Les principaux styles architecturaux des églises catholiques

Votivkirche à Vienne
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L’histoire de l’Europe occidentale a été fortement liée à celle de la religion catholique. Elle a laissé son empreinte dans nos paysages avec de nombreux monuments religieux. Les églises tiennent ainsi une place importante dans notre patrimoine. Construites à différentes époques, elles n’appartiennent donc pas toutes au même style architectural. Roman, gothique, baroque, vous avez certainement entendu ces termes, mais comment les différencier ? Pour le savoir, suivez le guide !

Lexique 

L’architecture ecclésiastique est très particulière et le vocabulaire associé est donc riche. Avant toute chose, il est nécessaire de vous familiariser avec les termes les plus importants.

En règle générale, les églises suivent un plan assez précis : elles ont plus ou moins une forme de croix latine (la branche inférieure est plus longue), orientée d’est en ouest. Cette orientation a une symbolique forte : l’entrée se faisant à l’ouest, les fidèles se dirigent ainsi vers le soleil levant, matérialisant la lumière divine, et vers Jérusalem, le lieu le plus important de la chrétienté.

Plan classique d'une église catholique

L’entrée se fait donc principalement par une ou plusieurs grandes portes situées sur la façade ouest. L’encadrement de celles-ci est souvent agrémenté de sculptures ; cet ensemble est appelé « portail ». Si l’édifice comporte plusieurs portes d’accès, il est alors possible de voir plusieurs portails qu’on différenciera par l’orientation de ceux-ci (portail nord, portail sud) ou par un nom propre. Le portail est composé de divers éléments, mais retenez seulement que la partie très décorée le surplombant s’appelle « le tympan ».

On traverse ensuite une zone allongée appelée « nef ». De part et d’autre de la nef, il peut y avoir des travées plus basses de plafond et menant à des petites alcôves abritant des chapelles : ce sont les « bas-côtés ». À l’extrémité de la nef, on rencontre les « bras horizontaux » de la croix : ce sont les « transepts ». Puis, on arrive dans le chœur, la partie la plus importante de l’église. C’est ici qu’on trouve l’autel utilisé lors des célébrations religieuses, le pupitre de lecture et, dans les édifices les plus importants, les « stalles », autrefois utilisées par les religieux lors des offices. Ce sont des rangées de sièges solidaires en bois.

Autour du chœur, il est possible de trouver un petit couloir qui en fait le tour. Cette zone est appelée « déambulatoire ». Elle mène parfois à de petites chapelles. À l’extérieur, l’ensemble formé par le chœur, le déambulatoire et les chapelles est nommé « chevet ».

Cathédrale du Mans

Chevet de la cathédrale Saint-Julien, Le Mans (France)

Le plafond des églises est formé de « voûtes ». Celles-ci peuvent revêtir différentes formes que je détaillerai plus loin. Les voûtes sont supportées par des piliers dont le sommet, le « chapiteau », est souvent décoré. Enfin, certains édifices comportent une coupole ou une flèche (sorte de clocher très allongé et pointu) au dessus de la croisée des transepts.

Les principaux styles architecturaux

Au début du Moyen Âge, à l’époque mérovingienne, les églises étaient souvent construites en bois. Plus tard, pendant l’époque carolingienne, on commence à privilégier la pierre. Néanmoins, les églises ont souvent connu des dégâts importants ou de grandes modifications au cours des siècles. De cette époque reculée, ne subsistent donc que de rares exemples, dont l’un des plus importants est la chapelle palatine de la cathédrale d’Aix-la-Chapelle en Allemagne, construite sous le règne de Charlemagne.

Coupole de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle

Coupole de la chapelle palatine de la cathédrale d’Aix-la-Chapelle (Allemagne)

Du fait des nombreuses transformations, un même édifice peut comporter des éléments de différents styles architecturaux, même si généralement un seul prédomine. Dans la suite de cet article, je ne parlerai donc que des trois styles les plus représentés et reconnaissables du Moyen Âge et de la Renaissance, à savoir le roman, le gothique et le baroque.

