La Dutch Touch (Partie 1)

Mais qui sont vraiment les Hollandais, ce peuple expert en horticulture, vivant sous le niveau de la mer et se déplaçant à vélo ? Au travers des lignes de cet article, venez découvrir quelques-uns de leurs surprenants traits de caractère ainsi que des aspects insoupçonnés de la culture hollandaise.

A chaque pays son caractère

Chaque pays, chaque nationalité, ont leur petit quelque chose qui les différentie des autres et les rend si uniques. Ainsi, les Anglais sont vus à travers le monde comme étant extrêmement polis et n’ayant aucune spécialité culinaire digne de ce nom, les Italiens comme communiquant autant par la parole que par les mains, les Français comme étant souvent en grève et faisant des pauses déjeuner de deux heures minimum, et les Allemands comme étant organisés et méthodiques. Mais qu’est-ce qui caractérise les Hollandais, ce peuple de grande taille, né sur un vélo, que nous retrouvons sans faute tous les étés sur nos plages ? C’est grâce à une expatriation de plus de 4 ans dans une petite ville de la province du Gelderland que j’ai appris à connaitre ce peuple à la culture riche et au mode de vie très sain. Vous trouverez ainsi dans la suite de cet article quelques aspects de la culture hollandaise, ainsi que quelques traits de caractère typiquement hollandais, qui ont pu me surprendre lors de mon arrivée dans le pays de la tulipe et du gouda.

Des fenêtres telles des aquariums

La première chose que j’ai fait après mon emménagement aux Pays-Bas fut de partir explorer les rues de ma petite ville. Au fur et à mesure de mes déambulations dans les rues avoisinantes, un malaise m’a progressivement envahie. Il m’a fallu quelques minutes pour me rendre compte de la cause de ce sentiment : il n’y a pas de rideaux aux fenêtres ! Les maisons typiques hollandaises sont faites de briques rouges et possèdent de larges et hautes fenêtres pour optimiser la luminosité à l’intérieur. Mais quelle n’a pas été ma surprise de réaliser que la plupart de ces fenêtres ne sont pas équipées de rideaux ou, si rideaux il y a, ceux-ci ne sont jamais fermés. Peu importe le moment de la journée ou de la soirée, peu importe que les habitants soient présents ou non, les rideaux sont toujours ouverts. J’avais comme la sensation de me retrouver dans un aquarium géant, défilant devant les vitres et m’immergeant dans la vie privée de ses habitants. Ici un couple regarde la télé, ici une famille joue à des jeux de société, ici il n’y a personne et j’en profite pour admirer la jolie bibliothèque qui tapisse le fond de la pièce… Cela détonne totalement avec la façon de vivre de nombreux pays, ainsi qu’avec l’adage qui veut que pour vivre heureux, il faut vivre caché. Mais pourquoi diable les Hollandais n’utilisent-ils pas de rideaux ? L’explication la plus plausible trouve son origine dans l’histoire religieuse des Pays-Bas, et viendrait de la tradition protestante du calvinisme qui veut qu’un honnête citoyen n’a rien à cacher. Fermer les rideaux aurait donc plutôt tendance à faire penser le contraire.

Pas par quatre chemins

Après quelques jours d’immersion dans mon nouveau travail, je me suis rapidement retrouvée confrontée à un trait de caractère typiquement hollandais. Soyez prévenus, les Hollandais sont très directs. Lorsqu’ils ont quelque chose à dire, ils le disent sans passer par quatre chemins, sans tourner autour du pot, sans détours. Le fait que nous ayons autant d’expressions françaises pour éviter d’être direct en dit long sur notre façon d’exprimer la critique. Il m’aura donc fallu un certain temps d’adaptation face à cette caractéristique qui nous fait cruellement défaut en France. En effet, « mettre les formes » lorsque l’on exprime une critique fait intégralement partie de notre culture et de notre éducation. Combien de fois avons-nous entendu « C’est très bien ce que tu as fait, mais… » ? Ce fameux « mais », précédé d’un compliment visant à atténuer la critique qui est finalement le cœur du sujet, est inconnu des Hollandais. C’est ce que nos amis Anglo-saxons appellent aller « straight to the point » et qui peut se traduire en français par « aller droit au but ». Certains peuvent y voir une forme d’impolitesse, j’y vois plutôt l’expression d’une autre des caractéristiques typiquement hollandaises qui est leur incroyable efficacité (voir rubrique suivante). Après plus de 4 ans passés aux Pays-Bas, j’ai ramené avec moi un peu de cette fameuse « Dutch directness » dans mes bagages. Cela m’aura valu quelques incompréhensions, voire quelques égos blessés, aussi bien dans ma sphère professionnelle que personnelle. Mais n’est-il pas plus sain d’exprimer clairement son point de vue, sans passer par quatre chemins ?

