Fiche métier : retoucheur(se) photo

Notez cet article :

Dans un précédent article, j’ai eu l’occasion de vous présenter plusieurs métiers de la post-production au cinéma. Vous vous doutez que cet article ne sort pas de mon chapeau, puisque j’exerce moi-même une profession de la post-production visuelle : celui de retoucheuse photo. Lisez la suite de cet article pour connaître les spécificités de mon activité ainsi que le parcours emprunté pour exercer mon métier.

Retoucheur(se) photo : en quoi ça consiste ?

Concrètement, qu’est-ce qu’un retoucheur ? Eh bien, pas de faux ami là-dedans, puisque comme son nom l’indique très justement, le retoucheur photo … retouche des photos.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la retouche photo existait bien avant l’invention de Photoshop puisqu’elle est pratiquée depuis l’apparition de la photographie. Elle consistait à cette époque à gratter et peindre sur les sels d’argent, qui composent les photos argentiques. Elle se faisait donc avec un pinceau et de la peinture, ou du gris film (encre spéciale grise adaptée à la repique photo). Désormais, nous travaillons essentiellement de manière informatisée, sur Photoshop, mais aussi sur d’autres logiciels selon les techniques nécessaires (et aussi de notre niveau de « geek »).

Dans l’idéal populaire, on imagine souvent que le retoucheur passe ses journées à mincir des mannequins et à créer des publicités entièrement fausses.
Ce serait mentir que de prétendre que ce type de tâches n’arrive jamais, en revanche l’activité est bien plus vaste et surtout elle comporte beaucoup de spécialités.
Imaginez simplement que tous, je dis bien TOUS les visuels que vous pouvez apercevoir au quotidien (comme dans les magazines, les publicités d’abribus, les photos de cosmétiques, d’immobilier, de prêt-à-porter, sur les sites d’e-commerce ou en magasin, et tant d’autres), tous ces visuels sont passés entre les mains d’un ou d’une retoucheur(se). Quand ils ont le temps, il arrive que les photographes réalisent eux-mêmes la post-production de leurs photographies, mais parfois ils font appel à des personnes spécialisées : nous ! Le métier de retoucheur est donc un métier à part entière, bien qu’il soit très peu considéré dans l’administratif – mais c’est encore une autre question.

Les interventions faites sur les photos sont très larges : cela va de la retouche « simple » (enlever des petits défauts inesthétiques), au travail de la couleur, en passant évidemment par des compositions de montages complexes. Concrètement, nous pouvons faire à peu près tout ce que le client nous demande d’effectuer sur ses images, d’où le surnom tout à fait adorable que l’on nous donne parfois de « magicien ».
Il existe des photos dites de :
– « beauté » : cela implique de la retouche de peau sur mannequins (visage, main, lèvres, etc.) ;


crédit photo & retouche : Audrey Marchand

– « nature morte » : pour les photos sans mannequin, pour des campagnes de publicité ou la présentation d’une gamme de produits ;

crédit photo et retouche : Audrey Marchand

– « packshot » : ce sont les photos de produits sur fond généralement blanc / neutre, souvent utilisées pour les catalogues en ligne ;

crédit retouche : Audrey Marchand

 

– « d’architecture » : le plus souvent, ce sont les photos d’intérieur, soit pour des annonces immobilières, soit pour des architectes d’intérieur ou bien des décorateurs.

crédit photo et retouche : Audrey Marchand

 

Cette liste n’est évidemment pas exhaustive puisque dans les faits, il existe autant de types de photographies que de demandes originales.

Pour ma part, je travaille essentiellement avec des marques, des photographes ou des agences de publicité. Il existe des retoucheurs qui font aussi des prestations pour des particuliers, mais je n’en connais pas et n’appréhende pas leurs spécificités professionnelles. J’axe donc cet article sur ce que je connais et que je fréquente au quotidien.

Salariat ou free-lance ?

La majorité des retoucheurs en France sont free-lance, mais certains ont tout de même des postes fixes (CDD ou CDI) en entreprise. Les marques de luxe, de cosmétiques ainsi que les agences de publicité ou de retouche engagent des retoucheurs en interne. Généralement, nous sommes soumis aux règles des « saisons » (sorties, collections, etc.) et, bien qu’il y ait du travail dans ce secteur, il y a aussi des temps morts. Le plus souvent, même dans les agences spécialisées, il y a deux équipes : une équipe salariée et des free-lance qui sont appelés selon la demande. Cette présence en flux tendu permet donc de gérer la production de manière plus efficace et moins coûteuse.

Quel statut ?