L’architecture romane 

Eglise Notre Dame la Grande de Poitiers

Église Notre-Dame la Grande, Poitiers (France)

L’art roman s’étend du Xe au XIIe siècle. Durant cette période, les maîtres d’œuvre expérimentent beaucoup de techniques afin de rendre les édifices plus solides, plus hauts et plus complexes. De fait, l’art roman se décline de différentes manières non seulement selon la date de construction, mais également selon la région, des styles locaux ayant émergé. Néanmoins, il est possible de trouver des éléments récurrents et caractéristiques de l’architecture romane.

Commençons par l’élément qui conditionne le reste : la voûte. Initialement, l’art roman s’inspire fortement de l’architecture romaine et adopte le berceau en plein cintre. Il s’agit d’un demi-cercle dont la pierre centrale est appelée « clé de voûte ». Cet arc repose sur des murs et des piliers très épais. Comme le poids de la voûte exerce une poussée latérale, les murs sont doublés de contreforts, des sortes de piliers adossés aux murs à l’extérieur de l’édifice. À cause de ce type de voûte, les églises romanes sont construites avec des murs très épais et percés uniquement de petites fenêtres. Ceci rend l’intérieur sombre.

Collégiale Notre Dame la Grande de Poitiers

Berceau en plein cintre, église Notre Dame la Grande, Poitiers (France)

L’architecture est donc sobre, et c’est là une caractéristique importante du style roman. Pour décorer l’édifice, on privilégie la sculpture sur les chapiteaux des piliers et les tympans des portails. En général, il s’agit de créatures issues du bestiaire médiéval, d’animaux, de plantes ou de saints. Sur les tympans, c’est souvent le Christ en Majesté (c’est-à-dire assis sur un trône) qui est représenté, entouré de scènes de la Bible. Parfois, les voûtes et les piliers sont peints, mais les exemples parvenus jusqu’à notre époque se font rares.

Chapiteau, église Notre Dame du Port de Clermont-Ferrand

Chapiteau, église Notre-Dame-du-Port, Clermont-Ferrand (France)

L’envie de construire des édifices toujours plus hauts ne s’est pas émoussée avec le temps. Pour supporter des berceaux en plein cintre très hauts, les architectes ajoutent de part et d’autre de la nef des bas-côtés. Ceux-ci ont alors un nouveau type de voûte : la « voûte en arêtes ». Il s’agit de quatre voûtes en plein cintre reposant sur quatre piliers disposés en carré. Ainsi, les voûtes se croisent. On les fait beaucoup plus basses que la nef et on construit par dessus un étage ouvert sur la nef appelé « tribune ». Celles-ci ont une « voûte en demi-berceau » afin d’exercer une poussée contraire à celle de la nef. De cette façon, les forces exercées par toutes les voûtes de l’édifice et des contreforts se compensent et assurent une stabilité malgré la hauteur.

Voûte d'arêtes, cathédrale du Puy en Velay

Voûte en arêtes, cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation, Le Puy-en-Velay (France)

Ainsi, les édifices de style roman tardif sont beaucoup plus imposants que leurs aînés, plus lumineux et en général un peu plus décorés puisque les contraintes techniques sont moins importantes. Dans certaines régions, au début du XIIe siècle apparaît la voûte en berceau brisé, constituée d’arcs brisés. Ce système permet de réduire les poussées du berceau et sera amélioré dans le style gothique.

En résumé, il faut retenir des églises romanes qu’elles ont généralement des voûtes en plein cintre, des murs et des piliers épais, qu’elles sont plutôt sombres et qu’elles adoptent une décoration sobre.

Voici quelques exemples français caractéristiques du style roman :
– l’abbaye Saint-Pierre de Moissac ;
– la cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême ;
– l’église Notre-Dame la Grande de Poitiers ;
– la basilique Notre-Dame-du-Port de Clermont-Ferrand ;
– l’église Saint-Austremoine d’Issoire ;
– la cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation du Puy-en-Velay.

L’architecture gothique 

Cathédrale Notre-Dame de Paris

Cathédrale Notre-Dame, Paris (France)

Le style gothique est né en France au XIIe siècle, plus particulièrement en Île-de-France et en Picardie. Il se développe principalement dans la moitié nord du pays, puis s’étend aux autres régions et aux pays voisins. À l’origine, ce style est qualifié « d’art français », il ne sera appelé « gothique » qu’à partir de la Renaissance.
Certains pays ont développé leur propre forme d’architecture gothique, comme en Angleterre. Je ne traiterai ici que du cas français.

