La monte en amazone, une autre manière de monter

monte en amazone
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Peut-être avez-vous déjà vu, dans des films historiques, des femmes monter à cheval dans une position peu conventionnelle : les deux jambes du même côté. Je me suis longtemps demandée comment ces femmes faisaient pour conserver leur équilibre, me sachant déjà susceptible de tomber alors que je suis à califourchon sur ma monture. D’où vient cette façon de monter ? Est-elle encore pratiquée de nos jours ? Lisez la suite pour en apprendre davantage !

La monte en amazone, historique

monte en amazone

Avez-vous déjà entendu parler des Amazones, ces guerrières féroces d’Afrique du Nord qui n’hésitaient pas à s’amputer d’un sein pour mieux tirer à l’arc ? Elles montaient à califourchon sur leur monture, tout comme les hommes, dont elles se considéraient comme les égales.
Ce n’était pas le cas dans la société occidentale, bien au contraire : selon les croyances, monter à cheval à califourchon pouvait nuire à la fonction reproductrice des femmes… et leurs grandes robes n’étaient pas vraiment adaptées à la monte comme les hommes. Cela explique l’introduction, dès le Moyen Âge, d’une nouvelle monte, la monte en amazone, c’est-à-dire les deux jambes du même côté (en général le gauche). La selle n’était pas adaptée : il s’agissait en réalité d’un siège, appelé « sambue ». Les femmes se contentaient de monter au pas, avec un homme à pied qui dirigeait le cheval.

Plusieurs variantes de ce siège ont ainsi été créées, comme la sambue double (pour deux femmes assises donc) ou la sambue avec une partie sur l’avant permettant à un homme de se tenir à califourchon devant (et donc de diriger la monture sans être à pied).

Bien entendu, certaines femmes ne se privaient pas de monter « comme les hommes », en portant un vêtement adapté (type pantalon). C’était le cas aussi pour les femmes qui montaient à la campagne (étant donné l’instabilité de la sambue et la dépendance envers un guide à pied).

Autour du XIVe siècle, la sambue évolue pour se doter d’une fourche fixe. La femme est ainsi plus stable et se retrouve de plus en plus perpendiculaire à la colonne vertébrale du cheval. L’adjonction d’une deuxième fourche permet à la cavalière d’avoir ses épaules presque parallèles à celles de sa monture, et de gagner en autonomie. La jambe droite passe devant le pommeau. Vers 1580, ce dernier évolue pour être remplacé par une fourche à deux cornes. Les femmes peuvent ainsi pratiquer l’équitation sportive (chasse ou saut d’obstacles).

Il existait aussi des selles avec les jambes à droite, qui étaient utilisées pour la chasse au faucon (qui se posait sur le bras gauche de la cavalière).

Autour du milieu du XIXe siècle, une troisième fourche est ajoutée à l’ensemble pour maintenir la cuisse gauche. Elle est tournée vers le bas et assure une assiette fixe. Des obstacles plus hauts pouvaient être franchis, mais plus d’accidents étaient à noter. En effet, les femmes se blessaient en restant accrochées à leur selle par leurs habits volumineux, quand il aurait mieux valu tomber.

Vers 1870, la fourche de droite a été abandonnée et la sambue fortement améliorée. Cependant, la montée du féminisme a eu raison de cette monte, qui s’est vue délaissée, car elle différenciait les hommes et les femmes. Néanmoins, des associations comme les amazones de France se battent aujourd’hui pour la valorisation de cette façon de monter.

monte en amazone

La monte en amazone, comment se mettre en selle ?

Il existe deux façons de se mettre en selle. La première était très répandue avant, mais se fait rare actuellement : il s’agit de la mise en selle par une personne. L’aide met ses mains en coupe pour que la cavalière prenne appui dessus et se hisse en selle. Un groom s’occupe de tenir le cheval.

La seconde façon est la plus répandue, parce qu’il n’est pas rare que la cavalière (ou le cavalier !) se trouve seule pour monter. Pour cela, il vous faut un montoir (ballot de paille, tronc d’arbre, etc.) qui vous aidera à vous mettre en selle à califourchon, puis passer sa jambe sans faire tourner la selle. Attention cependant à ne pas prendre appui sur la fourche intérieure mobile, pour ne pas blesser sa monture en faisant tourner la selle.

monte en amazone

Pour descendre, il y a là encore deux méthodes. La première consiste à enlever sa jambe de la fourche, pour se retrouver les deux jambes pendantes sur le côté gauche. Ensuite, vous vous laissez glisser (si possible dans les bras d’une aide). Si vous êtes seule, utilisez la seconde méthode : retournez-vous, mettez-vous le ventre contre le cheval avant de vous laisser glisser au sol.

La monte en amazone, où la pratiquer ?

Pour apprendre à monter en amazone, tournez-vous vers un moniteur d’équitation titulaire de brevets fédéraux pour enseigner cette pratique. Il s’agit du BFIBMA (Brevet fédéral d’initiateur bénévole de la monte en amazone) ou du BFEMA (Brevet fédéral d’enseignement de la monte en amazone). Pour plus de renseignements sur ces diplômes, je vous invite à consulter le site de la FFE.

Pour trouver un club ou une association où pratiquer, je vous conseille de consulter le site des amazones de France qui recense la liste d’associations et de clubs adhérents.

La monte en amazone, questions-réponses de l’Association des amazones de France

Stéphanie Fortin, présidente de l’Association des amazones de France a bien voulu répondre à quelques questions.

Antivirus : Quand cette association a été créée ? Quels sont les objectifs pour vous ?

Stéphanie Fortin : L’Association des amazones de France a été créée en 1993 et est l’héritière de l’ANATRA (Association nationale des amazones traditionnelles) fondée en 1973 par Madame Jehanne Cabaud.
Elle a pour objectif de promouvoir la monte en amazone, d’être un relais d’information. Sous ma présidence, nous essayons de la mettre à la portée de tous, sous toutes ses formes, et surtout d’être un vrai point centralisateur et fédérateur au niveau de l’information. C’est-à-dire aussi bien pour les adhérents que les non adhérents, car l’évolution des nouvelles technologies (réseaux sociaux, etc.) a bien changé les choses par rapport à 1993 !

Extrait des statuts, article 2 : L’association a pour objet :

  • d’encourager l’équitation en selle de dame dans tous les volets où elle est pratiquée et notamment : les activités classiques et traditionnelles, examens et concours, la qualité de la technique et des prestations des amazones ;
  • de réunir des amazones et des sympathisants de la monte en amazone ;
  • de soutenir les manifestations de prestige, ou de tout ce qui doit contribuer à l’essor de la monte en amazone, dite « monte dans les fourches » ;
  • d’étendre, éventuellement, son action au-delà des frontières ;
  • d’être un pôle d’informations pour notamment assurer la promotion de toutes les activités d’amazones proposées, monte classique, spectacles, stages ou autres ;
  • harmonisation : de recueillir pour les faire connaître les notes ou résumés et photos de ce qui a été fait par une ou plusieurs amazones, dans les activités en selle de dame qui existent en France et aussi à l’étranger ;
  • d’être un pôle de services, d’informations et de renseignements pratiques (patrons de jupes, adresses de selliers ; adresse de centres équestres et d’enseignements amazones, etc.) ;
  • d’être un lien et un support pour les informations de la commission Fédérale des Amazones ;
  • de recueillir les principales informations des sites ;
  • et d’ être un lien amical avec toutes les amazones.

Antivirus : Existe-t-il des compétitions de monte amazone ? Quelles sont-elles ?
Stéphanie Fortin : Oui, tout à fait, il y a deux possibilités :

  • Les amazones peuvent participer à des compétitions avec d’autres cavaliers [en monte classique]
    La selle d’amazone, avec la cravache de 1,15 m maxi, est autorisée en dressage (Club, Amateur et Pro), hunter (Club, Amateur 3 et 2), TREC (Club), camargue, CCE (Club 2) et CSO (indices 5, 4, 3, 2 des divisions Club, Poney et Amateur).
  • Les amazones peuvent participer à des compétitions exclusives, comme pour 2017 :
    • Concours des 2e rencontres autour de l’amazone (1 et 2 avril, château du Plessis-Bourré (Maine-et-Loire));
    • Trophée des amazones Bretagne 4 juin, Questembert (Morbihan) ;
    • Europ’amazones (Haras du Pin, les 17 et 18 juin) (Orne) ;
    • Championnat de France Amazone 2 et 3 septembre à Lamotte (Centre-Val de Loire) ;
    • Trophée Rhône-Alpes (octobre) ;
    • Les amazones au Haras d’Uzès (Gard) en octobre ;
    • Trophée Amazones de Régions (Salon du cheval décembre).

