Quatrième plus grand rassemblement musical de France après les Vieilles Charrues, Solidays et le Hellfest, les Eurockéennes de Belfort perpétuent l’amour de la musique dans tous ses états depuis 1989. Ce festival, situé sur la presqu’île du Malsaucy dans la commune de Sermamagny en Franche-Comté, attire chaque année son lot d’adeptes. L’événement a lieu tous les ans le premier week-end de juillet, sauf lors des trois premières éditions à savoir 1989, 1990 et 1991, où le festival s’est déroulé fin juin. La dernière édition, qui s’est tenue les 4, 5 et 6 juillet dernier, a battu tous les records de fréquentation en rassemblant plus de 102 000 festivaliers. Je vous propose aujourd’hui un retour aux sources de ce festival devenu incontournable.
Les Eurockéennes, début d’une tradition
En 1989, pour célébrer le bicentenaire de la Révolution française, Christian Proust, alors Président du Conseil Général du Territoire de Belfort, eut l’idée d’un festival au Ballon d’Alsace, le plus haut sommet des Vosges. Seulement, les écologistes ne l’entendaient pas de cette oreille en raison de la période de reproduction du Grand Tétra, un oiseau très présent sur les montagnes vosgiennes. Après moult protestations, il a été décidé que les Eurockéennes, appelées à l’époque le « Festival du Ballon », se dérouleraient sur la presqu’ile du Malsaucy, à près de 70 kilomètres du sommet vosgien.
Pour leur première édition, les Eurocks ont cumulé 10 000 entrées, ce qui est assez conséquent pour une première. Cela s’explique par le fait que la presqu’île du Malsaucy offre un avantage inégalé dans la région à l’époque : le concert de plein air.
Les Eurockéennes, des valeurs avant tout
Depuis leur première édition, les Eurockéennes sont organisées par une association à but non-lucratif, « Territoire de Musiques ». C’est un festival indépendant qui permet à une multitude d’artistes de tous genres de se rassembler pendant trois jours de fête.
En plus de déplacer les foules, le festival véhicule ses valeurs et cherche à les transmettre à ses festivaliers. En voici quelques exemples :
• L’accès à la culture pour tous : en cas de pluie, le site de la presqu’île ne permet pas l’accès aux personnes à mobilité réduite (PMR). Ainsi, tous les ans, un appel aux dons est lancé afin de financer des installations et dispositifs visant à favoriser l’accès des festivaliers en situation de handicap. En 2014, 11 440 € ont été récoltés et ont permis de mettre en place des signalétiques et plusieurs voies d’accès, l’achat de « joëlettes » (fauteuil tout terrain) ainsi qu’un accueil personnalisé.
• La « mobilité durable » : afin d’éviter des rejets inutiles de gaz à effet de serre ou des stationnements gênants pouvant nuire à autrui, les Eurockéennes ont mis en place « le camping des Eurocks », accompagné du slogan « Faites une BA, dormez à la BE » (Faites une bonne action, dormez à la belle étoile). Situé sur l’aérodrome de Sermamagny, il rassemble chaque année plus de 10 000 festivaliers sur trois jours. Des navettes entre le camping et le festival font constamment le trajet et un chemin balisé à travers champs et encadré par la gendarmerie nationale permet aux campeurs de se rendre sur le site du festival à pied ou en bus.
• Le tri des déchets : il faut le dire, 100 000 festivaliers, ça produit beaucoup de déchets. En 2013, le festival a recyclé 3,2 tonnes d’emballages et 4,5 tonnes de verre et a, depuis 2005, mis en place le système des verres consignés. Afin d’optimiser le tri des déchets, les festivaliers sont sensibilisés sur le site du festival et sur celui du camping.
Les Eurockéennes, une expérience unique
Aujourd’hui, les Eurockéennes sont LE rendez-vous de l’Est français. Cette année, le festival a battu son record de fréquentation avec 102 000 festivaliers sur trois jours et plus de 15 000 campeurs (pour 100 000 entrées et 12 000 campeurs en 2012), chiffres peu étonnants quand on se penche sur l’affiche : Stromae, Skrillex, Pixies, Shaka Ponk, M.I.A, Fauve, The Black Keys, Casseurs Flowters ou encore Franz Ferdinand sont venus mettre le feu sur la presqu’île.
Au fil des ans, les quatre scènes du festival ont vu passer les plus grands comme Radiohead, Daft Punk, Muse ou encore Iggy Pop, ainsi que des groupes de plus petite échelle comme Biffy Clyro, Carbon Airways ou Electric Suicide Club.
Les Eurocks sont une expérience unique, mais pourquoi ? Laissez-moi vous donner mon avis sur la question : j’ai fait mes premières vraies Eurocks cette année. Par « vraies Eurocks », j’entends camper pendant trois jours sans se laver, boire l’apéro à 10 heures du matin, faire connaissance avec toutes les personnes croisées sur le camping et patauger dans la boue jusqu’aux chevilles parce qu’il a plu pendant cinq heures.