L’innovation majeure est la « voûte sur croisées d’ogives ». Le gothique a abandonné la voûte en berceau au profit de la voûte d’arêtes, et a opté pour des arcs brisés plutôt que du plein cintre. La nef est découpée en travées plus ou moins carrées, constituées de quatre piliers sur lesquels reposent des arcs brisés. Ces arcs se coupent en leur milieu appelé « clé de voûte ». Les « ogives » sont les nervures en pierre des arcs brisés.

Cathédrale de Strasbourg

Nef avec voûte sur croisées d’ogives, cathédrale Notre-Dame, Strasbourg (France)

Ce système permet de répartir le poids de la voûte sur les piliers et non sur les murs. Ainsi, ces derniers peuvent être évidés pour pouvoir installer de grandes verrières. Pour compenser les forces exercées sur les piliers, les contreforts utilisés à l’époque romane sont alors améliorés : ils sont séparés des murs par des arcs en pierre appelés « arcs-boutants ».

Arcs-boutants, cathédrale de Strasbourg

Arcs-boutants, cathédrale Notre-Dame, Strasbourg (France)

Ces grandes innovations architecturales permettent aux bâtisseurs de construire des cathédrales beaucoup plus larges et plus hautes, plus fines et plus ciselées. Les façades sont très travaillées, elles se parent de nombreuses sculptures et gargouilles. Les vitraux laissent entrer beaucoup de lumière dans les édifices et illustrent des scènes de la Bible afin d’instruire les fidèles. Les couleurs dominantes sont le rouge et le bleu. Autre élément caractéristique du style gothique, la « rosace » est un grand vitrail rond qui surplombe l’entrée de la nef et qui orne également les façades des transepts. Les églises étaient souvent peintes, mais les polychromies ont souvent disparu avec le temps.

Vitraux de la cathédrale de Chartres

Vitraux du transept sud, cathédrale Notre-Dame, Chartres (France)

Le plan général est similaire à celui des grandes églises romanes, avec des transepts très développés. La façade ouest est encadrée par deux tours, parfois surmontées d’une flèche, comme cela se trouve sur les cathédrales, à la croisée des transepts.

Cathédrale de Rouen

Cathédrale Notre-Dame, Rouen (France)

Au fil des siècles, les édifices gothiques sont de plus en plus ouvragés, formant ainsi de véritables « dentelles de pierre ». Le style gothique se propage jusqu’au XVIe siècle avant de laisser place au style baroque. Toutefois, le gothique a connu un renouveau au XIXe et XXe siècles. Ce style est alors appelé « néo-gothique ».

En résumé, le style gothique est caractérisé par des voûtes sur croisées d’ogives, la présence d’arcs-boutants, de grands vitraux et des façades très sculptées. C’est un style qui recherche la verticalité.

Quelques exemples emblématiques du style gothique français :
– la cathédrale Notre-Dame de Paris ;
– la cathédrale Notre-Dame de Chartres ;
– la cathédrale Notre-Dame de Reims ;
– la cathédrale Notre-Dame d’Amiens ;
– la cathédrale Notre-Dame de Rouen ;
– la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg ;
– la cathédrale Saint-Étienne de Toul.

L’architecture baroque

Santa Maria della Salute à Venise

Basilique Santa Maria della Salute, Venise (Italie)

L’architecture baroque naît en Italie au début du XVIIe siècle et se répand dans l’Europe entière. Elle est l’expression de la Renaissance : l’essor de l’art, notamment de la peinture, et une forte inspiration des œuvres antiques.

Eglise Schottenkirche de Vienne

Chœur de l’église du Schottenstift, Vienne (Autriche)

Le but du baroque est d’exprimer le pouvoir à travers l’opulence. Le baroque se caractérise donc par une profusion de couleurs, de formes et de matériaux. De grandes fresques sont peintes sur les voûtes. Dans le chœur, l’autel est surplombé d’un « retable » : il s’agit d’une construction verticale comportant des éléments peints, des colonnades et des sculptures. Le marbre est souvent utilisé ou imité. Les « stucs », des enduits modelés et décorés, sont abondamment utilisés dans les églises afin de créer des décorations en relief, que ce soit au plafond, sur les murs ou sur les retables. Les angelots sont très présents dans les décors. Les vitraux n’occupent plus une place privilégiée : ils sont souvent de couleur claire, voire purement remplacés par de simples carreaux de verre blanc. Les églises sont ainsi très lumineuses.