Légalement, les choses sont assez compliquées pour nous, retoucheurs free-lance, puisque nous ne sommes pas soumis à un droit spécifique : nous ne sommes pas des créateurs et ne pouvons donc pas prétendre à la cession de nos droits patrimoniaux. Le statut d’auteur n’est pas autorisé pour faire de la retouche, bien que beaucoup soient assimilés légalement aux métiers du graphisme (gérés par la MDA – Maison des Artistes). Les solutions restantes sont donc l’auto-entreprise, la société (SARL, SA, etc.) ou l’entreprise individuelle (EI*). Notre profession est donc un petit enfer administratif, je vous recommande alors de devenir ami avec votre inspecteur des impôts avant de vous lancer !
Vous pouvez vous rapprocher de votre centre des impôts ou bien de photographes / retoucheurs professionnels afin d’avoir des informations sur le statut idéal à choisir. Faites attention, les conseillers URSSAF / RSI / impôts / INSEE connaissent très peu ce type de profession. Faites donc toujours vérifier ce que l’on vous dit par des indépendants installés !

* C’est la solution que j’ai choisie.

Le salaire

Généralement, en début de carrière (junior), vous pourrez prétendre à une rémunération de 300 euros HT (Hors Taxes) par jour en free-lance ou en agence, un peu plus si vous êtes en direct avec le client. Cela dépend énormément des projets et des budgets accordés.

Un(e) retoucheur(se) expérimenté(e) (senior) pourra toucher 500 ou 600 euros HT par jour en agence. De la même manière, les budgets dépendent énormément du client et certains projets peuvent être bien plus rémunérateurs.
Gardez en tête que, comme toutes les activités indépendantes, la rémunération est facteur du « risque » (nous n’avons aucune sécurité d’emploi), mais aussi des « chances » de travailler tous les jours du mois, chose assez rare. Il ne faut aussi pas oublier aussi les charges que vous payerez à l’URSSAF ou au RSI et qui peuvent atteindre 60 % du bénéfice, selon le statut que vous aurez choisi.

Si vous êtes salarié(e), en début de carrière, vous pourrez gagner environ 1500 € à 2000 € net par mois et jusqu’à 4000 € pour un sénior.

Les formations accessibles pour devenir retoucheur(se)

D’une manière générale, si vous souhaitez faire une formation pour devenir retoucheur(se), je vous conseille de vous tourner vers les formations adaptées à la photographie. Généralement, il y a des cours de retouche et dans vos rendus de devoirs et travaux artistiques, c’est à vous de vous « pousser » pour développer vos techniques et votre oeil.

Il existe de nombreuses formations en ligne qui vous apprendront les rudiments de la photographie et de la retouche, mais à mon avis, il est important d’avoir accès aux possibilités de contacts créées par les écoles dans lesquelles vous vous formerez (pour préparer la fin de la formation).
Sachez toutefois que le métier de retoucheur, tout comme celui de photographe d’ailleurs, ne nécessite aucun diplôme, vous pouvez très bien être autodidacte, démarcher des clients et les fidéliser par vous-même. Néanmoins, les formations et les écoles sont, d’après moi, un accélérateur de carrière, par leur aspect technique, mais aussi pour ce fameux carnet d’adresse, chose très importante dans ce milieu.

– Il existe un BTS (Brevet de Technicien Supérieur) de photographie d’une durée de deux ans, dispensé un peu partout en France dans des établissements publics ou privés. Le mieux côté est celui de Paris, au lycée Auguste Renoir.

– L’école Louis Lumière à Paris, mondialement connue pour ses réalisateurs, dispose d’une formation en photographie, dispensée en trois ans.

– L’ENSAD (École nationale supérieure des arts décoratifs) dispose aussi d’un département dédié à la photographie.

– L’école des Gobelins faisant partie de la chambre des métiers et de l’industrie possède un département photo et d’une formation initiale (en trois ans), ainsi que de multiples formations continues, pour les adultes professionnels souhaitant se spécialiser ou bien se réorienter.

– Vous pouvez également passer par une université, avec une licence art puis un master option arts plastiques

Quelle que soit la formation (ou pas) que vous suivrez, le plus important est de bien choisir vos stages. C’est un milieu où le carnet d’adresse prime et il est nécessaire, pour vous faire connaître, d’avoir accès à de potentiels clients ou futurs confrères. Essayez de cibler vos recherches sur le type de retouche à laquelle vous vous destinez. Il existe des photographes de mode, de nature morte ainsi que des agences de retouche spécialisées en publicité, en luxe ou encore en voitures. La majorité de tout cela se trouve néanmoins à Paris, comme énormément de corps de métier de la publicité.

Mon parcours pour devenir retoucheuse

Si vous êtes jeune, au collège ou au lycée, et que vous cherchez une orientation, voici les étapes que j’ai effectuées jusqu’à être retoucheuse indépendante.

J’ai donc fait un baccalauréat ES (Économique et Social). Ma maman, qui m’a toujours encouragée, m’a déconseillé de faire des formations en université dans lesquelles je ne prendrais pas forcément de plaisir et elle m’a donc demandé ce que j’aimerais faire de ma vie : de la photo ! À l’époque, je faisais déjà un petit peu de retouche et de montages photo pour le plaisir. J’ai découvert le traitement photo durant mes années lycée, et je maîtrisais déjà un peu Photoshop, sans forcément me voir retoucheuse. Après m’être renseignée sur les différentes écoles et formations de photo, j’ai déposé des dossiers pour plusieurs BTS photo en France ainsi que pour une formation dans une école privée située en région parisienne.

