisin des rivières”

  1. Bonjour,

    Je tenais à vous féliciter pour votre article sur le castor, notre voisin des rivières. J’ai appris beaucoup de choses intéressantes sur cet animal fascinant grâce à votre texte bien documenté. J’ai particulièrement apprécié la section sur l’habitat et les constructions des castors.

    Je me demandais si vous aviez déjà eu l’occasion d’observer des castors dans leur milieu naturel? Personnellement, j’ai eu la chance d’en voir quelques-uns lors d’une randonnée en forêt et je trouve leur mode de vie vraiment impressionnant.

    Encore félicitations pour votre article et merci de partager votre passion pour la nature avec nous.

     

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