Expérience unique parce que partage, détente, convivialité et dépassement de soi sont au rendez-vous. C’est comme un monde à part où tout ce qui est socialement peu commun dans notre train-train quotidien est tout à fait normal aux Eurocks. Les gens sont là pour s’amuser et ça se ressent. Des campeurs que vous ne connaissez pas vont vous voir passer devant leur tente et vous dire de rester boire une bière. Vous avez perdu votre portable, c’est tous les « voisins » qui vont ratisser le camping avec vous. Il vous manque 1€ pour vous acheter un sandwich, c’est tout un groupe d’amis qui va vous donner sa monnaie pour deux sandwichs et une boisson.
D’un point de vue artistique, la programmation laisse la place à une grande variété d’artistes. Nous achetons le billet pour aller voir nos préférés, mais les Eurocks ne seraient pas ce qu’elles sont sans leurs lots de découvertes : l’édition 2014 m’a permis de découvrir une bonne dizaine d’artistes que je n’hésiterais pas à retourner voir.
Pour ce qui est de la prestation scénique à proprement parler, cela dépend beaucoup des artistes, bien que les jeux de lumières et le son jouent un rôle très important. Ils sont d’ailleurs parfaitement maîtrisés. Mes meilleurs souvenirs sont, sans hésiter, Skrillex, Shaka Ponk, Biffy Clyro et Fauve, et parmi mes découvertes, les meilleures sont Gramatik, Cashmere Cat et Salut C’est Cool.
Du point de vue de l’organisation à présent, sur le festival tout d’abord : en règle générale, il n’y a pas grand-chose à redire. Le site n’est pas difficile d’accès, on s’y retrouve facilement et les running order (planning de passage des artistes) sont bien organisés, de façon à ce que l’on puisse assister à un maximum de concerts. Vous pouvez également vous restaurer et vous désaltérer à tout moment grâce aux divers stands et points d’eau potable. Le seul petit bémol : le prix de la nourriture. J’avais prévu 30 € de budget nourriture en tablant sur 5 € par repas. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant qu’un simple kebab coutait 8 € sans les frites et sans la boisson. Mon conseil : prévoyez un budget minimum de 60 € pour le week-end, et selon ce que vous buvez (d’alcoolisé, je précise), au moins 30 € si vous voulez espérer boire deux bières par jour !
Vous pouvez également prévoir vos propres provisions, mais sachez qu’elles ne sont autorisées que sur le camping.
Concernant l’organisation du camping maintenant : l’accès n’est pas le meilleur que l’on puisse avoir, il faut marcher une bonne demi-heure depuis le parking, mais d’un autre côté, vous êtes sûrs que les voitures ne seront pas présentes dans le camping. Prévoyez donc des caddies pour transporter vos affaires et tout terrain, conseil d’ami ! Ah si, ça existe, je ne compte plus combien j’ai pu en voir.
Le camping se décompose en deux parties : celle des tentes et celles des caravanes/camping-car. En tant que piéton, vous ne serez donc pas dérangé. Sachez également que des sanitaires et des douches sont libres d’accès, bien qu’il faille faire la queue pendant un certain moment pour y accéder. Des buvettes/snacks sont ouverts 24h/24h pour le confort de tous et des postes de secours sont répartis sur tout le camping. Sachez également que des animations sont organisées pendant la journée, en attendant le début des concerts.
Le dernier point est le prix du billet : vous avez le choix entre plusieurs formules.
– Le billet simple (un jour) : environ 45 €
– Le pass deux jours (samedi et dimanche) : environ 75 €
– Le pass trois jours (vendredi, samedi et dimanche) : environ 100 €
Les deux derniers vous donnent l’accès gratuit au camping, à condition que vous vous présentiez avec votre matériel de camping. Vous vous verrez alors attribuer un bracelet qui vous permettra d’entrer et sortir du camping à votre guise. Vous pouvez retrouver toutes les informations pratiques et tarifaires sur le site officiel.
En résumé, ce festival, c’est du partage pur et dur, ce sont des artistes des quatre coins du monde qui viennent embraser la foule, c’est braver les intempéries, c’est une heure d’attente pour la navette du soir, près de dix heures sans s’asseoir par jour, moins de dix heures de sommeil sur un week-end mais par-dessus tout, c’est une expérience humaine sans précédent.
Et pour finir, je vous laisse avec cette petite vidéo qui résume très bien l’état d’esprit des Eurocks :
Connaissiez-vous ce festival ? Y êtes-vous déjà allé ? Si non, avez-vous envie de tenter l’expérience ? Vous voulez partager la vôtre ? N’hésitez pas à poster un commentaire !
Zélie.
Sources :
Site officiel des Eurockéennes
Sources images :