J’ai été admise dans cette école, très coûteuse au demeurant, où j’ai appris les bases techniques de la photo, le tirage argentique et la retouche (à un meilleur niveau). J’ai effectué des stages durant lesquels j’ai acquis nombre de connaissances. Après avoir effectué les trois années de formation dans cette école privée, et ne me sentant pas prête à atterrir dans le milieu du travail, j’ai passé le concours de la prestigieuse école des Gobelins à Paris, où j’ai eu la chance d’être admise pour une formation de trois ans, encore une fois.

Durant mes études aux Gobelins, j’ai continué à me perfectionner en retouche, que cela ait été en cours ou en stage (j’ai axé mes stages principalement sur la retouche, puisque dès mon entrée à l’école, je savais que je voulais m’orienter vers ce domaine).
J’en suis sortie diplômée en juin 2017. Jusqu’alors, depuis 2012, je réalisais de petites commandes de photos ou de retouches ainsi que des collaborations (non-rémunérées) pour des photographes, des magazines, ou pour mes camarades de promotion. Il est important de se former sans pression et de créer un dossier d’images qualitatives pour le moment où vous aurez des possibilités de travaux rémunérés.

Suite à l’obtention de mon diplôme, j’ai monté mon entreprise le 1 er août 2017 et je travaille depuis cette date à temps plein comme retoucheuse free-lance. J’ai de multiples clients et je réalise plein de choses très différentes. J’ai l’immense chance de pouvoir vivre de mon métier et d’être passionnée par ce que je fais ! Actuellement, j’alterne entre des jours en agence (qui apportent une certaine stabilité malgré tout) et des prestations avec des clients en direct (en télétravail).

Les qualités nécessaires à un(e) retoucheur(se)

– Connaître et aimer la photographie : nous travaillons avec des photographes, sur leurs images. C’est donc très important de savoir de quoi on parle, de maîtriser la lumière, connaitre la technique de prise de vue…

– Ne pas avoir peur de l’insécurité professionnelle. Nous sommes soumis à tous les risques des professions libérales et il faut garder en tête que vous pourrez avoir un très bon mois, puis un catastrophique : être indépendant c’est l’inverse d’être stable. Cependant, il y a des postes à pourvoir en CDD ou CDI, bien qu’ils soient moins nombreux que des missions en free-lance.

– Accepter de travailler gratuitement (surtout au début). Pour créer votre portfolio (objet qui présente votre travail), vous devrez accepter des collaborations non rémunérées, avec des magazines, des photographes etc. Si vous travaillez gratuitement, permettez-vous de choisir les projets et surtout ne vous laissez pas avoir par d’éventuels retours de client : sans être payé, vous êtes maître de votre réalisation.

– Être curieux. C’est à mon avis la principale qualité pour faire ce métier ! Je considère faire un métier de geek, plus qu’un métier « d’art », c’est pour cela que je maîtrise mon outil, que je teste des choses. Ne jamais rester sur ses acquis et se mettre en difficulté semble être la clé pour avancer et ne pas s’ennuyer au quotidien.

– Aimer ça. Je vous en supplie, ne faites pas de la retouche juste car vous auriez aimé être photographe mais que vous n’avez pas trouvé de travail. Bien sûr, il existe beaucoup de retoucheur(se)s très compétents qui se destinaient à la photographie, mais qui ont finalement choisi la retouche. Mais ne devenez pas retoucheur par défaut, c’est le meilleur moyen d’en avoir marre après un an.

– Ne pas compter ses heures. Surtout au début de votre activité, vous pourrez dire au revoir à vos horaires bien réglés, à vos week-ends, à vos vacances scolaires. Vous ne pourrez pas vous permettre de refuser du travail parce qu’il vous ferait finir votre journée à 22 h. Rien que pour cette raison, vous devez aimer ce que vous faites, sinon c’est le burn-out assuré !

Connaissiez-vous ce métier ? Pourriez-vous être indépendant ou préfériez-vous être salarié(e) ? Dites-nous tout dans un commentaire !

 

Audy-kun.

 

Sources textes

connaissances personnelles

Sources images

Audrey Marchand

2 réflexions sur “Fiche métier : retoucheur(se) photo”

  1. Ca n’est pas du tout mon domaine professionnel, mais c’est très intéressant d’en apprendre plus sur ce parcours et ce « métier-passion » !

     
  2. isai lopez

    Si j’ai bien compris la meilleur facon de devenir un retoucheur avec du succes c’est de travailler comme independant. J’aimerais personnellement devenir retoucheur d’images je vais essayer de suivre ces conseille étape par étape, merci pour l’info.

     

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut