Chacun d’entre vous a déjà entendu parler du Hellfest, ce festival rassemblant dans la petite ville de Clisson, en Loire-Atlantique, tous les amoureux de metal et de hard rock, de France et d’ailleurs. Mais savez-vous à quoi ressemble une journée au Hellfest ? Dans cet article, c’est le cœur gonflé et les yeux remplis d’étoiles que je partage avec vous cette expérience incroyable, en espérant vous immerger au cœur de ce festival légendaire.
L’avant Hellfest
L’expérience Hellfest ne commence pas le vendredi matin du troisième week-end de juin, date à laquelle le festival a lieu tous les ans, mais plusieurs mois avant le jour J (généralement en octobre), lors de la mise en vente des pass 3 jours. Tous les ans, cette date fatidique est cerclée de rouge sur mon calendrier, et je m’arrange toujours pour poser ma journée. Pour obtenir un pass, il faut : de l’organisation, une bonne connexion Internet, une carte bleue à portée de main (prévoir un budget d’environ 215 € par pass), et une forte résistance au stress. Lors de la dernière édition, en 2020, les 55 000 pass 3 jours ont été vendus en moins de deux heures. Cela peut paraître d’autant plus étonnant aux yeux des non-initiés qu’aucun groupe n’est annoncé avant la vente des billets. Mais nous, metalleux jusqu’au bout des doigts de pieds, nous savons que nous trouverons toujours notre bonheur parmi les quelques 160 groupes présents. Tous les ans, c’est moi qui suis chargée de prendre les pass pour toute la famille, car oui, c’est en bonne famille de passionnés de metal que nous nous y rendons.
Une fois le Graal en poche (et mon rythme cardiaque revenu à la normale), notre quotidien sera maintenant rythmé par les spéculations et les annonces officielles des groupes à l’affiche faites par Ben Barbaud, créateur du festival, et son équipe. Vient ensuite le temps de l’organisation du séjour. Il existe plusieurs écoles en ce qui concerne le couchage : le clan des voiture-couchettes, qui arrive plusieurs jours à l’avance et campe sur la longue ligne droite menant à l’entrée du site, qu’une horde de metalleux survoltés va fouler chaque jour ; la tribu du camping, dont le quotidien sera rythmé par les « APERO ! » criés à la cantonade à toute heure du jour et de la nuit ; et la peuplade des loueurs de jardins, dont nous faisons partie, qui campe dans les jardins ou loue des chambres chez les habitants de Clisson qui sont parfois eux-mêmes des adeptes du festival.
Notre année toute entière est donc rythmée par le Hellfest, commençant par l’obtention du précieux sésame, puis par les annonces de groupes et l’organisation logistique, faisant monter l’excitation jusqu’à la veille du troisième vendredi de juin.
Le matin du premier jour
Ça y est, c’est le jour J. La nuit a été courte, nous avons pris la route le jeudi après le travail et sommes arrivés tard dans la nuit. Première chose que nous faisons, avant le café, la bière ou la douche du matin : allumer l’enceinte et mettre la playlist de la programmation du jour. Pour tenir le rythme effréné de ces trois jours de festival, nous ne nous rendons sur le site qu’en début d’après-midi, la programmation du matin nous intéressant moins. Nous passons donc notre matinée à commenter les concerts à venir, en sirotant notre bière au soleil. Les voisins nous saluent tous en passant, contaminés par notre joie si communicative.
Une heure avant le début du premier concert que nous voulons absolument voir, nous enfourchons nos vélos et parcourons les 4 km qui nous séparent du site. Au bout de quelques centaines de mètres, nous commençons déjà à entendre le vrombissement du festival au loin. Plus nous nous approchons, plus nous croisons de metalleux, souriants, au comble de la joie, tels des enfants se préparant à passer une journée à Disneyland. Nous nous reconnaissons à nos t-shirts des éditions précédentes ou des groupes jouant ce jour-ci, et à notre bonheur si palpable ! Nous arrivons enfin à cette fameuse dernière ligne droite menant à l’entrée du site et devons maintenant zigzaguer au sein de ce troupeau de passionnés de musiques extrêmes pour enfin atteindre les portes de l’enfer.
L’arrivée sur le site
Après avoir attaché nos vélos, nous sortons notre précieux sésame afin de l’échanger contre nos bracelets qui nous permettront d’entrer sur le site pendant ces trois jours de concerts, ainsi que de payer nos boissons et repas. Une fois nos bracelets posés, nous poussons tous un hurlement de joie ! À nous le Hellfest ! Avant de rejoindre le lieu de notre premier concert, nous admirons quelques minutes le superbe décor du site et déambulons au sein du Hell City Square. En quelques mots, dans le Hell City Square on trouve des devantures de boutiques inspirées du quartier londonien de Camden, et une déco qui évolue tous les ans : des poubelles en forme de tête de mort, un trône de fer composé d’enceintes, un arbre en ferraille… le tout avec en fond sonore les concerts qui ne se déroulent plus très loin. Si vous passez par Clisson et êtes curieux de découvrir par vous-même à quoi ressemble le site du festival, c’est possible ! Celui-ci est ouvert toute l’année et l’entrée est gratuite.