Dutch efficiency

Une autre qualité qui caractérise le peuple hollandais est sa grande efficacité, que ce soit au travail comme dans la vie privée. Aux Pays-Bas, on ne pratique pas le présentéisme, comme cela peut-être le cas dans d’autres pays tels que la France, les États-Unis ou encore le Japon. Il y a plusieurs formes de présentéisme, la plus courante et celle à laquelle je fais allusion ici étant le fait de rester tard au travail dans le but de se faire bien voir par son supérieur. Ce mode de fonctionnement ne fait pas partie de la culture du travail aux Pays-Bas, et faire de longues heures aurait plutôt tendance à être vu comme un signe d’inefficacité : « Quoi ? Vous n’êtes pas capables de faire votre boulot pendant vos heures de travail ? ». Les Hollandais font donc en sorte d’effectuer toutes leurs tâches sans dépasser leur journée de huit heures, ce qui se traduit par une grande efficacité et un rythme très soutenu durant leurs journées de travail. Les pauses café et déjeuner sont très courtes, le repas du midi consistant en quelques sandwichs, parfois mangés devant l’ordinateur, et une boisson chaude. Combien de fois avez-vous assisté à des réunions à rallonge, rythmées par des discussions interminables, ne menant à aucune prise de décision ? Tenez-le vous pour dit, ce genre de réunion n’existe pas aux Pays-Bas. Comment est-ce possible, me demanderez-vous ? Cela est lié à leur capacité à aller « straight to the point ». Pas de blablas inutiles, chaque réunion a un objectif bien précis, le but étant de l’atteindre le plus efficacement et rapidement possible.

Les Hollandais ne sont pas seulement efficaces dans leur travail. Leur vie privée est également bien minutée et organisée. Ne vous étonnez pas, lorsque vous demandez à un nouvel ami hollandais s’il est disponible pour aller boire une bière un soir de semaine, de le voir sortir son agenda pour prendre rendez-vous avec vous. Il ne s’agit pas de snobisme, mais d’une façon tout à fait commune aux Pays-Bas d’organiser et d’optimiser les activités de leur vie privée, qui est très chargée. De nombreux Hollandais font en effet en sorte d’avoir un mode de vie sain, et pratiquent donc des activités en fin d’après-midi, après le diner (qui a donc lieu très tôt, mais ceci pourra faire l’objet d’une autre rubrique !), ainsi que le week-end. Un agenda leur est donc indispensable pour consigner toutes leurs activités et rendez-vous, et vous devriez plutôt être flattés que votre ami hollandais vous consacre du temps malgré son emploi du temps surchargé !

Bébé à domicile

C’est l’œil hagard et la bouche grande ouverte que j’ai appris, au cours d’une discussion avec l’une de mes collègues, que celle-ci avait accouché à son domicile, dans son propre lit. Avant que vous ne me posiez la question, il ne s’agissait pas d’un accouchement express, qui les aurait pris au dépourvu, sans avoir le temps de se rendre à la maternité la plus proche. Non, il s’agissait d’un choix. N’ayant pas encore été contaminée par la «Dutch directness », je n’ai pas osé lui demander : « Mais… pourquoi ?! ». Ce n’est que plus tard que j’ai découvert que l’accouchement à domicile était la norme aux Pays-Bas, et que leur taux d’accouchements à la maison était un des plus élevés au monde. Environ un tiers des femmes hollandaises accouchent chez elles, les autres accouchant soit à l’hôpital, souvent pour des raisons médicales, soit dans des cliniques privées. Alors comment se passent les accouchements à domicile, et pourquoi sont-ils si nombreux aux Pays-Bas ?

L’accouchement chez soi se fait en équipe très réduite, n’étant encadré que par une seule sage-femme. Les mamans parmi vous auront donc vite compris que, en l’absence d’anesthésiste, l’accouchement se déroule sans péridurale. Cependant, même à l’hôpital, les Hollandaises qui choisissent la péridurale sont une minorité. Il est important de savoir que le système de santé hollandais ne prend pas totalement en charge les frais d’un accouchement à l’hôpital s’il n’y a pas de raisons médicales importantes, alors que la venue de la sage-femme à domicile est totalement remboursée. Le gouvernement hollandais encourage ainsi les accouchements hors hôpital, lorsque cela est possible. Une des raisons du choix d’accoucher chez soi peut donc être financière. Une autre, souvent mise en avant par les mamans avec qui j’ai pu discuter, est que l’accouchement à domicile est beaucoup moins angoissant qu’à l’hôpital. Les futures mamans sont chez elles, entourées de leurs affaires et de leur famille, elles peuvent se mettre un peu de musique, installer quelques bougies dans la pièce… bref, être dans un environnement familier et chaleureux, bien loin de l’ambiance d’hôpital. Sans parler du milieu hospitalier qui peut être angoissant, accoucher chez soi épargne du stress du trajet en urgence jusqu’à l’hôpital, puis du trajet du retour à la maison, juste après l’accouchement. En effet, les mamans et leurs nouveaux nés sont renvoyés chez eux dès l’accouchement terminé, s’il n’y a pas de complications. Encore cette fameuse efficacité hollandaise ?

Vous connaissez maintenant un petit peu mieux quelques aspects du caractère et de la vie quotidienne de nos voisins hollandais. Il y a bien d’autres choses à découvrir et d’histoires amusantes et étonnantes à raconter à leur sujet, telles que leur parcimonie ou la façon très particulière dont les médecins hollandais ne vous touchent pas lorsqu’ils vous auscultent, ou encore la manière originale qu’ils ont d’influencer la forme de pousse de leurs arbres. La suite au prochain épisode !

Et vous, avez-vous déjà eu affaire à un choc culturel lors d’un voyage, d’un stage à l’étranger ou d’une expatriation ? Venez partager vos expériences rigolotes et vos anecdotes croustillantes en commentaire !

Perle de Pluie

Sources texte :

CNN travel

Expatica

Sources images :

Photos Pays-Bas : Perle de Pluie

Cible

Cigogne