Cathédrale de Freising, Allemagne

Voûte et stucs, Mariendom, Freising (Allemagne)

Le style baroque se veut irrégulier, surprenant et théâtral. Les progrès sont très importants durant la Renaissance et l’architecture en bénéficie également. De fait, certaines églises conservent le plan traditionnel en croix latine, mais beaucoup d’autres adoptent la forme elliptique. L’entrée a souvent des allures de temple grec, avec un fronton et des colonnes. Sur les plus grands édifices se dresse généralement une coupole en leur centre. De nombreuses ouvertures sont rondes ou elliptiques.

En résumé, le style baroque est opulent, très chargé, conférant une grande place à la décoration.

On trouve de magnifiques exemples de ce style partout en Europe :
– l’église Saint-Louis des Invalides à Paris ;
– la basilique Saint-Pierre de Rome ;
– la cathédrale Saint-Jacques de Compostelle ;
– l’église Saint-Nicolas de Prague ;
– l’église de Wies à Steingaden ;
– la basilique Santa Maria della Salute de Venise.

D’autres styles architecturaux existent, mais ils sont plus difficilement identifiables. Comme vous avez pu le voir, même les styles présentés ici se déclinent de différentes manières selon les époques et les régions. Néanmoins, j’espère que cet article vous permettra à l’avenir de repérer plus facilement le roman, le gothique et le baroque la prochaine fois que vous visiterez des églises !

Connaissiez-vous ces trois styles ? Avez-vous une préférence pour l’un d’eux ? Laissez vos impressions dans un commentaire.

Sonatine

Sources texte :

Sources des images :

  • Image à la une : Votivkirche, Vienne. Crédits photographie : Audrey Marchand, tous droits réservés
  • Image 1 (montage)
  • Image 3
  • Image 13
  • Image 14 : Crédits photographie : Audrey Marchand, tous droits réservés
  • Photographies personnelles, crédits photographie : Mathilde Bureau, tous droits réservés

5 réflexions sur “Les principaux styles architecturaux des églises catholiques”

  1. Petit Javelot

    Quelles belles images ! Merci pour ton article, pendant les vacances je visite de temps en temps des églises et j’étais jusqu’ici incapable de comprendre les références aux différents styles d’architecture. Le style baroque est vraiment « à part » ! Je suppose qu’au cours de l’histoire certains églises ont été endommagées puis reconstruites, ou alors agrandies, et donc qu’on peut y trouver des signes caractéristiques de différents styles ?

     
    1. Merci 🙂 Tout à fait, on retrouve fréquemment différents styles dans les églises. En général, l’emplacement des églises est très ancien et ou bien on a modifié/agrandi le bâtiment d’origine, ou bien suite à une destruction on l’a reconstruit. Certaines églises présentent une unité de style, mais ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, la cathédrale du Mans dont j’ai mis une photo du chevet gothique possède une nef romane ! De même pour la cathédrale de Freising qui, de l’extérieur, est purement romane, mais dont l’intérieur a été entièrement réaménagé et décoré selon le style baroque.

       
  2. JACKY LUCAS

    Bonjour ,je viens de regarder les differents styles d architecture des églises .J aimerai savoir avec quel moyens ont était construite ses églises .Comment ont était faite toute ses scultures extériuere et intériuere .J aimerai vraiment avoir réponse a mes questions ,si vous pouvez me les donner .MERCI SALUTATIONS

     
  3. Delaval Didier

    Le style simple et dépouillé des églises romanes prête à la reflexion et à la méditation, quelle que soit la religion, croyance ou leur abscence, dès lors qu’une forme de spiritualité vous anime. Les autres styles sont bien sûr magnifique, cependant ils reflètent des besoins et envies de grandeur qui peuvent générer des excès dont spiritualité authentique pourrait souffrir.

     

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