Nous nous dirigeons ensuite vers la célèbre cathédrale qui surplombe l’entrée du site où les concerts se déroulent. Car oui, jusque là, tout ce que nous avons vu n’était qu’un amuse-bouche ! Nous passons rapidement par la fouille des sacs qui a lieu sous la cathédrale et accédons enfin à la zone des concerts. Nous sommes au comble de la joie. À notre gauche : les premières buvettes et le Merch où une longue file attend de pouvoir acheter son précieux t-shirt de cette nouvelle édition du festival. À droite, l’entrée de la Valley, le Temple et l’Altar : trois zones de concert couvertes qui accueillent des groupes de styles différents. Tout droit, ce sont les Main Stages 1 et 2 où les têtes d’affiche jouent en alternance. D’ici, nous ne pouvons pas voir la Warzone ni le Royaume du Muscadet, mais nous les découvrirons plus tard dans la journée.
Le premier concert
Le premier concert, c’est le moment où je suis généralement prise par une bouffée énorme d’émotions intenses. Surexcités, proches de l’euphorie, nous sommes une marée humaine mue par la même passion et le même désir : en prendre plein les yeux et les oreilles par les plus grands virtuoses de rock et de metal de la planète. Je garde en mémoire chacun des premiers groupes de chacun des jours de Hellfest auxquels j’ai pu assister : les Rose Tattoo qui m’ont fait regretter d’être née à la mauvaise décennie, les Sons of Apollo qui m’ont permis de voir d’un coup plusieurs légendes du rock (Derek Sherinian et Mike Portnoy du groupe Dream Theater, le bassiste de légende Billy Sheehan, et Ron Thal, guitariste des Gun’s N Roses) ou encore le virtuose de la guitare et des cordes vocales Richie Kotzen, et je n’oublie pas non plus les groupes Godsmack et Clutch qui ont mis le feu sur les terres clissonnaises en plein après-midi… Je ne vous cache pas que j’ai à chaque fois eu la chair de poule et versé ma petite larmichette.
Le déroulement de la journée
Le premier concert, c’est le coup d’envoi pour le marathon des concerts qui durera jusqu’à 2 h du matin. Le matin, lors de notre bière du petit déj’, nous avons décidé du programme de la journée. Il y a en permanence 5 scènes sur 6 qui jouent en même temps, les Main Stages 1 et 2 alternant l’une et l’autre. À moins de posséder le retourneur de temps d’Hermione, il n’est donc pas possible de tout voir. Après quelques concerts sur les Main Stages et dans la Valley, nous décidons d’aller explorer les zones les plus excentrées du Hellfest, du côté de la Warzone. Nous en profitons pour aller jouer dans les fontaines à eau et nous rafraîchir dans un brumisateur géant d’ambiance apocalyptique. Il est important de rester hydratés ! Nous traversons le Royaume du Muscadet où certains festivaliers siestent sous les arbres entre deux concerts et atterrissons près de la Warzone. Là, nous nous recueillons quelques minutes sous la célèbre statue de Lemmy Kilmister, Lemmy tout court pour les intimes, fondateur, chanteur et bassiste du célèbre groupe britannique Motörhead. Sur notre gauche, il y a de quoi se ravitailler, et il y en a pour tous les goûts : des snacks végétariens aux grosses pièces de bœuf qui rôtissent sur des braseros tournants géants… Nous allons ensuite faire un tour dans la Warzone, qui est la sixième scène du festival, et un lieu à part où les concerts les plus « violents » ont lieu. Si vous avez besoin de vous défouler, c’est ici que ça se passe !
Les autres festivaliers
Une journée au Hellfest, c’est aussi de nombreuses interactions avec les autres festivaliers. Je suis certaine que lorsqu’on vous parle de metalleux, vous imaginez une horde de barbus tatoués, pas très différente d’une horde de nains dans l’univers de Tolkien, ou des punks à crête, buvant de la bière et s’explosant les uns les autres dans des moshpits (danse violente en cercle, dérivée du pogo) ou des « wall of death » (vous savez, quand la foule se sépare en deux puis se rassemble en courant, l’épaule en avant…). Sachez tout d’abord qu’il y a une énorme diversité chez les metalleux, et ensuite, que la majorité d’entre eux sont des nounours non violents. Je suis allée dans de nombreux concerts et festivals, et celui où je me sens le plus en sécurité a toujours été le Hellfest. Les gens se respectent, ne se bousculent pas, ou s’excusent s’ils le font, sont bienveillants, et toujours prêts à partager une bière ! Si un grand gaillard vous bouche la vue, n’hésitez pas à lui demander de vous placer devant lui, il vous laissera la place à coup sûr. Dans la foule, c’est la bonne ambiance qui domine. Nous y croisons des groupes armés de pistolets à eau, arrosant des inconnus en pleine face qui passent par-là, hilares. De nombreux groupes d’amis y viennent déguisés et rivalisent d’originalité. On peut y croiser des pompom-boys poilus, des prêtres sataniques, des fans de Kiss en talons compensés, des licornes, des costumes traditionnels irlandais, des vikings… et j’en passe des plus farfelus ! Le Hellfest, c’est souvent l’occasion pour des gens tout à fait « normaux » dans la vie de tous les jours, d’exprimer ouvertement et de façon extravagante leur plus grande passion : la musique.
