Les dents et la bouche du cheval

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La bouche est le centre du goût chez le cheval et joue un rôle primordial dans son alimentation. Une bonne santé passe par une bouche bien entretenue ! Dans la suite de cet article, découvrez l’anatomie de la bouche et les problèmes bucco-dentaires qui peuvent apparaître chez les chevaux.

Anatomie de la bouche du cheval

La bouche du cheval est recouverte par ses lèvres, bordées de nombreux poils : les vibrisses. Ces dernières ont un rôle essentiel pour que le cheval appréhende son environnement, puisque la position de ses yeux l’empêche de voir ce qu’il y a sous son nez. Elles agissent comme de véritables mains, c’est pourquoi il ne faut surtout pas les couper. Lorsque le cheval a identifié la nourriture, il peut la trier à l’aide de ses lèvres. Ce tri est complété dans la bouche par l’action de la langue, qui permet aussi de déplacer les aliments sur les dents pour bien les broyer avant de les avaler et de sentir les goûts grâce à la grande concentration de papilles gustatives.

Les glandes salivaires sécrètent de la salive qui enrobe les aliments mastiqués afin de faciliter la digestion. Un cheval adulte produit entre 40 et 70 L de salive chaque jour, c’est pourquoi il est indispensable d’avoir un point d’eau permanent. La salive a un rôle essentiel pour faciliter le transit des aliments de l’œsophage vers l’estomac et pour éviter ainsi les bouchons (qui, dans les cas les plus graves, peuvent provoquer le décès de l’équidé).

Une autre particularité anatomique du cheval est la position très haute du voile du palais qui joue un rôle de soupape qui empêche un reflux de ce qui a été avalé vers la bouche : un cheval ne peut donc pas vomir. Il peut cependant arriver que les aliments ressortent par les fosses nasales, en cas de bouchon par exemple.

Au niveau osseux, la bouche du cheval est composée d’une mâchoire supérieure (maxillaire) et une inférieure (mandibule), reliées au niveau de l’articulation temporo-mandibulaire située sous les oreilles. Chaque mâchoire porte un ensemble de dents. À la naissance, le poulain n’en possède pas, puis les dents de lait poussent au cours des premiers jours à mois, avant d’être remplacées par les dents définitives.

Une fois adulte, chaque mâchoire est composée de différents types de dents qui sont, de l’avant vers l’arrière de la bouche :

  • six incisives, dont on peut distinguer deux « pinces » au milieu, bordées par deux « mitoyennes » puis deux « coins », qui ont un rôle dans le pâturage pour couper les herbes riches en nutriments ; 
  • deux crochets (sortes de canines), présents chez les mâles et chez quelques femelles qu’on appelle alors « bréhaignes » ; 
  • un espace sans dents appelé « barre », qui est le lieu où se positionne le mors lorsque le cheval est harnaché ; 
  • deux dents de loup sur la mâchoire supérieure ou deux dents de cochon sur la mâchoire inférieure, qui sont des prémolaires vestigiales et se rencontrent plutôt rarement ;
  • six prémolaires, qui ont un rôle dans le broyage des aliments grâce aux mouvements sur les côtés et d’avant en arrière de la mâchoire ;
  • six molaires, qui à la différence des deux autres types n’existent pas sous forme de dent de lait et qui ont le même rôle que les prémolaires.

Au total, un cheval peut donc posséder jusqu’à 22 dents par mâchoire, soit 44 dents. Habituellement, les mâles possèdent 40 dents (ils n’ont pas de dents de loup ou de cochon) et les femelles 36 dents (il leur manque en plus les crochets).

Os de la tête faisant apparaitre les dents du cheval

Les dents ont aussi la particularité de pousser en permanence, comme les lapins ou les cochons d’Inde, d’environ 4 mm par an. Pour ne pas avoir de problèmes de santé, il faut que cela soit compensé par une usure régulière liée principalement à la mastication des fourrages. Ces derniers demandent en effet une mastication longue : 40 minutes pour 1 kg de foin à peu près, soit 3 000 à 3 500 coups de mâchoire.

Importance du suivi régulier par un dentiste équin

La mastication a un rôle essentiel dans l’assimilation des aliments ingérés par le cheval et donc sur sa santé, en particulier si l’animal est dans une période de vie où ses besoins sont importants (jument allaitante ou qui va pouliner, cheval au travail intense, poulain en croissance). En cas de problèmes dentaires, même si l’animal ingère une quantité importante d’aliments (parfois trop importante, ce qui peut avoir des conséquences économiques), cela peut ne pas couvrir ses besoins. Pour un cheval harnaché, un problème dentaire peut provoquer une douleur que l’animal exprime par des réactions de défense (se cabrer, secouer la tête…).

C’est pour ces raisons qu’il est important de faire suivre régulièrement chaque cheval par un vétérinaire dentiste équin. Il est recommandé de faire une première visite avant de commencer le débourrage (entre 18 mois et 3 ans) puis tous les 1 à 2 ans selon les conditions de vie du cheval (visite plus régulière pour les chevaux au box qui passent moins de temps à manger ou pour les équidés âgés par exemple). Il peut aussi être appelé au moment d’acheter un cheval pour faire un bilan.

Au cours d’une visite, le dentiste peut :

  • vérifier l’intégrité de la bouche : absence de blessures, présence de toutes les dents ; 
  • vérifier le bon placement des dents et leur usure correcte, niveler les dents en cas d’irrégularité ; 
  • extraire certaines dents (présentes au niveau des barres, dents de lait qui ne seraient pas tombées, dents de loup et de cochon si elles gênent…) ;
  • estimer l’âge de l’équidé en étudiant s’il y a des dents de lait et lesquelles puis s’il y a des dents définitives et lesquelles ainsi que l’usure générale de la dentition.

Photographie d'un dentiste équin s'occupant de la bouche et des dents d'un cheval

Signes d’un problème bucco-dentaire chez le cheval

Plusieurs signes doivent alerter sur un possible problème dentaire, en particulier si vous observez un cheval :

  • qui ne mange pas, peu ou particulièrement lentement ;
  • qui crache des aliments par les côtés ou tourne la tête pour mâcher ;
  • qui salive beaucoup ;
  • particulièrement maigre ou dont l’état se dégrade ;
  • qui présente des restes non digérés dans les crottins (essentiellement des céréales) ;
  • qui présente des difficultés à avaler ou « faisant magasin » (accumulant du fourrage prémâché dans la bouche sans l’avaler) ;
  • qui sent mauvais de la bouche ;
  • qui présente des blessures, des gonflements voire des saignements dans la bouche ;
  • qui refuse le mors ou ouvre exagérément la bouche au moment de le lui mettre de façon inhabituelle ; 
  • qui présente des réactions de défense quand on agit dessus, secoue la tête ou arrache les rênes…

Si vous observez ces symptômes chez un cheval, il faut appeler rapidement le vétérinaire pour un examen.

Problèmes bucco-dentaires possibles chez le cheval

Comme nous l’avons vu, la bouche est donc très importante pour la santé du cheval. Mais elle peut être à l’origine de certains problèmes. Voici les principaux :

Problèmes liés à la perte des dents de lait chez les poulains

Les dents de lait poussent entre la première semaine et la première année du poulain, tandis que les dents définitives prennent leur place entre un et cinq ans. Lorsque les dents tombent, elles peuvent provoquer plusieurs soucis entraînant une gêne voire une réelle douleur qui se traduisent par :

  • un ralentissement de l’ingestion lié à un inconfort dans la bouche ;
  • une déformation plus ou moins marquée de la mâchoire liée au développement des dents définitives ;
  • des problèmes de pousse des dents définitives.

Ces problèmes sont habituellement bénins et concentrés au moment de la chute des dents de lait, ils se résorbent ensuite d’eux-mêmes sans avoir besoin de faire appel à un vétérinaire. Celui-ci doit cependant être appelé s’ils se prolongent dans le temps ou si le poulain en souffre.

Problèmes liés à la pousse des dents définitives chez les jeunes chevaux

Une fois les dents de lait tombées, les dents définitives ont toute la place de pousser. Cependant, d’autres problèmes peuvent apparaître à ce moment-là. Le principal étant les dents de lait persistantes, c’est-à-dire qui ne tombent pas et ne libèrent donc pas la place pour les définitives. Les problèmes que cela engendre sont :

  • une pousse anarchique des dents définitives, qui n’ont pas la place de pousser là où elles devraient et ne sortent pas du tout ou pas au bon endroit,
  • des dents surnuméraires lorsqu’il reste à la fois certaines dents de lait et des définitives, pouvant poser des problèmes de placement, d’usure et d’hypersensibilité,
  • une inflammation ou une infection…

Lorsqu’il n’y a pas de signes cliniques associés à ces problèmes, aucune visite du vétérinaire spécifique n’est nécessaire. Ces problèmes seront diagnostiqués et traités lors de la visite précédant le débourrage ou lors d’une visite annuelle.

Problèmes liés à l’usure des dents chez les chevaux : les surdents

Illustration des dents d'un vieux cheval

L’un des problèmes les plus communs chez les chevaux est une mauvaise usure des dents qui provoque ce qu’on appelle des surdents. Elles sont habituellement constatées et traitées par le dentiste lors de sa visite annuelle. Ces dernières peuvent être responsables de blessures sur les joues ou la langue. Plusieurs causes sont possibles :

  • La mâchoire inférieure du cheval est naturellement plus étroite que la supérieure de 20 à 25 %. Ainsi, pour user régulièrement ses dents, le cheval doit faire des mouvements sur les côtés. S’il n’en fait pas assez, des surdents apparaissent au niveau des prémolaires et des molaires (à l’extérieur pour les dents de la mâchoire supérieure et à l’intérieur pour celles de la mâchoire inférieure).
  • Une mauvaise superposition des mâchoires, où la mâchoire supérieure ou inférieure peuvent être trop en avant, donnant respectivement un cheval « bégu » (ou avec un « bec de perroquet », avec des surdents sur les premières prémolaires supérieures et les dernières molaires inférieures) et un cheval « rétrognathe » (ou « bouche de bouledogue », avec des surdents sur les premières prémolaires inférieures et les dernières molaires supérieures).
  • Une mastication insuffisante empêchant une usure suffisante des dents, liée essentiellement à une alimentation trop pauvre en fourrage…

L’ulcère de la bouche du cheval

L’ulcère de la bouche, aussi appelé stomatite vésiculeuse de la bouche, se repère par l’apparition de vésicules dans la muqueuse buccale ou sur la langue d’environ 2 cm de diamètre. Elle peut aussi toucher d’autres parties du corps, comme la muqueuse nasale ou les glandes mammaires et génitales.

Elle est souvent provoquée par un virus (virus herpès, calicivirus, adénovirus…), par le contact avec des substances toxiques ou irritantes (dans le fourrage ou certaines plantes dans les pâturages). Le traitement passe par une désinfection régulière de la zone pour éviter sa propagation et lui permettre de se résorber.

Les affections dentaires du cheval

Les chevaux peuvent souffrir d’autres affections dentaires liées à des germes (bactéries, virus), principalement :

  • Les caries, qui touchent plutôt les prémolaires et molaires des chevaux âgés. Elles provoquent rarement de troubles cliniques, mais lorsque c’est le cas (gonflement anormal, douleur), une extraction de la dent touchée est recommandée.
  • Les abcès, qui impactent surtout la dernière prémolaire et la première molaire, provoquent une mauvaise haleine et un gonflement de la gencive et nécessitant une extraction dentaire.
  • Le tartre, souvent sans conséquences.
  • Les inflammations de la gencive (gingivite), pouvant évoluer en parodontites si elles ne sont pas traitées…

La bouche du cheval joue donc un rôle essentiel dans sa santé, il est important d’en prendre soin avec une visite régulière du dentiste et des rendez-vous supplémentaires en cas de problème particulier. Connaissiez-vous l’importance de sa bouche dans la santé d’un cheval ? Votre cheval a-t-il déjà eu des problèmes bucco-dentaires ? Dites-nous tout dans un commentaire !

Ursuline

Sources texte :

 – aetde.com

 – cliniqueequineargonay.fr

 – equi-dentiste.fr

 – haras-nationaux.fr 1 et 2

 – horse-dental.be

 – oatao.univ-toulouse.fr

 – tempestitalia.com

Sources images :

 – Image à la une

 – Image 1

 – Image 2

 – Extrait de Achat du cheval, ou Choix raisonné des chevaux d’après leur conformation et leurs aptitudes / par Eugène Gayot – page 46

2 thoughts on “Les dents et la bouche du cheval”

  1. Bonjour ,
    Comment procéder lorsque le vieux cheval ne peut plus être anesthésier ?

     
  2. Bonjour,

    Je tenais à vous féliciter pour votre article sur les dents et la bouche du cheval. Vos explications sont claires et précises, et j’ai appris beaucoup de choses en le lisant. J’apprécie particulièrement le fait que vous ayez souligné l’importance de prendre soin des dents de nos chevaux pour leur bien-être et leur santé.

    Je me demandais également si vous aviez des conseils spécifiques pour les propriétaires de chevaux ayant des problèmes dentaires, tels que des dents manquantes ou des malocclusions. Je serais ravi d’en apprendre plus à ce sujet.

    Merci encore pour cet excellent article !

    Cordialement,

     

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