 

monte en amazone

Antivirus : J’ai un certain a priori sur cette monte, je ne dois pas être la seule. Avez-vous assez d’équilibre ? N’avez-vous pas peur que la selle tourne ?
Stéphanie Fortin : Oui, nous ne sommes pas de « travers », nos hanches et nos épaules sont parfaitement parallèles à celles du cheval. Nous sommes très solides en selle, car nous sommes tenues par les fourches. Nous travaillons beaucoup avec le poids du corps et nous avons des assiettes très développées. Les chutes sont rares… La selle ne tourne pas, car nous faisons attention à choisir des selles adaptées à notre cheval, mais aussi à notre longueur de fémur. En fait, la monte en amazone est confortable, sécuritaire et performante au niveau sportif.

monte en amazone

Antivirus : Est-il aisé de déchausser ? Si votre monture panique, pouvez-vous descendre rapidement ?
Stéphanie Fortin : Oui, nous pouvons déchausser (notre étrier unique), aussi facilement que les cavaliers. Nous pouvons descendre rapidement, mais si notre cheval panique, nous serons plus solide en selle qu’un cavalier, grâce aux fourches. La majorité des chevaux passent d’une monte à l’autre sans soucis. Toutefois, de rares exceptions peuvent avoir besoin d’une bonne désensibilisation au stick, puis d’une approche par étapes, comme par exemple de s’habituer à la monte en amazone en passant par une phase longée… mais cela ne concerne que 1 cheval sur 100 environ ! Quoi qu’il en soit, la première séance en amazone, sera toujours faite par une amazone confirmée, en manège. La très grande majorité des chevaux et des poneys de toutes races et tailles acceptent la monte en amazone immédiatement, sans se poser de question.
L’intérêt de la monte en amazone c’est aussi de pouvoir aborder différemment des exercices qui passent moins bien à califourchon. Par exemple, des chevaux plantés à l’obstacle peuvent être remis doucement sur les barres en amazone. L’amazone étant plus en arrière qu’un cavalier, elle abordera l’exercice en libérant l’avant main et les épaules.

monte en amazone

Antivirus : Quel est le prix d’achat d’une selle amazone ? Mis à part une selle, existe-t-il du matériel spécifique ?
Stéphanie Fortin : Il faut compter 1000 € pour une selle neuve premier prix, et entre 1500 et 3000 € pour des selles plus qualitatives et de marque. Toutefois, il existe des selles dites « économiques » ou anciennes à partir de 500 €, il faut s’y connaître et les trouver pour éviter celles qui sont mal conçues ou trop abîmées, mais certaines peuvent tout à fait convenir.
Sinon il faut une sangle pour selle d’amazone, avec un sanglon supplémentaire à droite pour la balancine (ou une sangle normale avec une balancine indépendante), à proscrire : les sangles élastiques.
Il faut aussi un étrier de sécurité (soit un système qui s’ouvre, soit un étrier avec élastique) pour dégager le pied en cas de chute. La jupe n’est pas obligatoire à l’entraînement, il faut juste retirer la mini-chaps droite pour ne pas abîmer le garde jambe de la selle avec la fermeture éclair. Le reste du matériel est identique que celui utilisé.

monte en amazone

Antivirus : Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à mes questions !

Ainsi s’achève cet article autour de la monte en amazone. En aviez-vous déjà entendu parler ? Peut-être la pratiquez-vous déjà ? Seriez-vous tenté par un essai ? Dites-nous tout dans un commentaire !

Antivirus

Sources texte :

amazones de France

fnch

agathou

Sources images :

Image 1

Image 2

Image 3 / Image à la une

Images 4 à 7 : merci à Stéphanie Fortin de me les avoir fait parvenir

2 réflexions sur “La monte en amazone, une autre manière de monter”

  1. Je me rends compte que je ne connaissais pas vraiment cette monte avec ton article, c’est vraiment très surprenant, je ‘naurais jamais cru que cette monte puisse être si confortable et que les cavalières (cavaliers s’il y en a ??) puissent être plus stables qu’un cavalier « basique » 😮 Super intéressant !!

     
  2. Merci pour votre article inspirant sur la monte en amazone. Vos explications claires et les images magnifiques m’ont donné envie d’essayer cette technique équestre à mon tour. Bravo pour ce contenu de qualité !

     

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