Fin de journée et dernier concert
Mes idoles s’enchaînent sur scène : Jonathan Davis (le chanteur de Korn, héro de mon adolescence), Corey Taylor (chanteur de Slipknot) avec son groupe Stone Sour, Maynard James Keenan (chanteur de Tool) avec A Perfect Circle, et même Alice Cooper et Johnny Depp avec les Hollywood Vampires ! Des groupes de légende défilent sous mes yeux : Iron Maiden, Megadeth, Slayer, Anthrax, Judas Priest, Kiss, Alice In Chains, Lynyrd Skynyrd, Gojira, Deftones, ZZ Top, Lamb of God, Meshuggah, Dream Theater… impossible de les citer tous ! Certains concerts sortent du lot et me laisseront une marque indélébile. C’est le cas pour le concert des Eagles of Death Metal (groupe qui jouait au Bataclan le soir de l’attentat du 13 novembre) lors de l’édition 2019. Le chanteur Jesse Hugues est entré sur la scène de la Main Stage 2 pour assister au concert en cours sur la Main Stage 1 juste à côté (Deadland Ritual), et nous avons eu droit à une petite gigue très cocasse. Leur concert était un joyeux bordel de pur génie, le groupe était en communion parfaite avec son public. Le concert des Ultra Vomit de l’édition 2019 m’a également marquée par son ambiance de pure folie et par sa drôlerie. Les jeux de scène de Iron Maiden et Kiss, décors magnifiques, avion sur scène et combat avec un géant pour l’un, plateformes suspendues, feux d’artifices et tyrolienne au-dessus de la foule pour l’autre, m’ont également grandement impressionnée. On a tout de suite compris qui sont les tauliers.
Vient ensuite le temps du dernier concert de la journée. À la manière des cliffhangers à la fin de chaque épisode d’une série TV, le dernier concert est généralement LE concert que vous avez attendu toute la journée. J’ai le dos en compote, j’ai écouté des génies du rock et du metal toute la journée, mais je puise dans mes dernières réserves pour vivre ces derniers concerts inoubliables. La fatigue du corps et de l’esprit est telle qu’une sorte de transe m’envahit, je suis passée dans un autre monde, qui n’est que musique. Mon top 3 des derniers concerts sont dans l’ordre Gojira, ce groupe Français aux messages écolo et à la renommée internationale, Marilyn Manson, qu’on ne présente plus et dont j’aime la musique d’un amour fou, et… Tool. Eh oui, les connaisseurs qui me lisez, vous ne rêvez pas, j’ai vu Tool sur scène, et je peux maintenant mourir en paix.
Le dernier concert est terminé, nous ne rêvons maintenant que d’une chose, rentrer nous coucher et recommencer le lendemain, puis le sur-lendemain. Les trois jours se déroulent sur le même schéma, avec une programmation différente. La foule se dirige vers la sortie. Tout le monde a le sourire jusqu’aux oreilles. Personne ne se bouscule, on se tient la main pour ne pas se perdre, on attend son tour, on avance lentement. Nous reprenons nos vélos, allumons nos lumières et utilisons nos sonnettes pour circuler parmi les festivaliers qui remontent la fameuse ligne droite. Tout le monde chante, tout le monde rigole, tout le monde blague. Nous sommes heureux.
Cette année encore, nous sommes privés du festival à cause de la crise sanitaire, mais l’équipe du Hellfest s’est pliée en quatre pour nous proposer le Hellfest from Home, une version interactive du festival. Assistez depuis votre salon à des concerts exclusifs, des archives et bien plus encore. N’hésitez pas, c’est gratuit !
Et vous, avez-vous déjà fait l’expérience du Hellfest ? Si oui, quels sont les moments que vous avez préférés ? Et les autres, est-ce ainsi que vous imaginiez le Hellfest ? Cet article vous a-t-il donné envie de vous y rendre ? Dites-moi tout dans un commentaire.
Perle de Pluie
Sources texte :
Visite site Hellfest
Hellfest from Home
Le reste : expérience personnelle
Sources images :
Photos personnelles
Super article, qui décrit bien l’ambiance du Hellfest ! J’ai fait 2 éditions (2011 et 2014), j’ai passé d’excellents moments et je garde des souvenirs de concerts assez fabuleux. Mais je crois que le format « gros festival » ne me convient plus, désormais je privilégie les concerts en salle. Cela dit, je t’envie d’avoir vu TOOL !!
Oh tu y es allée lors des premières éditions, je t’envie !
Et c’est vrai que ça sera difficile de faire mieux que Tool, bien que la prog’ de la prochaine édition soit vraiment folle !
j’étais sûre que cet article était de toi PDP !
je ne connaissais pas du tout, mais j’ai vraiment pris du plaisir à lire ton article (ton enthousiasme se ressent et fait du bien)
Merci Indis ! Je suis contente d’avoir réussi à partager un peu de mon entousiasme avec toi !